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[Background] Mémoire d'un exilé

Siegvald
Siegvald
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Mémoires de Siegvald Starvius
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Background


Les premiers mots sont toujours les plus délicats à trouver.
Faisons donc bref, concis et efficace.
Du moins si j'y arrive, ce qui n'est pas gagné, mais commençons par la base,
les présentations.

Mon nom est Siegvald Starvius.

Fils de Reihnart Starvius, officier au sein de la légion impériale et de Ysälde "la farouche", chasseresse Nordique.
Ceux qui ont connus mes parents se demandent souvent comment des personnes si différentes ont pu s'apprivoiser mutuellement, au point de s'aimer et d'avoir une descendance.

Il était la glace, elle le feu.
Il était sophistiqué et arrogant, elle était sauvage et naturelle.
Il avait le visage enlaidi par de nombreuses cicatrices, elle était magnifique.
Il servait Cyrodiil, elle haïssait l'empire.
Et pourtant, je ne vous conterais pas ici comment cela s'est fait mais aprés moults péripéties, aventures communes, ils s'éprirent l'un de l'autre, et cela eu quelques mois plus tard pour effet la naissance d'un fils...

Ma mère, qui était une combattante aguerrie ne survécut pas hélas à l'accouchement. Tout ce que je sais d'elle, je le tiens de mon père, de la famille et des amis proches.
Mais il semble évident qu'elle avait su séduire , s'intégrer, accepter cette nouvelle vie qui fut la sienne en suivant mon père lors de son retour au pays.
Ou alors, les gens sont trop hypocrites pour me dire ce qu'ils pensaient vraiment d'elle.
J'ai du mal à concevoir une Nordique avec le caractère qu'on attribue encore à ma défunte mère qui plierait avec facilité devant l’étiquette sociale impériale.

Je fut donc élevé uniquement par mon père... mon père est un homme complexe, il est souvent dur de savoir ce qu'il pense, on dit d'ailleurs que je lui ressemble sur ce point.
Je pense qu'il m'aime mais que quelque part il m'en à toujours voulu de lui avoir "prit" sa femme.
J'ai donc été élevé à la dur, dans le seul milieu qu'il connaissait et dans lequel il se réfugia complètement, ne se remettant jamais de la mort de mère... La légion impériale.
Les casernes étaient mes terrains de jeu étant enfant, les soldats mes "grands frères" et rapidement j'ai acquis par la force des choses la "culture militaire".

Tandis que les autres enfants s'amusaient après les leçons du précepteur, je rejoignais mon père, fatalement je passais par les terrains d’entraînements. Au début je regardais simplement les "grands" faire.
Puis au fil du temps, même sans être un soldat moi même, à cet âge ça aurait été impensable, je me suis retrouvé avec une lame dans la main.

A douze ans, je connaissais déjà , en théorie, bien des manières de tuer un homme.

A quatorze ans, j'ai pris ma première vie, un misérable voleur bosmer qui venait dérober des armes dans un de nos campements.
On m'avait décrit la chose comme une terrible expérience, je ne sais pas si je dois considérer comme un bien ou un mal, mais je n'ai pas souvenir de m'être senti ébranlé à la vue de ce corps ensanglanté que la vie fuyait.
Pour moi, il ne s'agissait la, in fine, que du prolongement logique du déroulé de ce qu'avait été ma vie jusque la.

Certes de manière anticipée mais... je savais que tôt ou tard j'aurais été confronté à la mort.
Alors aprés tout, pourquoi pas ce jour ci?

A seize ans, j'enfilais pour de bon la tenue , fort et fier de rejoindre l'école des officiers impériaux, marchant directement sur les pas de mon père. Ce dernier semblait enfin montrer qu'il était content de moi, cela me rendait heureux, même si j'avais du attendre l'âge adulte pour cela.

Durant encore deux années je fus formé au commandement, à la stratégie, aux tactiques de guerre.
Je vous passerais les détails sur les cours d’étiquette et de danse.
Parait il qu'un officier sera tôt ou tard confronté à la haute société, la politique se mêlant aux actions militaires arrivé à un certain niveau.

Le monde des officiers est radicalement différent de celui des soldats "de base".
Les choses sont moins claires, moins franches, on apprend à "naviguer en eaux troubles".
On y apprend aussi le prix et le poids des responsabilités, on y apprend à possiblement envoyer des hommes à la mort sur la base d'un risque calculé.

