Maintenances pour la semaine du 18 mars:
• PC/Mac : Pas de maintenance : 18 mars
• La boutique ESO et le système de compte seront en cours de maintenance : 19 mars, 14h00 – 18h00 heure de Paris.
• Xbox : Mégaserveurs NA et EU pour maintenance : 20 mars, 11h00 - 15h00 heure de Paris.
• PlayStation® : Mégaserveurs NA et EU pour maintenance : 20 mars, 11h00 - 15h00 heure de Paris.

LETS GAME !

Hellstrif
Hellstrif
Soul Shriven
Bonjour , j'aimerai proposer un jeux bête comme choux qui existe depuis longtemps mais cela est toujours marrant:
Le but est simple, vous récupérer le début du texte qui va suivre, puis vous rajouter une ligne et ensuite vous laissez une autre personne alimenter le texte et on vois d'ici quelque jour ce que l'on a crée :)
Donc je commence:

Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant...
Je travail jour et nuit comme un khajiit sous skooma !
  • Okamiris
    Okamiris
    ✭✭✭✭
    mais l'ombre d'Azura
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.
    - Eso+ -
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.
    - Eso+ -
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...
    - Eso+ -
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu... Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "
    - Eso+ -
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.
    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    - Eso+ -
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.
    - Eso+ -
  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.
    Edited by Mysanne on 14 août 2023 6:47
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.
    - Eso+ -
  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde contenait.
    - Eso+ -
  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour... Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    Edited by Mysanne on 21 août 2023 3:08
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde.

    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour… Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    L'homme visiblement surpris de l'assurance de Sam, sembla un bref moment décontenancé… "De quoi vous mêlez-vous ! Qui êtes vous ? De quel droit osez vous interférer avec mes affaires !" finit -il par dire avec colère.
    Sam lui lança un regard sans équivoque et lui faisait maintenant face, étonnée elle-même de son audace, poursuivit : " Vous ! N'avez -vous aucune pitié ? Quelle est cette… créature ? Ne voyez-vous pas quelle souffre ?? Et Vous !! Qui êtes vous ?"
    La créature avait observé l'échange et bien qu'encore très faible, elle murmura : " sauvez moi …Aidez moi, je veux rentrer chez les miens " puis elle s'affaissa comme épuisé par l'effort qu'elle avait du faire pour sortir ces quelques mots.
    Sam et l'homme fixaient la créature, tous surpris d'entendre sa voix, une voix si étrangement mélodieuse.
    - Eso+ -
  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    La jeune femme fut la première à sortir de sa torpeur :

    " Bon, vous déciderez-vous enfin à faire quelque chose ? Ouvrez cette cage !
    - Je ne peux pas, répondit l'homme à mi-voix.
    - Comment ça vous ne pouvez pas ? Donnez-moi cette clé ! commença à s'énerver Sam.
    - Vous ne comprenez pas, je n'ai pas la clé. Elle est dans cette boite (il désigna une sorte de coffre, caché dans un recoin sous l'escalier), mais je ne peux pas l'ouvrir. Ce n'est pas moi qui ai enfermé cette créature."

    Sam resta interdite un instant.
    - Je ne comprends pas...
    - Je suis un haut dignitaire... enfin... j'étais. Et puis, j'ai commis une erreur. Quelqu'un s'en est aperçu et j'ai tout perdu : mon argent, mon honneur, mes propriétés, ma famille... Jusqu'à ce jour où l'on m'a offert une seconde chance. Inespérée. La seule contrepartie était de surveiller cette chose pendant quelques temps. Il fallait s'assurer de ne pas la laisser sortir, de ne pas la mouiller et de ne pas lui donner à boire. Et on m'a dit de me méfier si elle me parlait. Apparemment, c'est une créature qui puise sa force dans l'eau et qui peut vous envouter avec sa voix, un peu comme une sirène mâle."

    Sam eut un regard vers le corps décharné et malodorant qui n'avait définitivement rien de commun avec l'idée qu'elle se faisait d'une sirène, même mâle !
    - "Bien sûr, ce n'est pas tout-à-fait pareil, sembla s'excuser l'homme, mais c'est la comparaison la plus proche que j'ai trouvée. Si vous l'aidez, je n'aurai pas rempli ma part du contrat et je pourrai dire adieu à ma réhabilitation."

    A ces mots, les yeux de Sam s'écarquillèrent de stupéfaction, puis se rétrécirent pour devenir deux fentes qui cachaient un regard lourd de mépris.
    - Au diable votre..." Elle marmonna quelques mots inintelligibles puis cracha : "Vous pensez vraiment regagner votre honneur en torturant un innocent ? Quel..."
    Elle se pencha, fit quelques pas et se saisit d'une pierre, tombée d'un des murs proches. Elle entreprit ensuite de taper sur le coffre pour tenter de l'ouvrir, mais elle n'avait pas assez de force.
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde.

    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour… Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    L'homme visiblement surpris de l'assurance de Sam, sembla un bref moment décontenancé… "De quoi vous mêlez-vous ! Qui êtes vous ? De quel droit osez vous interférer avec mes affaires !" finit -il par dire avec colère.
    Sam lui lança un regard sans équivoque et lui faisait maintenant face, étonnée elle-même de son audace, poursuivit : " Vous ! N'avez -vous aucune pitié ? Quelle est cette… créature ? Ne voyez-vous pas quelle souffre ?? Et Vous !! Qui êtes vous ?"
    La créature avait observé l'échange et bien qu'encore très faible, elle murmura : " sauvez moi …Aidez moi, je veux rentrer chez les miens " puis elle s'affaissa comme épuisé par l'effort qu'elle avait du faire pour sortir ces quelques mots.
    Sam et l'homme fixaient la créature, tous surpris d'entendre sa voix, une voix si étrangement mélodieuse.

    La jeune femme fut la première à sortir de sa torpeur :

    " Bon, vous déciderez-vous enfin à faire quelque chose ? Ouvrez cette cage !
    - Je ne peux pas, répondit l'homme à mi-voix.
    - Comment ça vous ne pouvez pas ? Donnez-moi cette clé ! commença à s'énerver Sam.
    - Vous ne comprenez pas, je n'ai pas la clé. Elle est dans cette boite (il désigna une sorte de coffre, caché dans un recoin sous l'escalier), mais je ne peux pas l'ouvrir. Ce n'est pas moi qui ai enfermé cette créature."

    Sam resta interdite un instant.
    - Je ne comprends pas…
    - Je suis un haut dignitaire… enfin… j'étais. Et puis, j'ai commis une erreur. Quelqu'un s'en est aperçu et j'ai tout perdu : mon argent, mon honneur, mes propriétés, ma famille... Jusqu'à ce jour où l'on m'a offert une seconde chance. Inespérée. La seule contrepartie était de surveiller cette chose pendant quelques temps. Il fallait s'assurer de ne pas la laisser sortir, de ne pas la mouiller et de ne pas lui donner à boire. Et on m'a dit de me méfier si elle me parlait. Apparemment, c'est une créature qui puise sa force dans l'eau et qui peut vous envouter avec sa voix, un peu comme une sirène mâle."

    Sam eut un regard vers le corps décharné et malodorant qui n'avait définitivement rien de commun avec l'idée qu'elle se faisait d'une sirène, même mâle !
    - "Bien sûr, ce n'est pas tout-à-fait pareil, sembla s'excuser l'homme, mais c'est la comparaison la plus proche que j'ai trouvée. Si vous l'aidez, je n'aurai pas rempli ma part du contrat et je pourrai dire adieu à ma réhabilitation."

    A ces mots, les yeux de Sam s'écarquillèrent de stupéfaction, puis se rétrécirent pour devenir deux fentes qui cachaient un regard lourd de mépris.
    - Au diable votre…" Elle marmonna quelques mots inintelligibles puis cracha : "Vous pensez vraiment regagner votre honneur en torturant un innocent ? Quel…"
    Elle se pencha, fit quelques pas et se saisit d'une pierre, tombée d'un des murs proches. Elle entreprit ensuite de taper sur le coffre pour tenter de l'ouvrir, mais elle n'avait pas assez de force.

    Agacée et déçue par son échec, Sam regarda autour d'elle scrutant la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l'aider. Elle se tourna vers la cage où la créature, la sirène (??) ayant repris quelques forces s'était assise en tailleur et semblait l'observer…
    Elle croisa le regard de ce pauvre être, ce regard, ses yeux d'un vert vert si intense la fixait maintenant intensément. Le dignitaire observait la scène comme interloqué ; "attention" dit-il " ce monstre essaie de prendre le contrôle de ton esprit, ne te laisse pas berner".
    Sam entendit à peine ses mots, une autre voix, étrange, douce, captivante se faisait entendre :" n'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. j'ai besoin de ton aide, veux tu m'aider…"
    Les lèvres de la créature n'avait pourtant pas bouger, seul son regard semblait plus… Intense, " L'homme qui est avec toi te ment ! C'est lui qui m'a capturé au large d'Y’ffelon. C'est lui qui m'a emmenée ici, c'est lui qui m'a enfermée…
    Après un court silence la voix reprit " Moi et les miens n'interagissons pas avec ton peuple, notre véritable voix, notre propre langage rend les humains fous, violent, et ils perdent le contrôle d'eux même. J'utilise ta langue pour ne pas te nuire ; Cette homme m'a piégé, les miens n'ont pu m'aider, nos lois nous interdisent le moindre contact avec les humains, ils ne pouvaient rien faire sinon me laisser aux mains de ces gens. Je me suis trop affaibli pour lutter, grâce à toi j'ai repris quelques force mais l'eau que tu m'a versé n'est pas suffisante et… Ce n'est que de l'eau douce. Je sens que je m'épuise à nouveau, je t'en supplie, aide moi, il a la clef, il ne la quitte jamais, le coffre ne contient que mes atours… Je peux tenter de l'étourdir quelques secondes, et il te faudra être rapide."
    - Eso+ -
  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    Sam était désespérée. Elle ne savait plus que croire, qui écouter.
    "Ah, si je n'étais pas si naïve !" pensait-elle. Elle avait envie de se donner des tapes sur le front pour s'aider à réfléchir et se punir de ses atermoiements.
    Il fallait qu'elle se dépêche, qu'elle prenne une décision rapidement.
    Son cerveau sembla enfin se réveiller et se mit à tourner à plein régime. Elle analysa toutes les possibilités : soit la créature mentait et, en conséquence, elle allait vraisemblablement libérer un monstre. Elle l'aiderait à reprendre des forces et ensuite, elle le paierait surement de sa vie. -pas très réjouissant...- Soit l'homme mentait -et il le faisait particulièrement bien, le fumier !- et alors elle allait avoir toutes les peines du monde à aider la créature. Elle se ferait probablement poignarder dans le dos à la première seconde d'inattention, le dignitaire ne semblant pas du genre à pratiquer l'attaque frontale.
    En réalité, il n'y avait qu'un seul moyen de savoir qui mentait. Un moyen qui lui éviterait de jouer sa vie à pile ou face.

    Galvanisée par la pression et l'urgence, elle souleva une pierre énorme et l'abattit de toutes ses forces sur le coffre.
    Enfin, le bois craqua, le couvercle fut brisé et le contenu se répandit sur le sol. Des bijoux en perles et en corail, un joli poignard au manche recouvert de nacre... pas de clé.

    Aussitôt, Sam concentra son esprit et hurla mentalement ces mots :
    "D'accord ! Maintenant !"
    Elle se précipita sur le dignitaire qui semblait hypnotisé par une vision extraordinaire. Elle le poussa violemment et il bascula en arrière sans chercher à se retenir. Sa tête frappa le sol avec un son sinistre.
    Sans chercher à vérifier s'il était assommé ou mort, Sam se mit à fouiller frénétiquement les poches de ses nombreux vêtements et sentit finalement le métal sous ses doigts.
    Edited by Mysanne on 27 août 2023 10:05
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde.

    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour… Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    L'homme visiblement surpris de l'assurance de Sam, sembla un bref moment décontenancé… "De quoi vous mêlez-vous ! Qui êtes vous ? De quel droit osez vous interférer avec mes affaires !" finit -il par dire avec colère.
    Sam lui lança un regard sans équivoque et lui faisait maintenant face, étonnée elle-même de son audace, poursuivit : " Vous ! N'avez -vous aucune pitié ? Quelle est cette… créature ? Ne voyez-vous pas quelle souffre ?? Et Vous !! Qui êtes vous ?"
    La créature avait observé l'échange et bien qu'encore très faible, elle murmura : " sauvez moi …Aidez moi, je veux rentrer chez les miens " puis elle s'affaissa comme épuisé par l'effort qu'elle avait du faire pour sortir ces quelques mots.
    Sam et l'homme fixaient la créature, tous surpris d'entendre sa voix, une voix si étrangement mélodieuse.

    La jeune femme fut la première à sortir de sa torpeur :

    " Bon, vous déciderez-vous enfin à faire quelque chose ? Ouvrez cette cage !
    - Je ne peux pas, répondit l'homme à mi-voix.
    - Comment ça vous ne pouvez pas ? Donnez-moi cette clé ! commença à s'énerver Sam.
    - Vous ne comprenez pas, je n'ai pas la clé. Elle est dans cette boite (il désigna une sorte de coffre, caché dans un recoin sous l'escalier), mais je ne peux pas l'ouvrir. Ce n'est pas moi qui ai enfermé cette créature."

    Sam resta interdite un instant.
    - Je ne comprends pas…
    - Je suis un haut dignitaire… enfin… j'étais. Et puis, j'ai commis une erreur. Quelqu'un s'en est aperçu et j'ai tout perdu : mon argent, mon honneur, mes propriétés, ma famille... Jusqu'à ce jour où l'on m'a offert une seconde chance. Inespérée. La seule contrepartie était de surveiller cette chose pendant quelques temps. Il fallait s'assurer de ne pas la laisser sortir, de ne pas la mouiller et de ne pas lui donner à boire. Et on m'a dit de me méfier si elle me parlait. Apparemment, c'est une créature qui puise sa force dans l'eau et qui peut vous envouter avec sa voix, un peu comme une sirène mâle."

    Sam eut un regard vers le corps décharné et malodorant qui n'avait définitivement rien de commun avec l'idée qu'elle se faisait d'une sirène, même mâle !
    - "Bien sûr, ce n'est pas tout-à-fait pareil, sembla s'excuser l'homme, mais c'est la comparaison la plus proche que j'ai trouvée. Si vous l'aidez, je n'aurai pas rempli ma part du contrat et je pourrai dire adieu à ma réhabilitation."

    A ces mots, les yeux de Sam s'écarquillèrent de stupéfaction, puis se rétrécirent pour devenir deux fentes qui cachaient un regard lourd de mépris.
    - Au diable votre…" Elle marmonna quelques mots inintelligibles puis cracha : "Vous pensez vraiment regagner votre honneur en torturant un innocent ? Quel…"
    Elle se pencha, fit quelques pas et se saisit d'une pierre, tombée d'un des murs proches. Elle entreprit ensuite de taper sur le coffre pour tenter de l'ouvrir, mais elle n'avait pas assez de force.

    Agacée et déçue par son échec, Sam regarda autour d'elle scrutant la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l'aider. Elle se tourna vers la cage où la créature, la sirène (??) ayant repris quelques forces s'était assise en tailleur et semblait l'observer…
    Elle croisa le regard de ce pauvre être, ce regard, ses yeux d'un vert vert si intense la fixait maintenant intensément. Le dignitaire observait la scène comme interloqué ; "attention" dit-il " ce monstre essaie de prendre le contrôle de ton esprit, ne te laisse pas berner".
    Sam entendit à peine ses mots, une autre voix, étrange, douce, captivante se faisait entendre :" n'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. j'ai besoin de ton aide, veux tu m'aider…"
    Les lèvres de la créature n'avait pourtant pas bouger, seul son regard semblait plus… Intense, " L'homme qui est avec toi te ment ! C'est lui qui m'a capturé au large d'Y’ffelon. C'est lui qui m'a emmenée ici, c'est lui qui m'a enfermée…
    Après un court silence la voix reprit " Moi et les miens n'interagissons pas avec ton peuple, notre véritable voix, notre propre langage rend les humains fous, violent, et ils perdent le contrôle d'eux même. J'utilise ta langue pour ne pas te nuire ; Cette homme m'a piégé, les miens n'ont pu m'aider, nos lois nous interdisent le moindre contact avec les humains, ils ne pouvaient rien faire sinon me laisser aux mains de ces gens. Je me suis trop affaibli pour lutter, grâce à toi j'ai repris quelques force mais l'eau que tu m'a versé n'est pas suffisante et… Ce n'est que de l'eau douce. Je sens que je m'épuise à nouveau, je t'en supplie, aide moi, il a la clef, il ne la quitte jamais, le coffre ne contient que mes atours… Je peux tenter de l'étourdir quelques secondes, et il te faudra être rapide."

    Sam était désespérée. Elle ne savait plus que croire, qui écouter.
    "Ah, si je n'étais pas si naïve !" pensait-elle. Elle avait envie de se donner des tapes sur le front pour s'aider à réfléchir et se punir de ses atermoiements.
    Il fallait qu'elle se dépêche, qu'elle prenne une décision rapidement.
    Son cerveau sembla enfin se réveiller et se mit à tourner à plein régime. Elle analysa toutes les possibilités : soit la créature mentait et, en conséquence, elle allait vraisemblablement libérer un monstre. Elle l'aiderait à reprendre des forces et ensuite, elle le paierait surement de sa vie. -pas très réjouissant...- Soit l'homme mentait -et il le faisait particulièrement bien, le fumier !- et alors elle allait avoir toutes les peines du monde à aider la créature. Elle se ferait probablement poignarder dans le dos à la première seconde d'inattention, le dignitaire ne semblant pas du genre à pratiquer l'attaque frontale.
    En réalité, il n'y avait qu'un seul moyen de savoir qui mentait. Un moyen qui lui éviterait de jouer sa vie à pile ou face.

    Galvanisée par la pression et l'urgence, elle souleva une pierre énorme et l'abattit de toutes ses forces sur le coffre.
    Enfin, le bois craqua, le couvercle fut brisé et le contenu se répandit sur le sol. Des bijoux en perles et en corail, un joli poignard au manche recouvert de nacre... pas de clé.

    Aussitôt, Sam concentra son esprit et hurla mentalement ces mots :
    "D'accord ! Maintenant !"
    Elle se précipita sur le dignitaire qui semblait hypnotisé par une vision extraordinaire. Elle le poussa violemment et il bascula en arrière sans chercher à se retenir. Sa tête frappa le sol avec un son sinistre.
    Sans chercher à vérifier s'il était assommé ou mort, Sam se mit à fouiller frénétiquement les poches de ses nombreux vêtements et sentit finalement le métal sous ses doigts.

    La créature n'avait pas menti, la clef était bien là !
    L'homme avait menti…
    L'avait -elle tué !!!?? Il gisait au sol sans bouger, Par Mara et Azura je l'ai tué ?!!
    Sam commençait à paniquer. Jamais elle n'avait eu à utiliser toute forme de violence physique, jamais elle n'avait été confronté à ce type de situation…
    "Il n'est pas mort, ne t'inquiète pas, je sens la vie en lui" la créature avait renoué le lien mentale qui l'unissait à Sam. Ces mots l'a rassurèrent.
    Ayant repris ses esprits elle se dirigea vers la cage pour enfin libérer le pauvre être qui s'y trouvait.
    Sam était heureuse d'avoir enfin pu libérer ce malheureux, mais une légère appréhension demeurait ; Elle allait devoir porter la créature, la toucher, l'idée d'un contact physique ne la rassurait pas… "Allez Allez Sam ! reprends -toi" se disait-elle " ce n'est pas le moment d'hésiter"
    Sam rentra dans la cage et doucement pris la créature dans ses bras pour la soulever délicatement. Sa peau avait changer d'aspect pour devenir partiellement plus claire, d'un bleu presque opalescent, Sam ne pu s'empêcher de regarder la texture de celle-ci, allait-elle voir des écailles !? La créature sembla sourire Sam rougit "tu lis mes pensées ??"
    "Notre lien mentale est toujours actif, oui" reprit l'être qui se tenait maintenant debout en prenant appuis sur Sam, " il est plus facile pour moi de communiquer ainsi, mais soit rassuré Sam, le lien mental que j'utilise me permet juste de lire tes pensée en "surface".
    "Oh ! tu m'a appelée par mon prénom ! " pensa Sam, qui fut surprise de la "joie" que cela lui procurait. " Mais je ne connais pas le tien ? Comment dois-je t'appeler ?"
    "Kheves , Tu peux m'appeler ainsi, c'est le son qui se rapproche le plus de mon nom véritable, c'est la version "humaine" si tu préfères."
    "Kheves, Kheves... J'aime bien, pensa Sam. Elle se dirigea vers ce qui restait du coffre et ramassa les parures qu'il contenait. Puis, après avoir jeté un œil vers le corps de l'homme qui gisait encore inconscient, ils prirent la direction des escaliers pour atteindre la sortie. Une fois le seuil franchi, un air doux et parfumé envahi les poumons de Sam, le soleil était bas à l'horizon, il ne restait que quelques heures avant que la nuit ne tombent.
    "Kheves, il y a une rivière pas très loin à l'Est, souhaites-tu t'y rendre, la mer est à l'Ouest mais le chemin sera plus long, et nous sommes à pied !"
    "Sam, je sens une créature, pas très loin, vous leur donnez le nom de Guar, je crois, c'est sans doute la monture de l'homme qui m'a enfermé, nous pourrions l'utiliser ?"



    Edited by Oddhagen on 29 août 2023 8:54
    - Eso+ -
  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    -"Oui, c'est une excellente idée. Allons-y !" répondit Sam.

    A l'époque de cette histoire, le fort des Onze Forces était déjà en ruines, mais toutefois moins qu'aujourd'hui. A la sortie de la tour, il y avait un pont au-dessus de la route et ensuite, des escaliers, de part et d'autre, qui descendaient pour rejoindre le niveau du sol. En face, un autre bâtiment à colonnades se dressait.

    Le guar du dignitaire était attaché à un piquet, juste au bas de l'escalier de gauche. Quand Sam et Kheves furent à quelques mètres de lui, il commença à s'agiter, à émettre des piaillements craintifs et à tirer sur sa corde. L'odeur du prisonnier était moins suffocante qu'au début, mais elle restait perceptible et dérangeante. L'animal semblait de plus en plus paniqué.
    Sam marqua un temps d'arrêt. "Je ne sais pas s'il va nous laisser approcher..." remarqua-t-elle avec inquiétude.
    Et, en effet, à peine eut-elle esquissé un nouveau pas dans sa direction que le guar se mit à crier et à bondir furieusement. Le piquet fut arraché du sol et l'animal s'enfuit sans demander son reste. Dépitée, Sam poussa un profond soupir.
    "Bon... Je suppose qu'il va falloir trouver une autre solution."

    C'est à ce moment qu'elle l'entendit. Une sorte de bruissement. Un son très étrange qui avait l'air de provenir de sous les dalles, en face d'eux. Elle assit Kheves sur les quelques marches qui marquaient l'entrée de ce nouvel espace et lui dit de se reposer quelques instants, le temps qu'elle identifie la provenance du son.

    Il faut vous dire qu'à l'origine, la jeune femme était dans cette région du Couchant car il existait une légende qui évoquait un portail mythique vers un autre monde. Sam avait toujours été fascinée par cette possibilité et avait étudié tous les ouvrages qu'elle trouvait à ce sujet. Ses recherches l'avaient conduite ici, au fort des Onze Forces. Elle avait ensuite été détournée de son but par la découverte du prisonnier dans sa cage.

    Mais pour la première fois depuis longtemps, elle paraissait proche d'une découverte majeure.

    Elle s'agenouilla sur le sol dur et froid et colla son oreille sur les dalles de pierre. Le son s'amplifia et des vibrations envahirent tout son corps, la faisant frissonner.
    "Il y a quelque chose, ici ! s'exclama-t-elle.
    - Oui, je le sens moi aussi, dit Kheves. Mais il va falloir se dépêcher. L'homme reprend ses esprits."

    "La poisse ! Je suis si proche du but", se lamenta Sam (sans noter que, encore une fois, la créature paraissait capable de "voir" des choses pourtant éloignées de son champ de vision).

    La jeune femme remarqua alors un creux dans le sol, une dépression circulaire qui lui rappela un objet. Elle fouilla dans ses poches et en sortit un médaillon qui semblait de la même taille que le trou.
    Au cours des précédentes années, elle avait écumé tous les châteaux et les monastères abandonnés cités par les livres qu'elle étudiait. Dans l'un d'eux, elle avait déniché une relique inestimable : un disque taillé dans une matière inconnue et gravé de symboles étranges. Ne sachant pas quoi en faire, elle l'avait gardé sur elle depuis, trop effrayée à l'idée qu'on lui dérobe si elle le laissait sans surveillance.

    Elle balaya la poussière du revers de la main, souffla pour enlever les dernières saletés et pria pour que son intuition soit la bonne. Elle plaqua le médaillon dans le creux qui paraissait avoir été créé à cette fin.
    Un déclic se fit entendre, puis un roulement, un grondement sortit des profondeurs et tout le fort vibra.
    Le sol commença à s'effondrer. Du moins, c'est ce qu'elle crut sur le moment et elle se jeta en arrière, effrayée.
    En réalité, les dalles s'étaient progressivement abaissées, s'enfonçant de plus en plus profondément, pour former un escalier étroit qui plongeait dans les entrailles du fort.

    Kheves, qui était resté silencieux jusque là, lui lança : "Il est en train de se relever. Il sera là dans quelques instants."

    Sortie de sa stupeur, Sam se précipita vers lui et l'aida à se redresser. Puis elle tourna la tête de tous côtés, hésitant sur le chemin à prendre : les escaliers donnaient sur la campagne environnante mais il serait facile pour le dignitaire de les rattraper. Elle pourrait se retourner et essayer de le combattre, mais Kheves n'aurait peut-être pas la force de le paralyser à nouveau, et l'élément de surprise avait disparu : il serait bien plus difficile de le neutraliser, cette fois. Et puis, elle n'avait rien d'une guerrière. Non, les marches qui étaient apparues dans le sol restaient la seule option. C'était un risque car ils pouvaient se retrouver piégés dans une salle souterraine, mais il fallait tenter le coup.

