Le Zaman est un historien, conteur d'histoires et de récits et un savant connu sur toute la surface de Nirn. Toutefois, bien qu'étant assez bavare sur sa vie depuis quelques temps, seules quelques personnes savent qui est le Zaman en réalité. Nombreux pensent qu'il est Rougegarde, d'autres disent qu'il est Khajiit. Sur le plan psychologique, certains disent qu'il est fou, d'autres qu'il est manipulateur. On dit même que le Zaman n'existe pas, qu'il est lui-même un personnage inventé de toute pièce, peut-être intemporel, et n'est juste l'imagination que d'un fou ou de quelques fous qui s'identifieraient à lui depuis la nuit des temps. Quoiqu'il en soit, tout le monde s'accorde à dire que son travail (notamment ses œuvres biographiques concernant la vie de cinq personnages qui aurait vécu en Tamriel) est remarquable, et comparable à une somme d'encyclopédies dédiées et menant une réflexion profonde sur des thèmes précis, au point que certains pensent que certaines histoires qu'il relate sont comparables à des fables moralisatrices qui seraient sorties tout droit de son imagination.
Par extension, nous appelons chaque œuvre du Zaman "Le Zaman de ...", en complétant le nom par le titre du thème, le nom de la personne, le sujet abordé dans l’œuvre en question.
Nous présenterons ici le contenu du Zaman de Shurta al-Rihad, un recueil décrivant la vie d'un Rougegarde du même nom, décrit par l'auteur comme étant un personnage simple mais attirant.
PrologueShurta al-Rihad... Ce nom ne vous dit très certainement rien, très cher lecteur. Un simple forgeron qui a parcouru Tamriel, un de ses habitants que la mémoire collective de Nirn a oublié. Tout comme Andheera af-El'Noumr, cet oeuvre est dédié à la vie de cette personne, souhaitant retracer son parcours, son histoire. Loin de moi l'idée d'en faire un modèle, toutefois, j'ai personnellement trouvé l'étude de sa vie intéressante.
J'entame donc avec cet ouvrage une deuxième série d'oeuvres consacrés à une autre personnalité lambda de notre vieux continent. Une fois de plus, ma curiosité a été piqué par un Rougegarde.
Les relations de ce Rougegarde furent tellement compliquées à étudier qu'organiser cette oeuvre ne fut pas simple. J'espère que le lecteur ne saura m'en tenir rigueur, et prendre quand même du plaisir à découvrir cette personnalité mystérieuse et étrange. Par ailleurs, à l'instar d'Andheera, la majorité des éléments constitutifs de cet oeuvre font l'objet d'un travail de recherche croisé. Ainsi, si vous avez lu "Aventures d'un groupe sauvage", certains aspects et passage de cet ouvrage vous sembleront familiers. Mais contrairement à cet autre livre, j'ai essayé de m'intéresser et d'intégrer ici le point de vue de notre sujet d'étude. Essayer de faire en sorte que le lecteur puisse vivre et comprendre l'état d'esprit de ces personnes... Voila l'objectif, je le rappelle, cher lecteur, si vous n'avez pas lu les volumes consacrés à Andheera.
C'est sur ces mots que je vous laisse à la lecture de ce premier volume.
Le Zaman, date inconnue
~ Introduction à Shurta al-Rihad ~Introduire un personnage méconnu n'est pas si simple. Ce court chapitre n'est pas destiné à faire la biographie de cet homme, mais seulement présenter quelques un de ces traits, qui permettront de mieux apprécier ses actions.
Très peu de témoignages ont filtré jusqu'à présent sur la vie de Shurta al-Rihad, si ce n'est qu'il est Rougegarde. Natif de Rihad, au sud de Lenclume, il a été presque élevé à la forge, pourrait-on dire. Son père était forgeron, lui-même fils de forgeron, lui-même fils de forgeronne.
Quant à sa mère, certains disent qu'elle était une mercenaire affutée, quoique jamais présente auprès des siens. D'autres assurent qu'elle a abandonné son enfant à la naissance. Je pense qu'aujourd'hui seul le garçon est au courant de la vérité.