Et à l'issu, l'affectation.
Mon père s'arrangea pour que je sois placé directement sous ses ordres, en tant que son deuxième adjoint.
Et voila que je me trouvais à la tête de ceux qui avaient été durant ma jeunesse mes amis, mes mentors...
Position étrange au demeurant.
Certains pourraient penser que le fait d'être le fils de l'officier supérieur aurait pu m'apporter certains privilèges, mais ce dernier s'assura à montrer qu'il était doublement plus exigeant avec moi qu'avec n'importe quel autre de ses subordonnés.

Au début, je l'ai maudit de cette dureté.
Puis j'ai compris, qu'il m'épargnait ainsi d être jugé comme un "fils à papa" par la troupe, ce qui aurait fini par complètement saper mon autorité.
Avec du recul, j'imagine que je peux lui dire merci...
Enfin, j'aurais pu si les choses n'avaient pas si mal tournées.

Durant cinq années, je fus un loyal serviteur de l'empire.
J'ai porté la parole et les lois du trône dans de nombreuses provinces, combattus ses ennemis, qu'ils soient humains, elfes ou peut importe quoi d'autre.

Puis, un jour, ce fut le grain de sable dans la mécanique parfaitement huilée qu'était ma vie.

Je me considère comme un homme de justice et loyal.
Et ce fameux jour je fus confronté à la désagréable situation me forçant à faire un choix entre ces deux valeurs.

Je me retrouve à hésiter à coucher par écrit ce récit...
Après réflexion, autant le faire, si ces quelques pages de papier doivent me servir de confidentes, autant le faire car si je commence à sélectionner ce que j'y relate ou pas, autant poser ma plume maintenant et brûler ces quelques lignes.

Je précise que ces faits ont eu lieu avant que la vaste supercherie qui secoua le trône de Cyrodiil il y a peu ne soit connu aux yeux de tous.

Je fus envoyer pour une mission de routine à la frontière de Bordeciel. Mon père refusa de faire parti du voyage, on peut comprendre pourquoi, cela lui aurait fatalement rappelé mère.
Et comme l'officier en second avait trouvé la mort dans une bataille quelques semaines auparavant, j'étais le seul pouvant conduire les opérations de notre unité sur le terrain.

La raison annoncée et officielle était de s'assurer qu'un petit village frontalier paie ses impôts.
Ce dernier aurait refusé de le faire, congédiant manu militari les percepteurs de taxes impériaux.

Après une deuxième tentative de rappel aux responsables locaux, tout contact fut perdu avec les autorités impériales locales.

C'est pourquoi l'armée était envoyée sur place.

Je ne prétendrais pas que cette mission m'intéressait au plus haut point, nous étions loin des grandes batailles héroïques auxquelles tout soldat digne de ce nom rêve de participer mais... on ne choisit pas ses missions, et on à pas toujours dame chance de son coté.

Et de toutes manières, les choses prirent une tournure étonnante, rien ne serait plus pareil après cette journée.

C'était il y à déjà cinq ans... mais je m'en rappelle comme si c'était hier.

Le petit village de Stockeheim...comment l'oublier...

C'était une de ces journées pluvieuse et venteuse d'automne, les arbres avaient déja perdus leurs parures de feuillages pour ne plus ressembler qu'à des créatures monstrueuses, sinueuses et difformes, les nuages noirs qui masquaient le ciel donnait à cette fin de matinée un aspect de fin de jour.

Une odeur de brûlé nous vint aux narines.
Une odeur que tout soldat qui à déjà assisté à un bûcher funéraire ne connaît que trop bien, cette odeur caractéristique de chaire humaine carbonisée...

Devant nous le petit hameau qui ne devait compter qu'une quinzaine de bâtisses avait un air de village fantôme, les portes et volets des maisons étaient fermées, aucun villageois n'était présent dans les rues, seul les cheminées encore en activités laissaient à penser qu'il y avait encore âme qui vive en ces lieux.

Mais c'est les fumées trop noires et épaisses qui nous apportaient cette odeur de viande brûlée qui monopolisait notre attention, elles émanaient de la place centrale du village.