    Soutenant Kheves du mieux qu'elle pouvait, Sam entreprit la descente de l'escalier mystérieux. Elle distingua des arches de pierre dans la pénombre quand brusquement, une lumière éblouissante apparut. Elle était incroyablement belle : dorée, mouvante, pulsant comme un cœur battant. Ils s'approchèrent d'elle, fascinés.
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde.

    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour… Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    L'homme visiblement surpris de l'assurance de Sam, sembla un bref moment décontenancé… "De quoi vous mêlez-vous ! Qui êtes vous ? De quel droit osez vous interférer avec mes affaires !" finit -il par dire avec colère.
    Sam lui lança un regard sans équivoque et lui faisait maintenant face, étonnée elle-même de son audace, poursuivit : " Vous ! N'avez -vous aucune pitié ? Quelle est cette… créature ? Ne voyez-vous pas quelle souffre ?? Et Vous !! Qui êtes vous ?"
    La créature avait observé l'échange et bien qu'encore très faible, elle murmura : " sauvez moi …Aidez moi, je veux rentrer chez les miens " puis elle s'affaissa comme épuisé par l'effort qu'elle avait du faire pour sortir ces quelques mots.
    Sam et l'homme fixaient la créature, tous surpris d'entendre sa voix, une voix si étrangement mélodieuse.

    La jeune femme fut la première à sortir de sa torpeur :

    " Bon, vous déciderez-vous enfin à faire quelque chose ? Ouvrez cette cage !
    - Je ne peux pas, répondit l'homme à mi-voix.
    - Comment ça vous ne pouvez pas ? Donnez-moi cette clé ! commença à s'énerver Sam.
    - Vous ne comprenez pas, je n'ai pas la clé. Elle est dans cette boite (il désigna une sorte de coffre, caché dans un recoin sous l'escalier), mais je ne peux pas l'ouvrir. Ce n'est pas moi qui ai enfermé cette créature."

    Sam resta interdite un instant.
    - Je ne comprends pas…
    - Je suis un haut dignitaire… enfin… j'étais. Et puis, j'ai commis une erreur. Quelqu'un s'en est aperçu et j'ai tout perdu : mon argent, mon honneur, mes propriétés, ma famille... Jusqu'à ce jour où l'on m'a offert une seconde chance. Inespérée. La seule contrepartie était de surveiller cette chose pendant quelques temps. Il fallait s'assurer de ne pas la laisser sortir, de ne pas la mouiller et de ne pas lui donner à boire. Et on m'a dit de me méfier si elle me parlait. Apparemment, c'est une créature qui puise sa force dans l'eau et qui peut vous envouter avec sa voix, un peu comme une sirène mâle."

    Sam eut un regard vers le corps décharné et malodorant qui n'avait définitivement rien de commun avec l'idée qu'elle se faisait d'une sirène, même mâle !
    - "Bien sûr, ce n'est pas tout-à-fait pareil, sembla s'excuser l'homme, mais c'est la comparaison la plus proche que j'ai trouvée. Si vous l'aidez, je n'aurai pas rempli ma part du contrat et je pourrai dire adieu à ma réhabilitation."

    A ces mots, les yeux de Sam s'écarquillèrent de stupéfaction, puis se rétrécirent pour devenir deux fentes qui cachaient un regard lourd de mépris.
    - Au diable votre…" Elle marmonna quelques mots inintelligibles puis cracha : "Vous pensez vraiment regagner votre honneur en torturant un innocent ? Quel…"
    Elle se pencha, fit quelques pas et se saisit d'une pierre, tombée d'un des murs proches. Elle entreprit ensuite de taper sur le coffre pour tenter de l'ouvrir, mais elle n'avait pas assez de force.

    Agacée et déçue par son échec, Sam regarda autour d'elle scrutant la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l'aider. Elle se tourna vers la cage où la créature, la sirène (??) ayant repris quelques forces s'était assise en tailleur et semblait l'observer…
    Elle croisa le regard de ce pauvre être, ce regard, ses yeux d'un vert vert si intense la fixait maintenant intensément. Le dignitaire observait la scène comme interloqué ; "attention" dit-il " ce monstre essaie de prendre le contrôle de ton esprit, ne te laisse pas berner".
    Sam entendit à peine ses mots, une autre voix, étrange, douce, captivante se faisait entendre :" n'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. j'ai besoin de ton aide, veux tu m'aider…"
    Les lèvres de la créature n'avait pourtant pas bouger, seul son regard semblait plus… Intense, " L'homme qui est avec toi te ment ! C'est lui qui m'a capturé au large d'Y’ffelon. C'est lui qui m'a emmenée ici, c'est lui qui m'a enfermée…
    Après un court silence la voix reprit " Moi et les miens n'interagissons pas avec ton peuple, notre véritable voix, notre propre langage rend les humains fous, violent, et ils perdent le contrôle d'eux même. J'utilise ta langue pour ne pas te nuire ; Cette homme m'a piégé, les miens n'ont pu m'aider, nos lois nous interdisent le moindre contact avec les humains, ils ne pouvaient rien faire sinon me laisser aux mains de ces gens. Je me suis trop affaibli pour lutter, grâce à toi j'ai repris quelques force mais l'eau que tu m'a versé n'est pas suffisante et… Ce n'est que de l'eau douce. Je sens que je m'épuise à nouveau, je t'en supplie, aide moi, il a la clef, il ne la quitte jamais, le coffre ne contient que mes atours… Je peux tenter de l'étourdir quelques secondes, et il te faudra être rapide."

    Sam était désespérée. Elle ne savait plus que croire, qui écouter.
    "Ah, si je n'étais pas si naïve !" pensait-elle. Elle avait envie de se donner des tapes sur le front pour s'aider à réfléchir et se punir de ses atermoiements.
    Il fallait qu'elle se dépêche, qu'elle prenne une décision rapidement.
    Son cerveau sembla enfin se réveiller et se mit à tourner à plein régime. Elle analysa toutes les possibilités : soit la créature mentait et, en conséquence, elle allait vraisemblablement libérer un monstre. Elle l'aiderait à reprendre des forces et ensuite, elle le paierait surement de sa vie. -pas très réjouissant...- Soit l'homme mentait -et il le faisait particulièrement bien, le fumier !- et alors elle allait avoir toutes les peines du monde à aider la créature. Elle se ferait probablement poignarder dans le dos à la première seconde d'inattention, le dignitaire ne semblant pas du genre à pratiquer l'attaque frontale.
    En réalité, il n'y avait qu'un seul moyen de savoir qui mentait. Un moyen qui lui éviterait de jouer sa vie à pile ou face.

    Galvanisée par la pression et l'urgence, elle souleva une pierre énorme et l'abattit de toutes ses forces sur le coffre.
    Enfin, le bois craqua, le couvercle fut brisé et le contenu se répandit sur le sol. Des bijoux en perles et en corail, un joli poignard au manche recouvert de nacre... pas de clé.

    Aussitôt, Sam concentra son esprit et hurla mentalement ces mots :
    "D'accord ! Maintenant !"
    Elle se précipita sur le dignitaire qui semblait hypnotisé par une vision extraordinaire. Elle le poussa violemment et il bascula en arrière sans chercher à se retenir. Sa tête frappa le sol avec un son sinistre.
    Sans chercher à vérifier s'il était assommé ou mort, Sam se mit à fouiller frénétiquement les poches de ses nombreux vêtements et sentit finalement le métal sous ses doigts.

    La créature n'avait pas menti, la clef était bien là !
    L'homme avait menti…
    L'avait -elle tué !!!?? Il gisait au sol sans bouger, Par Mara et Azura je l'ai tué ?!!
    Sam commençait à paniquer. Jamais elle n'avait eu à utiliser toute forme de violence physique, jamais elle n'avait été confronté à ce type de situation…
    "Il n'est pas mort, ne t'inquiète pas, je sens la vie en lui" la créature avait renoué le lien mentale qui l'unissait à Sam. Ces mots l'a rassurèrent.
    Ayant repris ses esprits elle se dirigea vers la cage pour enfin libérer le pauvre être qui s'y trouvait.
    Sam était heureuse d'avoir enfin pu libérer ce malheureux, mais une légère appréhension demeurait ; Elle allait devoir porter la créature, la toucher, l'idée d'un contact physique ne la rassurait pas… "Allez Allez Sam ! reprends -toi" se disait-elle " ce n'est pas le moment d'hésiter"
    Sam rentra dans la cage et doucement pris la créature dans ses bras pour la soulever délicatement. Sa peau avait changer d'aspect pour devenir partiellement plus claire, d'un bleu presque opalescent, Sam ne pu s'empêcher de regarder la texture de celle-ci, allait-elle voir des écailles !? La créature sembla sourire Sam rougit "tu lis mes pensées ??"
    "Notre lien mentale est toujours actif, oui" reprit l'être qui se tenait maintenant debout en prenant appuis sur Sam, " il est plus facile pour moi de communiquer ainsi, mais soit rassuré Sam, le lien mental que j'utilise me permet juste de lire tes pensée en "surface".
    "Oh ! tu m'a appelée par mon prénom ! " pensa Sam, qui fut surprise de la "joie" que cela lui procurait. " Mais je ne connais pas le tien ? Comment dois-je t'appeler ?"
    "Kheves , Tu peux m'appeler ainsi, c'est le son qui se rapproche le plus de mon nom véritable, c'est la version "humaine" si tu préfères."
    "Kheves, Kheves... J'aime bien, pensa Sam. Elle se dirigea vers ce qui restait du coffre et ramassa les parures qu'il contenait. Puis, après avoir jeté un œil vers le corps de l'homme qui gisait encore inconscient, ils prirent la direction des escaliers pour atteindre la sortie. Une fois le seuil franchi, un air doux et parfumé envahi les poumons de Sam, le soleil était bas à l'horizon, il ne restait que quelques heures avant que la nuit ne tombent.
    "Kheves, il y a une rivière pas très loin à l'Est, souhaites-tu t'y rendre, la mer est à l'Ouest mais le chemin sera plus long, et nous sommes à pied !"
    "Sam, je sens une créature, pas très loin, vous leur donnez le nom de Guar, je crois, c'est sans doute la monture de l'homme qui m'a enfermé, nous pourrions l'utiliser ?"

    "Oui, c'est une excellente idée. Allons-y !" répondit Sam.

    A l'époque de cette histoire, le fort des Onze Forces était déjà en ruines, mais toutefois moins qu'aujourd'hui. A la sortie de la tour, il y avait un pont au-dessus de la route et ensuite, des escaliers, de part et d'autre, qui descendaient pour rejoindre le niveau du sol. En face, un autre bâtiment à colonnades se dressait.

    Le guar du dignitaire était attaché à un piquet, juste au bas de l'escalier de gauche. Quand Sam et Kheves furent à quelques mètres de lui, il commença à s'agiter, à émettre des piaillements craintifs et à tirer sur sa corde. L'odeur du prisonnier était moins suffocante qu'au début, mais elle restait perceptible et dérangeante. L'animal semblait de plus en plus paniqué.
    Sam marqua un temps d'arrêt. "Je ne sais pas s'il va nous laisser approcher..." remarqua-t-elle avec inquiétude.
    Et, en effet, à peine eut-elle esquissé un nouveau pas dans sa direction que le guar se mit à crier et à bondir furieusement. Le piquet fut arraché du sol et l'animal s'enfuit sans demander son reste. Dépitée, Sam poussa un profond soupir.
    "Bon... Je suppose qu'il va falloir trouver une autre solution."

    C'est à ce moment qu'elle l'entendit. Une sorte de bruissement. Un son très étrange qui avait l'air de provenir de sous les dalles, en face d'eux. Elle assit Kheves sur les quelques marches qui marquaient l'entrée de ce nouvel espace et lui dit de se reposer quelques instants, le temps qu'elle identifie la provenance du son.

    Il faut vous dire qu'à l'origine, la jeune femme était dans cette région du Couchant car il existait une légende qui évoquait un portail mythique vers un autre monde. Sam avait toujours été fascinée par cette possibilité et avait étudié tous les ouvrages qu'elle trouvait à ce sujet. Ses recherches l'avaient conduite ici, au fort des Onze Forces. Elle avait ensuite été détournée de son but par la découverte du prisonnier dans sa cage.

    Mais pour la première fois depuis longtemps, elle paraissait proche d'une découverte majeure.

    Elle s'agenouilla sur le sol dur et froid et colla son oreille sur les dalles de pierre. Le son s'amplifia et des vibrations envahirent tout son corps, la faisant frissonner.
    "Il y a quelque chose, ici ! s'exclama-t-elle.
    - Oui, je le sens moi aussi, dit Kheves. Mais il va falloir se dépêcher. L'homme reprend ses esprits."

    "La poisse ! Je suis si proche du but", se lamenta Sam (sans noter que, encore une fois, la créature paraissait capable de "voir" des choses pourtant éloignées de son champ de vision).

    La jeune femme remarqua alors un creux dans le sol, une dépression circulaire qui lui rappela un objet. Elle fouilla dans ses poches et en sortit un médaillon qui semblait de la même taille que le trou.
    Au cours des précédentes années, elle avait écumé tous les châteaux et les monastères abandonnés cités par les livres qu'elle étudiait. Dans l'un d'eux, elle avait déniché une relique inestimable : un disque taillé dans une matière inconnue et gravé de symboles étranges. Ne sachant pas quoi en faire, elle l'avait gardé sur elle depuis, trop effrayée à l'idée qu'on lui dérobe si elle le laissait sans surveillance.

    Elle balaya la poussière du revers de la main, souffla pour enlever les dernières saletés et pria pour que son intuition soit la bonne. Elle plaqua le médaillon dans le creux qui paraissait avoir été créé à cette fin.
    Un déclic se fit entendre, puis un roulement, un grondement sortit des profondeurs et tout le fort vibra.
    Le sol commença à s'effondrer. Du moins, c'est ce qu'elle crut sur le moment et elle se jeta en arrière, effrayée.
    En réalité, les dalles s'étaient progressivement abaissées, s'enfonçant de plus en plus profondément, pour former un escalier étroit qui plongeait dans les entrailles du fort.

    Kheves, qui était resté silencieux jusque là, lui lança : "Il est en train de se relever. Il sera là dans quelques instants."

    Sortie de sa stupeur, Sam se précipita vers lui et l'aida à se redresser. Puis elle tourna la tête de tous côtés, hésitant sur le chemin à prendre : les escaliers donnaient sur la campagne environnante mais il serait facile pour le dignitaire de les rattraper. Elle pourrait se retourner et essayer de le combattre, mais Kheves n'aurait peut-être pas la force de le paralyser à nouveau, et l'élément de surprise avait disparu : il serait bien plus difficile de le neutraliser, cette fois. Et puis, elle n'avait rien d'une guerrière. Non, les marches qui étaient apparues dans le sol restaient la seule option. C'était un risque car ils pouvaient se retrouver piégés dans une salle souterraine, mais il fallait tenter le coup.

    Soutenant Kheves du mieux qu'elle pouvait, Sam entreprit la descente de l'escalier mystérieux. Elle distingua des arches de pierre dans la pénombre quand brusquement, une lumière éblouissante apparut. Elle était incroyablement belle : dorée, mouvante, pulsant comme un cœur battant. Ils s'approchèrent d'elle, fascinés.

    La lueur changeait de teinte, passant du dorée à un mélange bleu et de vert, puis du pourpre au rose pâle, à un rythme régulier ; Sam et Kheves étaient tous deux à porter de main et captivés par l'étrange spectacle qu'ils observaient.

    "Un portail !" la pensée de Kheves avait sorti Sam de l'état de sidération dans lequel elle se trouvait, et tout en reprenant ses esprits, elle s'aperçu que les atours de Kheves qu'elle avait rangé dans un petit sac de cuir noué à sa ceinture, semblait réagir à proximité du "portail", comme une légère vibration, pulsation qu'elle ressentait à travers le cuir.

    "Il se passent quelque chose d'étrange Sam " reprit Kheves, "tout cela me semble familier, pourtant je ne crois avoir jamais vu cela auparavant, j'ai une drôle d'impression, mes sens sont en alerte, mais je ne sens pas de menace." Sam, après avoir entendu cela était de plus en plus intriguée, excitée par cette découverte, répondit à Kheves : " Je n'ai pas, non plus, peur ni ne me sens effrayée…" Elle rajouta " tes atours semblent réagir, on dirait qu'ils "vibrent", " et tout en sortant les bijoux de son sac, " tiens , prends les, ils te reviennent de toutes façons, portes-les nous verrons bien s'il réagissent davantage lorsque tu les portes".
    Elle tendit les bijoux à Kheves. D'une main tremblante il les pris, glissa la bague à son annulaire et mis le torque de nacre à son cou. Alors qu'il mettait le torque, son corps semblait retrouver encore plus de sa vigueur, sa peau, sur toute sa surface, commençait à reprendre sa teinte d'origine, d'un bleu opalescent. Le corp de Kheves dont émanait maintenant une légère lueur iridescente laissa échapper un long soupir, qui exprimait comme une libération, une délivrance.
    Comme hypnotisée par ce qu'elle voyait Sam restait silencieuse.

    Soudain un juron rompu le silence, le ravisseur était sorti de sa torpeur et se trouvait maintenant très près de l'entrée, près de l'escalier qui menait au caveau . Il avait du s'apercevoir que son guar n'était plus là, mais ne semblait pas avoir découvert le passage secret… Du moins pas encore. Sam et Kheves se fixaient sans oser faire le moindre bruit et eurent, simultanément, la même pensée : le portail !
    Edited by Oddhagen on 8 septembre 2023 6:47
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  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    Poussés par l'urgence d'échapper à leur poursuivant et impatients de découvrir ce qui se cachait derrière cette entrée mystérieuse, ils s'avancèrent dans la lumière. Un étourdissement les prit ; ils eurent l'impression d'être aspirés, libérés de leur poids, presque de se dissoudre un instant avant de se reconstituer dans un monde d'une beauté saisissante. Ils avaient toutefois eu le temps d'apercevoir la lumière qui s'était rétractée sur elle-même avant de disparaitre, de l'autre côté. L'homme ne pourrait donc pas les suivre. Le portail était refermé.
    Sam ressentit une légère inquiétude à cette pensée : il n'y avait pas de retour en arrière possible... Mais en s'avançant, elle fut tellement fascinée par la magnificence du paysage qui l'entourait qu'elle oublia bien vite tout le reste.

    Kheves resplendissait : les éclats iridescents de sa peau chatoyaient de plus en plus. Il semblait ne plus contenir son enthousiasme et avançait de plus en plus vite, comme appelé par des voix que lui seul entendait.
    Il avait l'air de savoir où il allait alors Sam se contenta de le suivre, heureuse de le voir si joyeux et excité.

    Ils tournèrent sur la droite et commencèrent à descendre le long de pentes fleuries où cascadaient des cours d'eau turquoise entre des rochers immaculés. Le ciel, surtout, était à nul autre pareil. Sam se tordait les pieds : elle était tellement captivée par ce qu'elle voyait qu'elle avançait alors que ses yeux s'attardaient sur une fleur au pourpre flamboyant, sur une étoile étincelante ou sur un insecte aux ailes azur. Elle se sentait enivrée par tant de splendeur.

    Soudain, l'horizon se déploya devant eux et le panorama était si grandiose qu'ils stoppèrent leur marche instantanément.
    Une mer aux nuances de bleu les plus précieuses -saphir, topaze, aigue-marine...- s'étalait en contrebas. Kheves détourna la tête pour cacher son émotion : il sentait qu'il retrouvait ses origines. Son cœur lui paraissait trop gros pour sa poitrine. Il avait envie de se précipiter dans le vide pour être plus rapidement près du rivage et laisser l'eau le recouvrir. Il s'efforça de se maitriser et de se calmer, car si l’excitation de l'instant l'avait revigoré, il sentait bien qu'il restait encore fragile. Il ne fallait pas qu'il disperse ses dernières forces si près du but. C'est donc d'un pas plus posé qu'ils parcoururent les quelques mètres qui les séparaient de la plage.

    Lorsqu'ils furent assez près pour sentir les embruns, ils distinguèrent une sorte de mouvement dans l'eau : de l'écume se formait, un tourbillon, une agitation qui ne laissait aucun doute : quelque chose allait apparaitre.
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde.

    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour… Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    L'homme visiblement surpris de l'assurance de Sam, sembla un bref moment décontenancé… "De quoi vous mêlez-vous ! Qui êtes vous ? De quel droit osez vous interférer avec mes affaires !" finit -il par dire avec colère.
    Sam lui lança un regard sans équivoque et lui faisait maintenant face, étonnée elle-même de son audace, poursuivit : " Vous ! N'avez -vous aucune pitié ? Quelle est cette… créature ? Ne voyez-vous pas quelle souffre ?? Et Vous !! Qui êtes vous ?"
    La créature avait observé l'échange et bien qu'encore très faible, elle murmura : " sauvez moi …Aidez moi, je veux rentrer chez les miens " puis elle s'affaissa comme épuisé par l'effort qu'elle avait du faire pour sortir ces quelques mots.
    Sam et l'homme fixaient la créature, tous surpris d'entendre sa voix, une voix si étrangement mélodieuse.

    La jeune femme fut la première à sortir de sa torpeur :

    " Bon, vous déciderez-vous enfin à faire quelque chose ? Ouvrez cette cage !
    - Je ne peux pas, répondit l'homme à mi-voix.
    - Comment ça vous ne pouvez pas ? Donnez-moi cette clé ! commença à s'énerver Sam.
    - Vous ne comprenez pas, je n'ai pas la clé. Elle est dans cette boite (il désigna une sorte de coffre, caché dans un recoin sous l'escalier), mais je ne peux pas l'ouvrir. Ce n'est pas moi qui ai enfermé cette créature."

    Sam resta interdite un instant.
    - Je ne comprends pas…
    - Je suis un haut dignitaire… enfin… j'étais. Et puis, j'ai commis une erreur. Quelqu'un s'en est aperçu et j'ai tout perdu : mon argent, mon honneur, mes propriétés, ma famille... Jusqu'à ce jour où l'on m'a offert une seconde chance. Inespérée. La seule contrepartie était de surveiller cette chose pendant quelques temps. Il fallait s'assurer de ne pas la laisser sortir, de ne pas la mouiller et de ne pas lui donner à boire. Et on m'a dit de me méfier si elle me parlait. Apparemment, c'est une créature qui puise sa force dans l'eau et qui peut vous envouter avec sa voix, un peu comme une sirène mâle."

    Sam eut un regard vers le corps décharné et malodorant qui n'avait définitivement rien de commun avec l'idée qu'elle se faisait d'une sirène, même mâle !
    - "Bien sûr, ce n'est pas tout-à-fait pareil, sembla s'excuser l'homme, mais c'est la comparaison la plus proche que j'ai trouvée. Si vous l'aidez, je n'aurai pas rempli ma part du contrat et je pourrai dire adieu à ma réhabilitation."

    A ces mots, les yeux de Sam s'écarquillèrent de stupéfaction, puis se rétrécirent pour devenir deux fentes qui cachaient un regard lourd de mépris.
    - Au diable votre…" Elle marmonna quelques mots inintelligibles puis cracha : "Vous pensez vraiment regagner votre honneur en torturant un innocent ? Quel…"
    Elle se pencha, fit quelques pas et se saisit d'une pierre, tombée d'un des murs proches. Elle entreprit ensuite de taper sur le coffre pour tenter de l'ouvrir, mais elle n'avait pas assez de force.

    Agacée et déçue par son échec, Sam regarda autour d'elle scrutant la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l'aider. Elle se tourna vers la cage où la créature, la sirène (??) ayant repris quelques forces s'était assise en tailleur et semblait l'observer…
    Elle croisa le regard de ce pauvre être, ce regard, ses yeux d'un vert vert si intense la fixait maintenant intensément. Le dignitaire observait la scène comme interloqué ; "attention" dit-il " ce monstre essaie de prendre le contrôle de ton esprit, ne te laisse pas berner".
    Sam entendit à peine ses mots, une autre voix, étrange, douce, captivante se faisait entendre :" n'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. j'ai besoin de ton aide, veux tu m'aider…"
    Les lèvres de la créature n'avait pourtant pas bouger, seul son regard semblait plus… Intense, " L'homme qui est avec toi te ment ! C'est lui qui m'a capturé au large d'Y’ffelon. C'est lui qui m'a emmenée ici, c'est lui qui m'a enfermée…
    Après un court silence la voix reprit " Moi et les miens n'interagissons pas avec ton peuple, notre véritable voix, notre propre langage rend les humains fous, violent, et ils perdent le contrôle d'eux même. J'utilise ta langue pour ne pas te nuire ; Cette homme m'a piégé, les miens n'ont pu m'aider, nos lois nous interdisent le moindre contact avec les humains, ils ne pouvaient rien faire sinon me laisser aux mains de ces gens. Je me suis trop affaibli pour lutter, grâce à toi j'ai repris quelques force mais l'eau que tu m'a versé n'est pas suffisante et… Ce n'est que de l'eau douce. Je sens que je m'épuise à nouveau, je t'en supplie, aide moi, il a la clef, il ne la quitte jamais, le coffre ne contient que mes atours… Je peux tenter de l'étourdir quelques secondes, et il te faudra être rapide."

    Sam était désespérée. Elle ne savait plus que croire, qui écouter.
    "Ah, si je n'étais pas si naïve !" pensait-elle. Elle avait envie de se donner des tapes sur le front pour s'aider à réfléchir et se punir de ses atermoiements.
    Il fallait qu'elle se dépêche, qu'elle prenne une décision rapidement.
    Son cerveau sembla enfin se réveiller et se mit à tourner à plein régime. Elle analysa toutes les possibilités : soit la créature mentait et, en conséquence, elle allait vraisemblablement libérer un monstre. Elle l'aiderait à reprendre des forces et ensuite, elle le paierait surement de sa vie. -pas très réjouissant...- Soit l'homme mentait -et il le faisait particulièrement bien, le fumier !- et alors elle allait avoir toutes les peines du monde à aider la créature. Elle se ferait probablement poignarder dans le dos à la première seconde d'inattention, le dignitaire ne semblant pas du genre à pratiquer l'attaque frontale.
    En réalité, il n'y avait qu'un seul moyen de savoir qui mentait. Un moyen qui lui éviterait de jouer sa vie à pile ou face.

