Maintenances pour la semaine du 18 mars:
• PC/Mac : Pas de maintenance : 18 mars
• La boutique ESO et le système de compte seront en cours de maintenance : 19 mars, 14h00 – 18h00 heure de Paris.
• Xbox : Mégaserveurs NA et EU pour maintenance : 20 mars, 11h00 - 15h00 heure de Paris.
• PlayStation® : Mégaserveurs NA et EU pour maintenance : 20 mars, 11h00 - 15h00 heure de Paris.

[Récit] L'amitié du Dragon et du Chat

MrsAgrougrou
MrsAgrougrou
Soul Shriven
1/Une chasse au clair de lune

L’air fleurait bon l’ancolie et la cardamine des prés en cette fin de journée dans les collines d’Elsweyr. Le soleil se couchait progressivement, illuminant une dernière fois un camp abandonné de pillards. Sur un escarpement peu élevé, cachées dans les fourrées, deux silhouettes contemplaient le spectacle en silence. Assises côte à côte depuis une heure, elles fixaient le camp, aussi immobiles que deux statues de sel. Une Elfe noire et une Khajit. L’association avait de quoi surprendre. Deux êtres que tout oppose. La première avait déjà devant elle une longue vie d’aventurière et sans doute encore de nombreuses décennies pour parcourir les vastes étendues de Nirn. La seconde n’avait encore qu’une vingtaine de lunes à son actif. L’une avait la peau gris sombre, les yeux cramoisis et les cheveux d’ébène tandis que l’autre arborait un pelage blanc cassé aux fines rayures beiges et des yeux d’un vert d’eau lumineux. Le blanc et le noir. Une association qui semblait irréelle au possible, mais qui a vécu sur Nirn sait qu’il peut aller au-devant de nombreuses surprises.
Ainsi donc les deux équipières fixaient le camp depuis une heure lorsque le soleil disparut derrière les montagnes. Subitement l’ombre s'abattit aux alentours et le camp plongea dans la pénombre. Khaladhen, l’Elfe noire, s’accroupit et Maï’sha, la Khajit, se pencha légèrement en avant, humant l’air. Khaladhen se tourna vers le chat, attendant son verdict. Les pupilles des yeux de Maï’sha venaient de s’ouvrir complètement. Chaque infime parcelle de lumière était captée et utilisée afin de percevoir le moindre mouvement dans l’air ; ses oreilles cachées sous une épaisse tignasse beige ne cessaient de bouger. « Ils sortent, déclara-t-elle en fronçant le museau, je sens leur odeur partout. ». Khaladhen acquiesça et sortit discrètement des fourrées, Maï’sha sur ses talons. Ses yeux s’étant habitués à la pénombre, elle dénombra presque une dizaine d’individus se regroupant au centre du campement. Les deux lunes ne s’étant encore pas totalement levées, la lumière était faible et Khaladhen ne se sentait pas à l’aise. Mais il fallait agir vite, ne pas les laisser quitter le camp et les détruire pendant qu’ils étaient ensemble. Le contrat était juteux car éliminer des vampires n’était pas à la portée du premier venu. Rendus agressifs par la soif, pouvant léviter, se transformer en nuées de chauves-souris afin de fuir, maîtrisant la magie noire, les vampires étaient une forme de vie redoutable et redoutée dans tout Nirn. Fils et filles de Molag Bal, le terrible Prince Daedra du Meurtre, des Crimes et maître d’Havreglace, les vampires affichaient avec fierté leur cruelle et horrifique parenté. Tels d’affreux parasites, les vampires n’avaient que deux buts : boire du sang et créer des nouveau-nés qui viendraient agrandir leur armée à la gloire du Prince.
Toutefois, Khaladhen avait vu des choses bien pires qu’une bande de vampires. Mais il fallait rester prudente. Être trop sûr de soi, conduisait bien souvent à la mort chez les aventuriers. Avec un geste de la main vers Maï’sha, l’Elfe s’agrippa au rebord de la corniche surplombant le camp et se laissa tomber sans bruit au sol. Le sort de Silence que lui avait lancé la Khajit assurait sa discrétion. Khaladhen tourna son regard vers le camp tout en restant accroupie. Le plan était simple mais efficace. Les vampires devaient tous se regrouper autour de leur chef avant la chasse afin de recevoir les instructions habituelles. C’est à ce moment-là que les deux chasseuses devaient agir. L’Elfe identifia facilement le chef. Un Bréton, grand et musclé, vêtu d’un élégant pourpoint et portant une fine dague à la ceinture. Il était en train de motiver ses troupes. « Parfait ». Khaladhen passa la main derrière son oreille droite, un geste infime qui signalait à la Khajit de mettre en place le sort Cimetière cupide qui permettait d’infliger énormément de dégâts à la cible. L’avantage de ce sort résidait aussi dans le partage de sa puissance et de ses effets avec le partenaire du lanceur. Khaladhen dégaina ses deux épées donc les lames luisaient légèrement. Etant enchantées avec des glyphes de feu, elles détruisaient plus facilement les vampires. Inutile pour ce genre de cible d’empoisonner les lames car les vampires sont immunisés au poison et autres maladies.
Soudain, le sol se mit à trembler et à se fissurer laissant sortir des nuées glaciales et bleutées. Les vampires, désorientés, voulurent reculer mais leurs pieds étaient déjà pris dans une glace mortuaire. Leurs têtes se tournèrent et des cris de rage s’élevèrent tandis que les doigts se pointaient au-dessus de la tête de l’Elfe qu’ils n’avaient même pas remarqué. Maï’sha était parfaitement visible à découvert sur le haut du promontoire et ne pouvait bouger tant que le sort était actif. C’est à ce moment que Khaladhen bondit vers les vampires les plus proches. Trop occupés à fixer leur attention sur la mage, ils ne virent que trop tard l’ombre noire fondre sur eux. Un sifflement dans l’air puis deux gargouillis horribles. Deux vampires s’effondrèrent, les mains autour de leur gorge, une plaie béante dont les bords commençaient à s’enflammer laissait s’échapper un flot de sang noir. L’air continuait de vibrer sous les incantations de Maï’sha et le grondement souterrain se faisait plus fort. Kaladhen sentit une poussée de puissance s’insinuer dans ses lames et son corps. La seconde partie du sort faisait effet et lui conférait plus de puissance d’attaque. Trois autres vampires s’écroulèrent en quelques secondes, réduits en cendres ou tombant en morceaux. Mais brusquement, le sort s’effaça et le calme retomba. Le sol avait retrouvé son aspect normal et les combattants se fixaient, éberlués. Khaladhen se retourna et aperçut Maï’sha, un genou à terre, le front ensanglanté ; elle avait reçu un jet de magie en plein visage qui lui avait fait perdre le contrôle du sort. « *** ». L’Elfe perçut un mouvement à sa droite et se jeta sur le côté pour éviter de justesse un des vampires survivants. Les griffes du monstre lui lacérèrent pourtant le bras et l’aventurière grogna, frustrée. Puis d’un geste vif de sa lame gauche, elle déchira le visage de la bête, une Elfe des bois, qui recula, hurlant de douleur et de rage. Mais un autre assaillant arrivait de nouveau sur elle. Toujours sur le dos, elle sentit qu’il lui serait difficile d’échapper à une morsure, quand un éclair de foudre s’abattit sur les deux vampires qui tombèrent au sol. Saisissant sa chance, la guerrière se précipita et fit jouer ses épées.