Craignant une embuscade, je laissa les archers et la moitié des mages de mon unité sur une petite colline, en position haute juste à l'extérieur du village et avec le restant des troupes nous avançâmes.
Nous avons progressé entre les chaumières, apercevant les ombres qui nous observaient depuis l'intérieur de chacune d'entre elles.
Nos épées et boucliers à la main, prêts à repousser tout assaut potentiel.
Le village ne présentait aucune trace d' affrontement, j'en avais déduis que c' était bien les habitants qui occupaient les maisons.

Sans vraiment être étonné, nous fûmes perplexes devant le spectacle qui s'offrit à nous une fois arrivés sur la place du village.

Trois cadavres complètement calcinés étaient attachés à des poteaux au dessus d'un bûcher encore fumant.

Si les corps étaient désormais méconnaissables, les armoiries gravées sur le métal noirci de leurs armures étaient encore identifiables. Il s'agissait d'agents impériaux, très possiblement les percepteurs disparus.

Nous étions en présence d'une situation intrigante...
Pourquoi des paysans, même croulant sous les taxes, prendraient ils le risque de contrarier la puissance impériale en exécutant les représentants de son autorité?
Sachant très bien que les conséquences en seraient terribles pour leur communauté.

Soit ils étaient devenus fous, soit certains paramètres nous manquaient pour comprendre la situation.

Une chose toutefois était désormais évidente... nous n'étions plus en terre amicale pour qui porte les armoiries impériales.
  • Siegvald
    Siegvald
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    Rapidement, nous entendirent le cor d'alerte de nos hommes postés en hauteur sur les collines,
    et nous avons été entourés, ces hommes et ces femmes s'approchaient de nous, des fourches et piques improvisés entre les mains.
    Mes hommes s'apprêtèrent à charger mais je les arrêtaient d'un geste de la main, quelque chose clochait...
    Ces gens semblaient terrifiés. J' ai souvent eu affaire à de vrais tueurs sur les champs de bataille, ceux dont la mort hante le regard... et ces gens n'en faisaient assurément pas parti.

    J'ai alors demandé à m'entretenir d'une voix forte et sévère avec le chef, ou faisant fonction, de ce village.
    Je me tenais à mon rôle d'officier impérial, les lames toujours sorties pour dissuader tout acte idiot pouvant potentiellement être tenté par ces gens.

    Un brouhaha incompréhensible dans son ensemble se fit entendre, juste quelques mots se détachèrent du lot, parvenant difficilement jusqu’à mes oreilles.
    "Daedras", "Ils ont vendus leurs âmes", "Ils vont tous nous tuer"...
    Je compris alors que la collecte de l'impôt n'avait été nullement la cause du différent entre les locaux et les impériaux... non, la raison semblait bien plus dérangeante, profonde et terrifiante...

    J'ai alors réitéré ma demande m'avançant même vers les habitants. Et après quelques secondes d'un silence pesant, j'obtins une réponse.
    Un homme s'avança, il portait une barbe de plusieurs jours, une silhouette athlétique, un regard vert perçant et un tatouage visible sur don bras droit... tatouage courant dans la légion impériale parmi les unités d'éclaireurs représentant un aigle aux serres brandies en avant. L'homme se présenta lui même sous le nom de Lucien Dotrécius.

    Lorsque je lui demandait si c'était lui qui avait exécuté ou fait exécuter les percepteurs, il avoua sans tenter de nier une seule seconde avec même comme une sorte de ferveur, comme s'il était persuadé d'être dans son bon droit.

    Il répondit même à la suite que les traîtres, s'il y en avait ici, c'était les plus hauts dignitaires de l'empire et par voie de conséquences tout ses subalternes. Je lui répondis rapidement de se taire, et que de tels propos ne faisait qu'aggraver son cas déjà éminemment préoccupant.
    Mais l'homme ne se calma pas, bien au contraire, il reparti de plus belle dans un pamphlet accusant le trône impérial d'être sous le joug d'une force obscure, partisane des Daedras.

    Avec du recul, je regrette ce geste...mais ce jour la, cela me semblait être la seule solution viable, au fur et à mesure que Dotrécius nous expliquait que « nous » étions les suppôts du démon, même sans le savoir, ses partisans s'enhardissaient, encore un peu et ils seraient hors de contrôle... et j'ai eu seulement quelques secondes pour décider de ce que j'allais faire...