    Galvanisée par la pression et l'urgence, elle souleva une pierre énorme et l'abattit de toutes ses forces sur le coffre.
    Enfin, le bois craqua, le couvercle fut brisé et le contenu se répandit sur le sol. Des bijoux en perles et en corail, un joli poignard au manche recouvert de nacre... pas de clé.

    Aussitôt, Sam concentra son esprit et hurla mentalement ces mots :
    "D'accord ! Maintenant !"
    Elle se précipita sur le dignitaire qui semblait hypnotisé par une vision extraordinaire. Elle le poussa violemment et il bascula en arrière sans chercher à se retenir. Sa tête frappa le sol avec un son sinistre.
    Sans chercher à vérifier s'il était assommé ou mort, Sam se mit à fouiller frénétiquement les poches de ses nombreux vêtements et sentit finalement le métal sous ses doigts.

    La créature n'avait pas menti, la clef était bien là !
    L'homme avait menti…
    L'avait -elle tué !!!?? Il gisait au sol sans bouger, Par Mara et Azura je l'ai tué ?!!
    Sam commençait à paniquer. Jamais elle n'avait eu à utiliser toute forme de violence physique, jamais elle n'avait été confronté à ce type de situation…
    "Il n'est pas mort, ne t'inquiète pas, je sens la vie en lui" la créature avait renoué le lien mentale qui l'unissait à Sam. Ces mots l'a rassurèrent.
    Ayant repris ses esprits elle se dirigea vers la cage pour enfin libérer le pauvre être qui s'y trouvait.
    Sam était heureuse d'avoir enfin pu libérer ce malheureux, mais une légère appréhension demeurait ; Elle allait devoir porter la créature, la toucher, l'idée d'un contact physique ne la rassurait pas… "Allez Allez Sam ! reprends -toi" se disait-elle " ce n'est pas le moment d'hésiter"
    Sam rentra dans la cage et doucement pris la créature dans ses bras pour la soulever délicatement. Sa peau avait changer d'aspect pour devenir partiellement plus claire, d'un bleu presque opalescent, Sam ne pu s'empêcher de regarder la texture de celle-ci, allait-elle voir des écailles !? La créature sembla sourire Sam rougit "tu lis mes pensées ??"
    "Notre lien mentale est toujours actif, oui" reprit l'être qui se tenait maintenant debout en prenant appuis sur Sam, " il est plus facile pour moi de communiquer ainsi, mais soit rassuré Sam, le lien mental que j'utilise me permet juste de lire tes pensée en "surface".
    "Oh ! tu m'a appelée par mon prénom ! " pensa Sam, qui fut surprise de la "joie" que cela lui procurait. " Mais je ne connais pas le tien ? Comment dois-je t'appeler ?"
    "Kheves , Tu peux m'appeler ainsi, c'est le son qui se rapproche le plus de mon nom véritable, c'est la version "humaine" si tu préfères."
    "Kheves, Kheves... J'aime bien, pensa Sam. Elle se dirigea vers ce qui restait du coffre et ramassa les parures qu'il contenait. Puis, après avoir jeté un œil vers le corps de l'homme qui gisait encore inconscient, ils prirent la direction des escaliers pour atteindre la sortie. Une fois le seuil franchi, un air doux et parfumé envahi les poumons de Sam, le soleil était bas à l'horizon, il ne restait que quelques heures avant que la nuit ne tombent.
    "Kheves, il y a une rivière pas très loin à l'Est, souhaites-tu t'y rendre, la mer est à l'Ouest mais le chemin sera plus long, et nous sommes à pied !"
    "Sam, je sens une créature, pas très loin, vous leur donnez le nom de Guar, je crois, c'est sans doute la monture de l'homme qui m'a enfermé, nous pourrions l'utiliser ?"

    "Oui, c'est une excellente idée. Allons-y !" répondit Sam.

    A l'époque de cette histoire, le fort des Onze Forces était déjà en ruines, mais toutefois moins qu'aujourd'hui. A la sortie de la tour, il y avait un pont au-dessus de la route et ensuite, des escaliers, de part et d'autre, qui descendaient pour rejoindre le niveau du sol. En face, un autre bâtiment à colonnades se dressait.

    Le guar du dignitaire était attaché à un piquet, juste au bas de l'escalier de gauche. Quand Sam et Kheves furent à quelques mètres de lui, il commença à s'agiter, à émettre des piaillements craintifs et à tirer sur sa corde. L'odeur du prisonnier était moins suffocante qu'au début, mais elle restait perceptible et dérangeante. L'animal semblait de plus en plus paniqué.
    Sam marqua un temps d'arrêt. "Je ne sais pas s'il va nous laisser approcher..." remarqua-t-elle avec inquiétude.
    Et, en effet, à peine eut-elle esquissé un nouveau pas dans sa direction que le guar se mit à crier et à bondir furieusement. Le piquet fut arraché du sol et l'animal s'enfuit sans demander son reste. Dépitée, Sam poussa un profond soupir.
    "Bon... Je suppose qu'il va falloir trouver une autre solution."

    C'est à ce moment qu'elle l'entendit. Une sorte de bruissement. Un son très étrange qui avait l'air de provenir de sous les dalles, en face d'eux. Elle assit Kheves sur les quelques marches qui marquaient l'entrée de ce nouvel espace et lui dit de se reposer quelques instants, le temps qu'elle identifie la provenance du son.

    Il faut vous dire qu'à l'origine, la jeune femme était dans cette région du Couchant car il existait une légende qui évoquait un portail mythique vers un autre monde. Sam avait toujours été fascinée par cette possibilité et avait étudié tous les ouvrages qu'elle trouvait à ce sujet. Ses recherches l'avaient conduite ici, au fort des Onze Forces. Elle avait ensuite été détournée de son but par la découverte du prisonnier dans sa cage.

    Mais pour la première fois depuis longtemps, elle paraissait proche d'une découverte majeure.

    Elle s'agenouilla sur le sol dur et froid et colla son oreille sur les dalles de pierre. Le son s'amplifia et des vibrations envahirent tout son corps, la faisant frissonner.
    "Il y a quelque chose, ici ! s'exclama-t-elle.
    - Oui, je le sens moi aussi, dit Kheves. Mais il va falloir se dépêcher. L'homme reprend ses esprits."

    "La poisse ! Je suis si proche du but", se lamenta Sam (sans noter que, encore une fois, la créature paraissait capable de "voir" des choses pourtant éloignées de son champ de vision).

    La jeune femme remarqua alors un creux dans le sol, une dépression circulaire qui lui rappela un objet. Elle fouilla dans ses poches et en sortit un médaillon qui semblait de la même taille que le trou.
    Au cours des précédentes années, elle avait écumé tous les châteaux et les monastères abandonnés cités par les livres qu'elle étudiait. Dans l'un d'eux, elle avait déniché une relique inestimable : un disque taillé dans une matière inconnue et gravé de symboles étranges. Ne sachant pas quoi en faire, elle l'avait gardé sur elle depuis, trop effrayée à l'idée qu'on lui dérobe si elle le laissait sans surveillance.

    Elle balaya la poussière du revers de la main, souffla pour enlever les dernières saletés et pria pour que son intuition soit la bonne. Elle plaqua le médaillon dans le creux qui paraissait avoir été créé à cette fin.
    Un déclic se fit entendre, puis un roulement, un grondement sortit des profondeurs et tout le fort vibra.
    Le sol commença à s'effondrer. Du moins, c'est ce qu'elle crut sur le moment et elle se jeta en arrière, effrayée.
    En réalité, les dalles s'étaient progressivement abaissées, s'enfonçant de plus en plus profondément, pour former un escalier étroit qui plongeait dans les entrailles du fort.

    Kheves, qui était resté silencieux jusque là, lui lança : "Il est en train de se relever. Il sera là dans quelques instants."

    Sortie de sa stupeur, Sam se précipita vers lui et l'aida à se redresser. Puis elle tourna la tête de tous côtés, hésitant sur le chemin à prendre : les escaliers donnaient sur la campagne environnante mais il serait facile pour le dignitaire de les rattraper. Elle pourrait se retourner et essayer de le combattre, mais Kheves n'aurait peut-être pas la force de le paralyser à nouveau, et l'élément de surprise avait disparu : il serait bien plus difficile de le neutraliser, cette fois. Et puis, elle n'avait rien d'une guerrière. Non, les marches qui étaient apparues dans le sol restaient la seule option. C'était un risque car ils pouvaient se retrouver piégés dans une salle souterraine, mais il fallait tenter le coup.

    Soutenant Kheves du mieux qu'elle pouvait, Sam entreprit la descente de l'escalier mystérieux. Elle distingua des arches de pierre dans la pénombre quand brusquement, une lumière éblouissante apparut. Elle était incroyablement belle : dorée, mouvante, pulsant comme un cœur battant. Ils s'approchèrent d'elle, fascinés.

    La lueur changeait de teinte, passant du dorée à un mélange bleu et de vert, puis du pourpre au rose pâle, à un rythme régulier ; Sam et Kheves étaient tous deux à porter de main et captivés par l'étrange spectacle qu'ils observaient.

    "Un portail !" la pensée de Kheves avait sorti Sam de l'état de sidération dans lequel elle se trouvait, et tout en reprenant ses esprits, elle s'aperçu que les atours de Kheves qu'elle avait rangé dans un petit sac de cuir noué à sa ceinture, semblait réagir à proximité du "portail", comme une légère vibration, pulsation qu'elle ressentait à travers le cuir.

    "Il se passent quelque chose d'étrange Sam " reprit Kheves, "tout cela me semble familier, pourtant je ne crois avoir jamais vu cela auparavant, j'ai une drôle d'impression, mes sens sont en alerte, mais je ne sens pas de menace." Sam, après avoir entendu cela était de plus en plus intriguée, excitée par cette découverte, répondit à Kheves : " Je n'ai pas, non plus, peur ni ne me sens effrayée…" Elle rajouta " tes atours semblent réagir, on dirait qu'ils "vibrent", " et tout en sortant les bijoux de son sac, " tiens , prends les, ils te reviennent de toutes façons, portes-les nous verrons bien s'il réagissent davantage lorsque tu les portes".
    Elle tendit les bijoux à Kheves. D'une main tremblante il les pris, glissa la bague à son annulaire et mis le torque de nacre à son cou. Alors qu'il mettait le torque, son corps semblait retrouver encore plus de sa vigueur, sa peau, sur toute sa surface, commençait à reprendre sa teinte d'origine, d'un bleu opalescent. Le corp de Kheves dont émanait maintenant une légère lueur iridescente laissa échapper un long soupir, qui exprimait comme une libération, une délivrance.
    Comme hypnotisée par ce qu'elle voyait Sam restait silencieuse.

    Soudain un juron rompu le silence, le ravisseur était sorti de sa torpeur et se trouvait maintenant très près de l'entrée, près de l'escalier qui menait au caveau . Il avait du s'apercevoir que son guar n'était plus là, mais ne semblait pas avoir découvert le passage secret… Du moins pas encore. Sam et Kheves se fixaient sans oser faire le moindre bruit et eurent, simultanément, la même pensée : le portail !

    Poussés par l'urgence d'échapper à leur poursuivant et impatients de découvrir ce qui se cachait derrière cette entrée mystérieuse, ils s'avancèrent dans la lumière. Un étourdissement les prit ; ils eurent l'impression d'être aspirés, libérés de leur poids, presque de se dissoudre un instant avant de se reconstituer dans un monde d'une beauté saisissante. Ils avaient toutefois eu le temps d'apercevoir la lumière qui s'était rétractée sur elle-même avant de disparaitre, de l'autre côté. L'homme ne pourrait donc pas les suivre. Le portail était refermé.
    Sam ressentit une légère inquiétude à cette pensée : il n'y avait pas de retour en arrière possible… Mais en s'avançant, elle fut tellement fascinée par la magnificence du paysage qui l'entourait qu'elle oublia bien vite tout le reste.

    Kheves resplendissait : les éclats iridescents de sa peau chatoyaient de plus en plus. Il semblait ne plus contenir son enthousiasme et avançait de plus en plus vite, comme appelé par des voix que lui seul entendait.
    Il avait l'air de savoir où il allait alors Sam se contenta de le suivre, heureuse de le voir si joyeux et excité.

    Ils tournèrent sur la droite et commencèrent à descendre le long de pentes fleuries où cascadaient des cours d'eau turquoise entre des rochers immaculés. Le ciel, surtout, était à nul autre pareil. Sam se tordait les pieds : elle était tellement captivée par ce qu'elle voyait qu'elle avançait alors que ses yeux s'attardaient sur une fleur au pourpre flamboyant, sur une étoile étincelante ou sur un insecte aux ailes azur. Elle se sentait enivrée par tant de splendeur.

    Soudain, l'horizon se déploya devant eux et le panorama était si grandiose qu'ils stoppèrent leur marche instantanément.
    Une mer aux nuances de bleu les plus précieuses -saphir, topaze, aigue-marine…- s'étalait en contrebas. Kheves détourna la tête pour cacher son émotion : il sentait qu'il retrouvait ses origines. Son cœur lui paraissait trop gros pour sa poitrine. Il avait envie de se précipiter dans le vide pour être plus rapidement près du rivage et laisser l'eau le recouvrir. Il s'efforça de se maitriser et de se calmer, car si l’excitation de l'instant l'avait revigoré, il sentait bien qu'il restait encore fragile. Il ne fallait pas qu'il disperse ses dernières forces si près du but. C'est donc d'un pas plus posé qu'ils parcoururent les quelques mètres qui les séparaient de la plage.

    Lorsqu'ils furent assez près pour sentir les embruns, ils distinguèrent une sorte de mouvement dans l'eau : de l'écume se formait, un tourbillon, une agitation qui ne laissait aucun doute : quelque chose allait apparaitre.

    Sam recula de quelques pas, un peu effrayée. Elle observait avec une certaine crainte, ce qui se passait, là, sous ses yeux. Kheves était devant elle, immobile, il semblait avoir retrouvé son aspect normal et lui aussi observait ce tourbillon d'écume et d'embruns qui commençait à prendre des proportions gigantesques. Le ciel au dessus du vortex avait pris une teinte plus sombre et quelques arcs électriques commençaient à apparaître.
    Kheves, conscient des craintes de Sam se retourna et l'a rejoignit. Ils faisaient face tout deux à un spectacle grandiose, " Est-ce ton peuple ? Ils viennent te chercher ? Où sommes nous Kheves ?"
    " C'est étrange Sam, j'ai cru un moment être de retour chez moi mais… Quelque chose ne va pas, je n'entends rien, à part le vent et le bruit qui vient du vortex je ne perçois rien, cet océan ou cette mer semble … Vide !"
    Sam ressenti l'inquiétude de Kheves, leur lien psychique semblait les unir de plus en plus, " nous ne devrions pas rester là, Kheves, regarde sur la gauche, il y a un amas de rochers, allons nous y cacher et de là nous pourrons observer ce qui se passe."
    "Tu as raisons, soyons prudent allons y !"
    Arrivés sur place, ils s'installèrent aussi bien que possible. A peine installés Sam remarqua que quelque chose semblait sortir du tourbillon ; Lentement en effet, ce qui semblait être une "bulle" commençait à émerger du vortex. Kheves observait la scène avec attention, la "bulle" continuait à s'élever et avait maintenant des proportions gigantesques, et soudainement elle éclata…
    Au même moment, le vent se calma, le ciel repris sa couleur normale et le vortex lui même finit par se résorber !
    Sam et Kheves se regardèrent :" Kheves, mais qu'est qui vient de se passer, là ? Tout ce bruit, ce vent, ces éclairs et puis cette grosse bulle qui pète et puis plus rien !! Mais qu'est-ce que c'est que ce b..... !?" Amusé par la pensée de Sam, surtout par la manière dont elle l'exprimait, Kheves se mit à rire, enfin à sa manière… Sam d'abord décontenancée par la réaction de Kheves, ne pu s'empêcher rire à son tour, tellement le "son" qui sortait cette fois de la bouche de Kheves, et non de manière télépathique, était surprenant !
    Nos deux aventuriers rirent ensembles, les libérant ainsi de l' extrême tension qu'ils avaient ressenti l'un comme l'autre.
    Tous deux étaient, maintenant, étendus sur le sable et reprenaient leur esprit.

    "Sam ! Le ciel !!! Regarde ! Il change ??" la pensée de Kheves fut intense et empreinte de surprise.

    Sam observa le ciel avec plus d'attention, et en effet la couleur bleu s'estompait pour laisser place à … "Du verre ????" s'exclama Sam, "on dirait du verre" elle se mit debout et scruta les alentours. "Kheves ! Un dôme ça ressemble à un dôme de verre, regarde autour de nous, nous sommes sous un dôme de verre !?"

    Edited by Oddhagen on 30 septembre 2023 7:07
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  • Mysanne
    Mysanne
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    « Comment cela est-il possible ? » se demandaient–ils tous les deux en observant la voûte au-dessus d’eux.
    « Je vais vérifier quelque chose, dit Kheves à mi-voix, l’air un peu préoccupé.
    Il s’approcha lentement du bord de l’eau et enfonça son pied dans la mer. Un frisson de délice sembla le parcourir.
    « Je reviens ! » s’exclama-t-il en avançant un peu plus, puis en plongeant tout son corps avec grâce dans les vagues. » Il disparut entièrement dans les profondeurs marines. Quelques minutes passèrent et il ne refit pas surface.

    Sam se sentit soudain très seule et, à cet instant, elle réalisa à quel point elle commençait à s’attacher à Kheves. Ils avaient beau ne pas se connaitre depuis longtemps, elle se sentait très proche de lui. Surement un effet secondaire du lien télépathique...

    Un vent frais se levait. La jeune femme resserra son gilet autour d’elle et se blottit un peu plus contre le rocher. Ses longs cheveux étaient soulevés par la brise marine et elle entreprit de les nouer en tresse pour ne pas être gênée par les mèches folles qui s’attardaient devant ses yeux.
    Une sorte de sifflement lui fit soudain tourner la tête.

    « Psssit ! »

    D’abord, elle ne vit rien. Puis, en plissant les yeux, elle découvrit une silhouette accroupie derrière un massif d’agapanthes. C’était un jeune garçon aux habits déchirés et aux grands yeux noirs. Il semblait effrayé et tentait d’attirer son attention sans se faire remarquer. Aussi, bien qu’elle n’ait vu personne d’autre dans les environs, elle lui répondit en chuchotant.

    « Oui... qu’y a-t-il ? »

    L’enfant lui fit un signe de la main pour l’inviter à s’approcher de lui.
    Intriguée et un peu mal à l’aise, elle s’exécuta.
    « Suivez-moi ! » dit-il dans un souffle, avant de partir en trottinant, penché en avant pour rester discret.

    Sam eut un regard vers la mer, qui restait désespérément vide et se résolut à suivre le garçonnet.
    Après avoir parcouru quelques centaines de mètres, ils arrivèrent devant l’entrée d’une grotte dissimulée par la végétation. Le garçon souleva les longues herbes qui masquaient l’ouverture et entra.
    Sam le suivit.
    Une horrible puanteur l’accueillit.

    « Pouah ! laissa-t-elle échapper. Qu’est-ce que c’est ? » Mais elle n’avait pas besoin d’entendre la réponse. L’odeur était similaire à celle qui émanait de Kheves quand elle l’avait trouvé.
    Le jeune garçon était penché sur les restes d’un corps qui semblait momifié. La chair était noirâtre et sèche, presque en poussière à certains endroits. Les yeux avaient disparu pour laisser place à des orbites vides. La main, excessivement osseuse, serrait un coquillage énorme et très beau, comme si c’était la chose la plus précieuse du monde et qu’il fallait la protéger à tout prix.

    « Vous devez donner ça à celui qui vous accompagne » dit l’enfant en désignant le coquillage.
    - Comment ça ? balbutia Sam interloquée, tout en tenant la manche de son lainage devant son nez pour limiter ses hauts le cœur.
    Le garçon, quant-à-lui, semblait accoutumé à l’odeur.
    - C’est lui qui me l’a dit. »

    La voix de l’enfant chevrota et Sam aperçut des larmes perler dans ses yeux.
    « J’ai essayé de l’aider, mais il était trop tard. »
    Submergée par l’émotion, la jeune femme prit le garçon dans ses bras et essaya de le réconforter tandis qu’il se mettait à pleurer à gros sanglots. Ils restèrent quelques instants comme ça, puis l’enfant put reprendre son récit, même si Sam ne comprenait pas tout.

    « Ils sont venus pour le prendre et ils l’ont attaché ici, loin de l’eau. Ils l’ont gardé plusieurs jours et ils criaient beaucoup. Ils disaient : « Dis-nous où il est ! Dis-nous où il se cache ! » Puis quelqu’un est arrivé et ils ont dit : « Peu importe. Nous l’avons trouvé ! » Ils parlaient de Onze Forces, mais je ne sais pas ce que c’est. Et après, ils sont partis en le laissant ici, à moitié mort. J’ai essayé de l’aider, mais il m’a juste dit dans ma tête : Si tu le vois, donne lui ceci. Et j’ai vu l’image de celui qui était avec vous dans ma tête. Après, il est mort. »
    Les larmes recommencèrent à couler sur les joues de l’enfant.

    Sam s’approcha du cadavre. Il devait appartenir au peuple de Kheves : il semblait souffrir de la même façon du manque d’eau. Un frisson glacial parcourut le dos de la jeune femme quand elle contempla les restes noircis et desséchés. C’est le sort qui attendait Kheves s’il était resté enfermé un peu plus longtemps dans sa cage.

    A cette pensée, elle se précipita dehors et regarda désespérément l’horizon. « Reviens ! » pensa-t-elle de toutes ses forces.
    « Je suis là... »
    Le soulagement qu’elle ressentit fut si intense qu’elle eut l’impression que ses genoux la lâchaient.
    La voix s’était formée dans son esprit et il fallut quelques minutes pour qu’elle voit Kheves émerger de l’eau, à quelques dizaines de mètres d’elle.
    Sans réfléchir, elle se précipita sur lui pour l’enlacer.
    Elle le sentit sourire et il serra également ses bras autour d’elle, un peu surpris de cet accueil.

    Quand elle le regarda, ce fut avec douleur, car elle savait que ce qu’elle allait lui apprendre le rendrait malheureux. Et en effet, quand il vit ce qui restait du prisonnier, dans la grotte, la souffrance tordit son visage.
    Il s’agenouilla et décrocha délicatement le coquillage de la main du cadavre. « Il m’a laissé un message... » murmura-t-il.
    Sam haussa les sourcils, sans comprendre.
    Kheves leva alors lentement le coquillage et le porta à son oreille.
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde.

    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour… Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    L'homme visiblement surpris de l'assurance de Sam, sembla un bref moment décontenancé… "De quoi vous mêlez-vous ! Qui êtes vous ? De quel droit osez vous interférer avec mes affaires !" finit -il par dire avec colère.
    Sam lui lança un regard sans équivoque et lui faisait maintenant face, étonnée elle-même de son audace, poursuivit : " Vous ! N'avez -vous aucune pitié ? Quelle est cette… créature ? Ne voyez-vous pas quelle souffre ?? Et Vous !! Qui êtes vous ?"
    La créature avait observé l'échange et bien qu'encore très faible, elle murmura : " sauvez moi …Aidez moi, je veux rentrer chez les miens " puis elle s'affaissa comme épuisé par l'effort qu'elle avait du faire pour sortir ces quelques mots.
    Sam et l'homme fixaient la créature, tous surpris d'entendre sa voix, une voix si étrangement mélodieuse.

    La jeune femme fut la première à sortir de sa torpeur :

    " Bon, vous déciderez-vous enfin à faire quelque chose ? Ouvrez cette cage !
    - Je ne peux pas, répondit l'homme à mi-voix.
    - Comment ça vous ne pouvez pas ? Donnez-moi cette clé ! commença à s'énerver Sam.
    - Vous ne comprenez pas, je n'ai pas la clé. Elle est dans cette boite (il désigna une sorte de coffre, caché dans un recoin sous l'escalier), mais je ne peux pas l'ouvrir. Ce n'est pas moi qui ai enfermé cette créature."

    Sam resta interdite un instant.
    - Je ne comprends pas…
    - Je suis un haut dignitaire… enfin… j'étais. Et puis, j'ai commis une erreur. Quelqu'un s'en est aperçu et j'ai tout perdu : mon argent, mon honneur, mes propriétés, ma famille... Jusqu'à ce jour où l'on m'a offert une seconde chance. Inespérée. La seule contrepartie était de surveiller cette chose pendant quelques temps. Il fallait s'assurer de ne pas la laisser sortir, de ne pas la mouiller et de ne pas lui donner à boire. Et on m'a dit de me méfier si elle me parlait. Apparemment, c'est une créature qui puise sa force dans l'eau et qui peut vous envouter avec sa voix, un peu comme une sirène mâle."

    Sam eut un regard vers le corps décharné et malodorant qui n'avait définitivement rien de commun avec l'idée qu'elle se faisait d'une sirène, même mâle !
    - "Bien sûr, ce n'est pas tout-à-fait pareil, sembla s'excuser l'homme, mais c'est la comparaison la plus proche que j'ai trouvée. Si vous l'aidez, je n'aurai pas rempli ma part du contrat et je pourrai dire adieu à ma réhabilitation."

    A ces mots, les yeux de Sam s'écarquillèrent de stupéfaction, puis se rétrécirent pour devenir deux fentes qui cachaient un regard lourd de mépris.
    - Au diable votre…" Elle marmonna quelques mots inintelligibles puis cracha : "Vous pensez vraiment regagner votre honneur en torturant un innocent ? Quel…"
    Elle se pencha, fit quelques pas et se saisit d'une pierre, tombée d'un des murs proches. Elle entreprit ensuite de taper sur le coffre pour tenter de l'ouvrir, mais elle n'avait pas assez de force.