Haletante et ensanglantée, elle constata que les deux vampires restant la fixaient, l’un armé d’un cimeterre rougegarde et le second les mains entourées d’un fluide glacial. Khaladhen fit rapidement le compte et remarqua qu’il en manquait un. « Ça y est tu as percuté ? ». Une voix s’éleva de son dos, rieuse. Son regard chercha la corniche et la scène qu’elle y observa la glaça d’effroi. « Mais c’est qu’elle est plutôt mignonne pour un chaton, cette petite et elle a une très belle fourrure, toute douce, ça serait dommage de la tacher… », dit le maître vampire en souriant, laissant apparaître des crocs d’une blancheur éclatante. Pour toute réponse, Khaladhen affermit sa prise sur ses lames, faisant blanchir les jointures de ses mains, tandis que Maï’sha grondait sourdement découvrant ses crocs félins. « Doucement ma belle, arrête de ronronner sinon je ne pourrais résister à l’envie de te prendre comme animal de compagnie. » et il éclata de rire. Khaladhen était plus qu’agacée de l’arrogance du maître vampire et sentit dans son dos, que ses acolytes s’étaient approchés et l’encadraient. L’esprit de la guerrière était en pleine ébullition, elle devait trouver un plan de sortie le plus vite possible où la tournure des événements pouvait très vite dégénérer. Ce dont elle ne se doutait pas, c’était que le cerveau de Maï’sha tournait également à vive allure. Les Khajits possèdent de nombreuses capacités naturelles comme la nyctalopie mais également des griffes acérées et redoutables ainsi qu’une remarquable vitesse. Dans un premier temps, la magie ne la sauverait pas. Tenter une incantation proche d’un monstre à l’ouïe si fine signerait son arrêt de mort. Il fallait parfois laisser sortir son instinct naturel et agir tel Kunzaha-ri en vraie guerrière animale. Et il y a certaines incantations qui ne nécessitent pas l’intervention d’un bâton… Maï’sha sourit doucement, elle avait trouvé. Elle se détendit et se laissa aller contre le vampire, sa main lâcha son bâton et ses yeux rencontrèrent les deux lunes. « Jone et Jode, donnez-moi la force », pensa-t-elle. Sa tête partit en arrière et brusquement, elle se tendit vers la jugulaire du Bréton qui n’eut pas le temps de réagir. Les crocs de la mage se plantèrent profondément dans la gorge du vampire, qui poussa un cri de surprise et de douleur. Satisfaite du résultat, elle continua d’enfoncer ses canines aussi profondément qu’elle le pouvait. Profitant de cette diversion, Khaladhen se rua sur le mage glaciaire et lui planta son épée profondément dans le ventre. Celle-ci s’embrasa instantanément, consumant le monstre. Le dernier acolyte fondit sur elle, son cimeterre brandit. Se retournant à peine, l’aventurière tendit brusquement sa jambe gauche, venant percuter du talon la mâchoire de la bête qui recula, sonnée. Retrouvant son équilibre, elle pivota, et la lame qui un instant plus tôt embrasait le corps de son compagnon, se trouva fichée dans le crâne du vampire de la mâchoire au lobe pariétal. Avec une expression d’ahurissement horrifique, le fils de Molag Bal s’effondra au sol.
Les jambes de l’aventurière tremblaient et son souffle était court lorsqu’elle se retourna vers sa partenaire toujours aux prises avec son ravisseur. Celui-ci tendait de la décrocher de son cou et de ses épaules dans lesquelles la Khajit avait planté ses redoutables griffes. Il ne pouvait l’arracher, bien qu’il en aurait eu largement la force, sous peine de se faire arracher la moitié du cou. Toutefois la mage était en mauvaise posture et faiblissait à vue d’œil sous les coups que lui donnait le maître vampire. Kaladhen entreprit de gravir l’enrochement aussi vite qu’elle le pouvait malgré ses jambes flageolantes. Le sol de sable mêlé à la rocaille rendait sa progression difficile et les quelques mètres qui la séparaient de Maï’sha semblaient n’en plus finir. Concentrée sur sa progression, elle entendit un cri suivit d’un craquement sinistre. « *** !!! Maï’sha !!! ». Paniquée, elle gravit les derniers mètres en courant. La scène qu’elle vit était horrible : Le vampire avait saisi la mage à bras le corps, l’enlaçant dans une étreinte sanglante. Les muscles de ses bras étaient tendus sous son pourpoint et Kaladhen comprit que sa poigne était en train de se resserrer jusqu’à faire craquer les os de la pauvre Maï’sha. Le seul point positif était qu’en ayant planté ses dents dans le cou du vampire, elle l’empêchait de bouger la tête et de la mordre à son tour. En voyant arriver l’Elfe, le Bréton eut un sourire rageur et dans un cri furieux souleva la Khajit, resserrant sa prise autour d’elle, et un craquement horrible s’ensuivit. La mage poussa un cri de douleur et relâcha un instant sa prise sur la gorge de son agresseur. Baissant les yeux sur sa proie, le vampire y vit une opportunité à ne pas manquer. Grimaçant sous la douleur de la morsure féline, il tendit sa bouche vers le chat, découvrant ses crocs étincelants. Toute son attention portée vers la mage, qui tentait désormais faiblement de se libérer de son étreinte, il ne perçut qu’au dernier instant, l’Elfe dans son dos. Khaladhen, les yeux flamboyant de rage et de fatigue, leva son épée rescapée l’abattant du haut vers le bas dans le dos du vampire. La lame s’enfonça profondément dans les chairs du monstre qui lâcha la Khajit qui s’effondra, gémissante, au sol. Voyant que Maï’sha était hors de portée, Khaladhen rassembla ses dernières forces et profitant que la lame soit déjà plantée dans le dos du monstre, poussa vers l’avant de toute ses forces en remontant la lame. L’épée s’enfonça de plus belle dans le corps du vampire et ouvrit la cage thoracique du monstre en deux. Puis la guerrière prit soin de la retirer violemment afin de détruire le reste des organes vitaux. Des dommages irréparables pour n’importe quel corps même celui d’un vampire. Le Bréton tourna la tête vers elle, le regard stupéfait et poussa un râle gargouillant avant de s’effondrer face contre terre. « *** de saloperie de *** », grogna Kaladhen en tombant à genoux. La lame noircie par le sang lui échappa des mains. « Va falloir que j’aille chercher l’autre », pensa la guerrière tout en posant son regard sur le cadavre du monstre qui lentement semblait se décomposer comme par magie. « Les années te rattrapent mon vieux, mais une éternité t’attend en Havreglace et franchement je ne t’envie pas. ». Khaladhen ne connaissait que trop bien le calvaire que pouvait représenter un séjour en Havreglace, au royaume de Molag Bal, là où les pires sévices étaient infligés aux condamnés du Prince. En échouant dans sa mission de propagation du mal daedrique, le maître vampire allait passer un sale quart d’heure, un éternel sale quart d’heure.
Perdue dans ses souvenirs, Kaladhen fût tirée de sa rêverie par un gémissement plaintif, plus proche d’un miaulement qu’un cri humain. Rappelée à la réalité son regard se posa sur le corps recroquevillé de douleurs et meurtri de Maï’sha. Se traînant jusqu’à sa compagne, Khaladhen ne put que constater les dégâts. Maï’sha devait avoir plusieurs côtes brisées et sa colonne vertébrale avait connu des jours meilleurs. Tâtonnant dans sa ceinture, Khaladhen trouva une minuscule fiole d’un élixir très puissant à base de skooma qui anesthésie la douleur. L’aventurière en avait toujours sur elle pour tenir en cas de blessure. Saisissant délicatement le museau de la Khajit, elle lui versa quelques gouttes dans la bouche et la força à avaler. Quelques secondes après, Maï’sha ne gémissait plus mais ses yeux trahissaient une grande inquiétude. « Je vais t’emmener à Rimmen, à la Guilde des mages. On va te soigner ne t’inquiète pas. ». Maï’sha baissa les yeux vers les jambes de Khaladhen. « Je suis peut-être trop faible pour te porter mais j’ai toujours une solution de secours », répondit l’Elfe un peu vexée par son propre état. « Je crois que je vais en avoir besoin moi aussi », ajouta-t-elle en avalant quelques gouttes de l’élixir. Aussi la lassitude de ses membres s’évapora, et elle trouva la force de se lever. Avançant doucement, elle récupérera la première épée du peu de restes du maître vampire, puis tâtonnant, elle longea l’escarpement rocheux pour redescendre au campement retirer la seconde épée, toujours plantée dans le crâne de l’acolyte. Une fois remontée, elle se planta à côté de Maï’sha et siffla. Un sifflement mélodieux et presque imperceptible. Un feulement se fit entendre et un superbe fauve éthéré apparu à quelques mètres et s’approcha doucement de sa maîtresse. « Avance mon beau ». La monture baissa la tête vers la Khajit, puis après quelques secondes se coucha à côté d’elle. Khaladhen se pencha alors vers sa compagne : « Il va falloir que tu m’aides un peu » et la souleva le plus délicatement possible tandis que Maï’sha tendait les mains pour s’agripper au harnais de la monture qui restait stoïque. Une fois installée tant bien que mal, la monture se releva et commença à marcher doucement en direction de Rimmen, le siège du pouvoir royal au Nord d’Elsweyr. Heureusement un oratoire n’était pas très loin, celui du temple de Tenmar. Au bout d’une dizaine de minutes, ils arrivèrent à l’oratoire qui était désert à cette heure-ci de la nuit. Tenant fermement les rênes du fauve, Khaladhen fixa la vasque où brûlaient des flammes bleutées et se concentra pour visualiser Rimmen. Bientôt une nuée d’étoiles les entoura et ils disparurent. Seul restait dans la nuit, perché sur la branche d’un arbre, un corbeau aux yeux rougeâtres fixant l’oratoire.