    J'ai avancé, les muscles tendus vers l'homme, et sans crier gare, mon glaive fendit l'air pourfendant le torse de l'homme, la pointe de la lame ressortant dans son dos, il tomba à genoux avec un hoquet de surprise, les yeux écarquillés. J' ai alors retiré mon arme du corps de Dotrécius d'un autre geste sec, une gerbe de sang conséquente éclaboussa le sol et mes protège-tibias.

    Le silence était venu s'installer, par la force sur la place du village, j'ai alors prié que mon action aurait réussit à désamorcer l'assaut imminent des villageois...

    Mais nouvelle déception, il n'en fut rien... ils chargèrent...

    Nos archers percevant la scène tirèrent de leurs positions hautes, fauchant ces pauvres gens avec une facilité malsaine, et les quelques hommes et femmes encore debout n'arrivèrent même pas jusqu'à moi, ils furent abattus par mes hommes au corps à corps avant même de pouvoir m'attendre...

    Ainsi c'était déjà fini, l'issue était prévisible, des soldats entraînés contre de simples villageois, ça ne pouvait être autrement, mais je me sentais terriblement mal à l'aise...
    Je ne croyais pas, quel homme sain l'aurait fait, les paroles de Dotrécius mais, comment avait il pu convaincre un village entier de céder à la mutinerie et de provoquer ce qui au fond était un suicide commandé ? Quels arguments avait il avancé ?

    Par acquis de conscience, j'ai fouillé le cadavre de l'ancien éclaireur, et j'y ai découvert son journal, un peu comme celui que je tiens en écrivant ces lignes...peut être d'ailleurs est ce cela qui m'a motivé à coucher mes pensées par écrit au cas ou... Bref.

    Je m'étais dis que je lirais cela dés que j'aurais un moment de tranquillité. Je laissa un quart de mes troupes sur place, afin qu'ils nettoient le village et occupe les lieux tandis que je faisais route à nouveau vers la capitale afin de rendre compte des événements.

    Lors de la première halte, j'ouvris le journal de Dotrécius et au fur et à mesure de la lecture de ce dernier, je sentis un sentiment étrange envahir tout mon être, un désagréable sentiment.
    Soit cet homme était encore plus fou que je ne le pensais à ce moment, soit la situation de tout le pays...non, de tout Tamriel était sur le point de basculer dans un chaos tel qu'on en avait plus vu de mémoires d'hommes depuis au moins la première ère...voir même avant.

    J'étais assis , sous ma tente de voyage sur une vieille souche de bois, le regard perdu dans le vide tandis que j'ai alors posé le journal devant moi, inspirant profondément, tachant d'éloigner une nausée qui ne voulait plus partir...

    Dotrécius donnait trop de détails que je savais vrais de part ma position d'officier Impérial pour qu'au moins une partie de ses allégations ne puissent qu'être vraies.

    Et pour l'une de premières fois de ma vie, en pensant au futur, j'ai ressenti de la peur.
  • Siegvald
    Siegvald
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    Dotrécius avait été un éclaireur de premier ordre, il avait tiré ses techniques d'un maître bosmer venant directement du val boisé, décoré à de multiples reprises, presque un héros de guerre...
    Et un jour on lui demanda de s'acquitter d'une mission étrange, il fut chargé de récupérer toutes une série d'objets étranges pour ce qui semblait être un rituel devant être mené par les mages impériaux.

    La nature même des biens qu'il devait récupérer , glauque et ténébreuse, lui firent se poser des doutes, quel genre de magie nécessitait de tels ingrédients ?

    Mais en bon soldat, Dotrécius obéit et malgré ses doutes il accomplit avec succès sa mission.
    C'est à son retour et pensant qu'un nécromancien se cachait « secrètement » au sein de la caste magicienne impériale qu'il choisit d'insister afin de savoir comment allaient être utilisés ses trouvailles.

    Le malaise ,visible très clairement, de ses supérieurs le conforta dans l'idée que quelque chose ne tournait pas rond et qu'il devait tout faire pour en savoir plus.

    A force d'insistance, on finit par le convier à une « réunion », un « dîner » ou certains secrets impériaux devaient lui être révélés. Et techniquement, ce ne fut pas faux...