    Agacée et déçue par son échec, Sam regarda autour d'elle scrutant la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l'aider. Elle se tourna vers la cage où la créature, la sirène (??) ayant repris quelques forces s'était assise en tailleur et semblait l'observer…
    Elle croisa le regard de ce pauvre être, ce regard, ses yeux d'un vert vert si intense la fixait maintenant intensément. Le dignitaire observait la scène comme interloqué ; "attention" dit-il " ce monstre essaie de prendre le contrôle de ton esprit, ne te laisse pas berner".
    Sam entendit à peine ses mots, une autre voix, étrange, douce, captivante se faisait entendre :" n'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. j'ai besoin de ton aide, veux tu m'aider…"
    Les lèvres de la créature n'avait pourtant pas bouger, seul son regard semblait plus… Intense, " L'homme qui est avec toi te ment ! C'est lui qui m'a capturé au large d'Y’ffelon. C'est lui qui m'a emmenée ici, c'est lui qui m'a enfermée…
    Après un court silence la voix reprit " Moi et les miens n'interagissons pas avec ton peuple, notre véritable voix, notre propre langage rend les humains fous, violent, et ils perdent le contrôle d'eux même. J'utilise ta langue pour ne pas te nuire ; Cette homme m'a piégé, les miens n'ont pu m'aider, nos lois nous interdisent le moindre contact avec les humains, ils ne pouvaient rien faire sinon me laisser aux mains de ces gens. Je me suis trop affaibli pour lutter, grâce à toi j'ai repris quelques force mais l'eau que tu m'a versé n'est pas suffisante et… Ce n'est que de l'eau douce. Je sens que je m'épuise à nouveau, je t'en supplie, aide moi, il a la clef, il ne la quitte jamais, le coffre ne contient que mes atours… Je peux tenter de l'étourdir quelques secondes, et il te faudra être rapide."

    Sam était désespérée. Elle ne savait plus que croire, qui écouter.
    "Ah, si je n'étais pas si naïve !" pensait-elle. Elle avait envie de se donner des tapes sur le front pour s'aider à réfléchir et se punir de ses atermoiements.
    Il fallait qu'elle se dépêche, qu'elle prenne une décision rapidement.
    Son cerveau sembla enfin se réveiller et se mit à tourner à plein régime. Elle analysa toutes les possibilités : soit la créature mentait et, en conséquence, elle allait vraisemblablement libérer un monstre. Elle l'aiderait à reprendre des forces et ensuite, elle le paierait surement de sa vie. -pas très réjouissant...- Soit l'homme mentait -et il le faisait particulièrement bien, le fumier !- et alors elle allait avoir toutes les peines du monde à aider la créature. Elle se ferait probablement poignarder dans le dos à la première seconde d'inattention, le dignitaire ne semblant pas du genre à pratiquer l'attaque frontale.
    En réalité, il n'y avait qu'un seul moyen de savoir qui mentait. Un moyen qui lui éviterait de jouer sa vie à pile ou face.

    Galvanisée par la pression et l'urgence, elle souleva une pierre énorme et l'abattit de toutes ses forces sur le coffre.
    Enfin, le bois craqua, le couvercle fut brisé et le contenu se répandit sur le sol. Des bijoux en perles et en corail, un joli poignard au manche recouvert de nacre... pas de clé.

    Aussitôt, Sam concentra son esprit et hurla mentalement ces mots :
    "D'accord ! Maintenant !"
    Elle se précipita sur le dignitaire qui semblait hypnotisé par une vision extraordinaire. Elle le poussa violemment et il bascula en arrière sans chercher à se retenir. Sa tête frappa le sol avec un son sinistre.
    Sans chercher à vérifier s'il était assommé ou mort, Sam se mit à fouiller frénétiquement les poches de ses nombreux vêtements et sentit finalement le métal sous ses doigts.

    La créature n'avait pas menti, la clef était bien là !
    L'homme avait menti…
    L'avait -elle tué !!!?? Il gisait au sol sans bouger, Par Mara et Azura je l'ai tué ?!!
    Sam commençait à paniquer. Jamais elle n'avait eu à utiliser toute forme de violence physique, jamais elle n'avait été confronté à ce type de situation…
    "Il n'est pas mort, ne t'inquiète pas, je sens la vie en lui" la créature avait renoué le lien mentale qui l'unissait à Sam. Ces mots l'a rassurèrent.
    Ayant repris ses esprits elle se dirigea vers la cage pour enfin libérer le pauvre être qui s'y trouvait.
    Sam était heureuse d'avoir enfin pu libérer ce malheureux, mais une légère appréhension demeurait ; Elle allait devoir porter la créature, la toucher, l'idée d'un contact physique ne la rassurait pas… "Allez Allez Sam ! reprends -toi" se disait-elle " ce n'est pas le moment d'hésiter"
    Sam rentra dans la cage et doucement pris la créature dans ses bras pour la soulever délicatement. Sa peau avait changer d'aspect pour devenir partiellement plus claire, d'un bleu presque opalescent, Sam ne pu s'empêcher de regarder la texture de celle-ci, allait-elle voir des écailles !? La créature sembla sourire Sam rougit "tu lis mes pensées ??"
    "Notre lien mentale est toujours actif, oui" reprit l'être qui se tenait maintenant debout en prenant appuis sur Sam, " il est plus facile pour moi de communiquer ainsi, mais soit rassuré Sam, le lien mental que j'utilise me permet juste de lire tes pensée en "surface".
    "Oh ! tu m'a appelée par mon prénom ! " pensa Sam, qui fut surprise de la "joie" que cela lui procurait. " Mais je ne connais pas le tien ? Comment dois-je t'appeler ?"
    "Kheves , Tu peux m'appeler ainsi, c'est le son qui se rapproche le plus de mon nom véritable, c'est la version "humaine" si tu préfères."
    "Kheves, Kheves... J'aime bien, pensa Sam. Elle se dirigea vers ce qui restait du coffre et ramassa les parures qu'il contenait. Puis, après avoir jeté un œil vers le corps de l'homme qui gisait encore inconscient, ils prirent la direction des escaliers pour atteindre la sortie. Une fois le seuil franchi, un air doux et parfumé envahi les poumons de Sam, le soleil était bas à l'horizon, il ne restait que quelques heures avant que la nuit ne tombent.
    "Kheves, il y a une rivière pas très loin à l'Est, souhaites-tu t'y rendre, la mer est à l'Ouest mais le chemin sera plus long, et nous sommes à pied !"
    "Sam, je sens une créature, pas très loin, vous leur donnez le nom de Guar, je crois, c'est sans doute la monture de l'homme qui m'a enfermé, nous pourrions l'utiliser ?"

    "Oui, c'est une excellente idée. Allons-y !" répondit Sam.

    A l'époque de cette histoire, le fort des Onze Forces était déjà en ruines, mais toutefois moins qu'aujourd'hui. A la sortie de la tour, il y avait un pont au-dessus de la route et ensuite, des escaliers, de part et d'autre, qui descendaient pour rejoindre le niveau du sol. En face, un autre bâtiment à colonnades se dressait.

    Le guar du dignitaire était attaché à un piquet, juste au bas de l'escalier de gauche. Quand Sam et Kheves furent à quelques mètres de lui, il commença à s'agiter, à émettre des piaillements craintifs et à tirer sur sa corde. L'odeur du prisonnier était moins suffocante qu'au début, mais elle restait perceptible et dérangeante. L'animal semblait de plus en plus paniqué.
    Sam marqua un temps d'arrêt. "Je ne sais pas s'il va nous laisser approcher..." remarqua-t-elle avec inquiétude.
    Et, en effet, à peine eut-elle esquissé un nouveau pas dans sa direction que le guar se mit à crier et à bondir furieusement. Le piquet fut arraché du sol et l'animal s'enfuit sans demander son reste. Dépitée, Sam poussa un profond soupir.
    "Bon... Je suppose qu'il va falloir trouver une autre solution."

    C'est à ce moment qu'elle l'entendit. Une sorte de bruissement. Un son très étrange qui avait l'air de provenir de sous les dalles, en face d'eux. Elle assit Kheves sur les quelques marches qui marquaient l'entrée de ce nouvel espace et lui dit de se reposer quelques instants, le temps qu'elle identifie la provenance du son.

    Il faut vous dire qu'à l'origine, la jeune femme était dans cette région du Couchant car il existait une légende qui évoquait un portail mythique vers un autre monde. Sam avait toujours été fascinée par cette possibilité et avait étudié tous les ouvrages qu'elle trouvait à ce sujet. Ses recherches l'avaient conduite ici, au fort des Onze Forces. Elle avait ensuite été détournée de son but par la découverte du prisonnier dans sa cage.

    Mais pour la première fois depuis longtemps, elle paraissait proche d'une découverte majeure.

    Elle s'agenouilla sur le sol dur et froid et colla son oreille sur les dalles de pierre. Le son s'amplifia et des vibrations envahirent tout son corps, la faisant frissonner.
    "Il y a quelque chose, ici ! s'exclama-t-elle.
    - Oui, je le sens moi aussi, dit Kheves. Mais il va falloir se dépêcher. L'homme reprend ses esprits."

    "La poisse ! Je suis si proche du but", se lamenta Sam (sans noter que, encore une fois, la créature paraissait capable de "voir" des choses pourtant éloignées de son champ de vision).

    La jeune femme remarqua alors un creux dans le sol, une dépression circulaire qui lui rappela un objet. Elle fouilla dans ses poches et en sortit un médaillon qui semblait de la même taille que le trou.
    Au cours des précédentes années, elle avait écumé tous les châteaux et les monastères abandonnés cités par les livres qu'elle étudiait. Dans l'un d'eux, elle avait déniché une relique inestimable : un disque taillé dans une matière inconnue et gravé de symboles étranges. Ne sachant pas quoi en faire, elle l'avait gardé sur elle depuis, trop effrayée à l'idée qu'on lui dérobe si elle le laissait sans surveillance.

    Elle balaya la poussière du revers de la main, souffla pour enlever les dernières saletés et pria pour que son intuition soit la bonne. Elle plaqua le médaillon dans le creux qui paraissait avoir été créé à cette fin.
    Un déclic se fit entendre, puis un roulement, un grondement sortit des profondeurs et tout le fort vibra.
    Le sol commença à s'effondrer. Du moins, c'est ce qu'elle crut sur le moment et elle se jeta en arrière, effrayée.
    En réalité, les dalles s'étaient progressivement abaissées, s'enfonçant de plus en plus profondément, pour former un escalier étroit qui plongeait dans les entrailles du fort.

    Kheves, qui était resté silencieux jusque là, lui lança : "Il est en train de se relever. Il sera là dans quelques instants."

    Sortie de sa stupeur, Sam se précipita vers lui et l'aida à se redresser. Puis elle tourna la tête de tous côtés, hésitant sur le chemin à prendre : les escaliers donnaient sur la campagne environnante mais il serait facile pour le dignitaire de les rattraper. Elle pourrait se retourner et essayer de le combattre, mais Kheves n'aurait peut-être pas la force de le paralyser à nouveau, et l'élément de surprise avait disparu : il serait bien plus difficile de le neutraliser, cette fois. Et puis, elle n'avait rien d'une guerrière. Non, les marches qui étaient apparues dans le sol restaient la seule option. C'était un risque car ils pouvaient se retrouver piégés dans une salle souterraine, mais il fallait tenter le coup.

    Soutenant Kheves du mieux qu'elle pouvait, Sam entreprit la descente de l'escalier mystérieux. Elle distingua des arches de pierre dans la pénombre quand brusquement, une lumière éblouissante apparut. Elle était incroyablement belle : dorée, mouvante, pulsant comme un cœur battant. Ils s'approchèrent d'elle, fascinés.

    La lueur changeait de teinte, passant du dorée à un mélange bleu et de vert, puis du pourpre au rose pâle, à un rythme régulier ; Sam et Kheves étaient tous deux à porter de main et captivés par l'étrange spectacle qu'ils observaient.

    "Un portail !" la pensée de Kheves avait sorti Sam de l'état de sidération dans lequel elle se trouvait, et tout en reprenant ses esprits, elle s'aperçu que les atours de Kheves qu'elle avait rangé dans un petit sac de cuir noué à sa ceinture, semblait réagir à proximité du "portail", comme une légère vibration, pulsation qu'elle ressentait à travers le cuir.

    "Il se passent quelque chose d'étrange Sam " reprit Kheves, "tout cela me semble familier, pourtant je ne crois avoir jamais vu cela auparavant, j'ai une drôle d'impression, mes sens sont en alerte, mais je ne sens pas de menace." Sam, après avoir entendu cela était de plus en plus intriguée, excitée par cette découverte, répondit à Kheves : " Je n'ai pas, non plus, peur ni ne me sens effrayée…" Elle rajouta " tes atours semblent réagir, on dirait qu'ils "vibrent", " et tout en sortant les bijoux de son sac, " tiens , prends les, ils te reviennent de toutes façons, portes-les nous verrons bien s'il réagissent davantage lorsque tu les portes".
    Elle tendit les bijoux à Kheves. D'une main tremblante il les pris, glissa la bague à son annulaire et mis le torque de nacre à son cou. Alors qu'il mettait le torque, son corps semblait retrouver encore plus de sa vigueur, sa peau, sur toute sa surface, commençait à reprendre sa teinte d'origine, d'un bleu opalescent. Le corp de Kheves dont émanait maintenant une légère lueur iridescente laissa échapper un long soupir, qui exprimait comme une libération, une délivrance.
    Comme hypnotisée par ce qu'elle voyait Sam restait silencieuse.

    Soudain un juron rompu le silence, le ravisseur était sorti de sa torpeur et se trouvait maintenant très près de l'entrée, près de l'escalier qui menait au caveau . Il avait du s'apercevoir que son guar n'était plus là, mais ne semblait pas avoir découvert le passage secret… Du moins pas encore. Sam et Kheves se fixaient sans oser faire le moindre bruit et eurent, simultanément, la même pensée : le portail !

    Poussés par l'urgence d'échapper à leur poursuivant et impatients de découvrir ce qui se cachait derrière cette entrée mystérieuse, ils s'avancèrent dans la lumière. Un étourdissement les prit ; ils eurent l'impression d'être aspirés, libérés de leur poids, presque de se dissoudre un instant avant de se reconstituer dans un monde d'une beauté saisissante. Ils avaient toutefois eu le temps d'apercevoir la lumière qui s'était rétractée sur elle-même avant de disparaitre, de l'autre côté. L'homme ne pourrait donc pas les suivre. Le portail était refermé.
    Sam ressentit une légère inquiétude à cette pensée : il n'y avait pas de retour en arrière possible… Mais en s'avançant, elle fut tellement fascinée par la magnificence du paysage qui l'entourait qu'elle oublia bien vite tout le reste.

    Kheves resplendissait : les éclats iridescents de sa peau chatoyaient de plus en plus. Il semblait ne plus contenir son enthousiasme et avançait de plus en plus vite, comme appelé par des voix que lui seul entendait.
    Il avait l'air de savoir où il allait alors Sam se contenta de le suivre, heureuse de le voir si joyeux et excité.

    Ils tournèrent sur la droite et commencèrent à descendre le long de pentes fleuries où cascadaient des cours d'eau turquoise entre des rochers immaculés. Le ciel, surtout, était à nul autre pareil. Sam se tordait les pieds : elle était tellement captivée par ce qu'elle voyait qu'elle avançait alors que ses yeux s'attardaient sur une fleur au pourpre flamboyant, sur une étoile étincelante ou sur un insecte aux ailes azur. Elle se sentait enivrée par tant de splendeur.

    Soudain, l'horizon se déploya devant eux et le panorama était si grandiose qu'ils stoppèrent leur marche instantanément.
    Une mer aux nuances de bleu les plus précieuses -saphir, topaze, aigue-marine…- s'étalait en contrebas. Kheves détourna la tête pour cacher son émotion : il sentait qu'il retrouvait ses origines. Son cœur lui paraissait trop gros pour sa poitrine. Il avait envie de se précipiter dans le vide pour être plus rapidement près du rivage et laisser l'eau le recouvrir. Il s'efforça de se maitriser et de se calmer, car si l’excitation de l'instant l'avait revigoré, il sentait bien qu'il restait encore fragile. Il ne fallait pas qu'il disperse ses dernières forces si près du but. C'est donc d'un pas plus posé qu'ils parcoururent les quelques mètres qui les séparaient de la plage.

    Lorsqu'ils furent assez près pour sentir les embruns, ils distinguèrent une sorte de mouvement dans l'eau : de l'écume se formait, un tourbillon, une agitation qui ne laissait aucun doute : quelque chose allait apparaitre.

    Sam recula de quelques pas, un peu effrayée. Elle observait avec une certaine crainte, ce qui se passait, là, sous ses yeux. Kheves était devant elle, immobile, il semblait avoir retrouvé son aspect normal et lui aussi observait ce tourbillon d'écume et d'embruns qui commençait à prendre des proportions gigantesques. Le ciel au dessus du vortex avait pris une teinte plus sombre et quelques arcs électriques commençaient à apparaître.
    Kheves, conscient des craintes de Sam se retourna et l'a rejoignit. Ils faisaient face tout deux à un spectacle grandiose, " Est-ce ton peuple ? Ils viennent te chercher ? Où sommes nous Kheves ?"
    " C'est étrange Sam, j'ai cru un moment être de retour chez moi mais… Quelque chose ne va pas, je n'entends rien, à part le vent et le bruit qui vient du vortex je ne perçois rien, cet océan ou cette mer semble … Vide !"
    Sam ressenti l'inquiétude de Kheves, leur lien psychique semblait les unir de plus en plus, " nous ne devrions pas rester là, Kheves, regarde sur la gauche, il y a un amas de rochers, allons nous y cacher et de là nous pourrons observer ce qui se passe."
    "Tu as raisons, soyons prudent allons y !"
    Arrivés sur place, ils s'installèrent aussi bien que possible. A peine installés Sam remarqua que quelque chose semblait sortir du tourbillon ; Lentement en effet, ce qui semblait être une "bulle" commençait à émerger du vortex. Kheves observait la scène avec attention, la "bulle" continuait à s'élever et avait maintenant des proportions gigantesques, et soudainement elle éclata…
    Au même moment, le vent se calma, le ciel repris sa couleur normale et le vortex lui même finit par se résorber !
    Sam et Kheves se regardèrent :" Kheves, mais qu'est qui vient de se passer, là ? Tout ce bruit, ce vent, ces éclairs et puis cette grosse bulle qui pète et puis plus rien !! Mais qu'est-ce que c'est que ce b..... !?" Amusé par la pensée de Sam, surtout par la manière dont elle l'exprimait, Kheves se mit à rire, enfin à sa manière… Sam d'abord décontenancée par la réaction de Kheves, ne pu s'empêcher rire à son tour, tellement le "son" qui sortait cette fois de la bouche de Kheves, et non de manière télépathique, était surprenant !
    Nos deux aventuriers rirent ensembles, les libérant ainsi de l' extrême tension qu'ils avaient ressenti l'un comme l'autre.
    Tous deux étaient, maintenant, étendus sur le sable et reprenaient leur esprit.

    "Sam ! Le ciel !!! Regarde ! Il change ??" la pensée de Kheves fut intense et empreinte de surprise.

    Sam observa le ciel avec plus d'attention, et en effet la couleur bleu s'estompait pour laisser place à … "Du verre ????" s'exclama Sam, "on dirait du verre" elle se mit debout et scruta les alentours. "Kheves ! Un dôme ça ressemble à un dôme de verre, regarde autour de nous, nous sommes sous un dôme de verre !?"

    « Comment cela est-il possible ? » se demandaient–ils tous les deux en observant la voûte au-dessus d’eux.
    « Je vais vérifier quelque chose, dit Kheves à mi-voix, l’air un peu préoccupé.
    Il s’approcha lentement du bord de l’eau et enfonça son pied dans la mer. Un frisson de délice sembla le parcourir.
    « Je reviens ! » s’exclama-t-il en avançant un peu plus, puis en plongeant tout son corps avec grâce dans les vagues. » Il disparut entièrement dans les profondeurs marines. Quelques minutes passèrent et il ne refit pas surface.

    Sam se sentit soudain très seule et, à cet instant, elle réalisa à quel point elle commençait à s’attacher à Kheves. Ils avaient beau ne pas se connaitre depuis longtemps, elle se sentait très proche de lui. Surement un effet secondaire du lien télépathique...

    Un vent frais se levait. La jeune femme resserra son gilet autour d’elle et se blottit un peu plus contre le rocher. Ses longs cheveux étaient soulevés par la brise marine et elle entreprit de les nouer en tresse pour ne pas être gênée par les mèches folles qui s’attardaient devant ses yeux.
    Une sorte de sifflement lui fit soudain tourner la tête.

    « Psssit ! »

    D’abord, elle ne vit rien. Puis, en plissant les yeux, elle découvrit une silhouette accroupie derrière un massif d’agapanthes. C’était un jeune garçon aux habits déchirés et aux grands yeux noirs. Il semblait effrayé et tentait d’attirer son attention sans se faire remarquer. Aussi, bien qu’elle n’ait vu personne d’autre dans les environs, elle lui répondit en chuchotant.

    « Oui... qu’y a-t-il ? »

    L’enfant lui fit un signe de la main pour l’inviter à s’approcher de lui.
    Intriguée et un peu mal à l’aise, elle s’exécuta.
    « Suivez-moi ! » dit-il dans un souffle, avant de partir en trottinant, penché en avant pour rester discret.

    Sam eut un regard vers la mer, qui restait désespérément vide et se résolut à suivre le garçonnet.
    Après avoir parcouru quelques centaines de mètres, ils arrivèrent devant l’entrée d’une grotte dissimulée par la végétation. Le garçon souleva les longues herbes qui masquaient l’ouverture et entra.
    Sam le suivit.
    Une horrible puanteur l’accueillit.

    « Pouah ! laissa-t-elle échapper. Qu’est-ce que c’est ? » Mais elle n’avait pas besoin d’entendre la réponse. L’odeur était similaire à celle qui émanait de Kheves quand elle l’avait trouvé.
    Le jeune garçon était penché sur les restes d’un corps qui semblait momifié. La chair était noirâtre et sèche, presque en poussière à certains endroits. Les yeux avaient disparu pour laisser place à des orbites vides. La main, excessivement osseuse, serrait un coquillage énorme et très beau, comme si c’était la chose la plus précieuse du monde et qu’il fallait la protéger à tout prix.

    « Vous devez donner ça à celui qui vous accompagne » dit l’enfant en désignant le coquillage.
    - Comment ça ? balbutia Sam interloquée, tout en tenant la manche de son lainage devant son nez pour limiter ses hauts le cœur.
    Le garçon, quant-à-lui, semblait accoutumé à l’odeur.
    - C’est lui qui me l’a dit. »

    La voix de l’enfant chevrota et Sam aperçut des larmes perler dans ses yeux.
    « J’ai essayé de l’aider, mais il était trop tard. »
    Submergée par l’émotion, la jeune femme prit le garçon dans ses bras et essaya de le réconforter tandis qu’il se mettait à pleurer à gros sanglots. Ils restèrent quelques instants comme ça, puis l’enfant put reprendre son récit, même si Sam ne comprenait pas tout.

    « Ils sont venus pour le prendre et ils l’ont attaché ici, loin de l’eau. Ils l’ont gardé plusieurs jours et ils criaient beaucoup. Ils disaient : « Dis-nous où il est ! Dis-nous où il se cache ! » Puis quelqu’un est arrivé et ils ont dit : « Peu importe. Nous l’avons trouvé ! » Ils parlaient de Onze Forces, mais je ne sais pas ce que c’est. Et après, ils sont partis en le laissant ici, à moitié mort. J’ai essayé de l’aider, mais il m’a juste dit dans ma tête : Si tu le vois, donne lui ceci. Et j’ai vu l’image de celui qui était avec vous dans ma tête. Après, il est mort. »
    Les larmes recommencèrent à couler sur les joues de l’enfant.

    Sam s’approcha du cadavre. Il devait appartenir au peuple de Kheves : il semblait souffrir de la même façon du manque d’eau. Un frisson glacial parcourut le dos de la jeune femme quand elle contempla les restes noircis et desséchés. C’est le sort qui attendait Kheves s’il était resté enfermé un peu plus longtemps dans sa cage.

    A cette pensée, elle se précipita dehors et regarda désespérément l’horizon. « Reviens ! » pensa-t-elle de toutes ses forces.
    « Je suis là… »
    Le soulagement qu’elle ressentit fut si intense qu’elle eut l’impression que ses genoux la lâchaient.
    La voix s’était formée dans son esprit et il fallut quelques minutes pour qu’elle voit Kheves émerger de l’eau, à quelques dizaines de mètres d’elle.
    Sans réfléchir, elle se précipita sur lui pour l’enlacer.
    Elle le sentit sourire et il serra également ses bras autour d’elle, un peu surpris de cet accueil.

    Quand elle le regarda, ce fut avec douleur, car elle savait que ce qu’elle allait lui apprendre le rendrait malheureux. Et en effet, quand il vit ce qui restait du prisonnier, dans la grotte, la souffrance tordit son visage.
    Il s’agenouilla et décrocha délicatement le coquillage de la main du cadavre. « Il m’a laissé un message… » murmura-t-il.
    Sam haussa les sourcils, sans comprendre.
    Kheves leva alors lentement le coquillage et le porta à son oreille.

    "Si tu est là, où tu te trouve actuellement, c'est que tu as réussi à t'échapper ; Que la mère Océane en soit remercié, bénie soit elle. Mais cela veut dire aussi que je ne suis probablement plus de ce monde… Ecoute moi bien ! Les hommes qui nous menacent sont déterminés et sans pitié. Leur chef est un maître Telvanni, il mène des recherches sur notre peuple, et particulièrement sur notre capacité télépathique, c'est le mot qu'il a employé, j'ai compris qu'il parlait du lien mentale que nous établissons entre nous et les autres créatures. Tu dois retrouver Lémurios et l'informer du danger. Pour sortir de cette sphère, le petit homme, s'il est toujours vivant, devrait pouvoir t'aider. La tâche qui t'incombe est immense, mais tu est notre seul espoir, ne perds pas courage, Adieux "

    A la fin du message, Kheves resta un moment immobile, incapable d'émettre la moindre pensée, figé par le désespoir et l'immense tristesse qui commençaient à le submerger.

    Sam et le jeune garçon, n'osèrent pas intervenir, conscient tous deux du choc que subissait Kheves.