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Merci pour le partage !
    - Eso+ -
  • Lacrymos
    Lacrymos
    ✭✭✭
    A l'auteur de cet inepte récit,
    Mortel,
    en tant que maître vampire issu de la lignée des premiers nés de Lamae Beolfag Bal et représentant des 24 clans vampiriques de Tamriel, je ne saurais cautionner les propos diffamatoires tenus dans ce récit généralisant un jugement porté sur l'ensemble du monde vampirique sur la base des actions des créatures citées, simples singularités dégénérées n'appartenant à aucune fratrie.
    Nous demandons un correctif immédiat de l'auteur avant de porter l'affaire devant les magistratures concernées et de réclamer réparation en espèces saignantes et trébuchantes.
    Il n'est jamais bon de se mettre à dos une "forme de non-vie redoutable et redoutée dans tout Nirn."
    Lacrymos, ambassadeur des 24 clans vampiriques


    Trève de plaisanterie, merci de ce partage. La tentation était trop grande de tenir controverse d'autant que le sujet me tient à coeur. J'ai apprécié la qualité d'écriture et les multiples références au monde de Teso.
    Encore merci.
    P.S. : les 24 clans et leur ambassadeur attendent la suite avec impatience^^


  • MrsAgrougrou
    MrsAgrougrou
    Soul Shriven
    2/Guérir du vampirisme pour les nuls

    Avec un bourdonnement sourd, Khaladhen et Maï’sha apparurent à l’oratoire de Rimmen sur la place principale de la cité. Les lumières des lampions leur agressèrent les yeux et le monde tangua autour de la guerrière. « On est presque arrivé », murmura-t-elle sentant ses dernières forces l’abandonner. Elle fit quelques pas avant de s’effondrer sur la place, inconsciente. Maï’sha poussa une plainte douloureuse comme seul cri. Les quelques badauds encore debouts se précipitèrent au chevet des deux chasseuses, les uns soulevant Khaladhen et les autres guidant la monture vers la Guilde des Mages où les soigneurs allaient les prendre en charge. Un autre chasseur, membre de la Guilde des Guerriers, reconnut l’Elfe et se précipita au quartier général de la Guilde pour annoncer le retour de l’aventurière.
    Très vite prises en charge, les deux femmes furent alitées et plusieurs soigneurs de haut rang se relayèrent auprès d’elles. Il s’avéra que Maï’sha était dans un état inquiétant et que ses jours étaient en danger. En mordant le vampire, elle avait absorbé une partie de son sang, un poison toxique pour quiconque le buvait sans avoir été mordu au préalable. Le poison avait infecté son sang et lui causait de terribles douleurs. Il fallait user de puissants élixirs afin de combattre la douleur et la fièvre mais ces potions risquaient, à terme, d’endommager le système nerveux de la Khajit. La situation ne pouvait durer, il fallait régler le problème au plus vite. Les sages se consultèrent et optèrent finalement pour la seule solution apparente. Et la plus douloureuse. Il s’agissait de faire mordre Maï’sha par un vampire afin d’arrêter l’empoisonnement, puis de rompre la malédiction par la seule cérémonie connue des sages. Un processus qui allait être long et douloureux pour la pauvre Khajit, mais qui avait le plus de chance de réussir.
    Lorsque les mages avertirent Khaladhen, qui se remettait doucement de l’épuisement engendré par le combat et de sa blessure au bras, l’Elfe s’opposa d’abord à ce traitement qu’elle jugeait contre-nature. Puis à force de discussions, les sages parvinrent à la convaincre. « Mais je serai là et j’assisterai à tout du début jusqu’à la fin. » grogna la guerrière. On fit alors venir un de leurs plus anciens membres qui œuvrait dans tout Elsweyr suite aux derniers combats contre les dragons. La bataille avait été rude et de nombreux combattants avaient été blessés. Vieux de plusieurs siècles en tant que vampire mais auparavant déjà âgé en tant que Haut-Elfe, Aldrion était respecté au sein de la Guilde. Il ne se nourrissait que de sang d’animaux qu’il chassait lui-même et ne s’attaquait jamais aux humains. Les Altmers étant naturellement doués en Magie et les vampires étant liés eux aussi aux arcanes de la Magie, il faisait partie des plus puissants mages de tout Nirn, mais tout comme l’Archimage Shalidor, il tenait avant tout à continuer ses recherches avant de chercher les privilèges. Il avait même des liens avec l’Ordre des Psijiques qui l’avait parfois sollicité sur certaines questions.