    Il fut conduit dans de sombres souterrains non loin de la capitale, on le fit descendre de lugubres escaliers vers ce qui semblaient le mener vers un monde de ténèbres et de dangers absolus.

    Tout en bas, dans un caveau sentant le sang il rencontra une étrange assemblée. Des hommes et des femmes encapuchonnés priaient dans une langue étrange et lorsque l'impérial passe la porte donnant sur cette étrange pièce décorée de motifs et bibelots aussi sordides que le reste, ils se retournèrent tous vers lui.

    J'ai encore aujourd'hui du mal à me rappeler la lecture du passage suivant.
    Dotrécius fut alors témoin d'une propagande immonde, comprenant qu'il avait affaire à des nécromanciens, il lui fut révélé que les artefacts qu'il rassembla allaient servir à favoriser le passage de puissants Daedras en Nirn. L'éclaireur se demanda pourquoi ils lui révélaient tout ceci, et l'évidence lui apparu.
    Il n'était pas prévu qu'il sorte vivant de cet endroit.
    Dotrécius menaça d'avertir les hautes sphères impériales de tout ceci, et il obtint des railleries et moqueries en retour, l'un de ses interlocuteurs lui révélant que les hautes sphères impériales se trouvaient , en partie, présentement avec lui, en ce moment, en cet endroit.
    L'affrontement éclata soudainement, sachant qu'il ne pourrait l'emporter mais aillant suffisamment anticipé la confrontation, Dotrécius parvint à fuir, il raconta ensuite avoir chevauché des jours et des nuits, fuyant les patrouilles impériales qu'il savait à sa recherche, sa tête aillant été mise à prix pour trahison...

    C'est ainsi qu'il finit par rejoindre le petit village de Stockeheim en périphérie de Bordeciel.
    Les habitants étaient déjà peu amicaux, à cause de l'impôt impérial qu'ils avaient du mal à payer, et l'éclaireur y trouva un terreau fertile à ses idées de révolte.

    Et la suite... nous la connaissons déjà.
  • Siegvald
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    J'ai alors refermé le journal de éclaireur. Je ne savais pas quoi penser de tout cela, je ne savais pas comment réagir, si l'homme disait vrai, cela signifiait que tant de choses que je croyais acquises et certaines menaçaient de s'écrouler comme des châteaux de cartes du jour au lendemain. Je ne sais pas combien de temps je suis resté assis la, sans bouger, tentant de comprendre concrètement ce que tout cela signifiait.

    De retour à la cité impériale, je me rendis directement, sans adresser la parole à qui que ce soit dans les appartements de père. Il s'y trouvait, accompagné d'un vieil ami à lui, un mage du nom de Korlorus. Ils se levèrent tout deux à mon arrivée, surpris sûrement de ma manière d'entrée dans la pièce fort cavalière.

    Père me demanda alors aussitôt la raison de mon émoi si visible. J'ai alors demandé à lui parler en privé. Korlorus se retira pour attendre dans le vestibule. Comme un enfant en état de choc qui cherche des réponses auprès de son géniteur, j'ai alors tout confié à père, tout ce que j'avais appris et vu lors de ma dernière expédition.

    Son visage s'était fermé au fur et à mesure qu'il m'écoutait, les mains jointes devant son visage, ses coudes appuyés sur son bureau. A la toute fin de mon récit, il soupira, se leva, vint poser sa main sur mon épaule d'une manière qui devait se vouloir rassurante, mais je connaissais mon père, il avait maintes qualités mais il n'était pas de ceux qui tentaient de vous soulager d'un geste tendre... Je suis resté perplexe quelques secondes, il me confia qu'il était étonné d'un tel récit, que tout cela semblait trop « gros » pour être vrai. Devant mon insistance il se résigna à mener quelques investigations en haut lieu, il me dit de venir dîner chez lui ce soir, que cela lui ferait plaisir, qu'il m'y rejoindrait dés qu'il aurait fini ses affaires avec Korlorus.

    Avant de se faire il me rapella en souriant que le devoir d'un officier impérial allait envers et contre tout vers le trône de Rubis. Je répondis machinalement que cela ne saurait être le cas si celui qui y était assit était un être démoniaque qui ne ferait qui souiller cette noble fonction. J'ajoutais même que le devoir d'un vrai impérial serait alors de lutter pour l'empire contre cette imposture.