Né en 559 de la Deuxième Ere, il semblerait qu'il fut élevé et qu'il ait vécu la majeure partie de son enfance protégé dans le cocon familial, bien que ses parents ne furent pas très présents pour lui. Toutefois, son enfance fut toute de même difficile. N'ayant aucun goût pour le combat, ni même aucune capacité pour les activités physiques en général, chose tout à fait atypique pour un enfant Rougegarde, il fut rejeté et moqué par ses camarades de son âge. Il n'avait également que faire des notions de fierté et d'honneur qui anime la grande majorité des gens de son peuple. Préférant s'amuser et flâner avec son ami Zayed, il passait la majeur partie de son temps à la forge de son père qui lui enseignait de temps à autre le métier de la forge, afin qu'il puisse reprendre un jour le flambeau familial.
Les moqueries permanentes des enfants de son âge tout au long de sa jeunesse finirent par le lasser. Adolescent, il commença à s'intéresser à l'éloquence. Doté d'un grand sens de la ruse et de la persuasion, on raconte qu'il aurait vendu, à l'âge de douze ans, une babiole en bois pour cinq milles pièces d'or à un marchand Khajiit. Pire, il aurait réussi à convaincre les jeunes de son âge de lui verser tous les mois une somme de trente pièces d'or, en échange duquel il leur aurait promis de participer à une caravane organisé par son père à travers Lenclume, caravane qui n'aurait jamais eu lieu.
Les archives montrent également qu'à seize ans, il aurait rejoint la structure des Echos de Nirn, cette guilde chargé de trier et informer le peuple de Tamriel. On raconte que Mariel, en charge de la maison des Echos de Nirn de Rihad, lui aurait proposé de rejoindre le directoire de l'organisation, épaté par son sens de la locution, et pour sa capacité à prévoir les choses. C'est en rejoignant cette guilde qu'il aurait entrepris de voyager à travers le Vieux continent, pour parfaire sa maîtrise de l'art de ses aïeux, la forge, malgré les réticences de son père.
A partir de là, la vie de Shurta n'est que plus difficile à retracer...
~ Chapitre 1: Arrivée à Métaye-la-Vieille ~
L'homme arriva enfin dans le petit hameau de Métaye-La-Vieille. Son sourire trahissait une certaine fierté et un certain bonheur. Cela faisait cinq jours qu'il avait quitté la cité-état de Daguefilante, cinq jours qu'il marchait dans la forêt et la campagne, à combattre des ours et d'autres bêtes de toute espèce, sous une pluie battante et noyante. Il n'avait hâte que d'une seule chose: retrouver une forge où il pourrait se reposer. Sa lettre annonçant son arrivée était très certainement déjà parvenu à son hôte local, qui devait par conséquent l'attendre depuis plusieurs jours.
Après une lente réflexion, il reprit sa marche lente, son carquois et son arc solidement arrimé sur son dos et entra dans la ville, le buste bombé et la tête haute. Certains gardes dévisagèrent alors avec curiosité le curieux Rougegarde qu'il était. Il arborait fièrement son armure fait-maison, tandis que son pas devenait de plus en plus rapide, au fur et à mesure qu'il s'enfonçait vers la place centrale. La pluie redoublait d'intensité, mais cela ne semblait pas le gêner outre-mesure, contrairement aux autres habitants emmitouflés sous des capuches ou des vêtements imperméables. L'eau ruisselait sur son visage fatigué, mouillant au passage ses cheveux qui renforçait son allure de voyageur exténué.
Scrutant soigneusement les alentours, il finit par apercevoir l'enseigne de ce qui lui semblait être une imposante forge, qui se dressait avec force sur la place des quais. La joie ne fit que redoubler en lui, et un immense sourire se dessina de plus bel sur son visage. "Le bon feu... Le bon feu..." se disait-il. C'est au sprint qu'il entra dans la forge, ses yeux s'illuminant alors d'une flamme plus forte que la chaleur du lieu qu'il espérait tant. Les fours, l'odeur du bon métal en fusion, la température brûlante... Le paradis se déployait devant lui. Fermant les yeux un instant pour savourer le moment, il les réouvrit et se dirigea immédiatement au milieu de la pièce principale pour trouver son amie Evangeline, ne prêtant pas attention aux deux étrangers qui étaient entrés en même temps que lui dans la forge.
"Salutations Evangeline !" s'exclama-t-il d'une voix grave et portante. Evangeline se retourna et fit mine d'être surprise de le voir par ici.