    Aldrion était un Haut-Elfe altier auquel le vampirisme n’avait pu retirer la noblesse de traits et de l'attitude. Ses cheveux blancs étaient retenus en catogan et tombaient jusqu’au bas de son dos. Ses yeux rouges sombres possédaient un éclat doux et non la cruauté inhérente à ceux de sa race maudite. Lorsque le vieil Elfe pénétra dans la chambre allouée à Maï’sha, tous se levèrent et s'inclinèrent avec respect. Seule resta assise Khaladhen ne lâchant pas la main de son amie, qui gémissait sans arrêt, se tordant de douleur sur son lit. Les potions étaient désormais inefficaces pour contrer le mal qui la rongeait et se propageait dans tout son être. Le mage salua ses confrères d’un noble signe de tête avant de fixer son attention sur sa patiente. Il s’approcha doucement du lit et malgré elle, Khaladhen se leva d’un bond sans lâcher la main de son amie, ses yeux rouges étincelants de haine. Un monstre avait empoisonné son amie et pupille, et aujourd’hui on en faisait venir un autre, encore plus vieux, plus puissant pour la guérir. C'en était trop. Khaladhen regrettait d’avoir laissé faire la Guilde car au regard curieux de certains initiés, elle sentait que ce traitement relevait plus d’une expérience sur un cobaye que tout autre chose. Leurs deux regards s’affrontaient. Rouge contre rouge. Le sang contre le sang. “Khaladhen…”. Une voix s’éleva avec douceur sur son flanc droit. Le responsable de la Guilde s’était approché et levant une main il la posa doucement sur l’épaule de la guerrière qui ne tiqua pas. Puis exerçant avec délicatesse une pression continue, il força Kaladhen à se rasseoir. Elle se laissa faire sans quitter le vampire des yeux qui ne bougeait pas. Enfin après quelques secondes, où il observa l’Elfe noire en silence, il se tourna vers Maï’sha, posant une main sur sa poitrine et l’autre au niveau de la carotide. Hochant la tête, il prit ensuite le poignet de la Khajit et releva la manche de sa robe pour laisser apparaître un pelage blanc mais dont les veines étaient très apparentes et d’une teinte noire. Se tournant vers ses confrères qui s’étaient approchés, il annonça : “Regardez mes chers camarades, le poison coule dans ses veines. Son corps en est fortement imprégné. Vos traitements n’ont pas été des plus efficaces”. Les mages esquissèrent un pas en arrière et certains baissèrent la tête, honteux. Le mage, toujours aux côtés de Khaladhen, s’approcha du lit : “Sage Aldrion, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir je vous assure…” “Et le rituel de transmutation vous y avez pensé ?”. “Non cher confrère”, murmura-t-il. “Alors vous n’avez pas fait tout ce qui est en votre pouvoir !” répondit brusquement le mage en foudroyant le vieil homme de ses yeux sombres. Khaladhen leva les yeux et fixa le vampire dont les traits s’étaient durcis et qui paraissait en colère. “Cette femme souffre le martyr, continua le mage, et vous n’avez rien fait de particulier pour arranger ça. Je devine vos intentions …”. Il pointa un long doigt fin vers le supérieur : “Vous n’aviez jamais vu de rituel de transformation vampirique et c’était l’occasion rêvée pour y assister ! C’est une honte ! C’est contre le code moral des mages, vous ne valez pas mieux que des nécromanciens!”. Un murmure de mécontentement s’éleva parmi les mages rassemblés. “Enfin cher confrère, vous vous méprenez. Jamais nous ne laisserions un cas d’empoisonnement aussi grave empirer, surtout lorsqu’il s’agit d’un membre de notre Guilde.”, s’offusqua le responsable en prenant un air outré. Un bruissement approbateur accompagna sa déclaration. Soudain, il se sentit attiré au-dessus du lit et se retrouva à quelques centimètres du visage du vampire. D’une voix d’outre-tombe, aussi froide que l’air d’Havreglace, Aldrion asséna le coup fatal : “Ah bon ? Peut-être devrions-nous parler du novice Ménès dans ce cas-là? Puisque vous avez l’air d’avoir envie de vous lancer dans un débat…”. Il raffermit sa prise sur la barbe du vieil homme qui poussa un couinement de douleur. L’assemblée était immobile, comme figée par le spectacle qui s’offrait à elle. Khaladhen ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait mais sentait qu’une vieille histoire personnelle était en train de refaire surface. Bien qu’intriguée par cette mystérieuse référence, Khaladhen raffermit sa prise sur la main de Maï’sha et de son autre main, dégaina son épée qui fendit l’air, tranchant net la barbe du vieil homme. Les deux mages sursautèrent et fixèrent, ahuris, le bout de barbe dans la main du vampire. La main de Khaladhen tremblait sur le manche de son épée et les jointures de ses articulations blanchissaient tant elle la serrait. Elle fixa le vampire dans les yeux, et ignorant superbement le mage “débarbé”, déclara :“Soignez-la. Soignez ma pupille. Je vous en prie…”. Aldrion l’observa quelques secondes avant de retourner auprès de Maï’sha. Personne ne prêta attention au vieux mage, vexé, qui se retirait vers un fauteuil dans un coin de la pièce.
    Reprenant son auscultation, le vampire touchait chaque articulation de sa patiente, observant avec attention les veines gonflées et noircies par le mal de Molag Bal. Malgré la délicatesse de ses mouvements, chaque fois qu’il frôlait la Khajit, celle-ci poussait un gémissement de douleur, le visage crispé. Enfin, Aldrion observa les pupilles du chat puis referma ses paupières en secouant la tête, visiblement préoccupé. Khaladhen ne l’avait pas lâché des yeux et le fixait intensément. Joignant les mains derrière son dos et se redressant, le vampire la regarda et donna son verdict : “L’empoisonnement est très avancé. C’est un miracle qu’elle ait survécu jusque-là. Je préfère être honnête mais je ne sais pas si la transformation vampirique suffira pour la sauver.”. Khaladhen écarquilla les yeux, sentant les larmes monter. Lâchant pour la première fois la main de sa pupille, elle esquissa un geste pour saisir le vampire au col qui esquiva facilement. Avec une rapidité incroyable, il saisit la main gauche de Khaladhen et la reposa sur celle de Maï’sha : “Aujourd’hui votre rôle n’est pas de chasser, Vestige, mais de soutenir votre pupille. J’ai dit que la transformation pourrait échouer mais pas qu’elle allait échouer.”. La chasseuse frémit, non pas au contact de la main glacée, mais au nom qu’il avait prononcé : “Comment…?”. Le monstre esquissa un rictus et posa un doigt sur ses lèvres pâles. Aldrion se tourna vers Maï’sha offrant son profil à la guerrière sur lequel dansait la lumière d’une bougie. Khaladhen en fut soufflée. Il avait dû être très beau et elle devina dans ses yeux que la douleur et le souvenir avaient effacé la douceur. Arrangeant une mèche des cheveux de Maï’sha, le vampire murmura sans regarder la chasseuse : “Il y a certaines choses pour lesquelles nous nous en voulons toute notre vie. De ne pas avoir fait le bon choix. D’avoir failli. Il y a longtemps j’ai commis une erreur. Et j’en paie encore aujourd’hui le prix. Chaque jour, chaque heure, chaque minute. Ma douleur est constante, car tel a été mon péché.”. Il se tourna vers elle et plongeant ses yeux dans les siens lui dit : “Aujourd’hui, vous devez faire ce choix que j’ai fait il y a si longtemps que peu de gens s’en souviennent. Choisissez bien car vous n’aurez pas de seconde chance.”. Khaladhen ne respirait plus, ses yeux ne pouvant se détacher de ceux du vampire. “Que dois-je faire Vestige ?”, murmura Aldrion, “Que souhaitez-vous ?”.
    La chasseuse détacha son regard du vampire et baissa les yeux sur son amie qui gémissait toujours et dont le front était perlé de sueur. Son cœur se serra à sa vue. Comment avait-elle pu s’attacher comme ça aussi vite ? Avec une Khajit en plus ? Puis elle sourit, elle savait ce qu’il fallait faire. Serrant de plus belle la main de sa pupille, inspirant un grand coup, elle releva la tête et fixant le vampire : “Faites-le”. Le poids sur sa poitrine s’était envolé et elle respira un grand bol d’air. Le vampire ne dit rien et se redressant de toute sa hauteur se tourna vers les mages, restés silencieux : “Sortez”. L’ordre n’intimait aucune contestation. Sans un mot, les mages sortirent de la chambre non sans s’être inclinés auparavant devant Aldrion. “Même vous”, ajouta le sage en se tournant vers le vieil homme, resté dans un coin de la chambre sur son fauteuil. Le supérieur lui lança un regard noir et sortit en traînant les pieds, refermant la porte derrière lui. Le vampire fixa la porte quelques secondes, puis soupirant, il fit une arabesque dans l’air en direction de la porte et on entendit un cri de surprise suivi d’un juron. “J’ai dit personne”, répéta le vampire, un sourire aux lèvres. Il se tourna ensuite vers Khaladhen et la pointant du doigt lui dit : “Remontez-moi les oreillers et installez-la en position semi-assise. La nuque doit être droite. Je vais préparer un élixir d’Obscurcine. Cela soulagera la douleur de la morsure. Peu de gens connaissent les qualités de cette plante souvent utilisée pour des poisons. Des ténèbres peuvent parfois surgir le bien.”. Il se dirigea vers un petit établi au fond de la chambre où était posée sa sacoche en tissu. Pendant que Khaladhen essayait tant bien que mal de relever Maï’sha sans provoquer trop de douleurs, le mage s’activait autour d’un alambic qu’il avait fait chauffer et dans lequel bouillait une huile légère de graisse de troll et d’épine-de-dragon. L’odeur était terrible et Khaladhen toussa plusieurs fois. Dès que l’huile commença à devenir dorée, presque ocre, le mage coupa la flamme et versa 6 gouttes d’une huile noire dans l’alambic. Prenant le récipient par le cou , il entreprit de mélanger les deux huiles en faisant tourner l’élixir dans l’alambic. Bientôt, la mixture devint sombre mais d’une couleur changeante, indéfinissable. Très vite, les vapeurs acres firent place à une odeur sucrée, et bientôt la tête de Khaladhen commença à devenir lourde. “C’est prêt”. L’élixir se trouvait maintenant dans une coupe qu’il approcha doucement des lèvres de Maï’sha. Délicatement, il lui ouvrit la bouche et fit glisser le liquide entre ses lèvres. La Khajit déglutit avec difficulté et gémit une nouvelle fois. “L’élixir va vite faire effet, il est plus chargé que ceux que je fais d’habitude… Hé bien, vous dormez ?” s’étonna Aldrion. Kaladhen murmura : “Non, non, je me sens juste un peu fatiguée. Ma tête est lourde…”. “C’est normal, vous n’êtes pas habituée. Et être vampire a quelques avantages, comme ceux d’être insensible au poison et autres drogues…”, sourit le vampire, "Bien on dirait que l’élixir a fini d’agir sur votre pupille.”. Reprenant son air sérieux, il fixa Khaladhen. “Je vais maintenant procéder à la morsure. Inutile de me tenir la patiente je vais m’en charger, je trouverai ainsi le point idéal pour la croquer sans qu’il y ait de dégâts. Contentez-vous de lui tenir la main et attention à ne pas perdre la vôtre.”.