    "As-tu toujours ma Dague ?" La pensée de Kheves fit presque sursautée Sam.
    "oui je l'ai toujours dans mon sac" répondit-elle, tout en ouvrant le petit sac. Sam en sorti la dague et se dirigea lentement vers Kheves, " tiens là voila" reprit-elle.
    Kheves prit la dague et introduisit la lame dans une des extrémités du coquillage, à cet instant le coquillage s'ouvrit en deux pour laisser apparaître une grosse perle, presque aussi grosse qu'une pomme. Sam, qui était maintenant juste à coté de Kheves ne put s'empêcher de s'exclamer " par Azura elle est magnifique !" , et elle était magnifique !!
    De multiple reflet parcourait la surface de la perle dans un mouvement lent et régulier comme une pulsation…
    "Kheves ? qu'est ce que c'est ? On dirait presque qu'elle est en vie ?"
    "En quelle que sorte" répondit Kheves " Nous les appelons des Oosphères, elles contiennent l'essence femelle de notre monde, elles nous permettent d'ensemencer les océans et les mers afin que notre peuple puissent y prospérer. Je crois que c'est ce que cherchent le Telvanni."
    "Le Telvanni ! " s'écria Sam à haute voix ! " tu sais qui est responsable de tout cela ? C'est le message de ton ami ? Qui est ce monstre de Telvanni ? Où se cache-t-il que je lui …"
    "Sam ! Calme toi" les mots de Kheves était emprunt d'une douceur apaisante que Sam n'avait jamais encore ressenti. L'effet fut immédiat et malgré la situation, elle éprouva une forme de sérénité, d'apaisement… " c'est un maître Telvanni selon Selki, mon ami qui est là devant nous… Mort ; Les miens courent un grave danger, je pense qu'il cherche à récupérer des Oosphères pour capturé notre essence et sans doute la manipuler. Heureusement ces imbéciles ne se sont pas douter que le coquillage abritait ce qu'il cherchait. Sam, Je dois protéger mon peuple, et venger la mort de Selki.
    J'aurais besoin de ton aide, Sam ? M'aideras -tu ?"
    " Evidemment Kheves, je serais à tes cotés, je ne peux pas te laisser tomber, tu es important à mes yeux ! Euh ..enfin... Je veux dire que oui je veux t'aider"
    Kheves avait relevé la tête et les visages de nos deux aventuriers se faisaient face.
    Sam ne peut s'empêcher de fixer le regard de Kheves, ses yeux étaient comme deux topazes et semblaient scintiller comme jamais.
    Un gloussement interrompit ce moment de "communion", Kheves et Sam se tournèrent vers l'enfant qui semblait avoir un peu de mal à réprimer un rire un peu gêné.
    "Eh ! Dis donc toi " dit Sam d'un ton amusé " petit polisson ! ; Mais au fait quel est ton nom ?"
    "Jocien M'Dame, Jocien Motierre M'Dame"
    "Il sait comment sortir d'ici" la pensée de Kheves s'exprima pratiquement en même temps que la réponse de Jocien. Sam à peine pris de court, continua "Eh bien Monsieur Jocien Motierre ! Vous êtes un brave et courageux garçon, dis, tu sais où on est et comment on peut sortir ?
    "Oui M'dame, j'ai entendu le chef parlé, il disait que c'était un célesto... Non, un celestrio... Oh zut ! mais c'est dure à dire !!! Attends M'Dame, ah oui un cé -les-tio-drome ! oui c'est bien ça le mot." Répondit Jocien tout heureux et satisfait d'avoir pu prononcer un nom aussi difficile. " Pour sortir, il faut attendre la prochaine vidange"
    "Vidange ? " reprit Sam.
    "Oui M'Dame, vous savez quand l'eau se met à tourner avec plein de bruits, ça va recommencer bientôt, faudra qu'on rentre dans la bulle et hop ! On sera dehors !"
    "Nous avons notre porte de sortie" dit Kheves " en attendant j'aimerais enterrer les restes de mon ami Selki"
    "je t'accompagne" répondit Sam, "Jocien, on va enterrer l'ami de Kheves, peux tu surveiller la mer et nous avertir dés que la vidange commence, et puis Jocien tu peux m'appeler Sam tu sais, et mon ami là c'est Kheves"
    "Oui M'D... Sam, Oui Sam je vais surveiller" répondit Jocien tout fier du rôle important qu'on lui avait attribué.
    Sam et Kheves commencèrent à creusé dans le sable avec leur main. Un fois le trou de taille suffisante ils allèrent sortir la dépouille de la grotte et la déposèrent dans la tombe improvisée.
    Après un moment de silence et de recueillement, Sam et Kheves rejoignirent Jocien qui scrutait avec précisions la surface de l'eau.
    Edited by Oddhagen on 30 septembre 2023 7:08
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  • Mysanne
    Mysanne
    ✭✭✭✭
    Pour l’instant, tout semblait calme.
    « Heu... dit Sam avec un air gêné, je m’absente une seconde... il faut que j’aille au petit coin... » Elle rougit, baissa la tête puis tourna les talons et s’enfonça dans les hautes herbes qui poussaient en bordure de plage.

    Quelques minutes plus tard, elle s’apprêtait à rejoindre ses amis quand une sensation bizarre brouilla son champ de vision. Elle s’arrêta, comme prise d’un vertige et ferma les yeux un instant. Quand elle les rouvrit, elle comprit ce qui se passait : le dôme de verre -le célestiodrome- bougeait. Il se contractait, semblait rapetisser. C’est ce phénomène qui provoquait des changements visuels, un peu comme un mirage. Intriguée, Sam observa les bords du dôme se rapprocher progressivement.
    « Ce doit être pour ça, la vidange. Un nouveau dôme prend la place de l’ancien... Mais pourquoi ? A quoi sert ce célestiodrome ? Et pourquoi peut-on en sortir grâce à la bulle ?» Elle avançait vers la plage tout en réfléchissant. L’eau commençait à frissonner, marquant le début du processus.

    Le dôme, quant à lui, était de plus en plus près et ses bords la frôlèrent, comme si elle était traversée par une bulle de savon. Il était maintenant semblable à une énorme sphère et se réduisait encore autour de Kheves, à quelques mètres d’elle. Dans la mer, le vortex s’était recréé et la bulle de « sortie » commençait à émerger des vagues. Brusquement, une intuition foudroya Sam.
    « Un piège ! »
    Elle courut vers Kheves et réussit à franchir ce qui restait du dôme, qui continuait de se resserrer autour de son ami. Sans avoir le temps de lui expliquer, elle le poussa de toutes ses forces et il fut éjecté du célestiodrome juste au moment où celui-ci brilla et se solidifia d’un coup.
    Sam se retrouva piégée à l’intérieur. Les parois étaient redevenues dures comme du verre.

    Kheves, catapulté dans le sable, se redressa vers elle et lui lança un regard de reproche et d’incompréhension. Quand il la vit tambouriner contre la sphère sans parvenir à en sortir, il comprit qu’elle l’avait sauvé, une deuxième fois.

    L’eau bouillonnait de plus en plus fort et à l’instant où la bulle apparut entière au-dessus des vagues, un autre célestiodrome commença à se mettre en place. Simultanément, la prison de Sam s’éleva dans les airs.
    « Vite, lui cria-t-elle mentalement, fuis dans la bulle, sinon, tu seras piégé par le prochain dôme.

    Elle ne sut pas s’il l’avait entendue car elle dut se concentrer sur sa propre survie.
    La sphère dans laquelle elle était enfermée montait de plus en plus vite en direction du ciel et la pression que cela exerçait sur son corps était difficilement supportable. A un moment, elle s’évanouit.


    Quand Sam reprit ses esprits, elle se trouvait dans une grande pièce circulaire, sombre et organique. Des sortes de racines parcouraient les murs et une odeur de champignon la prenait à la gorge.
    Elle se redressa et s’assit en tailleur pour faire le point : elle se trouvait dans une cage fongique. De part et d’autre, elle distinguait d’autres cages semblables à la sienne. Les prisonniers étaient de toutes races (humains, elfes, argoniens, khajiits...) mais surtout de la race de Kheves. Ils formaient l’écrasante majorité des prisonniers. A sa droite, l’un d’eux la regardait avec compassion, entre les barreaux tortueux.

    « Tu es arrivée il y a peu, ça se voit...
    -Oui, répondit Sam. Où est-ce qu’on est ?
    - Je ne sais pas exactement. Peut-être sur la péninsule Telvanni, mais je n’ai pas pu sortir, alors ce n'est qu'une supposition.
    - Est-ce qu’ils vous donnent à boire ? s’inquiéta Sam, qui n’en pouvait plus de voir ces créatures souffrir du manque d’eau.
    - Un petit peu... Mais comment sais-tu de quoi nous avons besoin ? »
    Le prisonnier se recula imperceptiblement avec un air méfiant.
    - « J’étais avec l’un d’entre vous quand j’ai été capturée : Kheves.

    La méfiance se changea aussitôt en surprise, en espoir, en exaltation :
    - Kheves est toujours vivant ! Quel miracle ! Quelle bonne nouvelle ! » La joie inondait le visage du prisonnier. « Alors, tout n’est pas perdu.
    - Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tant de prisonniers ? Qui est à l’origine de tout ça ?
    - Ce sont des magiciens corrompus qui se sont regroupés dans une secte dirigée par un Archimage Telvanni. Ils se font appeler les "Kena Dun Gah Julan", les "Sombres Chercheurs du Grand Avantage", en chimérique. Ils veulent nous forcer à leur enseigner le lien mental. Ils espèrent ainsi frapper leurs ennemis directement dans leur esprit pour les anéantir sans combattre et en toute discrétion. Ils excellent dans l’illusion et l’altération et nous ont capturés dans des boules de verre.
    - Mais pourquoi y a-t-il d’autres prisonniers ? Et que comptent-ils faire de vous ?
    - Les prisons de verre ne sont pas infaillibles. Parfois, d’autres personnes se laissent piéger, comme toi. Pour répondre à ton autre question, ils nous torturent, font des expériences sur certains d’entre nous, essaient de comprendre comment nous parvenons à communiquer. Mais surtout, ils cherchent notre dirigeant, le chef du Grand Conseil : Lémurios, et les Quatre Conseillers. Ce sont les personnes les plus importantes de notre peuple et elles sont indispensables à notre survie. Kheves est l’un d’eux.
    - Pourquoi sont-ils si importants ?
    - Ils ont de grandes connaissances. Et ils ont tous une capacité particulière. Lémurios, par exemple, peut résister au manque d’eau car il a le pouvoir d’absorber l’humidité ambiante. S’ils le capturent, ils pourront exercer un chantage implacable sur notre peuple et nous serons forcés de les aider ou de disparaitre. »

    Un grand silence suivit cette déclaration.
    Sam se sentait très abattue. Elle espérait que Kheves ait réussi à s’échapper à temps.
    Elle ne savait pas où il se trouvait, à présent. Pourrait-il localiser Lémurios ? Est-ce qu’il viendrait la chercher, elle ? Comment pourrait-elle l’aider, maintenant qu’elle était prisonnière à son tour ?
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Aujourd'hui le temps était aussi bleu que l'eau du couchant
    mais l'ombre d'Azura
    commençais à s'étendre au dessus des ruines du fort des Onze forces.

    L'air était lourd, des centaines de Nixades virevoltaient frénétiquement.

    Une voix faible accompagné d'un léger grésillement semblait sortir d'une petite boite à l'aspect métallique : " wyyzzgrrrr capitaine kirk ! gruyssxwww ... répondez !.... wyyzzgrrrr ...

    "Tabatha !! Arrête de jouer avec les yeux du monsieur !! Et lâche ce que tu… Oh Tabatha LACHE ça !!! c'est sale !! "

    A contre cœur, elle s'exécuta… Ainsi mourut Tabatha.

    Sam, décontenancée, poursuivi ses recherches mais se sentant observée, elle se dirigea vers la ruine de la tour principale du fort et s'y cacha.
    A l'abri des regards, elle scruta avec attention les pénombres… Un bruit sec, régulier semblait provenir de l'intérieur du fort.

    Comme elle ne voyait personne arriver, elle se dit qu'elle avait imaginé cette présence qui l'observait. -Quelle erreur !- Alors, rassurée, elle commença l’ascension de l'escalier qui menait à l'étage, plus près du bruit qui continuait de se faire entendre, quoique moins régulier, plus faible. Au fond d'une grande pièce envahie par les ombres et la poussière, elle discerna une sorte de cage et, à l'intérieur, une forme humaine, affaissée, qui de temps en temps, levait lentement une main puis l'abaissait contre une gamelle en bois, produisant le bruit sec qu'elle avait entendu.

    Il ne restait plus grand chose d'humain de ce corps décharné et grisâtre, un souffle léger et douloureux semblait maintenir le malheureux en vie.
    Sam s'approcha, une odeur pestilentielle lui pris la gorge et l'a fit presque vomir.
    Puis soudain, comme alerté de sa présence l'être, la chose, leva la tête lentement vers Sam et ouvrit les yeux… des yeux d'un rouge vif, et qui semblaient être le dernier réceptacle du peu de vie que possédait encore cet amas de chair famélique.

    Le premier mouvement de Sam fut le recul : l'odeur et l'horreur de la scène étant insoutenables ; puis, aussitôt après, la pitié, la compassion, la culpabilité. Même si elle avait envie d'hurler et de s'enfuir loin de cette pièce en courant, elle savait qu'elle devait aider cette créature.
    Mais quelque chose la retenait et ce n'était pas seulement les relents infects qui émanaient de la cage. Ces yeux, ce rouge...
    Elle hésitait : quelle était cette créature ? Était-ce un elfe noir rendu méconnaissable par le manque de soins et de nourriture... ou était-ce autre chose. Un... vampire ? Qui aurait pu survivre si longtemps dans ces conditions, à part un de ces êtres maudits ? Et si elle s'approchait trop et qu'il la vidait de son sang ?
    Cependant, certains vampires étaient "civilisés", fréquentables, presque séduisants. Elle avait entendu parler d'un groupe, à Fendretour, un comte Corbeau ou Corbeguet... - quelque chose comme ça- qui avait une bonne réputation.
    Oh ! Pourquoi était-ce si compliqué de prendre une décision ? (Parce que sa vie en dépendait peut-être, répondit cyniquement sa conscience.)

    Lentement, Sam s'approcha. Le regard de la créature exprimait tant de douleur… Sam tira de son sac une gourde et avec prudence s'avança vers la cage.
    Elle tenta de verser un peu d'eau dans la gamelle en bois que tenais encore ce corps méconnaissable. Dans la pénombre, elle trébucha et failli tomber au sol, tenant toujours la gourde dans sa main elle en fit tomber une partie du contenu sur la créature…
    Et ce qu'elle vit alors la troubla encore davantage. L'eau renversée sur la créature fut comme absorbée par la peau, comme un buvard, et celle-ci changea d'aspect pour s'éclaircir et retrouver un aspect quasi normale là où elle avait été mouillée.

    Les yeux avaient eux aussi changé d'aspect pour prendre une teinte verdâtre. Le corps entier de cet être semblait parcouru de légers soubresauts, la vie reprenait possession de ce corps.
    Sam, comme hypnotisée par ce qu'elle voyait, atteignit la gamelle en bois et y versa le restant de l'eau que sa gourde.

    La créature tenta de soulever l'écuelle, mais elle était encore très faible et Sam se dit qu'elle allait laisser échapper le récipient avant d'avoir pu se désaltérer. Alors, bien qu'encore un peu inquiète, elle passa le bras entre les barreaux de la cage et porta à la bouche du malheureux le liquide bienfaisant.
    "Je n'en ai pas assez, pensa-t-elle, il faudrait que je le mène à la rivière... Si quelques gouttes ont un tel effet sur lui, je me demande bien ce qui se passerait s'il entrait dans l'eau tout entier... Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas un vampire...
    C'est... autre chose..."

    Soudain, simultanément, Sam sentit à nouveau une présence derrière elle et les yeux de la créature s'élargirent de terreur.

    "Que faites-vous ici ? Pauvre idiote !" tonna une voix hautaine et un peu altérée par l'âge.

    Sam s'était accroupie pour s'approcher de la cage, alors elle pivota sur ses pieds pour apercevoir le nouveau venu.
    Il lui parut d'autant plus imposant.
    Ce n'était pas encore un vieillard, mais il avait une longue chevelure pâle et des rides profondes creusaient son visage. Ses habits étaient élimés et ternis par les ans, mais ils étaient taillés avec raffinement et dans les plus beaux tissus. Une personne de haut rang qui était déchue. Voilà ce que lui inspirait l'homme qui se dressait devant elle.

    "J'aurais dû vous arrêter dès que je vous ai vue rôder vers la tour… Quittez ces lieux et ne revenez pas !"
    Le ton était si péremptoire que Sam faillit obéir. Mais elle croisa alors le regard du prisonnier et il exprimait tant de désespoir qu'elle retrouva toute sa volonté. Elle se redressa, se planta bien fermement devant l'homme et lui dit avec assurance :
    "Je ne partirai pas tant que ce malheureux sera dans cette cage. Qu'est-ce qui se passe, ici ?!"

    L'homme visiblement surpris de l'assurance de Sam, sembla un bref moment décontenancé… "De quoi vous mêlez-vous ! Qui êtes vous ? De quel droit osez vous interférer avec mes affaires !" finit -il par dire avec colère.
    Sam lui lança un regard sans équivoque et lui faisait maintenant face, étonnée elle-même de son audace, poursuivit : " Vous ! N'avez -vous aucune pitié ? Quelle est cette… créature ? Ne voyez-vous pas quelle souffre ?? Et Vous !! Qui êtes vous ?"
    La créature avait observé l'échange et bien qu'encore très faible, elle murmura : " sauvez moi …Aidez moi, je veux rentrer chez les miens " puis elle s'affaissa comme épuisé par l'effort qu'elle avait du faire pour sortir ces quelques mots.
    Sam et l'homme fixaient la créature, tous surpris d'entendre sa voix, une voix si étrangement mélodieuse.

    La jeune femme fut la première à sortir de sa torpeur :

    " Bon, vous déciderez-vous enfin à faire quelque chose ? Ouvrez cette cage !
    - Je ne peux pas, répondit l'homme à mi-voix.
    - Comment ça vous ne pouvez pas ? Donnez-moi cette clé ! commença à s'énerver Sam.
    - Vous ne comprenez pas, je n'ai pas la clé. Elle est dans cette boite (il désigna une sorte de coffre, caché dans un recoin sous l'escalier), mais je ne peux pas l'ouvrir. Ce n'est pas moi qui ai enfermé cette créature."

    Sam resta interdite un instant.
    - Je ne comprends pas…
    - Je suis un haut dignitaire… enfin… j'étais. Et puis, j'ai commis une erreur. Quelqu'un s'en est aperçu et j'ai tout perdu : mon argent, mon honneur, mes propriétés, ma famille... Jusqu'à ce jour où l'on m'a offert une seconde chance. Inespérée. La seule contrepartie était de surveiller cette chose pendant quelques temps. Il fallait s'assurer de ne pas la laisser sortir, de ne pas la mouiller et de ne pas lui donner à boire. Et on m'a dit de me méfier si elle me parlait. Apparemment, c'est une créature qui puise sa force dans l'eau et qui peut vous envouter avec sa voix, un peu comme une sirène mâle."

    Sam eut un regard vers le corps décharné et malodorant qui n'avait définitivement rien de commun avec l'idée qu'elle se faisait d'une sirène, même mâle !
    - "Bien sûr, ce n'est pas tout-à-fait pareil, sembla s'excuser l'homme, mais c'est la comparaison la plus proche que j'ai trouvée. Si vous l'aidez, je n'aurai pas rempli ma part du contrat et je pourrai dire adieu à ma réhabilitation."

    A ces mots, les yeux de Sam s'écarquillèrent de stupéfaction, puis se rétrécirent pour devenir deux fentes qui cachaient un regard lourd de mépris.
    - Au diable votre…" Elle marmonna quelques mots inintelligibles puis cracha : "Vous pensez vraiment regagner votre honneur en torturant un innocent ? Quel…"
    Elle se pencha, fit quelques pas et se saisit d'une pierre, tombée d'un des murs proches. Elle entreprit ensuite de taper sur le coffre pour tenter de l'ouvrir, mais elle n'avait pas assez de force.

    Agacée et déçue par son échec, Sam regarda autour d'elle scrutant la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l'aider. Elle se tourna vers la cage où la créature, la sirène (??) ayant repris quelques forces s'était assise en tailleur et semblait l'observer…
    Elle croisa le regard de ce pauvre être, ce regard, ses yeux d'un vert vert si intense la fixait maintenant intensément. Le dignitaire observait la scène comme interloqué ; "attention" dit-il " ce monstre essaie de prendre le contrôle de ton esprit, ne te laisse pas berner".
    Sam entendit à peine ses mots, une autre voix, étrange, douce, captivante se faisait entendre :" n'aie pas peur, je ne te veux aucun mal. j'ai besoin de ton aide, veux tu m'aider…"
    Les lèvres de la créature n'avait pourtant pas bouger, seul son regard semblait plus… Intense, " L'homme qui est avec toi te ment ! C'est lui qui m'a capturé au large d'Y’ffelon. C'est lui qui m'a emmenée ici, c'est lui qui m'a enfermée…
    Après un court silence la voix reprit " Moi et les miens n'interagissons pas avec ton peuple, notre véritable voix, notre propre langage rend les humains fous, violent, et ils perdent le contrôle d'eux même. J'utilise ta langue pour ne pas te nuire ; Cette homme m'a piégé, les miens n'ont pu m'aider, nos lois nous interdisent le moindre contact avec les humains, ils ne pouvaient rien faire sinon me laisser aux mains de ces gens. Je me suis trop affaibli pour lutter, grâce à toi j'ai repris quelques force mais l'eau que tu m'a versé n'est pas suffisante et… Ce n'est que de l'eau douce. Je sens que je m'épuise à nouveau, je t'en supplie, aide moi, il a la clef, il ne la quitte jamais, le coffre ne contient que mes atours… Je peux tenter de l'étourdir quelques secondes, et il te faudra être rapide."

    Sam était désespérée. Elle ne savait plus que croire, qui écouter.
    "Ah, si je n'étais pas si naïve !" pensait-elle. Elle avait envie de se donner des tapes sur le front pour s'aider à réfléchir et se punir de ses atermoiements.
    Il fallait qu'elle se dépêche, qu'elle prenne une décision rapidement.
    Son cerveau sembla enfin se réveiller et se mit à tourner à plein régime. Elle analysa toutes les possibilités : soit la créature mentait et, en conséquence, elle allait vraisemblablement libérer un monstre. Elle l'aiderait à reprendre des forces et ensuite, elle le paierait surement de sa vie. -pas très réjouissant...- Soit l'homme mentait -et il le faisait particulièrement bien, le fumier !- et alors elle allait avoir toutes les peines du monde à aider la créature. Elle se ferait probablement poignarder dans le dos à la première seconde d'inattention, le dignitaire ne semblant pas du genre à pratiquer l'attaque frontale.
    En réalité, il n'y avait qu'un seul moyen de savoir qui mentait. Un moyen qui lui éviterait de jouer sa vie à pile ou face.

    Galvanisée par la pression et l'urgence, elle souleva une pierre énorme et l'abattit de toutes ses forces sur le coffre.
    Enfin, le bois craqua, le couvercle fut brisé et le contenu se répandit sur le sol. Des bijoux en perles et en corail, un joli poignard au manche recouvert de nacre... pas de clé.

    Aussitôt, Sam concentra son esprit et hurla mentalement ces mots :
    "D'accord ! Maintenant !"
    Elle se précipita sur le dignitaire qui semblait hypnotisé par une vision extraordinaire. Elle le poussa violemment et il bascula en arrière sans chercher à se retenir. Sa tête frappa le sol avec un son sinistre.
    Sans chercher à vérifier s'il était assommé ou mort, Sam se mit à fouiller frénétiquement les poches de ses nombreux vêtements et sentit finalement le métal sous ses doigts.

    La créature n'avait pas menti, la clef était bien là !
    L'homme avait menti…
    L'avait -elle tué !!!?? Il gisait au sol sans bouger, Par Mara et Azura je l'ai tué ?!!
    Sam commençait à paniquer. Jamais elle n'avait eu à utiliser toute forme de violence physique, jamais elle n'avait été confronté à ce type de situation…
    "Il n'est pas mort, ne t'inquiète pas, je sens la vie en lui" la créature avait renoué le lien mentale qui l'unissait à Sam. Ces mots l'a rassurèrent.
    Ayant repris ses esprits elle se dirigea vers la cage pour enfin libérer le pauvre être qui s'y trouvait.
    Sam était heureuse d'avoir enfin pu libérer ce malheureux, mais une légère appréhension demeurait ; Elle allait devoir porter la créature, la toucher, l'idée d'un contact physique ne la rassurait pas… "Allez Allez Sam ! reprends -toi" se disait-elle " ce n'est pas le moment d'hésiter"
    Sam rentra dans la cage et doucement pris la créature dans ses bras pour la soulever délicatement. Sa peau avait changer d'aspect pour devenir partiellement plus claire, d'un bleu presque opalescent, Sam ne pu s'empêcher de regarder la texture de celle-ci, allait-elle voir des écailles !? La créature sembla sourire Sam rougit "tu lis mes pensées ??"
    "Notre lien mentale est toujours actif, oui" reprit l'être qui se tenait maintenant debout en prenant appuis sur Sam, " il est plus facile pour moi de communiquer ainsi, mais soit rassuré Sam, le lien mental que j'utilise me permet juste de lire tes pensée en "surface".
    "Oh ! tu m'a appelée par mon prénom ! " pensa Sam, qui fut surprise de la "joie" que cela lui procurait. " Mais je ne connais pas le tien ? Comment dois-je t'appeler ?"
    "Kheves , Tu peux m'appeler ainsi, c'est le son qui se rapproche le plus de mon nom véritable, c'est la version "humaine" si tu préfères."
    "Kheves, Kheves... J'aime bien, pensa Sam. Elle se dirigea vers ce qui restait du coffre et ramassa les parures qu'il contenait. Puis, après avoir jeté un œil vers le corps de l'homme qui gisait encore inconscient, ils prirent la direction des escaliers pour atteindre la sortie. Une fois le seuil franchi, un air doux et parfumé envahi les poumons de Sam, le soleil était bas à l'horizon, il ne restait que quelques heures avant que la nuit ne tombent.
    "Kheves, il y a une rivière pas très loin à l'Est, souhaites-tu t'y rendre, la mer est à l'Ouest mais le chemin sera plus long, et nous sommes à pied !"
    "Sam, je sens une créature, pas très loin, vous leur donnez le nom de Guar, je crois, c'est sans doute la monture de l'homme qui m'a enfermé, nous pourrions l'utiliser ?"

