Le Zaman est un historien, conteur d'histoires et de récits et un savant connu sur toute la surface de Nirn. Toutefois, bien qu'étant assez bavare sur sa vie depuis quelques temps, seules quelques personnes savent qui est le Zaman en réalité. Nombreux pensent qu'il est Rougegarde, d'autres disent qu'il est Khajiit. Sur le plan psychologique, certains disent qu'il est fou, d'autres qu'il est manipulateur. On dit même que le Zaman n'existe pas, qu'il est lui-même un personnage inventé de toute pièce, peut-être intemporel, et n'est juste l'imagination que d'un fou ou de quelques fous qui s'identifieraient à lui depuis la nuit des temps. Quoiqu'il en soit, tout le monde s'accorde à dire que son travail (notamment ses œuvres biographiques concernant la vie de cinq personnages qui aurait vécu en Tamriel) est remarquable, et comparable à une somme d'encyclopédies dédiées et menant une réflexion profonde sur des thèmes précis, au point que certains pensent que certaines histoires qu'il relate sont comparables à des fables moralisatrices qui seraient sorties tout droit de son imagination.
Par extension, nous appelons chaque œuvre du Zaman "Le Zaman de ...", en complétant le nom par le titre du thème, le nom de la personne, le sujet abordé dans l’œuvre en question.
Nous présenterons ici le contenu du Zaman d'Andheera af-El'Noumr, un recueil décrivant la vie d'une Rougegarde du même nom, qui est, sans l'ombre d'un doute, l'un des sujets d'étude qui a le plus passionné cet auteur.
Table des récits
PrologueRechercher et comprendre le fonctionnement de Nirn est un travail de longue haleine, et surement l'un des plus beaux objectifs de ma vie. S'intéresser aux rapports sociaux des personnes, à l'anthropologie, aux habitudes culturels des races peuplant ce fabuleux monde, à leurs croyances religieuses... Voila qui est palpitant et digne d'intérêt. Toutefois, cette passion pour le monde qui vous entoure grandit, dès lors que vous vous rendez compte que tout ce que vous trouvez n'est pas de la fiction, mais a bien été vécu par des êtres comme vous et moi. Ces êtres, hommes ou femmes, inconnus pour la plupart, ont souffert pour bâtir l'Histoire et l'Univers que nous connaissons. Des êtres que le Temps a fait oublié, sortis de la mémoire collective, et qui pourtant, malgré une vie aux apparences banales, restent des personnes exceptionnelles. Ce sont à ces gens que je veux maintenant rendre hommage afin que tout le monde se souvienne qu'il n'y a pas UNE histoire, mais DES histoires.
C'est dans cette optique que j'ai décidé de changer mon fusil d'épaule et mes habitudes d'historien et de scientifique. Écrire n'est pas mon fort, il suffit de voir les critiques concernant ma dernière œuvre biographique sur Septus Maximus et ses rapports avec l'impératrice Alessia. Je ne voudrais pas que la vie de ces personnes dont je vais parler soit incomprise, ou mal interprétée. Je veux transcender leur existence, qu'elle soit la plus authentique possible. C'est pourquoi ce bouquin (le premier d'une longue liste je l'espère) sera à la fois une analyse de la vie et de l'histoire d'une de ces personnes, écrit de mon point de vue et à la lumière du cadre de son époque, un recueil des preuves et des indices de son parcours, une compilation des écrits et des témoignages qu'elle aurait laissés (etc...), recopiés tels quels, fidèles aux originaux et sans aucune modification.
J'écrirai ces manuscrits au fur et à mesure des découvertes que je ferai; de fait, ne vous attendez pas à une encyclopédie structurée (bien que j'essaierai de faire un effort pour l'organiser un tant soit peu). Il me semble qu'il n'y a que comme ça que le lecteur pourra vivre intensément sa vie. De plus, je ne prétend pas avoir la science infuse. Écrire prendra du temps, comme toujours, et certainement que ce livre sortira en plusieurs volumes, et qu'au fil de mes avancées, son récit soit modifié. Dans ce cas, j'indiquerai explicitement ce qui me semble contradictoire, à charge pour le lecteur de se faire sa propre idée. J'espère montrer ainsi que la vie d'une personne n'est pas monotone, et que faire des choix est indispensable, et qu'on ne peut pas s'en détourner.