    La chasseuse ne comprit pas sa dernière phrase et observa le vampire se pencher vers Maï’sha à travers un voile de brume. Aldrion saisit fermement la nuque de la Khajit, offrant sa jugulaire, et découvrant des crocs étincelants, mordit dans sa chair blanche. Les yeux de Maï’sha s’écarquillèrent de stupeur, sa bouche s’ouvrit dans un cri silencieux tandis que sa main broyait celle de Khaladhen qui poussa un cri de douleur. Après quelques secondes seulement, Aldrion cessa sa morsure et se retira doucement, retenant la nuque de la Khajit qui gémissait de douleur. Sans un mot, le vampire sortit un mouchoir en soie de la poche de sa tunique et s’essuya les lèvres. Il tamponna également les traces de crocs puis se dirigea vers sa sacode d’où il sortit une petite fiole contenant un onguent. Délicatement, il en déposa un peu sur les plaies de Maï’sha et donna le fiole à une Khaladhen vaseuse qui se massait la main portant les traces des griffes de la Khajit. “Il faudra qu’elle s’en applique régulièrement pour faire partir les plaies et je crois que ça vous sera utile aussi…”. Khaladhen saisit la fiole et la fourra dans sa poche “Merci”. “Je vais maintenant me retirer car vous n’avez plus besoin de moi”, déclara Aldrion en ramassant sa sacoche, il lui faudra du repos; la transformation devrait se produire cette nuit. Il lui faudra du sang et du repos avant d’envisager la cérémonie de purification. Je vous ai laissé un peu d’élixir d’Obscurcine au cas où elle aurait encore des douleurs mais allez-y avec parcimonie, il est assez fort comme vous avez pu le constater.”. Puis avant que Kaladhen ait pu ajouter quoi que ce soit, il ouvrit la porte et sortit. Kaladhen se retrouva seule au bord du lit de Maï’sha. Le silence régnait sur la pièce mais l’atmosphère pesante semblait s’être évaporée. Désormais la Khajit dormait d’un sommeil lourd. La chasseuse se laissa aller au fond de son fauteuil et ferma les yeux. Sans s’en rendre compte, elle sombra dans un profond sommeil. Sa main dans celle de Maï’sha.
    Khaladhen se réveilla quelques heures plus tard. Elle mit quelques secondes avant de retrouver ses repères et son premier réflexe fut de se tourner vers sa pupille. Mais le lit était vide. Les draps froissés avaient été rejetés au pied du lit et lorsque la chasseuse toucha l’oreiller, celui-ci était froid. “Cela fait donc un moment qu’elle a quitté la pièce” pensa Khaladhen, “c’est étrange qu’elle ne m’ait pas réveillé…”. Dubitative, elle s’étira et saisit ses deux épées, posées sur une commode. Se dirigeant vers la porte, elle entendit un cri et des bruits de pas précipités. Un jeune mage Khajit à la fourrure dorée et aux yeux miel ouvrit d’un seul coup la porte. Il semblait paniqué et à bout de souffle : “Maîtresse Kha-la-dhen haleta-t-il, je … venez vite … la grande salle … elle est intenable…”. A ces mots, la chasseuse se rua dans le couloir, attachant son baudrier maladroitement. Ne connaissant pas les lieux, elle se dirigea au son des cris qu’elle entendait; elle croisa sur son chemin quelques mages courant dans l’autre sens. En remontant le courant, elle parvint jusqu’à la porte de la grande salle du réfectoire et l’entrebailla doucement tout en dégainant une de ses lames. Elle passa la tête par l’ouverture et tenta de comprendre la situation. Dos à elle, Maï’sha faisait face à 3 mages, apparemment terrifiés, dont les bâtons grésillaient de magie. Pour l’instant personne ne faisait attention à l’Elfe, qui se glissa derrière une table de banquet renversée. “La transformation a l’air d’avoir marché du tonnerre, pensa-t-elle amèrement, un peu trop bien marchée… ”. La chasseresse jeta un coup d'œil furtif par-dessus la table afin de jauger la situation. Elle eut juste le temps de se jeter en arrière alors qu’une boule de feu frôlait le haut de son crâne, brûlant quelques mèches au passage. “Je suis vraiment désolé, je ne vous avez pas vu derrière la table” lança une voix jeune et paniquée. “Vous allez bien ?” “Mais quel *** ! fulmina Khaladhen, maintenant je suis repérée… OUUAAAAAAAH ?!!!”. La guerrière bondit sur ses pieds évitant de justesse d’être projetée contre le mur avec la table derrière laquelle elle se cachait qui se brisa sous le choc. Elle se retrouva nez à truffe avec une Maï’sha assez agacée. “Salut Maï’sha…, commença l’Elfe, on dirait que tu t’es levée du pied gauche ce matin on dirait héhéhé...”. Son faux rire mourut dans sa gorge, Maï’sha venait de gronder, dévoilant des crocs luisants; elle fit un pas puis deux vers son amie qui recula jusqu’à se retrouver acculée contre le mur de pierre. "Écoute, il faut vraiment que tu te détendes, tu n’es pas toi-même, je sais que cette situation te met en rogne, que tu es un peu perdue, expliqua Khaladhen en haussant les épaules, mais crois-moi on va trouver un moyen de tout arranger, alors si tu pouvaiiiaaaahhhhhh!!!!” Maï’sha s'élança vers la guerrière avant qu’elle puisse finir sa phrase, toutes griffes sorties, la bave écumante sur ses babines retroussées. “Mais c’est pas possible cette manie de couper les geeeeeeens !!!!”, s’écria la guerrière en prenant ses jambes à son cou. Mais courir dans ce réfectoire jonché de tables renversées et de bancs retournés relevait du parcours d’obstacles. Au centre de la pièce, les 3 mages éberlués, se contentaient de fixer bêtement la scène surréaliste. Furieuse la chasseresse s’exclama “Si vous pouviez me donner un coup de main ça serait gentil !!”, tout en sautant par-dessus un banc : “ouf… je ne vais pas … ouf … tenir éternellement...ouf…”. Un des 3 jeunes gens, un impérial aux cheveux roux brandit alors son bâton de feu en direction de Maï’sha. Lorsque celle-ci se rapprocha d’un banc qu’elle devait enjamber pour suivre Khaladhen celui-ci frappa le sol du bout de son bâton projetant un mur de flammes qui déferla sur la vampire nouveau-né. Percevant le danger grâce à ses nouveaux sens sur-aiguisés, la Khajit eu juste le temps de sauter derrière une table en acajou pour se protéger. Toutefois, les flammes eurent le temps de mettre le feu à sa robe qui commença à s’embraser à vue d'œil. Poussant un rugissement de rage, la vampire se mit à taper furieusement sur les flammes afin de les éteindre. Trop paniquée pour faire attention, elle ne remarqua pas Khaladhen et un second mage, armé d’un bâton de rétablissement, s’approcher furtivement dans son dos. Lorsqu'ils furent à bout portant l’Elfe se releva brusquement criant “Maï’sha”. Celle-ci fit un bond en arrière avant de se retourner furieuse. Le mage leva alors son bâton faisant jaillir une boule d’énergie qui vint percuter le centre du front de Maï’sha. La Khajit se figea, ses yeux s’écarquillèrent puis se révulsèrent et elle s’effondra tel un pantin désarticulé au sol. Khaladhen poussa un soupir de soulagement. Ses yeux piquaient à cause de la fumée provoquée par le début d’incendie et son cœur battait la chamade. Autour d’elle les mages couraient pour chercher de l’eau afin d’éteindre l’incendie des tables. Khaladhen s’approcha de Maï’sha, toujours inanimée au sol. Le sort de sommeil envoyé par le mage l’avait plongé dans les bras de Jone et Jode pour un moment. “Vestige?”. La voix douce et grave la fit sortir de sa contemplation. Aldrion la fixait de ses yeux rouges, son bâton psiijique brillait doucement d’une lueur dorée. Du bout, il désigna la Khajit toujours dans les vapes. “Je vais la faire ramener dans vos appartements. J’aimerai vous voir pendant qu’elle se repose, Vestige.”. Et sans un mot de plus, il se détourna avant de s’éloigner vers la grande porte du réfectoire. Khaladhen s'ébroua, jeta un dernier regard à Maï’sha, laquelle était en train d’être soulevée sur une civière par deux soigneurs et tourna les talons.
