Chaque pas le rapprochant de la grande Lame, c’est accompagné de ses deux chameaux et du chargement qu’ils portaient que le marchand s’empressait de gagner le mur d’enceinte du lieu de pèlerinage de la Lame de Léki. Le voyage depuis Tava avait été périlleux, ou du moins la seconde partie suffisait à elle seule pour témoigner de cette difficulté qu’il ne cessa de geindre.
« N’allez pas au nord ! Des maudits ! Il y a le mal là-bas ! C’est de l’obscure magie ! Sortilège infâme ! » hurlait-il. Il se répétait tellement que ses paroles firent finalement fuir les derniers courageux qui voyaient en lui un illuminé de plus, ayant le haut du crane un peu trop brulé par le soleil. Seuls les enfants restaient auprès de lui, davantage amusés par l’histoire farfelue qu’il narrait.
« N’allez pas au nord ! La voix ne cessait de m’appeler, là-bas, près de Rkulftzel ! Mais je n’ai pas succombé ! » disait t-il.
Peut-être cependant y aurait-il quelques braves, ou illuminés selon le point de vue, à prendre le marchand fou au sérieux. Après tout, c’est peut-être seulement le vent, ou peut-être pas. Qui perdrait le temps à se permettre tant de curiosité ?
Quoi qu'il en soit, les récits du marchand semble s'être répandu au sein de la Lame, et ceux qui prêteront un temps soit peu l'oreille auront tôt fait de les entendre.
Hel Do Alik'r a déposé ses tentes aux alentours de la cité sacrée de Léki, il y a de cela quelques semaines afin de participer à la cérémonie de la fin du cycle.
Alors que l'Ugakta'r Yamir prépare un événement spécial pour la horde, l'avènement d'une guerrière au rang de Uetonga'r, qui est rentrée de son épreuve de survie ce Morndas, il entendit l'écho de cette magie obscure.
Si beaucoup pensent que le marchand est fou, il n'en reste pas moins que les rumeurs ont envahit la cité....
"Qui perdrait le temps à se permettre tant de curiosité ?" Un khajiit qui dirige une horde d'humains ? L'idée n'est pas si absurde à y penser !
Ce Tirdas, comme chaque semaine, les fidèles prononceront les maximes du Maître :
« L'épée est l'être. Le fil est l'esprit. »
« Renoncer au fardeau de la peur, c'est le jeter sur son ennemi. »
« Crier pour empêcher les mouvements du sable ne peut que vous user la gorge. »
« Préparez-vous à payer votre victoire dans le sang, mais n'en gaspillez pas une goutte. »
« Le rythme du vainqueur saisit son adversaire et l'avale. »
« La Soixante-dix-neuvième frappe : la lance du pêcheur affûtée au point du jour. »
« Vivez et mourez à chaque instant de la bataille. »
Une femme s’élèvera parmi ses frères sur le sable de la Lame de Léki, sous le regard des disciples, des pèlerins ou des autres nomades, c'est alors que les perles de sang couleront que le sable pour sceller le serment, que les oreilles d'Hel Do Alik'r se tourneront vers le Nord, pour une expédition, ce Turdas prochain.
Les plaintes du marchand Savaeth Ouadon ont été entendues. Du moins par quelques courageux, ou curieux pour les mauvaises langues. Les sept individus qui entreprirent le voyage en direction des murmures de Rkulftzel se moquaient bien des rumeurs : Pour Hel Do Alik'r, c’était là une occasion parmi tant d’autres d’associer le départ de la Lame de Léki à une curiosité qui pouvait avoir un quelconque intérêt. Pour l'occasion, ils furent accompagnés d’une jeune femme répondant au nom de Katesh, qu’ils avaient rencontré quelques temps plus tôt alors qu’elle s’entretenait avec le vieux négociant.
C’est elle qui prit la responsabilité de s’occuper de Joseph, le chameau du marchand, pour le conduire au nord. Le départ du mammifère semblait tenir à cœur au vieux négociant, et même si cette requête semblait manquer de logique et de précision, la jeune Kastesh accepta, avec la promesse de gagner en retour un ouvrage de qualité issu des babioles du négociant. Ce dernier exigea également que le chargement de Joseph, un simple sac de jute, ne soit pas toucher.
C’est sous ces quelques directives, ainsi que d’autres détails tout aussi étranges que le groupe se mit en marche. Le soleil s’était couché depuis une heure lorsqu’ils avancèrent parmi les sables d’Alik’r, mais Secunda et Masser furent suffisamment généreuses pour permettre à la colonne de nomades d’avancer sans torches. C'est durant ce long trajet que l'Ugakta'r, dévoré par sa curiosité bien connu, trouva un moment pour prendre connaissance du contenu du sac de jute : Il y avait là une simple baguette de bois, sans artefact ou décoration. Un objet aussi banal qui brisa rapidement l'intérêt du Khajiit.
Le groupe suivit ainsi la route menant à l’est, jusqu’à atteindre les portes de campement de Marshesel. L’endroit semblait habité par un groupe de nomades marchands, et l’accueil ne fut pas des plus chaleureux : C’est dans l’indifférence la plus totale que l’Ugakta’r et les siens mirent pied à terre, surement pour quérir quelques informations sur ces fameux murmures entendus au nord : Une quête visiblement inutile, surtout après que Prisea, la femme de l’Ugakta’r, afficha sa frustration et sa colère en réponse à l’ignorance des habitants du lieu. Cet excès de zèle eut pour conséquence d’avorter le moment de répit. C’est sous la menace des armes que le groupe dut quitter le campement.