    Père souri, tristement, et me dit que je lui rappelait terriblement mère à l'instant. Il me rappela l'heure du dîner et m'invita à sortir.

    Gêné par ce comportement inhabituel, j'ai tout de même acquiescé.
    En sortant, je croisa un vieil ami, un orque nommé Mhaul gro-Ratsha, il avait été mon formateur en combat rapproché durant mes classes. Il était aussi l'un des plus fidèle lieutenant de mon père.
    Après une accolade fraternelle, je l'ai alors regardé, inquiet et nerveux, il le remarqua de suite.
    Je n'ai pas pu résister à l'envie de lui demander si il n'avait pas remarqué un changement dans l'attitude de père. Il me répondit que non, mais qu'il revenait juste de plusieurs semaines dans un camp éloigné ou il venait de former une nouvelle promotion de soldats pour les légions.
    Après un petit échange de taquineries, nous nous sommes séparés.

    Et je me rendis à la maison familiale. La servante de père, une haute elfe nommée Eelywian m' accueilli avec un grand sourire, elle servait ma famille depuis mon arrière grand père et avait donc vu mon grand père, mon père et moi même venir au monde, ce qui créer un lien spécial, au delà de la simple relation d'employeur-employée.

    L'heure du diner arriva, père n'étant toujours pas arrivé, je m'installa dans un des fauteuil prêt du feu, regardant , pensant aux révélations de Dotrécius qui tournaient encore et encore dans mon esprit. Je prenait même conscience que j'avais au final massacrer des gens qui se révoltaient, ou pensaient se révolter contre des forces maléfiques et que de leur point de vue...nous, les impériaux étions les agents du démon. Et s'ils avaient raison...cela me rendait malade...

    Eelywian m'apporta une coupe de vin, tandis que dehors, une pluie battante commençait à s’abattre sur les toitures de la cité. C'est alors que j'entendis la porte s'ouvrir, Eelywian partit voir, demandant a voix haute si c'était bien père qui était arrivé. Une voix, celle de mon père mais en grave et sombre répondit que oui et demanda si j'étais bien la, la servante indiqua que j'attendais dans le salon, et lui demanda ce qu'il se passait. Il ne répondit pas et vint dans ma direction, plusieurs autres pas se firent entendre... des gens en armes à l'entente des cliquetis d'armures et d'armes qui se sont alors fait entendre.

    Je me suis levé, tourné vers l'entrée de la pièce, le verre de vin encore entre les mains.

    Père entra dans la pièce, le visage sombre et grave, derrière lui, Korlorus et plusieurs soldats impériaux en armes...

    Père inspira et dit alors froidement, sur un ton presque machinal que j'étais en état d'arrestation pour suspicion de traîtrise envers la couronne impériale, que j'allais être conduit au cachot, écroué le temps d'être jugé. Il le disait la mort dans l'âme, mais cela ne changeait rien...

    Le choc me fit lâcher le verre de vin qui vint s'écraser et se briser en mille morceaux au sol à mes pieds...
  • Siegvald
    Siegvald
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    Notre servante était horrifiée, père ne me regardait même pas, je ne sais pas si il avait honte de moi ou plutôt de ce qu'il était en train de commettre... mais voyant qu'il peinait à appliquer la sentence, Korlorus prit les devants, il s'approcha de moi un brandissant sa main dans ma direction et en incantant, des liens magiques apparurent alors autour de mes poignets et de mes chevilles, m'immobilisant presque complètement.

    Le mage me demanda de lui livrer le journal de Dotrécius. Devant mon refus, mon père intervint, me priant gravement de collaborer pour lui permettre de négocier en ma faveur auprès des hautes autorités.

    A ce moment, j'ai compris, j'ai compris que le récit de l'éclaireur était vrai, entièrement, sinon pourquoi se donneraient ils la peine de tout faire pour qu'aucune trace de ces écrits ne subsistent ? Et encore moins de personnes connaissant cette histoire.

    Je me suis contenter de le maudire de placer sa confiance envers cet empire décadent avant la vie de son propre fils.

    Mon père ordonna à Eelywian d'aller leur chercher mes affaires de voyage. Le journal s'y trouvait.
    Mais ce qui m'inquiétait le plus c'était ce qu'il adviendrait de moi une fois qu'ils l'auraient en leur possession.