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Merci :)
    Par contre, je me permets une petite remarque, il me semble qu'l manque un "i " à "Khajit",
    - Eso+ -
  • MrsAgrougrou
    MrsAgrougrou
    Soul Shriven
    Ah oui mince ! Bon ben tant pis c'est posté ^^"
  • Oddhagen
    Oddhagen
    ✭✭✭✭
    Tu es pardonné :), merci encore de partager ta création.
    - Eso+ -
  • MrsAgrougrou
    MrsAgrougrou
    Soul Shriven
    3/Une curieuse demande

    Elle rejoignit le Haut-Elfe dans le hall de la Guilde des Mages. Le vampire était facilement repérable au milieu des autres mages. Ceux qui le croisaient s’inclinaient respectueusement et lui les saluait sobrement d’un signe de tête altier. “Il a quand même la classe”, reconnu l’Elfe noire, tout en s’approchant d’Aldrion. A peine l’eut-elle rejoint que celui-ci se dirigea vers la porte principale de la Guilde. A son approche, la porte s’ouvrit en grondant, faisant entrer l’aveuglant soleil d’Elsweyr, forçant la guerrière a plisser les yeux. Sans montrer quelque signe de gêne, Aldrion sortit au soleil. On était en plein milieu de l’après-midi et malgré la chaleur étouffante, Rimmen grouillait de vie. Le tumulte ambiant de la cité khajiit ne semblait pas le déranger. D’un pas égal et tranquille, l’Elfe se frayait un chemin au milieu de la foule. Khaladhen avait du mal à le suivre et tentait d’esquiver les gardes qui patrouillaient, les marchands ambulants qui la hélaient et les enfants qui couraient. Le vieux sage remontait tranquillement le courant sans se soucier du bruit. Ils passèrent devant la banque de Rimmen, gravirent quelques escaliers en direction du palais royal et bientôt débouchèrent sur une petite place discrète. Là, au bord d’un joli étang artificiel, quelques habitants papotaient autour du thé ou d’un verre de skooma. Seuls les pépiements joyeux des oiseaux venaient couvrir le chuchotement des habitués. Trois élégants frênes étendaient leurs ramures au-dessus des coussins qu’occupaient les clients. A leur vue, le patron du café, un Khajiit au pelage noir et aux yeux dorés, les invita d’un geste de la main à entrer dans la gargotte. Mais Aldrion refusa d’un geste de la main et désigna du bout de son bâton une table et une banquette à l’écart, sous une des tonnelles du café. Une riche tenture de soie pourpre protégeait la tablée des yeux et des oreilles indiscrètes. Sans un mot, le tenancier s’inclina et les accompagna devant leur table. Il arrangea d’un geste vif les coussins qui ornaient la banquette et les tabourets, puis s’inclinant de nouveau, il se retira. Aldrion n’avait pas perdu de temps et s’était déjà installé sur la banquette, calant confortablement les coussins chamarrés dans son dos. Satisfait de sa petite installation, il s’autorisa un soupir appréciateur.
    D’un regard, il invita la chasseresse à s’asseoir près de lui. Mal à l’aise, l’Elfe noire s’assit néanmoins sur un confortable tabouret. Gênée par ce tête à tête imprévu, elle se tortillait sur son siège. Aucun des deux ne parlaient. Les secondes s’égrénaient lentement. Comme par magie, le patron du café réapparu, portant un grand plateau chargé de victuailles. Il le déposa sur la table, s’inclina et s’éloigna pour servir les autres clients. Khaladhen leva un sourcil étonné devant cet amas de nourritures et de boissons. Un gargouilli sonore provenant de son estomac lui rappela qu’elle n’avait rien avalé depuis 24h. La guerrière jeta un coup d'œil en face d’elle et s’aperçut qu’Aldrion avait déjà attaqué une belle grappe de raisins bien juteux. “Je croyais que les vampires ne se nourrissaient que de sang ? “ remarqua-t-elle. Avec un sourire le Haut-Elfe répondit : “Le simple plaisir des sens, ma chère et le sucre aussi…”. Sur ces mots, il goba un nouveau grain carmin et se saisit d’une tasse de thé au jasmin fumante. Sans se poser de plus questions, Khaladhen commença à piocher dans le plateaux des fruits, des morceaux de viandes rôties, du pain moelleux etc.. Elle engloutissait tout à une vitesse phénoménale. Sa faim s’était réveillée et il fallait la soulager au plus vite. Un rire discret la sortit de sa folie boulimique. Aldrion, la tête penchée sur le côté et sa tasse de thé à la main, la regardait dévorer le plateau avec un évident plaisir. Toujours en souriant le vieux mage bu une gorgée de thé en fermant les yeux, semblant savourer chaque arôme du breuvage. Puis lentement il reposa la tasse sur la table avant de se tourner vers son invitée qui s’était raidie. Celle-ci tentait désormais d’engloutir discrètement un sandwich “maison” composé de 2 épaisses tranches de pain au seigle entre lesquelles elle avait glissé un échantillon de chaque mets du plateau. Autant dire qu’avaler un truc pareil méritait amplement le titre de plus grosse mangeuse d’Elsweyr. Elle venait d’ailleurs tout juste d’avaler une bouchée de son chef-d'œuvre lorsque l’Altmer sembla de nouveau lui prêter son entière attention. Gênée, l’Elfe noire reposa délicatement son œuvre dans son assiette tout en tentant de faire bonne figure. Avec un sourire non dissimulé, l’Altmer s’adressa à la guerrière : “J’ai pu remarquer que la transformation de votre amie s’était déroulée pour le mieux…” Khaladhen se rembrunit et grommela : “Un peu trop bien si vous voulez mon avis”. D’un geste agacé et sans doute mal maîtrisé, elle arracha un bout de son sandwich qu’elle goba tout rond sans regarder le vampire. Celui-ci se contenta d’hocher la tête sans la quitter des yeux. Après quelques secondes de silence, il reprit : “Il est également normal qu’elle ait été rendue agressive par la faim. Il s’agit de nouvelles émotions, instincts ou sensations à contrôler et à comprendre. Il faut lui laisser le temps d’assimiler toutes ces informations. Et bien évidemment l’accompagner dans sa transition…”. A ces mots, Khaladhen sursauta : “Attendez, quoi ? Je croyais que c'était temporaire ! Vous deviez la rendre de nouveau normale ! Vous n’honorez pas votre part du contrat !”. Les yeux cramoisis de la Dunmer brillaient de colère. Sans se départir de son calme, le vampire riposta : “Nous n’avons passé aucun contrat Vestige. Vous m’avez supplié, vous rappelez-vous ? “. La chasseresse encaissa sans broncher les paroles du vieux mage. Elle savait qu’il avait raison. Rien ne l’obligeait à sauver Maï’sha. Il n’était pas concerné par cette histoire et pourtant il était intervenu. Elle baissa la tête, abattue. Maï’sha était donc condamnée. En pensant lui sauver la vie, elle avait égoïstement ruiné l’avenir de sa pupille. Elle avait échoué sur toute la ligne. Elle sursauta lorsqu’une main glacée vint se poser sur la sienne. Relevant la tête, elle croisa le regard du vampire. Emprunt de douceur et de tristesse. Étrangement un sentiment d'apaisement se répandit en elle et elle se détendit enfin. Satisfait, le mage elfe retira sa main et s’adossa confortablement aux coussins colorés du sofa. Khaladhen s'aperçut alors qu’elle mourrait de soif et bu d’une traite une coupe d’eau fraîche. On était à l’heure la plus chaude de la journée et la brise qui rafraîchissait l’air s’était couchée. Son pourpoint en cuir lui tenait atrocement chaud : “Il faudra vraiment que j’aille faire des emplettes”, pensa-t-elle en déboutonnant le haut de son col.