Exténué par la fatigue, les nomades finirent par atteindre les abords de Rkulftzel. Il y avait à ses abords un campement abandonné, composé de quelques vieilles carcasses de tentes, ainsi que d'abris fait de vieux bois dont Yamir et les siens ne tardèrent pas à prendre possession. C'est de cet endroit, préservé du vent par les falaises de Rkulftzel, que l'exploration du lieu aux murmures débuta après un court repos mérité.
Le groupe se divisa en deux, et c'est l'Ugakta'r accompagné de la jeune Katesh, de la Tukta'r Prisea, et de D'irshte l'ancien Uhi'r, qui entreprirent l'ascension vers la porte de Rkulftzel tandis que le reste du groupe organisa la préparation du campement pour la nuit.
Arrivé sur place, le groupe de l'Ugakta'r fut témoin d'un spectacle pour le moins curieux : La porte de Rkulftzel était couverte d'une aura bleutée, tournant lentement en cercle. Quelques essais permirent de constater que cette aura pouvait être traversé, et alors que l'idée germait dans la tête de chacun, les murmures et les cris brisèrent le silence.
C'était la voix d'un homme, s'appelant Joseph, qui réclamait de l'aide pour sortir du lieu. Il se disait marchand, du moins apprenti d'un dénommé Savaeth Ouadon. Leur caravane avait été visiblement attaquée quelques jours plus tôt, et une douleur puissante dans la nuque de cet homme semblait être son dernier souvenir. Cette courte présentation aurait pu paraître banale, si il n'y avait pas eu cette similitude de nom avec le chameau du marchand rencontré à la Lame de Léki, et avec le nom du marchand lui-même.
L'Ugakta'r demanda alors à amener le chameau Joseph près de l'entrée de Rkulftzel, et lorsque la jeune Katesh s'empressa à cette tâche, le Khajiit ne tarda pas à saisir la baguette de bois entre ses mains. Et alors qu'il l'a manipula dans l'espoir d'y trouver un quelconque intérêt, elle se mit à briller de la même lueur que l'aura magique couvrant l'entrée de Rkulftzel, lorsque l'Ugakta'r orienta la pointe de celle-ci vers son animal de compagnie favori : son serpent. Le rampant accompagnait Yamir dans tous ses déplacements, et il semblerait que cette fois ci il servirait une cause dépassant les connaissances du groupe de guerriers nomades.
Surpris par cette réaction, l'Ugaka'r dirigea involontairement la pointe de la baguette vers l'entrée de Rkulftzel, et un flux bleuté pénétra l'aura magique comblant l'entrée. Immédiatement les plaintes du marchand Joseph cessèrent, et le serpent se figea au même instant. Sans s'en rendre compte, le khajiit avait interverti les enveloppes physiques de ces deux cibles, l'esprit du pauvre Joseph habitant ainsi le corps du serpent tandis que l'âme du rampant martyrisait sans doute le corps du marchand à l'écoute des frottements contre la roche.
C'est après plusieurs essais que le groupe comprit le terrible sortilège qui habitait cette baguette en bois. Et c'est à ce moment précis que les nomades pénétrèrent le portail, fatigués de ces découvertes désagréables.
L'obscurité dense à l'intérieur ne laissait rien paraître. Et ce n'est qu'après quelques minutes d'attente interminable et de bruits étranges qu'une lumière étrange envahit le lieu, laissant alors apparaître la véritable nature de l'endroit : L'intérieur était à l'image de ce qui est connu de Rkulftzel, et pourtant, tout semblait altérer à l'image de la lumière peu naturelle baignant le lieu.
Le groupe trouva à l'intérieur le corps du marchand rampant au sol, encore habité par l'esprit du serpent. Il y avait également d'autres animaux, mais ce qui attira l'attention du groupe fut la présence de Savaeth Ouadon, le marchand de la Lame de Léki. Il se présenta au groupe sous sa véritable identité : Un être Daedrique habité par l'amusement de la situation. Semblant se plaire dans les tourments pervers, il proposa au groupe une série d'énigme, qui leur garantissait en cas de réussite un retour à la normal. Du moins, il s'agissait là que d'une promesse sans garantie, mais il n'y avait guère d'autres choix, et la proposition fut acceptée.
Après avoir récupéré sa baguette, l'entité mit alors à l'épreuve chaque personne du groupe, et tous réussirent, jusqu'à ce que l'Ugakta'r Yamir eut pour tâche de déterminer l'identité de l'entité qui les tourmentait. Il répondit qu'il s'agissait là d'un disciple de Shéogorath, et à ces mots, l'aspect surnaturel du lieu s'écroula. Il ne restait alors plus que l'intérieur obscur de Rkulftzel, le marchand Joseph avait retrouvé son corps, tout comme le marchand Savaeth Ouadon. A l'extérieur, l'aura bleuté ayant servi de portail avait disparu.
Tout semblait être de nouveau normal, mais il resté un sentiment étrange d'inachevé, ou peut-être était-ce là la sensation étrange d'avoir prit part à un jeu désagréable, comme dans un mauvais songe.