    L'elfe fit ce que le maître de maison lui ordonna...jusqu’au moment ou feintant de retirer le livre de mon sac, elle en sorti une dague et profita de l'effet de surprise pour poignarder Korlorus. La lame ne frappa aucun endroit vital, Eelywian n'était pas une combattante et son coup ne passa pas les cotes de l'homme, toutefois cela lui fit une vilaine blessure, la douleur lui fit perdre sa concentration... ce qui brisa mes liens.

    Au même moment, je vis l'un des gardes se jeter sur notre vieille amie et la transpercer de sa lame. Mon père resta muet et immobile, mais je vis dans ses yeux l'horreur qui s’emparait de son âme. Est ce l'instinct de survie, la peur, la rage ou je ne sais quoi d'autre qui me donna la force, je n'en sais rien mais d'un coup d'épaule je bouscula le soldat le plus proche, m'emparant de force du sac contenant encore le journal.

    Tandis que l'elfe tombait au sol, que son sang teintait déjà abondamment la peau d'ours au sol, je fuyais déjà , me jetant au dehors en sautant par la fenêtre, évitant de justesse un éclair projeté par le mage impérial qui se tenait le flanc afin d'endiguer l’hémorragie.

    J'ai couru, de toutes mes forces, jusqu'à m'en décoller les poumons, et que je n'en pu plus... j'ai couru encore... ignorant la pluie qui me foutait le visage, ignorant l'image de cette femme , qui m'avait vu naître, exécutée devant moi.

    Je savais qu'ils allaient faire surveiller les portes de la ville et les chemins connus. J'ai donc décidé de fuir par ce vieux tunnel ou j'avais l'habitude de jouer étant gamin... m'imaginant aventurier parcourant des tombeaux oubliés en quête de fabuleux trésors.

    Rien ne vint me barrer la route et au bout d'un moment, j’aperçus la fin du tunnel...
    Et mon père qui se tenait la, à coté de sa monture, me fixant l'air triste, la lame à la main.

    Je me suis arrêté , je l'ai fixé, avec mépris tandis qu'il me demandait de me rendre, disant qu'il préférerait ne pas avoir à tuer l'enfant de son amour de ses mains. Sans armes et en état de choc, j'ai alors écarté les bras, lui demandant de mettre fin à cette folie si il en était capable mais qu'il ne devait pas compter sur moi pour me rendre. Un sourire triste vint orner ses lèvres, il me confia alors qu'il était fier de moi... avant d'attaquer.

    Je n'arriverais pas à vous décrire ce que cela fait de voir son propre père attenter à sa vie. Mon cœur sembla s’arrêter. Je me suis alors senti vide... Heureusement, une vie de soldat vous fait acquérir certains automatismes élémentaires de survie, comme s'écarter vivement de la trajectoire de tout objet tranchant se dirigeant avec force vers vous. Ma réplique, simple mais efficace, un crochet du gauche en pleine mâchoire, lui fit lâcher son arme.

    Il recula de quelques pas...s'essuyant les lèvres maintenant en sang, puis sans dire un mot, il revint à la charge, à main nue, bien que d'autres armes se trouvaient harnachés à son cheval, un pur sang impérial , blanc comme neige nommé Éclipse.

    Nous nous sommes battu, il me frappa, je le frappa. Le père et le fils s’entre tuaient...
    J'avais la force et la rapidité de la jeunesse, mais il avait l'expérience et la tactique de son coté. Aucun ne prit l'avantage sur l'autre et bout de quelques minutes nos visages étaient ensanglantés et nos mains douloureuses.

    Puis une voix se fit entendre, celle de Korlorus.

    Il nous avait retrouvé. Mais blessé, il se contenta de lancer un nouveau sort au loin, invoquant... un Daedra de grande taille. Père et moi même fixèrent le démon en pestant. Nous n'étions pas de taille, surtout dans notre état de lutter contre un tel être.

    Père murmura alors que j'avais raison... et qu'il était désolé.

    C'est la, alors que je ne m'y attendais plus que ce dernier siffla Éclipse qui s'approcha au galop, alors que j'allais le maudire une nouvelle fois, pensant qu'il préparait sa fuite, il saisit une épée au passage de l'animal et couru vers la créature me sommant de fuir.