    Voyant son malaise, Aldrion fit un geste discret à l’attention du patron et aussitôt un serveur apparut, tenant deux éventails. Le sage s’empara d’un exemplaire et entreprit de se rafraichir. Après quelques secondes d’hésitation, Khaladhen saisit le second avec soulagement avant de l’agiter énergiquement. Tout en poussant un soupir, elle se tourna vers le vampire : “Je suppose donc que d’après vos paroles je doive me débrouiller seule afin de guérir Maï’sha ? Et d’ailleurs pourquoi m’avoir emmenée ici pour me l’annoncer ? Vous auriez pu me le dire à la Guilde.”. Le vieux mage ne répondit pas de suite. Il porta à ses lèvres une autre tasse fumante de thé, la bue lentement et après avoir déposé la précieuse porcelaine sur la table vernie, planta son regard dans celui de Khaladhen : “En effet, je ne vous ai pas fait venir jusqu’ici pour parler uniquement de la situation de votre pupille mais aussi de votre situation Vestige. Enfin, si je puis toujours vous nommer ainsi ? Mon ami Varen préférait faire référence à vous de manière plus élogieuse sous divers qualificatifs comme Championne de Méridia, Héroïne d’Havreglace et bien sûr Sauveuse de Tamriel. Si certains seront attentifs aux deux premiers titres, sachez que seul le dernier possède quelque importance à mes yeux. Comprenez bien, continua-t-il, que suite aux récents événements en Elsweyr Nord et Sud ainsi que votre implication dans la renaissance de la Garde du Dragons, vous puissiez également rajouter le titre de Tueuse de Dragons. Et il n’est pas donné à tous d’intriguer les Daedras au point qu’ils décident soit de vous nommer champion soit de vous traquer ad vitam eternam”. Avec un petit rire, il porta à nouveau la tasse de thé à ses lèvres. Khaladhen ne disait rien et réfléchissait : “Où voulait-il en venir ? Oui certes elle avait vécu beaucoup de choses dans sa vie dont ses dernières péripéties avec Maï’sha mais pourquoi lui répéter ce qu’elle savait déjà ?”.
    Tout en ruminant, elle attrapa une bouteille de skooma, s’en versa une grande rasade dans une coupe qu’elle vida d’un trait avant de la claquer sèchement sur la table. Les clients des tablées voisines se retournèrent surpris. Le regard dur de l’Elfe les fit quitter leurs tables précipitamment. Le patron du café tenta tant bien que mal de les retenir avant de se tourner vers Khaladhen et de la fusiller du regard, le bout de sa queue noire fouettant l’air avec agacement. Il sembla alors remarquer quelque chose dans le dos de l’Elfe et après un dernier froncement de museau, il disparu dans son échoppe. Khaladhen se retourna brusquement vers Aldrion qui se contentait de la fixer sans rien dire. “Tout ce que vous me dites, je le sais déjà, reprit-elle, où cela nous mène-t-il ?” “A des problèmes encore plus grands et des menaces qui font trembler ceux qui savent, répondit le vieux sage, Voyez-vous Vestige, avant que Maï’sha ne vous rencontre, elle avait aussi, malgré son jeune âge, vécu quelques aventures palpitantes en Bordeciel. Elle a eu le malheur de croiser certains de mes compatriotes aux crocs acérées et aux manières bien moins raffinées que les miennes. Toutefois il ne convient pas que ce soit moi qui vous conte ces épisodes mais l’intéressée elle-même.”. La guerrière acquiesça : “En espérant que la prochaine fois qu’elle me verra , elle ne tente pas de me déchiqueter…”. Aldrion sourit laissant apparaître ses crocs d’une blancheur éclatante : “Ne vous en faites pas. Une fois qu’elle aura mangé, elle sera déjà plus raisonnable. Mais là n’est pas la question. En Bordeciel, votre pupille a été confrontée à ce qui s’annonçait comme un fléau vampirique, une vengeance ourdie par Molag Bal après l’humiliation que vous lui avait faite subir. Seulement d’après notre informateur Cadwell…” “Quoi Cadwell est vivant ?! le coupa Khaladhen en bondissant de son siège. “Oui et il est devenu un espion efficace contre les forces daedriques. Maintenant calmez-vous ou nous allons nous faire mettre à la porte de ce charmant établissement.”, ajouta-t-il en désignant d’un geste discret le patron qui au son du cri de l’Elfe était sorti sur le perron de son café. Khaladhen rougit et baissa les yeux tout en se rasseyant sur son tabouret.
    Pourtant, relevant vite le bout du nez, les yeux brillants, elle répéta : “Cadwell est vivant ?! Et il vous aide ?!”. Le Haut-Elfe hocha la tête tout en piquant une nouvelle grappe vermeille du plateau de fruits. “En effet, et il prend un malin plaisir à “retournebouler” selon son expression les capitaines du Père de la Souffrance. Il faut dire que sa rancune date de quelques centaines d’années. Autant dire que sa vengeance a de beaux jours devant elle !”. Devant la mine ébahie de la guerrière, le vieux mage sourit et ajouta : “Je le soupçonne d’y prendre d’ailleurs un plaisir quelque peu coupable…” qu’il accentua d’un clin d’oeil : “On murmure même qu’il se serait acoquiné avec une redoutable Mazken que les peuplades de Tamriel désignent souvent sous le nom fallacieu de “Sombre Séductrice”...”. “Une Sombre séductrice vous avez dit ? demanda Khaladhen, Mmmmh je connais une Drémora, Lyranth, peut-être le connaît-elle ?”. “Tout ce que je sais, ajouta Aldrion, c’est qu’actuellement il œuvre au cœur des Terres Mortes et s’amuse comme un petit fou, selon ses termes bien entendu”. Khaladhen réfléchit quelques secondes : “Je ne connais pas du tout ces Terres Mortes dont vous parlez…
    Je pense que vous n’êtes pas encore amené à y pénétrer ma chère", répondit le vampire en saisissant délicatement un grain de raisin. “Chaque chose en son temps”, conclut-il en le gobant tout rond un air satisfait sur le visage. “Je ne dis pas le contraire, argua la chasseresse qui commençait à se lasser de ses divagations, mais cela ne m’avance pas beaucoup. Vous digressez “cher ami””, glissa-t-elle tout en saisissant son sandwich géant avant d’en gober une partie non négligeable. Aldrion soupira tout en tripotant le reste de la grappe posée devant lui. Son silence et sa mise en scène agaçaient au plus au point Khaladhen. Pourquoi lui faire tout ce cinéma si ce n’était pour ne rien dire ? Elle allait le confronter la bouche pleine lorsque le vieux mage se redressa sur ses coussins, puis se penchant en avant croisa ses longs doigts devant sa bouche et la fixa intensément. Mue par un réflexe, Khaladhen déposa son sandwich dans son assiette et attendit. Le soleil tapait dur sur les tentures protégeant la tablée et rendait l'atmosphère irrespirable. Khaladhen sentait la sueur couler le long de sa nuque puis se glisser sous son pourpoint le long de sa colonne vertébrale. Sans bouger les lèvres, Aldrion interpella la chasseresse : “Jusqu’où seriez-vous capable d’aller si on vous disait que le monde tel que vous, nous, le connaissons est en danger, voire même sur le point de disparaître.”. Khaladhen répondit presque par automatisme : “Jusqu’au bout.” “Jusqu’au bout de quoi?”, la relança le mage. “Au bout de tout. Ce qui est connu comme inconnu.”