Mémoires de Siegvald StarviusBackground
Les premiers mots sont toujours les plus délicats à trouver.
Faisons donc bref, concis et efficace.
Du moins si j'y arrive, ce qui n'est pas gagné, mais commençons par la base,
les présentations.
Mon nom est Siegvald Starvius.
Fils de Reihnart Starvius, officier au sein de la légion impériale et de Ysälde "la farouche", chasseresse Nordique.
Ceux qui ont connus mes parents se demandent souvent comment des personnes si différentes ont pu s'apprivoiser mutuellement, au point de s'aimer et d'avoir une descendance.
Il était la glace, elle le feu.
Il était sophistiqué et arrogant, elle était sauvage et naturelle.
Il avait le visage enlaidi par de nombreuses cicatrices, elle était magnifique.
Il servait Cyrodiil, elle haïssait l'empire.
Et pourtant, je ne vous conterais pas ici comment cela s'est fait mais aprés moults péripéties, aventures communes, ils s'éprirent l'un de l'autre, et cela eu quelques mois plus tard pour effet la naissance d'un fils...
Ma mère, qui était une combattante aguerrie ne survécut pas hélas à l'accouchement. Tout ce que je sais d'elle, je le tiens de mon père, de la famille et des amis proches.
Mais il semble évident qu'elle avait su séduire , s'intégrer, accepter cette nouvelle vie qui fut la sienne en suivant mon père lors de son retour au pays.
Ou alors, les gens sont trop hypocrites pour me dire ce qu'ils pensaient vraiment d'elle.
J'ai du mal à concevoir une Nordique avec le caractère qu'on attribue encore à ma défunte mère qui plierait avec facilité devant l’étiquette sociale impériale.
Je fut donc élevé uniquement par mon père... mon père est un homme complexe, il est souvent dur de savoir ce qu'il pense, on dit d'ailleurs que je lui ressemble sur ce point.
Je pense qu'il m'aime mais que quelque part il m'en à toujours voulu de lui avoir "prit" sa femme.
J'ai donc été élevé à la dur, dans le seul milieu qu'il connaissait et dans lequel il se réfugia complètement, ne se remettant jamais de la mort de mère... La légion impériale.
Les casernes étaient mes terrains de jeu étant enfant, les soldats mes "grands frères" et rapidement j'ai acquis par la force des choses la "culture militaire".
Tandis que les autres enfants s'amusaient après les leçons du précepteur, je rejoignais mon père, fatalement je passais par les terrains d’entraînements. Au début je regardais simplement les "grands" faire.
Puis au fil du temps, même sans être un soldat moi même, à cet âge ça aurait été impensable, je me suis retrouvé avec une lame dans la main.
A douze ans, je connaissais déjà , en théorie, bien des manières de tuer un homme.
A quatorze ans, j'ai pris ma première vie, un misérable voleur bosmer qui venait dérober des armes dans un de nos campements.
On m'avait décrit la chose comme une terrible expérience, je ne sais pas si je dois considérer comme un bien ou un mal, mais je n'ai pas souvenir de m'être senti ébranlé à la vue de ce corps ensanglanté que la vie fuyait.
Pour moi, il ne s'agissait la, in fine, que du prolongement logique du déroulé de ce qu'avait été ma vie jusque la.
Certes de manière anticipée mais... je savais que tôt ou tard j'aurais été confronté à la mort.
Alors aprés tout, pourquoi pas ce jour ci?
A seize ans, j'enfilais pour de bon la tenue , fort et fier de rejoindre l'école des officiers impériaux, marchant directement sur les pas de mon père. Ce dernier semblait enfin montrer qu'il était content de moi, cela me rendait heureux, même si j'avais du attendre l'âge adulte pour cela.
Durant encore deux années je fus formé au commandement, à la stratégie, aux tactiques de guerre.
Je vous passerais les détails sur les cours d’étiquette et de danse.
Parait il qu'un officier sera tôt ou tard confronté à la haute société, la politique se mêlant aux actions militaires arrivé à un certain niveau.
Le monde des officiers est radicalement différent de celui des soldats "de base".
Les choses sont moins claires, moins franches, on apprend à "naviguer en eaux troubles".
On y apprend aussi le prix et le poids des responsabilités, on y apprend à possiblement envoyer des hommes à la mort sur la base d'un risque calculé.
Et à l'issu, l'affectation.
Mon père s'arrangea pour que je sois placé directement sous ses ordres, en tant que son deuxième adjoint.
Et voila que je me trouvais à la tête de ceux qui avaient été durant ma jeunesse mes amis, mes mentors...
Position étrange au demeurant.
Certains pourraient penser que le fait d'être le fils de l'officier supérieur aurait pu m'apporter certains privilèges, mais ce dernier s'assura à montrer qu'il était doublement plus exigeant avec moi qu'avec n'importe quel autre de ses subordonnés.
Au début, je l'ai maudit de cette dureté.