    J’eus envie de courir l'aider, mais je savais que nous n'avions aucune chance et que mourir tous deux en ce moment accorderait la victoire à ce mortel ennemi qui menaçait aujourd'hui notre empire bien aimé.

    Le cœur lourd, je mis le pied à l’étrier et fit galoper la monture à toute allure.

    J'entendis le cri de père, puis celle de la créature, puis rapidement uniquement le bruit des sabots d' Éclipse sur le sol boueux.

    J'ai alors juré de combattre par tous les moyens possibles ces horreurs , ces choses qui pervertissaient Cyrodiil, mon pays, ma nation.

    Mais pour l'heure j'avais besoin de me reposer, de m'armer... de me poser un instant, et sans réfléchir, je mis le cap vers Bordeciel.
    Peut être était ce l'esprit de mère qui depuis la mort me guida. Je parvins à échapper aux patrouilles et à rejoindre, non sans mal la frontière.

    J'étais épuisé, blessé, je ne pouvais plus pensé, j'avais froid et faim mais les terres enneigées du nord étaient maintenant visible.

    Alors que je pensais pouvoir tenir encore un peu, je fus pris d'un malaise à cause de mon grand état de faiblesse. Je suis alors tombé dans l'inconscience...
    Edited by Siegvald on 30 juillet 2014 1:05
  • Siegvald
    Siegvald
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    A mon réveil, que j'appris plus tard n'avoir été que le lendemain, je me trouvais allongé à l'arrière d'un petit chariot. Ce dernier était tiré par un cheval à la robe brune et guidé par un homme d'âge mur, à l'air dur et à la longue barbe et chevelure. Ce dernier avait tout l'air d'être un Nordique, je fus soulagé que cela ne soit pas un impérial.

    J’aperçus avec joie qu’éclipse nous suivait également, une corde s'assurant qu'il ne s'éloignerait pas de nous.

    Tentant de bouger, je fis tomber quelques ustensiles ce qui ne manque d'attirer l'attention de l'homme du Nord.

    Ce dernier me regarda alors juste un bref instant avant de regarder à nouveau la route, il émit juste un petit grognement qu'il me sembla être un signe de satisfaction. Je ne me considère pas comme un grand bavard, mais cet homme m'aurait fait passer pour quelqu'un d'extrêmement social, la plupart de mes questions n'obtinrent pas de réponses.

    Je su juste qu'il se nommait Freirar Lame-Feu, qu'il revenait d'une transaction commercial en Cyrodiil et qu'il m'avait trouvé étendu dans la boue, inconscient et qu'il lui semblait quelques minutes plus tôt avoir vu des impériaux en armes être à la recherche d'un « fugitif ».

    Voila donc ce que j'étais devenu...un fugitif , un paria au sein de mon propre pays.

    Quand j'ai demandé à mon austère compagnon pourquoi il ne m'avait pas livré, il esquissa un sourire effrayant et haussa les épaules en seule réponse.
    Je m'abstins d'insister, après tout peu importait ses raisons, l'important était que ma tête tenait toujours sur mes épaules.

    Freirar me confia qu'il se rendait dans un petit village non loin de Vendeaume, rendre visite à son thane de frère, un certain Haakon Lame-Feu. Il se proposa de me déposer la bas et refusa que je le paie pour ça.

    J'ai alors passé plusieurs jours en compagnie de cet homme étrange mais dont je me savais redevable.
    Nous traversâmes Bordeciel. J'y étais déjà venu lors de ma carrière militaire, mais je vis cette contrée dont mon sang se réclamait en partie d'un autre œil cette fois ci.
    Un peu effrayé, je compris rapidement que jusqu'à qu'un jour la mort m'emporte ou que de manière moins probable Cyrodiil soit purgé de ses néfastes influences, ce pays de neige et de glace serait mon nouveau chez moi.

    Sur le trajet, mon esprit commença à œuvrer à un plan de vengeance et à ma future vie, se demandant ce que j'allais devenir.

    Une chose était sure, j'étais un soldat, un combattant, c'était ce que je faisais de mieux, et j'allais m'employer à le faire savoir à ces êtres abjectes qui souillaient désormais ma patrie et qui ne manqueraient pas dans les temps prochains de menacer le tout Tamriel.

    [Fin du livre I ]
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