Ceux qui ont lu mes écrits précédents savent que je ne suis pas très fort non plus en illustration; cher lecteur, ne vous attendez donc pas à un recueil aussi bien illustré que ceux produits par la Société Géographique de l'Empire. Néanmoins, ceci ne m'empêchera pas de faire une belle présentation. Je m'efforcerai donc de différencier clairement, au moyen d'un code couleur clair et précis, ma pensée et mes analyses, des éléments recopiés textuellement que j'ai ou aurai recueillis.
Après cette bref introduction sur ce travail, je vais maintenant parler plus précisément de la personne dont cet ouvrage va traiter. Il s'agit d'une Rougegarde, dont on ne connait pas vraiment l'âge exact (très certainement 18 ans en 582 de la Deuxième Ère), ni le nom exact, et dont le récit de la vie est des plus obscurs. Je vois dès maintenant le lecteur me dire: "Vous êtes en train de dire qu'on ne sait rien d'elle ? Comment peut-on décrire la vie d'une personne dont on ne sait rien ?" C'est justement pour ces raisons que je trouve cette jeune femme fascinante. Pour laisser aussi peu de traces, je pense qu'elle a dû souffrir. Que ressentait-elle ? Est-elle encore en vie ? Où est-elle ? Il s'agit là de bien des questions toutes intéressantes, parmi tant d'interrogations. Je dois admettre que pour brosser un premier portrait, il m'a fallu du temps et cela a demandé un dur labeur. Je n'avais jamais autant travaillé et autant cherché. La femme dont je vais parler est donc une jeune fille sans importance, aux contours lambda, presque communs. Et pourtant, le peu de traces qu'il existe sur elle lui donne, à mon sens, beaucoup de charmes et j'espère que vous l'apprécierai autant que je l'apprécie. Certains détracteurs me diront pourquoi elle plutôt qu'une autre. Il existe en effet beaucoup de gens dont on ne sait rien ou qui n'ont laissé aucune trace... Certes, mais pour elle, je crois que le fait de ne laisser aucune trace est une sorte d'appel au secours.
Afin de la reconnaître et de pouvoir parler d'elle, je l'ai personnellement nommée Andheera af-El'Noumr après consultation de différents manuscrits que j'ai pus découvrir. Est-ce là son vrai nom ? Comme je l'ai dit précédemment, je n'en suis pas certain, mais ce nom me plaît bien.
Quoiqu'il en soit, je prie celui qui a créé ce monde de protéger cette Rougegarde et j'espère que vous pourrez vous aussi ressentir ce que j'ai pu ressentir en travaillant sur sa vie, ressentir ce que je crois qu'elle ressentait.
Le Zaman, date inconnue
Une page, une mémoire
par Andheera
A l'heure où j'écris ces mots, le temps me semble ralentir pour ne bientôt plus s'écouler. Cela fait plusieurs jours, je crois, que j'erre dans cet endroit lugubre. Y suis-je vraiment ? Il fait si froid et l'espace me semble contigüe. Si petit... Mais pourquoi cette impression d'immensité ? Des gouttes d'eau tombent lentement du plafond, provoquant un sinistre "couïlc" en s'écrasant sur le sol. Ce son devient à force insupportable à mes oreilles, mais il s'agit là de mon seul compagnon. Le perdre serait une douleur que je ne pense pas pouvoir surmonter. Est-ce cela que l'on appelle la mort ?