Puis j'ai compris, qu'il m'épargnait ainsi d être jugé comme un "fils à papa" par la troupe, ce qui aurait fini par complètement saper mon autorité.
Avec du recul, j'imagine que je peux lui dire merci...
Enfin, j'aurais pu si les choses n'avaient pas si mal tournées.
Durant cinq années, je fus un loyal serviteur de l'empire.
J'ai porté la parole et les lois du trône dans de nombreuses provinces, combattus ses ennemis, qu'ils soient humains, elfes ou peut importe quoi d'autre.
Puis, un jour, ce fut le grain de sable dans la mécanique parfaitement huilée qu'était ma vie.
Je me considère comme un homme de justice et loyal.
Et ce fameux jour je fus confronté à la désagréable situation me forçant à faire un choix entre ces deux valeurs.
Je me retrouve à hésiter à coucher par écrit ce récit...
Après réflexion, autant le faire, si ces quelques pages de papier doivent me servir de confidentes, autant le faire car si je commence à sélectionner ce que j'y relate ou pas, autant poser ma plume maintenant et brûler ces quelques lignes.
Je précise que ces faits ont eu lieu avant que la vaste supercherie qui secoua le trône de Cyrodiil il y a peu ne soit connu aux yeux de tous.
Je fus envoyer pour une mission de routine à la frontière de Bordeciel. Mon père refusa de faire parti du voyage, on peut comprendre pourquoi, cela lui aurait fatalement rappelé mère.
Et comme l'officier en second avait trouvé la mort dans une bataille quelques semaines auparavant, j'étais le seul pouvant conduire les opérations de notre unité sur le terrain.
La raison annoncée et officielle était de s'assurer qu'un petit village frontalier paie ses impôts.
Ce dernier aurait refusé de le faire, congédiant manu militari les percepteurs de taxes impériaux.
Après une deuxième tentative de rappel aux responsables locaux, tout contact fut perdu avec les autorités impériales locales.
C'est pourquoi l'armée était envoyée sur place.
Je ne prétendrais pas que cette mission m'intéressait au plus haut point, nous étions loin des grandes batailles héroïques auxquelles tout soldat digne de ce nom rêve de participer mais... on ne choisit pas ses missions, et on à pas toujours dame chance de son coté.
Et de toutes manières, les choses prirent une tournure étonnante, rien ne serait plus pareil après cette journée.
C'était il y à déjà cinq ans... mais je m'en rappelle comme si c'était hier.
Le petit village de Stockeheim...comment l'oublier...
C'était une de ces journées pluvieuse et venteuse d'automne, les arbres avaient déja perdus leurs parures de feuillages pour ne plus ressembler qu'à des créatures monstrueuses, sinueuses et difformes, les nuages noirs qui masquaient le ciel donnait à cette fin de matinée un aspect de fin de jour.
Une odeur de brûlé nous vint aux narines.
Une odeur que tout soldat qui à déjà assisté à un bûcher funéraire ne connaît que trop bien, cette odeur caractéristique de chaire humaine carbonisée...
Devant nous le petit hameau qui ne devait compter qu'une quinzaine de bâtisses avait un air de village fantôme, les portes et volets des maisons étaient fermées, aucun villageois n'était présent dans les rues, seul les cheminées encore en activités laissaient à penser qu'il y avait encore âme qui vive en ces lieux.
Mais c'est les fumées trop noires et épaisses qui nous apportaient cette odeur de viande brûlée qui monopolisait notre attention, elles émanaient de la place centrale du village.
Craignant une embuscade, je laissa les archers et la moitié des mages de mon unité sur une petite colline, en position haute juste à l'extérieur du village et avec le restant des troupes nous avançâmes.
Nous avons progressé entre les chaumières, apercevant les ombres qui nous observaient depuis l'intérieur de chacune d'entre elles.
Nos épées et boucliers à la main, prêts à repousser tout assaut potentiel.
Le village ne présentait aucune trace d' affrontement, j'en avais déduis que c' était bien les habitants qui occupaient les maisons.
Sans vraiment être étonné, nous fûmes perplexes devant le spectacle qui s'offrit à nous une fois arrivés sur la place du village.
Trois cadavres complètement calcinés étaient attachés à des poteaux au dessus d'un bûcher encore fumant.
Si les corps étaient désormais méconnaissables, les armoiries gravées sur le métal noirci de leurs armures étaient encore identifiables. Il s'agissait d'agents impériaux, très possiblement les percepteurs disparus.
Nous étions en présence d'une situation intrigante...
Pourquoi des paysans, même croulant sous les taxes, prendraient ils le risque de contrarier la puissance impériale en exécutant les représentants de son autorité?
Sachant très bien que les conséquences en seraient terribles pour leur communauté.
Soit ils étaient devenus fous, soit certains paramètres nous manquaient pour comprendre la situation.
Une chose toutefois était désormais évidente... nous n'étions plus en terre amicale pour qui porte les armoiries impériales.