    "Oui, c'est une excellente idée. Allons-y !" répondit Sam.

    A l'époque de cette histoire, le fort des Onze Forces était déjà en ruines, mais toutefois moins qu'aujourd'hui. A la sortie de la tour, il y avait un pont au-dessus de la route et ensuite, des escaliers, de part et d'autre, qui descendaient pour rejoindre le niveau du sol. En face, un autre bâtiment à colonnades se dressait.

    Le guar du dignitaire était attaché à un piquet, juste au bas de l'escalier de gauche. Quand Sam et Kheves furent à quelques mètres de lui, il commença à s'agiter, à émettre des piaillements craintifs et à tirer sur sa corde. L'odeur du prisonnier était moins suffocante qu'au début, mais elle restait perceptible et dérangeante. L'animal semblait de plus en plus paniqué.
    Sam marqua un temps d'arrêt. "Je ne sais pas s'il va nous laisser approcher..." remarqua-t-elle avec inquiétude.
    Et, en effet, à peine eut-elle esquissé un nouveau pas dans sa direction que le guar se mit à crier et à bondir furieusement. Le piquet fut arraché du sol et l'animal s'enfuit sans demander son reste. Dépitée, Sam poussa un profond soupir.
    "Bon... Je suppose qu'il va falloir trouver une autre solution."

    C'est à ce moment qu'elle l'entendit. Une sorte de bruissement. Un son très étrange qui avait l'air de provenir de sous les dalles, en face d'eux. Elle assit Kheves sur les quelques marches qui marquaient l'entrée de ce nouvel espace et lui dit de se reposer quelques instants, le temps qu'elle identifie la provenance du son.

    Il faut vous dire qu'à l'origine, la jeune femme était dans cette région du Couchant car il existait une légende qui évoquait un portail mythique vers un autre monde. Sam avait toujours été fascinée par cette possibilité et avait étudié tous les ouvrages qu'elle trouvait à ce sujet. Ses recherches l'avaient conduite ici, au fort des Onze Forces. Elle avait ensuite été détournée de son but par la découverte du prisonnier dans sa cage.

    Mais pour la première fois depuis longtemps, elle paraissait proche d'une découverte majeure.

    Elle s'agenouilla sur le sol dur et froid et colla son oreille sur les dalles de pierre. Le son s'amplifia et des vibrations envahirent tout son corps, la faisant frissonner.
    "Il y a quelque chose, ici ! s'exclama-t-elle.
    - Oui, je le sens moi aussi, dit Kheves. Mais il va falloir se dépêcher. L'homme reprend ses esprits."

    "La poisse ! Je suis si proche du but", se lamenta Sam (sans noter que, encore une fois, la créature paraissait capable de "voir" des choses pourtant éloignées de son champ de vision).

    La jeune femme remarqua alors un creux dans le sol, une dépression circulaire qui lui rappela un objet. Elle fouilla dans ses poches et en sortit un médaillon qui semblait de la même taille que le trou.
    Au cours des précédentes années, elle avait écumé tous les châteaux et les monastères abandonnés cités par les livres qu'elle étudiait. Dans l'un d'eux, elle avait déniché une relique inestimable : un disque taillé dans une matière inconnue et gravé de symboles étranges. Ne sachant pas quoi en faire, elle l'avait gardé sur elle depuis, trop effrayée à l'idée qu'on lui dérobe si elle le laissait sans surveillance.

    Elle balaya la poussière du revers de la main, souffla pour enlever les dernières saletés et pria pour que son intuition soit la bonne. Elle plaqua le médaillon dans le creux qui paraissait avoir été créé à cette fin.
    Un déclic se fit entendre, puis un roulement, un grondement sortit des profondeurs et tout le fort vibra.
    Le sol commença à s'effondrer. Du moins, c'est ce qu'elle crut sur le moment et elle se jeta en arrière, effrayée.
    En réalité, les dalles s'étaient progressivement abaissées, s'enfonçant de plus en plus profondément, pour former un escalier étroit qui plongeait dans les entrailles du fort.

    Kheves, qui était resté silencieux jusque là, lui lança : "Il est en train de se relever. Il sera là dans quelques instants."

    Sortie de sa stupeur, Sam se précipita vers lui et l'aida à se redresser. Puis elle tourna la tête de tous côtés, hésitant sur le chemin à prendre : les escaliers donnaient sur la campagne environnante mais il serait facile pour le dignitaire de les rattraper. Elle pourrait se retourner et essayer de le combattre, mais Kheves n'aurait peut-être pas la force de le paralyser à nouveau, et l'élément de surprise avait disparu : il serait bien plus difficile de le neutraliser, cette fois. Et puis, elle n'avait rien d'une guerrière. Non, les marches qui étaient apparues dans le sol restaient la seule option. C'était un risque car ils pouvaient se retrouver piégés dans une salle souterraine, mais il fallait tenter le coup.

    Soutenant Kheves du mieux qu'elle pouvait, Sam entreprit la descente de l'escalier mystérieux. Elle distingua des arches de pierre dans la pénombre quand brusquement, une lumière éblouissante apparut. Elle était incroyablement belle : dorée, mouvante, pulsant comme un cœur battant. Ils s'approchèrent d'elle, fascinés.

    La lueur changeait de teinte, passant du dorée à un mélange bleu et de vert, puis du pourpre au rose pâle, à un rythme régulier ; Sam et Kheves étaient tous deux à porter de main et captivés par l'étrange spectacle qu'ils observaient.

    "Un portail !" la pensée de Kheves avait sorti Sam de l'état de sidération dans lequel elle se trouvait, et tout en reprenant ses esprits, elle s'aperçu que les atours de Kheves qu'elle avait rangé dans un petit sac de cuir noué à sa ceinture, semblait réagir à proximité du "portail", comme une légère vibration, pulsation qu'elle ressentait à travers le cuir.

    "Il se passent quelque chose d'étrange Sam " reprit Kheves, "tout cela me semble familier, pourtant je ne crois avoir jamais vu cela auparavant, j'ai une drôle d'impression, mes sens sont en alerte, mais je ne sens pas de menace." Sam, après avoir entendu cela était de plus en plus intriguée, excitée par cette découverte, répondit à Kheves : " Je n'ai pas, non plus, peur ni ne me sens effrayée…" Elle rajouta " tes atours semblent réagir, on dirait qu'ils "vibrent", " et tout en sortant les bijoux de son sac, " tiens , prends les, ils te reviennent de toutes façons, portes-les nous verrons bien s'il réagissent davantage lorsque tu les portes".
    Elle tendit les bijoux à Kheves. D'une main tremblante il les pris, glissa la bague à son annulaire et mis le torque de nacre à son cou. Alors qu'il mettait le torque, son corps semblait retrouver encore plus de sa vigueur, sa peau, sur toute sa surface, commençait à reprendre sa teinte d'origine, d'un bleu opalescent. Le corp de Kheves dont émanait maintenant une légère lueur iridescente laissa échapper un long soupir, qui exprimait comme une libération, une délivrance.
    Comme hypnotisée par ce qu'elle voyait Sam restait silencieuse.

    Soudain un juron rompu le silence, le ravisseur était sorti de sa torpeur et se trouvait maintenant très près de l'entrée, près de l'escalier qui menait au caveau . Il avait du s'apercevoir que son guar n'était plus là, mais ne semblait pas avoir découvert le passage secret… Du moins pas encore. Sam et Kheves se fixaient sans oser faire le moindre bruit et eurent, simultanément, la même pensée : le portail !

    Poussés par l'urgence d'échapper à leur poursuivant et impatients de découvrir ce qui se cachait derrière cette entrée mystérieuse, ils s'avancèrent dans la lumière. Un étourdissement les prit ; ils eurent l'impression d'être aspirés, libérés de leur poids, presque de se dissoudre un instant avant de se reconstituer dans un monde d'une beauté saisissante. Ils avaient toutefois eu le temps d'apercevoir la lumière qui s'était rétractée sur elle-même avant de disparaitre, de l'autre côté. L'homme ne pourrait donc pas les suivre. Le portail était refermé.
    Sam ressentit une légère inquiétude à cette pensée : il n'y avait pas de retour en arrière possible… Mais en s'avançant, elle fut tellement fascinée par la magnificence du paysage qui l'entourait qu'elle oublia bien vite tout le reste.

    Kheves resplendissait : les éclats iridescents de sa peau chatoyaient de plus en plus. Il semblait ne plus contenir son enthousiasme et avançait de plus en plus vite, comme appelé par des voix que lui seul entendait.
    Il avait l'air de savoir où il allait alors Sam se contenta de le suivre, heureuse de le voir si joyeux et excité.

    Ils tournèrent sur la droite et commencèrent à descendre le long de pentes fleuries où cascadaient des cours d'eau turquoise entre des rochers immaculés. Le ciel, surtout, était à nul autre pareil. Sam se tordait les pieds : elle était tellement captivée par ce qu'elle voyait qu'elle avançait alors que ses yeux s'attardaient sur une fleur au pourpre flamboyant, sur une étoile étincelante ou sur un insecte aux ailes azur. Elle se sentait enivrée par tant de splendeur.

    Soudain, l'horizon se déploya devant eux et le panorama était si grandiose qu'ils stoppèrent leur marche instantanément.
    Une mer aux nuances de bleu les plus précieuses -saphir, topaze, aigue-marine…- s'étalait en contrebas. Kheves détourna la tête pour cacher son émotion : il sentait qu'il retrouvait ses origines. Son cœur lui paraissait trop gros pour sa poitrine. Il avait envie de se précipiter dans le vide pour être plus rapidement près du rivage et laisser l'eau le recouvrir. Il s'efforça de se maitriser et de se calmer, car si l’excitation de l'instant l'avait revigoré, il sentait bien qu'il restait encore fragile. Il ne fallait pas qu'il disperse ses dernières forces si près du but. C'est donc d'un pas plus posé qu'ils parcoururent les quelques mètres qui les séparaient de la plage.

    Lorsqu'ils furent assez près pour sentir les embruns, ils distinguèrent une sorte de mouvement dans l'eau : de l'écume se formait, un tourbillon, une agitation qui ne laissait aucun doute : quelque chose allait apparaitre.

    Sam recula de quelques pas, un peu effrayée. Elle observait avec une certaine crainte, ce qui se passait, là, sous ses yeux. Kheves était devant elle, immobile, il semblait avoir retrouvé son aspect normal et lui aussi observait ce tourbillon d'écume et d'embruns qui commençait à prendre des proportions gigantesques. Le ciel au dessus du vortex avait pris une teinte plus sombre et quelques arcs électriques commençaient à apparaître.
    Kheves, conscient des craintes de Sam se retourna et l'a rejoignit. Ils faisaient face tout deux à un spectacle grandiose, " Est-ce ton peuple ? Ils viennent te chercher ? Où sommes nous Kheves ?"
    " C'est étrange Sam, j'ai cru un moment être de retour chez moi mais… Quelque chose ne va pas, je n'entends rien, à part le vent et le bruit qui vient du vortex je ne perçois rien, cet océan ou cette mer semble … Vide !"
    Sam ressenti l'inquiétude de Kheves, leur lien psychique semblait les unir de plus en plus, " nous ne devrions pas rester là, Kheves, regarde sur la gauche, il y a un amas de rochers, allons nous y cacher et de là nous pourrons observer ce qui se passe."
    "Tu as raisons, soyons prudent allons y !"
    Arrivés sur place, ils s'installèrent aussi bien que possible. A peine installés Sam remarqua que quelque chose semblait sortir du tourbillon ; Lentement en effet, ce qui semblait être une "bulle" commençait à émerger du vortex. Kheves observait la scène avec attention, la "bulle" continuait à s'élever et avait maintenant des proportions gigantesques, et soudainement elle éclata…
    Au même moment, le vent se calma, le ciel repris sa couleur normale et le vortex lui même finit par se résorber !
    Sam et Kheves se regardèrent :" Kheves, mais qu'est qui vient de se passer, là ? Tout ce bruit, ce vent, ces éclairs et puis cette grosse bulle qui pète et puis plus rien !! Mais qu'est-ce que c'est que ce b..... !?" Amusé par la pensée de Sam, surtout par la manière dont elle l'exprimait, Kheves se mit à rire, enfin à sa manière… Sam d'abord décontenancée par la réaction de Kheves, ne pu s'empêcher rire à son tour, tellement le "son" qui sortait cette fois de la bouche de Kheves, et non de manière télépathique, était surprenant !
    Nos deux aventuriers rirent ensembles, les libérant ainsi de l' extrême tension qu'ils avaient ressenti l'un comme l'autre.
    Tous deux étaient, maintenant, étendus sur le sable et reprenaient leur esprit.

    "Sam ! Le ciel !!! Regarde ! Il change ??" la pensée de Kheves fut intense et empreinte de surprise.

    Sam observa le ciel avec plus d'attention, et en effet la couleur bleu s'estompait pour laisser place à … "Du verre ????" s'exclama Sam, "on dirait du verre" elle se mit debout et scruta les alentours. "Kheves ! Un dôme ça ressemble à un dôme de verre, regarde autour de nous, nous sommes sous un dôme de verre !?"

    « Comment cela est-il possible ? » se demandaient–ils tous les deux en observant la voûte au-dessus d’eux.
    « Je vais vérifier quelque chose, dit Kheves à mi-voix, l’air un peu préoccupé.
    Il s’approcha lentement du bord de l’eau et enfonça son pied dans la mer. Un frisson de délice sembla le parcourir.
    « Je reviens ! » s’exclama-t-il en avançant un peu plus, puis en plongeant tout son corps avec grâce dans les vagues. » Il disparut entièrement dans les profondeurs marines. Quelques minutes passèrent et il ne refit pas surface.

    Sam se sentit soudain très seule et, à cet instant, elle réalisa à quel point elle commençait à s’attacher à Kheves. Ils avaient beau ne pas se connaitre depuis longtemps, elle se sentait très proche de lui. Surement un effet secondaire du lien télépathique...

    Un vent frais se levait. La jeune femme resserra son gilet autour d’elle et se blottit un peu plus contre le rocher. Ses longs cheveux étaient soulevés par la brise marine et elle entreprit de les nouer en tresse pour ne pas être gênée par les mèches folles qui s’attardaient devant ses yeux.
    Une sorte de sifflement lui fit soudain tourner la tête.

    « Psssit ! »

    D’abord, elle ne vit rien. Puis, en plissant les yeux, elle découvrit une silhouette accroupie derrière un massif d’agapanthes. C’était un jeune garçon aux habits déchirés et aux grands yeux noirs. Il semblait effrayé et tentait d’attirer son attention sans se faire remarquer. Aussi, bien qu’elle n’ait vu personne d’autre dans les environs, elle lui répondit en chuchotant.

    « Oui... qu’y a-t-il ? »

    L’enfant lui fit un signe de la main pour l’inviter à s’approcher de lui.
    Intriguée et un peu mal à l’aise, elle s’exécuta.
    « Suivez-moi ! » dit-il dans un souffle, avant de partir en trottinant, penché en avant pour rester discret.

    Sam eut un regard vers la mer, qui restait désespérément vide et se résolut à suivre le garçonnet.
    Après avoir parcouru quelques centaines de mètres, ils arrivèrent devant l’entrée d’une grotte dissimulée par la végétation. Le garçon souleva les longues herbes qui masquaient l’ouverture et entra.
    Sam le suivit.
    Une horrible puanteur l’accueillit.

    « Pouah ! laissa-t-elle échapper. Qu’est-ce que c’est ? » Mais elle n’avait pas besoin d’entendre la réponse. L’odeur était similaire à celle qui émanait de Kheves quand elle l’avait trouvé.
    Le jeune garçon était penché sur les restes d’un corps qui semblait momifié. La chair était noirâtre et sèche, presque en poussière à certains endroits. Les yeux avaient disparu pour laisser place à des orbites vides. La main, excessivement osseuse, serrait un coquillage énorme et très beau, comme si c’était la chose la plus précieuse du monde et qu’il fallait la protéger à tout prix.

    « Vous devez donner ça à celui qui vous accompagne » dit l’enfant en désignant le coquillage.
    - Comment ça ? balbutia Sam interloquée, tout en tenant la manche de son lainage devant son nez pour limiter ses hauts le cœur.
    Le garçon, quant-à-lui, semblait accoutumé à l’odeur.
    - C’est lui qui me l’a dit. »

    La voix de l’enfant chevrota et Sam aperçut des larmes perler dans ses yeux.
    « J’ai essayé de l’aider, mais il était trop tard. »
    Submergée par l’émotion, la jeune femme prit le garçon dans ses bras et essaya de le réconforter tandis qu’il se mettait à pleurer à gros sanglots. Ils restèrent quelques instants comme ça, puis l’enfant put reprendre son récit, même si Sam ne comprenait pas tout.

    « Ils sont venus pour le prendre et ils l’ont attaché ici, loin de l’eau. Ils l’ont gardé plusieurs jours et ils criaient beaucoup. Ils disaient : « Dis-nous où il est ! Dis-nous où il se cache ! » Puis quelqu’un est arrivé et ils ont dit : « Peu importe. Nous l’avons trouvé ! » Ils parlaient de Onze Forces, mais je ne sais pas ce que c’est. Et après, ils sont partis en le laissant ici, à moitié mort. J’ai essayé de l’aider, mais il m’a juste dit dans ma tête : Si tu le vois, donne lui ceci. Et j’ai vu l’image de celui qui était avec vous dans ma tête. Après, il est mort. »
    Les larmes recommencèrent à couler sur les joues de l’enfant.

    Sam s’approcha du cadavre. Il devait appartenir au peuple de Kheves : il semblait souffrir de la même façon du manque d’eau. Un frisson glacial parcourut le dos de la jeune femme quand elle contempla les restes noircis et desséchés. C’est le sort qui attendait Kheves s’il était resté enfermé un peu plus longtemps dans sa cage.

    A cette pensée, elle se précipita dehors et regarda désespérément l’horizon. « Reviens ! » pensa-t-elle de toutes ses forces.
    « Je suis là… »
    Le soulagement qu’elle ressentit fut si intense qu’elle eut l’impression que ses genoux la lâchaient.
    La voix s’était formée dans son esprit et il fallut quelques minutes pour qu’elle voit Kheves émerger de l’eau, à quelques dizaines de mètres d’elle.
    Sans réfléchir, elle se précipita sur lui pour l’enlacer.
    Elle le sentit sourire et il serra également ses bras autour d’elle, un peu surpris de cet accueil.

    Quand elle le regarda, ce fut avec douleur, car elle savait que ce qu’elle allait lui apprendre le rendrait malheureux. Et en effet, quand il vit ce qui restait du prisonnier, dans la grotte, la souffrance tordit son visage.
    Il s’agenouilla et décrocha délicatement le coquillage de la main du cadavre. « Il m’a laissé un message… » murmura-t-il.
    Sam haussa les sourcils, sans comprendre.
    Kheves leva alors lentement le coquillage et le porta à son oreille.

    "Si tu est là, où tu te trouve actuellement, c'est que tu as réussi à t'échapper ; Que la mère Océane en soit remercié, bénie soit elle. Mais cela veut dire aussi que je ne suis probablement plus de ce monde… Ecoute moi bien ! Les hommes qui nous menacent sont déterminés et sans pitié. Leur chef est un maître Telvanni, il mène des recherches sur notre peuple, et particulièrement sur notre capacité télépathique, c'est le mot qu'il a employé, j'ai compris qu'il parlait du lien mentale que nous établissons entre nous et les autres créatures. Tu dois retrouver Lémurios et l'informer du danger. Pour sortir de cette sphère, le petit homme, s'il est toujours vivant, devrait pouvoir t'aider. La tâche qui t'incombe est immense, mais tu est notre seul espoir, ne perds pas courage, Adieux "

    A la fin du message, Kheves resta un moment immobile, incapable d'émettre la moindre pensée, figé par le désespoir et l'immense tristesse qui commençaient à le submerger.

    Sam et le jeune garçon, n'osèrent pas intervenir, conscient tous deux du choc que subissait Kheves.

    "As-tu toujours ma Dague ?" La pensée de Kheves fit presque sursautée Sam.
    "oui je l'ai toujours dans mon sac" répondit-elle, tout en ouvrant le petit sac. Sam en sorti la dague et se dirigea lentement vers Kheves, " tiens là voila" reprit-elle.
    Kheves prit la dague et introduisit la lame dans une des extrémités du coquillage, à cet instant le coquillage s'ouvrit en deux pour laisser apparaître une grosse perle, presque aussi grosse qu'une pomme. Sam, qui était maintenant juste à coté de Kheves ne put s'empêcher de s'exclamer " par Azura elle est magnifique !" , et elle était magnifique !!
    De multiple reflet parcourait la surface de la perle dans un mouvement lent et régulier comme une pulsation…
    "Kheves ? qu'est ce que c'est ? On dirait presque qu'elle est en vie ?"
    "En quelle que sorte" répondit Kheves " Nous les appelons des Oosphères, elles contiennent l'essence femelle de notre monde, elles nous permettent d'ensemencer les océans et les mers afin que notre peuple puissent y prospérer. Je crois que c'est ce que cherchent le Telvanni."
    "Le Telvanni ! " s'écria Sam à haute voix ! " tu sais qui est responsable de tout cela ? C'est le message de ton ami ? Qui est ce monstre de Telvanni ? Où se cache-t-il que je lui …"
    "Sam ! Calme toi" les mots de Kheves était emprunt d'une douceur apaisante que Sam n'avait jamais encore ressenti. L'effet fut immédiat et malgré la situation, elle éprouva une forme de sérénité, d'apaisement… " c'est un maître Telvanni selon Selki, mon ami qui est là devant nous… Mort ; Les miens courent un grave danger, je pense qu'il cherche à récupérer des Oosphères pour capturé notre essence et sans doute la manipuler. Heureusement ces imbéciles ne se sont pas douter que le coquillage abritait ce qu'il cherchait. Sam, Je dois protéger mon peuple, et venger la mort de Selki.
    J'aurais besoin de ton aide, Sam ? M'aideras -tu ?"
    " Evidemment Kheves, je serais à tes cotés, je ne peux pas te laisser tomber, tu es important à mes yeux ! Euh ..enfin... Je veux dire que oui je veux t'aider"
    Kheves avait relevé la tête et les visages de nos deux aventuriers se faisaient face.
    Sam ne peut s'empêcher de fixer le regard de Kheves, ses yeux étaient comme deux topazes et semblaient scintiller comme jamais.
    Un gloussement interrompit ce moment de "communion", Kheves et Sam se tournèrent vers l'enfant qui semblait avoir un peu de mal à réprimer un rire un peu gêné.
    "Eh ! Dis donc toi " dit Sam d'un ton amusé " petit polisson ! ; Mais au fait quel est ton nom ?"
    "Jocien M'Dame, Jocien Motierre M'Dame"
    "Il sait comment sortir d'ici" la pensée de Kheves s'exprima pratiquement en même temps que la réponse de Jocien. Sam à peine pris de court, continua "Eh bien Monsieur Jocien Motierre ! Vous êtes un brave et courageux garçon, dis, tu sais où on est et comment on peut sortir ?
    "Oui M'dame, j'ai entendu le chef parlé, il disait que c'était un célesto... Non, un celestrio... Oh zut ! mais c'est dure à dire !!! Attends M'Dame, ah oui un cé -les-tio-drome ! oui c'est bien ça le mot." Répondit Jocien tout heureux et satisfait d'avoir pu prononcer un nom aussi difficile. " Pour sortir, il faut attendre la prochaine vidange"
    "Vidange ? " reprit Sam.
    "Oui M'Dame, vous savez quand l'eau se met à tourner avec plein de bruits, ça va recommencer bientôt, faudra qu'on rentre dans la bulle et hop ! On sera dehors !"
    "Nous avons notre porte de sortie" dit Kheves " en attendant j'aimerais enterrer les restes de mon ami Selki"
    "je t'accompagne" répondit Sam, "Jocien, on va enterrer l'ami de Kheves, peux tu surveiller la mer et nous avertir dés que la vidange commence, et puis Jocien tu peux m'appeler Sam tu sais, et mon ami là c'est Kheves"
    "Oui M'D... Sam, Oui Sam je vais surveiller" répondit Jocien tout fier du rôle important qu'on lui avait attribué.
    Sam et Kheves commencèrent à creusé dans le sable avec leur main. Un fois le trou de taille suffisante ils allèrent sortir la dépouille de la grotte et la déposèrent dans la tombe improvisée.
    Après un moment de silence et de recueillement, Sam et Kheves rejoignirent Jocien qui scrutait avec précisions la surface de l'eau.
    Pour l’instant, tout semblait calme.
    « Heu... dit Sam avec un air gêné, je m’absente une seconde... il faut que j’aille au petit coin... » Elle rougit, baissa la tête puis tourna les talons et s’enfonça dans les hautes herbes qui poussaient en bordure de plage.

    Quelques minutes plus tard, elle s’apprêtait à rejoindre ses amis quand une sensation bizarre brouilla son champ de vision. Elle s’arrêta, comme prise d’un vertige et ferma les yeux un instant. Quand elle les rouvrit, elle comprit ce qui se passait : le dôme de verre -le célestiodrome- bougeait. Il se contractait, semblait rapetisser. C’est ce phénomène qui provoquait des changements visuels, un peu comme un mirage. Intriguée, Sam observa les bords du dôme se rapprocher progressivement.
    « Ce doit être pour ça, la vidange. Un nouveau dôme prend la place de l’ancien... Mais pourquoi ? A quoi sert ce célestiodrome ? Et pourquoi peut-on en sortir grâce à la bulle ?» Elle avançait vers la plage tout en réfléchissant. L’eau commençait à frissonner, marquant le début du processus.