En y repensant, je suis déjà morte, je pense. Je n'en suis pas certaine. Il y a plusieurs années... Je suis morte, assassinée de la main même des miens... Je n'ai plus d'existence. Ils m'ont tout enlevée. Ils m'ont emprisonnée et torturée. Non, ce n'était pas moi, mais une petite fille. Ce jour-là, ils lui ont volé ses parents. Ils les ont traînés de force, pour les fouetter, aux yeux de tous, devant ses yeux. Je vois encore le regard de la petite fille qui retenait ses larmes devant le sordide spectacle. Et puis, ils l'ont capturée et placée dans cette minuscule cellule, aux barreaux pourrissants. C'est elle que je vois au loin, dans la chambre en face de la mienne. Elle est accroupie, recroquevillée sur elle-même. Elle ne fait aucun bruit et ne bouge pas. A-t-elle déjà fait une mouvement une fois ? Je m'approche de ma propre grille pour mieux la voir, mieux l'observer. Ces vêtements sont usés, de vieilles guenilles déchirées. Elle doit être là depuis bien plus longtemps que moi. D'ailleurs, depuis combien de temps sommes-nous là ?
Je tente de l'appeler, elle ne me répond pas. Peut-être est-elle trop loin pour m'entendre. Ou peut-être même qu'elle ne peut pas m'entendre. Je retourne m'asseoir au fond de la pièce, me mettant dans une position similaire à la sienne. Je m'en rend compte... Je suis seule. Je ne me souviens pas de ce qui m'est arrivé, mais je suis seule avec moi-même et ce terrible son. Je voudrais pleurer... Mais les larmes ne veulent pas couler. Puis, je lève les yeux. Au loin... La petite fille a levé les yeux. Je peux plonger mon regard dans le sien et voir toute sa détresse. Elle a envie de pleurer... mais ses larmes ne peuvent pas couler. Ce regard, ce sentiment, je le connais.
Tout devient clair... Cette petite fille, c'est moi... Emprisonnée dans un rêve, dans une cellule que personne ne peut ouvrir. Ce n'est donc qu'un cauchemar qui se répète en boucle, infiniment... Mais étrangement, je sens la fin approcher. Vais-je me réveiller à Lointains Rivages, comme ils l'appellent ?
Alors que je ferme les yeux, une de ses maudites gouttes tombent sur mon visage. Puis un son, et des cris. Des hommes ont ouvert la chambre d'en face, et ont emmené la petite fille. Elle pleure. Que lui font-ils ? Que se passe-t-il ? Si je rêve, pourquoi tout semble si réel ? J'ouvre les yeux... Elle me regarde, les yeux humides, ses vêtements déchirés, des plaies béantes sur les bras et le corps. L'un des hommes, d'une corpulence forte lui tient les bras. L'autre, de taille moyenne, peau sombre, tient un fouet. Je sens qu'elle m'appelle à l'aide dans un silence glaciale... Ils rient à pleine dents, elle n'émet aucun son. Mais je ne peux rien... Je suis si inutile... Pardonne moi, petite fille...
Depuis combien de temps dure cet effroyable spectacle... Depuis combien de temps subit-elle ce sort... Je la regarde impuissante, avalant chaque coup qu'elle reçoit comme mon propre châtiment. La rage s'empare de moi... Le grand sort son cimeterre. Et d'un coup sec, lui tranche la tête qui roule au pied de la grille de ma cellule. Ses yeux grand ouverts me regardent, me condamnant de n'avoir rien essayé. Les larmes coulent d'elles-même le long de mon visage, sans que je puisse les arrêter. L'homme noire me fait signe. Je comprend... Je suis la prochaine.
Je retourne m'asseoir au fond de ma pièce, les images de ce visage innocent défilant encore devant mes yeux. Il va certainement m'arriver la même chose... Que m'arrive-t-il ? Est-ce de la peur ? Non, de la haine. Arrête de me regarder de la sorte, ce qui t'est arrivé n'était pas de ma faute. Il ne m'arrivera pas la même chose que toi, faible fillette.
Je me souviens maintenant: ce n'est pas un rêve. La petite fille... Le campement... L'embuscade... Les bandits et la prison. Je suis quelque part en Bordeciel... Très certainement non-loin de Blancherive... Et par Grand Papa, je jure de faire de leur vie un enfer.