. Satisfait, Aldrion hocha la tête avant de se renverser sur les coussins du sofa. Il semblait soulagé car le trait soucieux qui barrait son front le seconde précédente avait disparu. Khaladhen profita de ce relâchement pour saisir à nouveau son sandwich, bien déterminée à le finir. Alors qu’elle croquait dedans, Aldrion se décida enfin à lui expliquer son comportement. "Voyez-vous Vestige…”. Khaladhen frémit à ce nom, reste d’un passé dont elle ne pouvait se défaire et qui restait inscrit dans sa chair et ses os, marqué au fer rouge sur son âme-même. “Il était important que je teste vos réactions en différents points…” continua le sage en feignant de ne pas avoir remarqué l’évidente crispation de son interlocutrice. “Nous ne pouvons pas risquer de faire échouer cette mission. Les enjeux sont trop grands et bien que votre réputation vous précède il était de mon devoir de vérifier par moi-même si vous étiez digne de confiance au sujet de l’affaire qui nous concerne.”. Khaladhen ne répondit rien et se contenta de fixer son hôte en attente de la suite des révélations. “L’affaire qui me préoccupe rend presque ridicule la présence de Dragon en Tamriel, c’est vous dire la gravité de la situation…Est ce que ça va ?” demanda-t-il en voyant Khaladhen s’étouffer à moitié avec son repas. Celle-ci s’était inquiétée de la comparaison. Faire passer les Dragons pour du menu fretin, se disait-elle tandis qu’elle saisissait le verre d’eau fraîche tendu par le vampire, voilà quelque chose de pas banal. Alors soit il bluffe pour avoir mon soutien… gratis… soit il y a vraiment un souci et quelque chose de gros. Parce qu’il me semble difficile de faire plus casse-pieds que ces lézards géants égocentriques! Elle bu une grande rasade et s’essuya la bouche d’un revers de la main. “Si vous considérez que les Dragons ne sont pas si dangereux c’est que vous êtes fou ou que la situation est critique.”. Aldrion hocha la tête : “En effet, même si les dragons sont dangereux ils sont solitaires la plupart du temps et trop égocentriques pour fomenter de vrais complots durables. Il existe, à part les humanoïdes, d’autres êtres puissants capables de préparer de tels agissements en toute discrétion. Je ne pense pas avoir besoin de vous faire une esquisse pour que vous deviniez de qui il s’agit mmmh ?” demanda l’Elfe en haussant un sourcil. Khaladhen sourit. Elle avait parfaitement deviné. Qui d’autres que des Daedras seraient capables de tels agissements afin d'asservir ou détruire toute vie sur Nirn et plus particulièrement Tamriel ?! D’ailleurs pourquoi Tamriel leur semble-t-elle tellement attractive? se demanda-t-elle, il faudra que je pose la question la prochaine fois que je croise un Prince… Ayant désormais toute l’attention de son invité, le vampire enchaîna : “Comme je le suggérais plus tôt en parlant de Cadwell, nous avons plusieurs agents qui sillonnent différents plans de Nirn à l’affût de la moindre information. Et jusqu’à présent toutes les sources convergent en un seul point : Le Bois Noir à l’ouest d’Elsweyr. Selon nos espions, les Impériaux font face à une vague de morts troublantes depuis l'apparition d’une secte se faisant appeler l’Ordre de la Flamme éveillée. Un de nos meilleurs agents, Eveli Flèche-Vive, que vous connaissez je crois, enquête en ce moment-même sur le phénomène. Il se trouve que 3 conseillers impériaux ont trouvé la mort il y a peu dans des circonstances troublantes. On a cherché à faire porter le chapeau à la Confrérie Noire. Et tout porte à croire qu’il s’agissait d’un leurre afin de couvrir les agissements de l’Ordre de la Flamme éveillé. Ce ne sont pas des adversaires à prendre à la légère. Ils semblent bénéficier d’un ou plusieurs soutiens puissants leur permettant de couvrir leurs traces voire même d’anticiper nos actions. Nous avons pu tout de même récupérer quelques informations intéressantes. Mais je pense qu’il conviendra à Eveli de vous faire son rapport. Après tout c’est elle qui a assisté aux événements et recueilli les éléments dont nous disposons aujourd’hui.”. Lorsque Aldrion se tu, un silence pesant s’installa. Le vent s’était remis à souffler une légère brise rafraîchissante et les oiseaux gazouillaient de nouveau. Pourtant Khaladhen bouillonnait intérieurement. L'excitation d’une nouvelle aventure incroyable la faisait vibrer autant que les risques qu’elle allait encourir de nouveau. Et la perspective de botter les fesses à un nouveau Prince Daedra était trop belle pour la râter.
    Le vieil Elfe respectait calmement le silence de la guerrière. Il savait qu’elle était en train de peser le pour et le contre. Partir de nouveau pour une aventure c’était aussi abandonner sa pupille. Aldrion n’était pas sans ignorer le lien fort qui unissait les deux femmes. Un fil étroit qui liait leurs âmes, construit au fil des années et des épreuves. Un lien baigné de sang et de larmes mais aussi de lumière. Celles de deux âmes qui se trouvent et entremêlent leurs destinées. Comment pouvait-il lui reprocher son hésitation ? C’eut été faire un trait sur une partie de son passé et des émotions qui avaient fait de lui ce qu’il était aujourd’hui. Le mage sourit intérieurement. Il ne regrettait rien. Si c’était à refaire je le ferai. Khaladhen remua sur son tabouret le tirant de ses rêveries. Haussant le sourcil, il l'interrogea du regard. Avait-elle pris sa décision ? Les deux rubis qui le fixaient d’un air déterminé répondirent à sa question. Sans un mot, la guerrière se leva, époussetant les miettes de son sandwich restées sur son pourpoint de cuir. Saisissant ses deux épées, elle rattacha son baudrier à la taille puis s’inclina profondément devant le Haut-Elfe : “Merci pour ce repas”. Aldrion leva doucement la main droite en signe d’apaisement. Il n’aimait pas les formalités. Toujours silencieuse, l'Elfe noire tourna les talons et s’éloigna, croisant au passage le patron du café. Celui-ci se retourna, surpris de son attitude froide et de son aura guerrière. Sa queue noire fouetta l’air et ses poils se hérissèrent d’inquiétude. Se tournant vers la table, il s’approcha du vampire : “Souhaitez-vous la petite note mage ?” “Vous pouvez la préparer mais avant cela préparez-moi un autre thé au jasmin, je vous prie, je dois réfléchir”. “Bien messire”, répondit le Khajiit en s’inclinant. Une fois que le patron eut disparu dans son échoppe, le vieux mage se redressa et ferma les yeux. Levant la main droite, il décrivit une arabesque formant des points de lumière dans l’air. Murmurant un mot dans une langue oubliée, il ferma son arabesque d’un geste sec et ouvrit les yeux. Un faucon pèlerin apparu, fixant son maître d’un regard d’acier. “Va au Bois Noir et trouve l’Elfette aux yeux couleur de printemps et à la flèche de Zéphyr. Dis lui que le Vestige va se mettre en route”. Poussant un cri perçant l’oiseau tournoya deux fois au-dessus de la table avant de s’élever vers le soleil de plomb. Tirant plein Est, il fila à grands battements d’ailes vers le Bois Noir.
  • Hellstrif
    Hellstrif
    Soul Shriven
    Merci pour le partage Mrs ! un plaisir à lire !
    Je travail jour et nuit comme un khajiit sous skooma !
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