    Le dôme, quant à lui, était de plus en plus près et ses bords la frôlèrent, comme si elle était traversée par une bulle de savon. Il était maintenant semblable à une énorme sphère et se réduisait encore autour de Kheves, à quelques mètres d’elle. Dans la mer, le vortex s’était recréé et la bulle de « sortie » commençait à émerger des vagues. Brusquement, une intuition foudroya Sam.
    « Un piège ! »
    Elle courut vers Kheves et réussit à franchir ce qui restait du dôme, qui continuait de se resserrer autour de son ami. Sans avoir le temps de lui expliquer, elle le poussa de toutes ses forces et il fut éjecté du célestiodrome juste au moment où celui-ci brilla et se solidifia d’un coup.
    Sam se retrouva piégée à l’intérieur. Les parois étaient redevenues dures comme du verre.

    Kheves, catapulté dans le sable, se redressa vers elle et lui lança un regard de reproche et d’incompréhension. Quand il la vit tambouriner contre la sphère sans parvenir à en sortir, il comprit qu’elle l’avait sauvé, une deuxième fois.

    L’eau bouillonnait de plus en plus fort et à l’instant où la bulle apparut entière au-dessus des vagues, un autre célestiodrome commença à se mettre en place. Simultanément, la prison de Sam s’éleva dans les airs.
    « Vite, lui cria-t-elle mentalement, fuis dans la bulle, sinon, tu seras piégé par le prochain dôme.

    Elle ne sut pas s’il l’avait entendue car elle dut se concentrer sur sa propre survie.
    La sphère dans laquelle elle était enfermée montait de plus en plus vite en direction du ciel et la pression que cela exerçait sur son corps était difficilement supportable. A un moment, elle s’évanouit.


    Quand Sam reprit ses esprits, elle se trouvait dans une grande pièce circulaire, sombre et organique. Des sortes de racines parcouraient les murs et une odeur de champignon la prenait à la gorge.
    Elle se redressa et s’assit en tailleur pour faire le point : elle se trouvait dans une cage fongique. De part et d’autre, elle distinguait d’autres cages semblables à la sienne. Les prisonniers étaient de toutes races (humains, elfes, argoniens, khajiits...) mais surtout de la race de Kheves. Ils formaient l’écrasante majorité des prisonniers. A sa droite, l’un d’eux la regardait avec compassion, entre les barreaux tortueux.

    « Tu es arrivée il y a peu, ça se voit...
    -Oui, répondit Sam. Où est-ce qu’on est ?
    - Je ne sais pas exactement. Peut-être sur la péninsule Telvanni, mais je n’ai pas pu sortir, alors ce n'est qu'une supposition.
    - Est-ce qu’ils vous donnent à boire ? s’inquiéta Sam, qui n’en pouvait plus de voir ces créatures souffrir du manque d’eau.
    - Un petit peu... Mais comment sais-tu de quoi nous avons besoin ? »
    Le prisonnier se recula imperceptiblement avec un air méfiant.
    - « J’étais avec l’un d’entre vous quand j’ai été capturée : Kheves.

    La méfiance se changea aussitôt en surprise, en espoir, en exaltation :
    - Kheves est toujours vivant ! Quel miracle ! Quelle bonne nouvelle ! » La joie inondait le visage du prisonnier. « Alors, tout n’est pas perdu.
    - Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tant de prisonniers ? Qui est à l’origine de tout ça ?
    - Ce sont des magiciens corrompus qui se sont regroupés dans une secte dirigée par un Archimage Telvanni. Ils se font appeler les "Kena Dun Gah Julan", les "Sombres Chercheurs du Grand Avantage", en chimérique. Ils veulent nous forcer à leur enseigner le lien mental. Ils espèrent ainsi frapper leurs ennemis directement dans leur esprit pour les anéantir sans combattre et en toute discrétion. Ils excellent dans l’illusion et l’altération et nous ont capturés dans des boules de verre.
    - Mais pourquoi y a-t-il d’autres prisonniers ? Et que comptent-ils faire de vous ?
    - Les prisons de verre ne sont pas infaillibles. Parfois, d’autres personnes se laissent piéger, comme toi. Pour répondre à ton autre question, ils nous torturent, font des expériences sur certains d’entre nous, essaient de comprendre comment nous parvenons à communiquer. Mais surtout, ils cherchent notre dirigeant, le chef du Grand Conseil : Lémurios, et les Quatre Conseillers. Ce sont les personnes les plus importantes de notre peuple et elles sont indispensables à notre survie. Kheves est l’un d’eux.
    - Pourquoi sont-ils si importants ?
    - Ils ont de grandes connaissances. Et ils ont tous une capacité particulière. Lémurios, par exemple, peut résister au manque d’eau car il a le pouvoir d’absorber l’humidité ambiante. S’ils le capturent, ils pourront exercer un chantage implacable sur notre peuple et nous serons forcés de les aider ou de disparaitre. »

    Un grand silence suivit cette déclaration.
    Sam se sentait très abattue. Elle espérait que Kheves ait réussi à s’échapper à temps.
    Elle ne savait pas où il se trouvait, à présent. Pourrait-il localiser Lémurios ? Est-ce qu’il viendrait la chercher, elle ? Comment pourrait-elle l’aider, maintenant qu’elle était prisonnière à son tour ?

    Sur la côte à quelques kilomètres de là, Kheves et Jocien se remettaient du petit "voyage" dans la bulle du Célestriodrome, voyage qui leur avait permis de s'en échapper.
    "Tu vas avoir mal à la tête, mais ça passe vite " dit Jocien " c'est normal ça fait toujours ça"
    "sais-tu où nous sommes ? " demanda Kheves.
    "Nous ne sommes pas loin de Tel Fyr, sur un petit ilot, en plein territoire Telvanni, on doit pas pas rester là, viens je sais où nous cacher."
    Kheves suivit Jocien, ils se dirigèrent vers une autre ile à peine plus grande, " là j'ai une cachette, on y sera à l'abri je suis le seul à la connaître, et regarde le mer est basse on va pouvoir traverser"
    Jocien fut le premier arrivé sur l'île et pendant qu'il remettait ses chaussures, il observait Kheves qui en avait profiter pour se mettre à l'eau afin de se régénérer.
    " je reviens, va dans ta cachette" Jocien capta la pensée de Kheves et le vit plonger dans les eaux plus profondes un peu plus au large.

    Kheves continuait de s'éloigner de la côte est s'enfonça plus profondément dans la mer. Il repéra une grotte marine, et s'y dirigea.
    La grotte était en eaux profondes à l'abri des humains, personne, à part les siens, ne pouvait y avoir accès. A l'intérieur il se mit à creuser le sable, puis il déposa l'oosphère qu'il avait récupéré grâce à Selki. Il entrepris en suite de reboucher le trou et couvris le tout par des pierres.
    Une fois sorti de la grotte, Kheves ne retourna pas de suite à la surface, se laissant porter par la mer qui l'entourait, il se mit en état de transe.
    Son corps était maintenant parcouru de lumières iridescentes et secoué de pulsations régulières. Vue de l'extérieur le spectacle était hallucinant, de nombreux mammifères marins s'étaient peu à peu rassemblés, des pieuvres, des tortues… tous comme unis dans un ballet dont les mouvements se coordonnaient aux pulsations qui parcouraient le corps de Kheves.

    "Lémurios ! Lémurios ! Allez trouver Lémurios et transmettez cette pensée : Danger ! "

    Une fois ce cri télépathique émis, les dauphins furent les premiers à quitter les lieux suivis des autres mammifères puis des autres espèces . Tous partirent dans des directions différentes.

    Kheves mit fin à sa transe et entrepris de rejoindre la surface. Un fois à terre il n'eut pas de mal à localiser Jocien. Il le trouvas dans une grotte dont l'entrée était caché par les restes d'un navire échoué. Jocien s'affairait à préparer un feu, lorsqu'il vit Kheves son visage s'illumina d'un large sourire. " je me prépare à manger, et t'as vu ma cachette, elle est bien hein ?" . La grotte avait été aménagée par de bric et de broc récupérés ici et là, il y avait de quoi s'installer assez confortablement.
    " Tu as bien travaillé, ta cachette est confortable on dirait, nous passerons la nuit ici, et demain nous déciderons de ce qu'il faut faire, nous devons retrouver Sam et ce Telvanni."

    Dans la prison souterraine le cri télépathique de Kheves engendra une certaine agitation au sein des membres du peuples des mers, bien qu'affaiblis tous avaient ressentis la puissance de l'appel sans pour autant entendre le message, Sam, elle même avait ressenti quelque chose.






    Edited by Oddhagen on 11 octobre 2023 7:27
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    C'était bientôt l'heure du repas quand cela s'était produit.
    En effet, une fois par jour, un membre subalterne de la Secte Kena Dun Gah Julan passait nourrir les prisonniers. Ce n'était qu'un vague bouillon accompagné d'un peu de pain et d'un gobelet d'eau, mais c'était suffisant pour les maintenir en vie.
    Sam réfléchissait à sa situation quand ses réflexions avaient été interrompues. On aurait dit des interférences, comme si elle n'était plus aux commandes de son propre esprit. Et elle avait senti une présence. La présence de Kheves... en elle.

    Cela n'avait duré qu'une seconde, peut-être deux.
    Sonnée, elle regarda autour d'elle et décela sur les visages qui l'entouraient (ceux du peuple des mers) la même expression déroutée.
    "C'est Kheves !" dit-elle à voix haute. Il n'est pas loin.
    -Oui, nous l'avons senti."

    Les autres prisonniers les observaient sans comprendre, car ils n'avaient pas ressenti l'appel. Alors Sam leur expliqua succinctement ce qui se passait.
    "Il faut faire quelque chose ! s'exclama un Khajiit à la carrure impressionnante (probablement un Pahmar) qui était enfermé à la gauche de Sam.
    - Je sais, je le voudrais aussi, mais je ne vois pas comment on pourrait aider depuis ce sous-sol, se désola la jeune femme.
    - Il faut sortir d'ici.
    - L'adepte qui nous apporte à manger n'a pas les clés de nos cages, seul son chef possède un trousseau, fit remarquer une Argonnienne.
    - Alors il faut trouver un moyen de le faire venir...
    - J’ai une idée. Mais je vais avoir besoin d’aide pour le neutraliser... Quelqu’un de fort... dit Sam en fixant le Khajiit.

    Les minutes suivantes furent occupées à élaborer un plan et quand la trappe s’ouvrit pour laisser entrer le porteur des repas, tous étaient prêts.

    Ils attendirent que tous soient servis, car ils auraient besoin de toutes leurs forces ce soir-là.
    Au moment où l’adepte ramassait son plateau et se préparait à repartir, Sam lui lança :
    « J’ai des informations sur ce que vous cherchez. Je suis prête à parler ! »
    Les autres prisonniers se mirent aussitôt à lui crier des injures et à la traiter de sale traitre. Ils s’agitaient et secouaient les barreaux de leurs cages. L’homme jeta des regards effrayés autour de lui et recula en disant qu’il allait en aviser son supérieur.

    Quelques instants plus tard, un elfe noir visiblement plus gradé descendit et s’approcha de Sam. Elle semblait terrorisée par les cris de ses codétenus. Elle essaya de lui parler, mais le raffut que produisaient les prisonniers était tel qu’il était impossible d’entendre quoi que ce soit.
    Le chef sortit alors son trousseau de clés et entreprit d’ouvrir la porte. La jeune femme, craintivement, s’avança vers la sortie et se blottit contre l’homme comme si elle cherchait sa protection. Il la toisa mais la laissa faire. En passant devant la cage du Khajiit, elle poussa soudain violemment l’elfe noir contre les barreaux et le prisonnier agrippa le bras puis le cou du chef. Ce dernier se débattit, mais le Pahmar le tenait fermement. Il lui serra la gorge jusqu’à ce que son corps sans vie s’affaisse lourdement.

    Un cri d’exaltation parcourut l’ensemble de la prison.
    Sam se précipita vers le cadavre pour lui prendre le trousseau de clés et commença à libérer un à un tous les détenus.

    Pendant qu’elle terminait cette tâche, le Khajiit, libéré en premier, monta les quelques marches qui menaient à la trappe. Des bruits de lutte se firent entendre, puis il reparut avec le subalterne qui fut emprisonné à la place de l’Argonienne.

    Une fois hors de danger et libérés, les prisonniers se regroupèrent au centre de la pièce circulaire.
    Des sourires et des expressions de joie illuminaient leurs visages. Certains, toutefois, avaient l’air épuisés et d’autres restaient préoccupés. Sam étaient de ceux-là.
    « Nous ne sommes pas encore sauvés, dit-elle. Prenons le temps de réfléchir avant de nous précipiter dehors. Ce serait vraiment bête d’être capturés à nouveau sitôt sortis.
    - En premier lieu, restaurons nos forces, dit l’être qui était auparavant à la droite de Sam.
    - Prenez notre eau. Nous avons le bouillon, cela nous suffira, suggéra une Brétonne. »
    Tous les membres du peuple des mers reçurent une ration supplémentaire d’eau et en échange, ils donnèrent leur pain. Cela semblait convenir à tout le monde.
    Au bout de quelques instants, les peaux s’étaient éclaircies et bleutées. L’Argonienne les regardait avec admiration.

    « Je m’appelle Achélos, dit l’ancien voisin de cellule de Sam. Merci pour ton aide, tu as été incroyable.
    - De rien, répondit Sam en rougissant un peu (les compliments la rendaient toujours nerveuse)
    - Tu sais, c’est très rare qu’une humaine ressente nos communications télépathiques. Je veux dire, sans que nous l’ayons vraiment décidé... Le lien que tu as avec Kheves est étonnant. » Il se tut un instant puis reprit, pensif :
    « Peut-être le fait que tu l’aies sauvé de la mort, la première fois... Cela a créé une connexion particulière entre vous... »
    A nouveau, le silence se fit. Il ajouta enfin :
    « Viens, il faut que nous signalions notre présence, et je crois que tu as ta place parmi nous. »

    Sans qu’il ait eu besoin d’expliquer quoi que ce soit, tous les membres du peuple des mers se rapprochèrent, formèrent une ronde et se prirent les mains. Sam entendit dans son esprit : « Nous sommes trop faibles pour émettre un message seuls, mais tous ensemble, nous avons plus de puissance : plusieurs petites flammes peuvent créer une lumière intense ; des gouttes d’eau forment la mer immense. »

    Elle aussi faisait partie de la ronde et les mains qui prenaient ses doigts lui communiquaient des sortes de fourmillements, des frissons qui étaient plutôt agréables.
    Une pensée globale se forma dans leurs esprits unis : « Nous sommes libres, au moins en partie. Nous sommes ici. Nous allons essayer de sortir mais nous ne savons pas encore ce qui nous attend dehors. Reste prudent. Ne prends pas de risque pour nous : nous sommes nombreux et solidaires. Sauve ce qui peut l’être sans te mettre en danger car tu es précieux. »
    Et cette pensée était dirigée vers Kheves.

    Edited by Mysanne on 25 octobre 2023 7:02
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    Les dauphins furent les premiers à atteindre Lémurios qui venait de capter la pensée des prisonniers. Les cétacés s'agitèrent autour de lui sauf l'un d'entre eux qui s'approcha au plus près pour lui délivrer le message de Kheves. Il avait déjà constaté la disparition de plusieurs oosphères, son inquiétude se voyait ainsi confirmée, leurs disparitions n'étaient pas accidentelles.
    " je dois d'abord retrouver Kheves", pensa-t-il, "il m'avait déjà fait part de son inquiétude avant sa disparition, et peut-être sait-il où se trouve Selki, lui aussi semble avoir disparut." Lémurios se mit en route et avec l'aide des dauphins, il alla rejoindre Kheves.
    Par chance ils n'étaient pas très éloignés, le voyage ne pris que quelques heures… Les retrouvailles furent chaleureuses, nés de la même oosphère , le lien qui les unissaient était fort.
    "Kheves ! Tu es vivant ! où étais-tu ? Que se passe -t-il ? j'ai tant de question à te poser…"
    " Lémurios, mon frère, j'ai été enlevé, séquestré, torturé… Si Sam ne m'avait pas libéré et aidé je serais mort, je te raconterais toutes nos aventure plus tard, il faut faire vite et aider les nôtres qui sont prisonnier."
    "Sam ?? Qui est Sam ?? S'enquit Lémurios.
    "Ah, Sam... Je te l'a présenterais elle est prisonnière, elle aussi, nous devons aller les sauver."

    "Bonjour M'sieur ! Je m'appelle Jocien, Jocien Motierre, M'sieur"

    Lémurios se retourna pour voir d'où provenait cette voix de petit d'hommes. Jocien poursuivit " j'ai été prisonnier, moi aussi, avec Selki et…" les larmes montaient aux yeux de Jocien qui ne pu terminer sa phrase et s'effondra en sanglot.
    "ils l'ont tué M'sieur... j'ai pas pu l'aider M'sieur..."
    Lémurios accusa le coup, "Selki était donc mort."
    "Calme toi Jocien, calme toi, tu as fait ce que tu pouvais, je suis sur que Selki t'en ai reconnaissant, tu m'a montré ton courage et tu nous as bien aidé, Sam et moi."
    "J'ai besoin que tu sois fort, encore, Lémurios et moi allons chercher les prisonniers, nous les cacherons ici en attendant, ta cachette sera notre quartier général, tu veux bien, je sais je t'en demande beaucoup." poursuivit Kheves.
    "Le QUARTIER GENERAL !!! Oui Kheves oui !!! je vais tout bien ranger et chercher à manger, ils vont avoir faim..."

    Lémurios et moi allons te laisser, nous allons revenir avec nos amis. Je compte sur toi.
    Une fois dehors, Kheves et Lémurios plongèrent dans l'océan, une fois à bonne distance de la côte, ils joignirent leur mains, se laissèrent flotter et se mirent à sonder les environs.

    "Ils sont là !" la puissance télépathique de Lémurios avait rendus la recherche plus rapide. Tous deux se dirigèrent vers la prison. Arrivés à proximité ils remontèrent à la surface de l'eau pour observer les alentours. Un galion était arrimé au port d'une petite île, l'équipage semblait nombreux, la lueur des torches l'attestaient. Tous semblaient occupés à décharger une volumineuse cargaison. Plus en hauteur, dominait une tour de pierre entremêlée de racines et de champignons gigantesque dans le plus pure style Telvanni .
    "il y a a là une force d'une puissance rare, l'as-tu ressenti Kheves ?"
    "Oui, cela ressemble à un champ magnétique, mais c'est différent, les humains appelle cela "magie" je crois et celle-là est puissante oui je la ressens. Qu'allons nous faire ?"
    "Je sens la présence de notre peuple pas loin, sans que ce "champ magique" ne me gène, c'est étonnant..." repris Lémurios.

    "Ils sont sous terre !!! Une grotte, oui c'est ça leur prison doit être sous cette tour, sous terre. Faisons le tour de l' ile, nous verrons si nous arrivons à mieux les localiser." pensa Kheves.
    Si tôt dit si tôt fait, l'ile était assez petite et il ne fallu pas très longtemps pour que Lémurios et Kheves constate qu'à un endroit précis la parois rocheuse qui les séparais de leur amis semblait moins épaisse.

    " Sam ???" pensa Kheves

    "Kheves !? C'est toi ? Tu es là ?" La réponse de Sam emplis d'excitation et de surprise parvint rapidement à Kheves.

    "Je suis là Sam, avec Lémurios, nous allons vous sortir de là."

    "J'ai une idée, Kheves, nous allons avoir besoin de nos alliés… et de réveiller …Lyngbakr ! "

    "Lyngbakr !!! En es-tu sûr ?? s'exclama Kheves

    "Nous devons le convaincre de nous aider ; Ecoute, je vais allez le trouver et le réveiller, pendant ce temps appelle nos alliés , les pieuvres et les crabes surtout, qu'ils commencent à creuser la roche pierre par pierre, nous allons percer ce mur de roches pour faire sortir nos amis. Nous aurons besoin des dauphins pour les amener rapidement à la surface. je te laisse leur expliquer le plan. je pars à l'instant."
    Kheves expliqua à Sam le plan d'évasion, celle-ci s'empressa à son tour de prévenir ses compagnons d'infortune. L'excitation mêlée d'inquiétude était à son comble, à l'intérieur de la prison.
    " Ne vous inquiétez pas" dit Sam " ceux qui ne savent pas nager seront aider par nos amis du peuple des mers. Préparons nous et entassons dans une cage les objets qui pourraient nous blesser lorsque l'eau pénétreras dans la pièce ; Il faut aussi barricader la porte." Sous l'impulsion de Sam tous se mirent au travail.

    Pendant ce temps, les pieuvres, crabes et autres alliés s'était déjà mis au travail avec précisions, tous s'attaquaient au mur de roches en retirant une à une les pierres et racines afin de percer une ouverture.

    A quelques heures de là, Lémurios faisait face au Lyngbakr. La créature gigantesque impassible percevait les pensées de Lémurios, ses suppliques ses prières et surtout la peur qu'il éprouvait si ceux du dessus parvenaient à leurs fins. Comment osaient-ils touchés aux oosphères, ils profanaient ainsi Mère Océane. La colère montait et la décision fut rapide.
    "je ne peux laisser faire cela, dis moi ce que tu attends de moi" La pensée du Lyngbakr fut brève mais intense, Lémurios avait eu sa réponse.
    De retour à l'ile "prison", à bonne profondeur, de façons à ne pas être repérés, Lémurios expliqua la situation et son plan au Lyngbakr.
    " je vais avoir besoin de ta puissance pour faire diversions, vois tu le navire en surface, coule le, emporte le dans les profondeurs, ensuite attaque toi à la tour, pendant ce temps nous allons continuer à percer le mur de roche pour sauver nos amis. Es-tu prêt ?"
    " je me charge de ce navire et de cette tour, à toi de jouer pour le reste"

    Lémurios retourna auprès de Kheves, et rendit compte de la situation. Au même moment l'équipage du Galion encore affairé à décharger la cargaison du navire s'arrêta net lorsque la vigie du port donna l'alerte "La mer, la mer, regardez ! Quelque-chose est entrain de faire surface" à peine ses mots prononcés que déjà deux énormes tentacules enlacèrent le navire et le firent craquer comme du bois sec, en l'espace de quelques secondes il fut entrainer au plus profond de la mer, équipage et cargaisons.
    De nos nouveaux à la surface le Lyngbakr s'attaqua au quai et le brisa en quelques coup de tentacule, la panique avait gagné les gardes du port et les quelques membres de l'équipage qui revenaient de l'entrepôt. En quelques minutes plus rien du port ne subsistait, ceux qui n'avaient pas été emportés dans les eaux se réfugiaient dans la tour.

    "Sam, prépares-toi, le mur est presque percé, l'eau va pénétrer avec force mais n'ai pas peur nous sommes là !"
    Sam informa le reste du groupe et chacun se prépara, la tension était palpable, tous s'agrippèrent les uns aux autres, prêt à retrouver leur libertés.
    A la surface , le Lyngbakr utilisait toutes sortes de projectiles contre la tour, arrachant avec ses tentacules des morceaux de racines de champignons…

    Enfin le mur céda, la mer s'engouffra violemment dans la prison, malmenant nos malheureux prisonniers agrippés les uns aux autres. Il fallait faire vite, Lémurios et Kheves rentrèrent dans la pièce maintenant inondées et avec l'aide du peuple des mers sortirent les prisonniers. A l'extérieur les dauphins les ramenaient à la surface, l'opération fur rondement menée, en quelques minutes l'ensemble des prisonniers était à l'air libre, secoué, épuisé, mais libre !

    La prison inondée, les fondations de la tour furent fragilisées, les derniers coups portés pas le Lyngbakr suffirent à provoquer sa chute dans un immense fracas elle s'effondra laissant à sa place qu'un amas fumant de pierres, de racines et de bois.
    le fracas fit place à un silence de mort…

    Le "spectacle" fut observé avec effroi par nos évadés mais le sentiment qui dominait n'était pas la peur mais une forme de satisfaction : Justice a été rendue.
    Lémurios et Kheves s'empressèrent de retourner vers le Lyngbakr : "sois remercié puissant Lyngbakr, ton aide a été plus que précieuse, sans toi nous n'aurions pas pu libérer les nôtres et punir nos ennemis"
    " Votre demande était juste, je me devais d'intervenir, vos ennemis, nos ennemis, ne sont pas réduit à néant pour autant, je retourne là ou tu m'as trouvé, je resterais en veille au cas où" répondit le Lyngbakr.

    Kheves et Lémurios rejoignirent les évadés, il était temps de retourner au "quartier général" prendre du repos, fêter cette victoire, et décider de l'action à mener. Le combat n'était pas terminé"
    Edited by Oddhagen on 27 octobre 2023 5:41
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    "Tout d'abord, mes amis, mangez un peu : notre cher Jocien que voilà vous a trouvé quelques provisions."
    Les ex-prisonniers remercièrent chaleureusement le garçon qui rougit de fierté et se mit à sourire béatement.

    Les membres du peuple des mers n'avaient pas vraiment besoin de manger : le séjour dans l'eau entre la prison et la cachette de Jocien les avait revigorés. Sam se trouvait à côté d'Achélos et elle lui demanda : "Je n'arrive pas bien à comprendre pourquoi cette secte en a après Kheves. S'ils ont des oosphères, pourquoi continuent-ils à capturer des gens ? Est-ce qu'ils n'ont pas tout ce qu'ils recherchent ?
    - Pas vraiment, répondit Achélos. Les oosphères ne sont que la partie femelle et elles ne peuvent pas engendrer de nouvelle créature toutes seules. Il faut l'intervention d'un mâle de l'espèce. Mais contrairement à ce qui se passe pour les autres races, nous n'avons pas besoin d'un apport physique. Une stimulation mentale suffit.
    - Ah... donc vous établissez un lien télépathique avec les oosphères pour leur demander de faire des bébés ?
    - C'est un peu ça, mais c'est plus subtil. Il faut les mettre en confiance, les cajoler, les rassurer. C'est comme s'il fallait les séduire et quand on y arrive, elles s'épanouissent et libèrent des graines qui se développeront en nouveaux êtres vivants.
    Si le mâle qui les séduit est très fort, il y a de nombreuses graines. C'est pour cela que Kheves est très important. Il est le plus doué que nous ayons connu depuis des décennies. Il a un vrai don pour parler aux oosphères."

    Sam se mit à rire : "En fait, il est important parce que c'est un vrai charmeur, c'est ça !?
    - Oui, approuva Achélos en souriant. Il est très talentueux. Sa voix est particulièrement apaisante et mélodieuse et les oosphères sont extrêmement fertiles quand il s'en occupe. C'est bien plus difficile qu'il n'y parait... Moi, par exemple, j'ai essayé pendant des jours d'amadouer une oosphère et je n'ai même pas réussi à la réveiller. Elle était toute pâlichonne. On aurait dit un banal œuf rond. Kheves s'est approché d'elle et elle a commencé à s'illuminer. Il l'a prise dans ses mains et des reflets chatoyants l'ont parcouru... c'était indécent !"

    Sam ne put s'empêcher de pouffer de rire en imaginant la scène et en voyant la mine jalouse et vexée d'Achélos quand il repensait à son échec. Décidément, ce peuple était plein de surprises.
    "Mais si les oosphères ne se réveillent qu'avec l'intervention de l'un des vôtres, vous ne risquez pas grand chose. La secte ne peut rien faire.
    - Le problème, reprit Achélos, c'est que nous n'avons qu'un nombre limité d'oosphères. Si ce fou de Telvanni leur fait du mal, elles ne pourront peut-être pas procréer à nouveau. Elles pourraient peut-être même mourir, et la survie de notre peuple serait menacée."

    Après ces dernières paroles, tous deux restèrent silencieux et pensifs.
    Lémurios, qui parlait avec Kheves jusque là, se mit au centre de l'attention et demanda que chacun se rapproche. Il fallait décider des actions à mener pour les prochains jours.



    Pendant que le peuple des mers et ses alliés se regroupaient pour envisager la suite des évènements, à quelques lieues de là, dans une magnifique mais ténébreuse tour Telvanni, l’archimage Draynen Telvanni fulminait.

    « Comment avez-vous pu laisser échapper un prisonnier si capital pour nos intérêts !? »
    Devant lui, agenouillé et l’air misérable, le haut dignitaire qui avait capturé Kheves à Onze Forces se répandait en excuses.
    - Une jeune femme s’est introduite dans la tour et elle l’a aidé à s’enfuir... Il m’a paralysé avec des visions, je n’ai rien pu faire...
    - Incapable ! Berné par un sous-homme à moitié crevé et par une bécasse sans défense. »
    Tant de mépris déformait les traits de l’archimage qu’il avait l’air au bord de la syncope.

    C’est à ce moment qu’un messager entra dans la grande salle où trônait Draynen et lui présenta une missive des plus urgentes.
    L’archimage déplia le parchemin, parcouru le message et explosa :
    « Incapables, tous des incapables ! Je suis entouré de vauriens, de minables, de ratés ! Vous ne méritez pas de me servir ! Vous ne méritez même pas de respirer le même air que moi ! »
    Là-dessus, au comble de l’exaspération, il brandit son bâton noueux vers le messager et le pulvérisa sur place. Un petit tas de cendres subsista à l’endroit précédemment occupé par le malheureux.
    L’ancien geôlier de Kheves, toujours à genoux, se recroquevilla sur place en espérant se faire oublier, mais il subit le même sort et un peu de fumée s’échappa de lui quand il disparut.

    Partiellement calmé par ces meurtres, Draynen Telvanni respira profondément et essaya de rassembler ses idées.
    Il ne pouvait décidément compter que sur lui.
    Il se rassit sur son trône et ferma les yeux, faisant le point de la situation.
    Le prisonnier nommé Kheves avait réussi à s’échapper par deux fois. Celui appelé Selki était mort avant d’avoir donné des informations dignes de ce nom. Le peuple des mers et les esclaves enfermés dans la prison souterraine avaient réussi à se libérer grâce à un monstre marin surgi de nulle part... Que des mauvaises nouvelles...

    Heureusement, tout n’était pas perdu.
    Il avait réussi à collecter plusieurs oosphères et avait mis au point un protocole pour les corrompre. Les créatures auxquelles elles donneraient naissance seraient altérées. Elles seraient comme des zombies qu’il n’aurait plus qu’à contrôler. Il pourrait ainsi les utiliser et les diriger pour anéantir les mages concurrents et devenir le seul représentant digne de diriger la maison Telvanni. Avec le contrôle des esprits, il serait le maitre incontesté de toute la péninsule. Tous les mages seraient obligés de se ranger de son côté et la conquête de Vvardenfell en entier serait alors à portée de main.

    Un sourire tordit sa bouche à cette idée.
    Il ne lui manquait qu’une chose.
    Ce Kheves avait un rôle à jouer pour faire éclore les oosphères. Il ne comprenait pas encore bien comment, mais il progressait.
    D’après ce qu’il avait appris, les naissances ne se produisaient que si l’environnement était propice : détendu, sûr et accueillant. Les oosphères restaient en sommeil tant que quelqu’un ne les encourageait pas à s’éveiller et à fructifier. Or toutes ses tentatives avaient échoué.

    Il avait fabriqué un philtre pour ôter toute volonté aux nouveau-nés et les forcer à lui obéir, mais tant qu’aucune naissance ne se produisait, toutes ces recherches étaient vaines. Et l’efficacité sur les adultes était très réduite. Ils préféraient se laisser mourir plutôt que de coopérer. C’était rageant !
    Il ne parvenait pas à bluffer non plus, à cause de leur lien télépathique.
    Il avait essayé de faire croire à des prisonniers qu’il détenait Lémurios, leur chef, et il avait menacé de l’emmener dans les Terres Mortes. Là, leur avait-il dit, sa capacité à absorber l’humidité ambiante serait nulle ! L’air était si sec et brûlant qu’il mourrait dans d’atroces souffrances... Mais les prisonniers s’étaient contentés de se concentrer un instant, comme s’ils écoutaient leurs pensées, puis de lui montrer un visage serein : ils savaient qu’il mentait. Il avait continué de les torturer en les privant d’eau, mais ils s’étaient laissé dépérir sans plier, acceptant leur destin sans trahir les leurs.

    Cependant, il disposait maintenant d’un atout. Il avait appris que Kheves semblait attaché à cette humaine qui l’aidait. Voilà un point faible sur lequel il pouvait jouer.
    Il allait se servir de cette femme pour forcer Kheves à déclencher les oosphères. Une fois qu’il aurait sa première portée d’esclaves télépathes, le plus difficile serait fait et l’ascension serait fulgurante.

    A nouveau motivé et optimiste, Draynen se leva et traversa plusieurs pièces richement meublées. Il parvint enfin devant une porte défendue par de lourdes chaines et par un sort puissant. Il la déverrouilla et pénétra dans la petite pièce sombre. Dans l’obscurité, les oosphères qu’il avait volées luisaient doucement, projetant des nuances nacrées sur les murs tortueux et noueux.
    La source de son pouvoir était là, pleine de promesses.
    Il s'approcha d'elles, mais aussitôt, leur lueur disparut et elles semblèrent ternes et maladives, alors il recula prudemment.
    Ce n'était pas le moment de tout gâcher.

    Le soir venu, l’archimage convoqua les plus hauts membres de sa secte.
    « Bonsoir, adeptes. (Il marqua un temps d’arrêt pour montrer l’aspect solennel de son discours. Pendant ces quelques secondes, il balaya l’assemblée de son regard sévère et hautain.)
    J’ai été très déçu par le comportement incompétent de certains d’entre vous et je n’ai eu d’autre choix que de m’en débarrasser. (Nouveau regard méprisant tandis qu’un frisson angoissé parcourait son public.) J’espère que cela ne se reproduira pas ! (La tête un peu levée, les sourcils haussés et froncés en même temps, il les toisa comme des enfants qui rentrent couverts de boue alors qu’ils sont en habits du dimanche. Les adeptes commençaient à se sentir penauds et baissaient la tête en signe de soumission.)
    J’ai malgré tout décidé de vous laisser une dernière chance. (Là, il plissa les yeux pour montrer qu’il ne fallait tout de même pas trop compter sur sa bienveillance et qu’ils n’avaient pas intérêt à le décevoir, cette fois.)
    Nous avons besoin de trouver une jeune femme nommée Sam. Le peuple des mers ne semble pas réceptif à la torture et c’est bien dommage ! Mais cette humaine peut être plus efficace pour faire pression sur la créature que nous recherchons. Trouvez-là et commencez immédiatement à la torturer.
    Elle n’appartient pas au peuple de l’eau, alors les techniques traditionnelles seront parfaitement adaptées. C’est une pécore insignifiante donc elle ne résistera pas très longtemps : n’y allez pas trop fort car si elle meurt, notre seul moyen de pression disparait.
    Dispersez-vous et trouvez-là ! Et... rappelez-vous : l’échec n’est pas envisageable ! »
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Pendant ce temps, dans un lieu secret à Artaeum...

    " Gardien, la Secte Kena Dun Gah Julan que nous observons depuis un moment, a été attaqué. L'une de leur base a été entièrement détruite, les prisonniers semblent avoir été sauvés par un des … Hum… des...dauphins."

    "Des dauphins dis -tu ?? voilà qui est intéressant, as -t-on rapporté la présence d'un poulpe, ou d'une pieuvre géante ?"

    "Gardien, nos espions ont juste retrouvé des traces, des marques, étranges qui laissent penser qu'un monstre marin soit intervenu, mais Gardien ! Vous ne semblez pas surpris ?"
    "Surpris ?? Non pas vraiment... Les événements qui viennent de se dérouler me font croire que nous sommes face à un "Oegnithr " nous devons agir !" Je crois qu'il est temps de réactivé, notre petit Jocien."
    "Bien Gardien, j'informe le conseil"

    A l'abri de la tempête qui s'abattait sur la péninsule Telvanni, réunis autour d'un feu, nos héros et leurs nouveaux compagnons d'infortune délibéraient de la manière dont il fallait mettre un terme au projet de l' Archimage.
    Le Khajiit ainsi que l'argonien proposèrent l'aide de leur clan et tribu, les elfes et les humains celle de leur guilde, de leur famille...
    Sam prit la parole
    "Merci à tous pour l'aide que vous proposez, mais n'oublions pas que notre ennemi est un très puissant Archimage, ses pouvoirs sont exceptionnels et... Jocien !! Que t'arrive -til ?"

    Jocien s'était soudainement dressé sans dire un mot, il se tenait debout, figé, son regard dans le vague.

    Une voix forte et puissante s'échappa de sa bouche
    "Je suis le Gardien de l'ordre des psijiques, je suis Lachésis le septième, Ecoutez moi !
    Nous surveillons les activités de la secte Kena Dun Gah Julan et de son impitoyable maitre l'Archimage Draynen ;
    Nous savons ce qu'il essaie de créer et nous ne le laisserons pas faire.
    Vous avez remporté une grande victoire en détruisant l'une de ses tours et en libérant ses prisonniers, mais vous avez alimenter sa colère et son envie de vengeance.
    Parce que nous ne pouvons accepté ce "mauvais changement" que risque de créer Draynen s'il réussi, nous, l'ordre des psijiques, nous allons vous aider. L'un d'entre nous est en route pour vous rejoindre, il ne devrait pas tarder"

    Edited by Oddhagen on 21 novembre 2023 3:34
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  • Mysanne
    Mysanne
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    Jocien cligna des yeux et regarda autour de lui. Il semblait désorienté. Tous ses compagnons le dévisageaient dans un silence pesant.
    « Euh, qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi est-ce que vous me fixez comme ça ? J’ai pété ? »
    Le garçon avait l’air tellement innocent et sa question était si spontanée que la tension retomba immédiatement et que tout le monde éclata de rire.
    « Non, Jocien, pas du tout ! Mais tu ne sais vraiment pas ce qui vient de se passer ? »
    Devant le regard interrogatif de l’enfant, les autres se mirent à parler tous en même temps pour lui expliquer :
    « Tu étais paralysé...
    - Et ton regard était tout bizarre...
    - Une drôle de voix est sortie de ta bouche...
    - Elle faisait peur...
    - C’était un chef Psijique...
    - Ils vont nous aider ! »

    Jocien réussit tant bien que mal à comprendre ce qu’il avait manqué. Ils n’eurent cependant pas le loisir de continuer leur discussion car un tremblement se fit dans l’air, une lueur ovale se forma et un portail apparut. Il en sortit un magicien de l’Ordre Psijique. Il avait la quarantaine mais la puissance irradiait de son être comme s’il était un sage millénaire. Il se présenta – il se nommait Belerien- et leur dit qu’il était là pour les aider.
    Les compagnons de Kheves lui expliquèrent leur plan et, le lendemain, ils étaient prêts.

    Plusieurs objectifs avaient été définis : le premier et le principal était de récupérer les oosphères et de les mettre à l’abri afin qu’une telle menace ne puisse plus jamais se produire.
    Le deuxième était de libérer tous les autres prisonniers de la secte, car il en restait à divers endroits de la Péninsule.
    Enfin, il fallait mettre un terme aux agissements de l’archimage Draynen et de ses sbires.
    Aussi, des groupes avaient été formés pour accomplir ces tâches simultanément et augmenter leurs chances de succès.

    Les humains et les elfes allaient former une délégation solennelle et dénoncer aux autorités de Necrom les desseins de Daynen Telvanni. Peu enclins à partager le pouvoir, il y avait peu de chances que les dignitaires en place prennent cela à la légère. Éliminer un rival était un de leur passe-temps favori. Toutefois, il ne fallait pas leur dévoiler le rôle des oosphères car ils étaient capables de vouloir continuer les recherches ignobles de l’archimage pour leur propre compte ! Les plus diplomates et subtils de l’équipe furent donc choisis pour cette mission.

    Les Khajiits et les Argoniens, quant-à eux, épaulés par le peuple des mers et les humains les plus costauds, allaient se déployer sur le terrain, battre les adeptes qu’ils croiseraient et chercher des prisonniers à délivrer.
    Souvent, ils avaient été pris par surprise : capturés lors de leur sommeil ou pendant qu’ils travaillaient, la plupart du temps seuls. A présent qu’ils étaient en groupe, préparés et armés, ils se montreraient bien plus redoutables.

    Enfin, Kheves, Achélos, le Psijique Belerien et Sam formaient le dernier groupe. Celui qui avait la tâche la plus ardue : s’introduire dans la tour de l’archimage et reprendre les oosphères.
    Jocien, lui, attendrait dans sa cachette et passerait les messages entre les différents groupes : il avait reçu le titre de « commandant du quartier général ». Il ne commandait en réalité que lui-même, mais c’était déjà tellement de prestige qu’il était enchanté.

    Grâce à ses contacts, Belerien avait pu se renseigner sur la tour de l’archimage Draynen. Elle se situait non loin de la frontière avec Deshaan, au sud ouest de l’édifice d’Escarpeverre, dans une région très dangereuse et difficile d’accès. Elle était également loin de la mer et de tout point d’eau, ce qui interdisait le recours aux créatures aquatiques.

    Apparemment, les oosphères étaient gardées dans une petite pièce, plutôt en hauteur et personne à part l’archimage en personne ne pouvait s’en approcher. Le nombre de gardes était assez limité car Draynen ne supportait pas leur présence et avait tendance, selon la rumeur, à les faire « disparaitre » à la moindre contrariété - mais cette information n’était pas certifiée. Ce qui l’était, en revanche, c’était la présence d’une barrière magique qui bloquait la porte.

    « Nous devons nous méfier de Draynen, il est très puissant et peut se défendre seul. Cette barrière magique va être également un problème car il a dû la forger avec soin et la briser risque de prendre du temps. Enfin, nous devons être attentifs à un autre danger : des adeptes de la secte sont partis récemment de la tour et semblent chercher quelqu’un. Ils sont très discrets et nous n’avons pas réussi à identifier leur cible. Kheves, il se peut que ce soit encore vous car votre présence est nécessaire pour rendre les oosphères plus coopératives. Ce ne serait pas la première fois qu’ils essaient de vous capturer. Peut-être vaudrait-il mieux que vous restiez ici, en sécurité ? »

    Kheves secoua la tête en signe de dénégation : « Non, les oosphères sont trop sensibles. Vous ne pourrez pas les sauver sans moi. Même Achélos, qui est de mon peuple, aura du mal à les ramener en sécurité : elles risquent de se braquer et de paniquer. Trop de stress peut leur être fatal et il faudra toute ma persuasion pour les rassurer et permettre leur transport sans dommage. Cette situation est inédite pour elles et je ne sais même pas si elles seront en mesure de se remettre du traumatisme qu’elles ont vécu. »
    L’inquiétude, dans sa voix, était perceptible. Il se tut et sembla méditer un instant.

    « Allons-y. Nous n’avons que trop tardé. »
    Le petit groupe se mit en chemin. Les lunes venaient de faire leur apparition dans le ciel.

    Le trajet jusqu’au sud de la Péninsule se fit sans encombre. Il fallait régulièrement se cacher et s’assurer de n’être point suivi, mais ils portaient des vêtements amples à capuche qui cachaient leurs visages et l’heure tardive facilitait leur discrétion. Ensuite, le chemin fut plus périlleux, mais ils parvinrent à s’approcher du domaine de Draynen. Quelques sentinelles gardaient les entrées, alors ils escaladèrent la muraille qui entourait la propriété et restèrent indétectables. L’aptitude de Kheves à déceler les présences d’êtres vivants dans son environnement proche était un indéniable atout.

    Arrivé aux abords de la tour, Belerien procéda à un examen des lieux.
    « Il y a un balcon, ici, dit-il en pointant une excroissance de la tour champignon. Cela nous amènerait plus en hauteur et éviterait d’alarmer les gardes à l’entrée. Je pourrais les neutraliser, mais cela risque d’attirer l’attention. La meilleure option reste la magie. »
    Les autres acquiescèrent. Ils étaient contents de ne pas avoir à se battre. Pas encore...
    Belerien se concentra et un portail apparut devant lui. Ils le franchirent et arrivèrent sur le balcon. Ensuite, ils entreprirent d’ouvrir les portes qui menaient à l’intérieur. Au bout de quelques tentatives, cela fut fait. Ils pénétrèrent silencieusement dans l’antre de l’archimage.

    A l’intérieur, tout était sombre et silencieux. Des faibles lueurs parvenaient de l’extérieur par les quelques fenêtres, mais l’essentiel restait plongé dans l’ombre. Notre petite troupe monta des escaliers avec discrétion et, à un moment, Kheves chuchota : « Elles sont ici ! Je les sens ! »

    Ils tournèrent sur eux-mêmes pour identifier la cachette des oosphères et repérèrent une petite porte dans un renfoncement du mur. Belerien s’approcha prudemment. « Je ressens la protection, dit-il, elle émet comme une vibration menaçante. Je vais essayer quelque chose. »
    Il se concentra, marmonna quelques incantations puis s’approcha à nouveau. Une force invisible le projeta en arrière et il étouffa un cri de douleur. « Ouch..., il va falloir que je me montre plus avisé... » grommela-t-il en se frottant les fesses.

    Les autres restèrent paralysés un instant, à l’écoute : tout ce raffut avait-il éveillé l’attention du maitre de maison ? Rien ne paraissait bouger... Au bout de quelques minutes, ils se détendirent un peu.
    Ils continuèrent à faire le guet tandis-que Belerien enchainait les essais pour anéantir la barrière.

    Soudain, une grande lumière vive illumina l’endroit où ils se tenaient.
    « Ah, tient tient... Il me semblait bien avoir de la visite ! »
    L’archimage se tenait devant eux, magnifique dans ses habits noirs, or et rubis. Son visage austère était relevé avec morgue et il les toisait de son regard sévère.
    « Vous ne manquez pas de culot... et d’un certain panache, je dois l’avouer... Venir jusque chez moi me voler !
    - Nous ne volons rien ! répliqua Kheves outré. Nous ne faisons que rétablir la justice et reprendre ce qui est à nous !
    - Ah, mais voilà celui que je cherche depuis tout ce temps... » susurra Draynen.

    Aussitôt, Achélos et Sam se mirent devant Kheves pour le protéger, mais l’archimage fit un mouvement et Achélos fut renversé et balayé sur plusieurs mètres. Contrairement à ce qu’ils imaginaient, c’est ensuite à Sam qu’il s’en prit. Il l’attira à lui et la saisit par la gorge, la soulevant de terre.

    « Comme c’est appréciable ! La proie qui vient se jeter d’elle-même dans la gueule du loup ! Comme le destin est bien fait ! »
    Personne ne s’attendait à ce qu’il s’attaque à Sam et tous restaient paralysés de stupeur.

    Belerien venait de réussir à briser la barrière, mais à présent, cela ne servait plus à rien. Tout était perdu. Il tenta un sort contre Draynen, mais le Telvanni le contra d’un simple revers de main, comme on chasse un moucheron insignifiant. Toute son attention était dirigée vers Kheves.
    « Maintenant, nous allons voir si ce qu’on m’a dit de vous est réel et si j’ai le moindre intérêt à vous garder en vie. Faites ce que vous faites avec ces perles et donnez-moi les embryons que je demande. Si vous obéissez, je ne lui ferai pas trop de mal... » En disant ses mots, il regarda Sam dont le visage était rouge et qui luttait pour respirer.
    La suite se déroula dans le plus grand silence (si l’on excepte les sifflements douloureux qui provenaient de la gorge de la jeune femme).

    «Non, ne lui obéit pas ! s’exclama Sam en pensée »
    Kheves semblait ne pas l’entendre, il avait changé de visage et ses yeux viraient au rouge. La fureur et la haine l’envahissaient. Une pensée lui échappa et c’est Achélos qui la capta.
    -Non, ne fais pas ça Kheves, supplia-t-il. Nous avons trop besoin de toi !» Puis, sentant que rien ne pourrait faire reculer son ami, il lui envoya ces mots en pensée : « Tes liens avec Sam sont trop forts : elle risque de t’entendre. Je vais le faire ! »
    -Non ! lança Kheves à voix haute, l’air soudain désemparé, sans qu’on sache quelle partie du message l’avait le plus décontenancé.

    Mais Achélos avait pris sa décision : il n’avait pas le choix.
    Il fixa Draynen et se concentra. Vrillant ses yeux dans ceux de l’archimage, il pointa toute sa volonté sur son esprit et commença à lui parler par télépathie.

    L’archimage perdit aussitôt son air arrogant. Il sembla d’abord étonné, puis inquiet, puis effrayé et, enfin, terrorisé. Achélos continuait de lui parler, sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche. Et heureusement, car il venait de briser le tabou. Il venait de signer sa sentence de mort en bravant l’interdit suprême : il parlait sa langue à un humain. Il employait des mots que seul le peuple des mers pouvait entendre. Il énonçait des concepts qui n’étaient pas pour l’oreille humaine et ce qui devait arriver arriva : l’esprit de l’archimage chavira, ses connexions neuronales, saturées par cette langue inconnue, se tendirent et se déchirèrent. Draynen devint fou. Absolument délirant.

    Il lâcha Sam et regarda ses mains comme si elles ne lui appartenaient plus. De fait, elles commencèrent à lui lacérer le visage. Un long hurlement sortit de sa poitrine et ses yeux s’exorbitèrent d’horreur. Il se débattit, seul, en tournant sur lui-même, il se projeta contre le mur le plus proche, puis contre un autre, puis, toujours hurlant et gémissant à la fois, il se précipita contre une fenêtre et la traversa dans mille éclats de vitrail. Son corps atterrit plus bas. Trop bas pour les résistances d’un corps humain, même celui d’un archimage talentueux.

    Kheves fixa Achélos avec gravité, gratitude et peine. « Mon pauvre ami, qu’as-tu fait ?... Je suis tellement désolé... »
    Mais Achélos restait serein. Il savait qu’il était condamné, à présent. Cependant, il ne regrettait pas son sacrifice. L’avenir de son peuple était en jeu et il avait fait son devoir. C’était la seule fin possible.
    Un léger sourire triste flottait sur son visage.

    « Allez, nous ne devons pas rester ici. La mort de l’archimage va attirer tous ses sbires et nous n’avons pas terminé notre mission. Tout cela ne peut avoir été fait en vain. »
    Ses compagnons acquiescèrent gravement.

    Kheves s’assura que Sam allait bien, puis il prit quelques secondes pour méditer et se mettre dans un état de calme et d’empathie qui serait propice au sauvetage des oosphères. Il pénétra dans la petite pièce en priant pour qu’elles aient survécu à leur captivité.
    Elles étaient très affaiblies et ternes, mais elles s’éclairèrent d’une lueur rose à son approche, signe qu’elles étaient bien vivantes. Un immense soulagement envahit Kheves.
    Il les prit dans ses mains et les berça un instant, puis il sortit pour les mettre à l’abri dans une boite qu’il avait apportée à cet effet. Quand il passa devant Achélos, qui parlait avec Sam, les oosphères se mirent à briller comme des étoiles.
    Tous les regardèrent, interloqués. Puis un grand sourire illumina les visages de Kheves et d’Achélos, car ils avaient compris : « Tu vois, tout vient à point à qui sait attendre. Tu as enfin la cote avec les oosphères ! dit Kheves avec espièglerie. Prends-les, elles te réclament ! »

    Belerien tourna vers Sam un regard interrogatif, alors elle lui expliqua : « Achélos ne savait pas parler aux oosphères et il était un peu jaloux de Kheves, mais maintenant qu’il les a sauvées en tuant l’archimage, elles l’adorent !
    -Venez, rentrons au quartier général, dit le Psijique en ouvrant un portail. J’entends des bruits au bas de la tour : nous risquons d’être en mauvaise compagnie sous peu. Il ne faut pas trainer ici ! »

    Notre groupe de héros victorieux franchit le portail avec des sentiments mitigés : le soulagement que les oosphères soient enfin en sécurité, l’épuisement suite à tous les évènements des derniers jours et l’inquiétude quant-au sort qui attendait Achélos. L’usage de leur langue réelle en présence d’un humain était le crime le plus élevé de leur législation et la mort était la sentence la plus probable. Le Grand Conseil devrait se réunir très rapidement pour statuer sur son cas et l’issue serait vraisemblablement peu réjouissante.

    Sam ne pouvait croire que les choses se finissent sur une note aussi triste, alors elle gardait espoir, farouchement.
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