"Tu es en avance, dis moi. Je ne t'attendais pas avant plusieurs jours..." lança-t-elle sur un ton ironique.
Il est vrai que la lettre datait d'au moins deux semaines avant son arrivée, et faisait mention d'une visite d'au moins quatre jours auparavant. Mais une multitude de choses étaient arrivées depuis lors... Des choses qu'il voulait oublier. Les pensées affluèrent à son esprit, transformant l'expression de joie de son visage en une face soucieuse. Evangeline comprit immédiatement que quelque chose de grave s'était sûrement produit. Après tout, il se passait toujours des choses étranges avec lui.
"Tu es si prévisible et si facile à lire. Allons, va te reposer, nous en discuterons après." lui lança-t-elle sur un ton sec mais amical. Il ne put s'empêcher de sourire à ces mots, et devant le faux-semblant de Brétonne dure qu'elle affichait. Il s'exécuta et entreprit de détacher son carquois et son arc, qu'il posa soigneusement dans un coin propre de la forge. A nouveau plongé dans ses souvenirs, alors qu'il retirait ses gants, ce qui lui semblait être une altercation le sortit de son songe. Les deux étrangers parlaient bruyamment, près de l'entrée de l'atelier. Une Altmer assez grande, aux cheveux blonds et soyeux, portait une armure propre et étincelante. Elle était accompagné et se disputait avec un autre type, de petite taille, affublé d'un masque qui cachait son visage. Il ne comprit pas immédiatement le sujet de leur dispute, mais ne put s'empêcher de sourire lorsque le Nain menaça la Géante de la gifler. Se tenant habituellement en dehors des scènes de ménage, la prestance que dégageait cette Altmer le subjugua et le poussa à intervenir avec un large sourire.
"Allons, du calme mes amis. Vous êtes dans une forge calme et joviale. Vous devriez faire attention à ce que vous faites, et ne pas attirer l'attention sur vous." s'exclama-t-il. Puis continuant avec une voix plus douce, et plus basse: "Les gens vous observent et vous regardent...".
Cette intervention ne manqua pas de faire sourire Evangeline, et d'interpeler les deux visiteurs. Le Rougegarde, fier d'avoir parlé ainsi, en profita pour disséquer un peu plus l'allure de l'Altmer, faisant fi de la présence de l'autre homme de petite taille. Il lui semblait qu'elle avait énormément d'assurance pour une elfe étrangère visitant une contrée hostile, et la qualité de son armure suggérait qu'elle était certainement issue d'une noble famille. Etant un excellent forgeron, il ne se trompait que rarement lorsque son jugement se basait sur les armures que portaient les gens. Ses mains étaient enroulés dans des gants de première qualité, le vexant même légèrement de ne pas être encore en mesure d'en forger d'aussi jolis. Son visage, qui accompagnait harmonieusement sa taille mince et fine, était mis en valeur par des yeux d'une couleur bleutée rare, et par des bijoux qui ornaient son front et ses oreilles d'elfe. Ses longs cheveux lui retombaient dans le dos, tandis qu'une fleur sombre trônait au dessus d'eux. Elle portait un carquois et son arc qui, bien que finement taillé, lui semblait être de qualité plutôt standard, ce qui sonnait pour lui comme une fausse note, telle une couleur qui n'avait rien à faire dans un tableau peint par un grand artiste.
Plus il l'observait, plus il se sentait envoûté par cette Mer. L'homme de petite taille qui l'accompagnait s'impatienta, vexé d'avoir été interrompu par cet intervention osé du Rougegarde, et le pressa alors de répondre à des questions. Ce dernier, toujours aussi peu respectueux à son égard, se présenta avec une courtoisie ironique comme le maître des lieux, ce qui ne manqua pas de faire rire une fois de plus Evangeline qui observait la scène de loin, non sans curiosité. Le Rougegarde salua alors les deux étrangers et retourna auprès de son ami forgeronne, avec qui il commença à discuter des deux compagnons.
"Fais les entrer... Tu ne vas pas les laisser près de l'entrée, alors qu'une pluie battante tombe dehors..." chuchota Evangeline à son ami.
"Ces deux-là ?" répondit le Rougegarde, en pointant volontairement du doigt les deux voyageurs, ce qu'ils remarquèrent et ne manqua pas de les rendre méfiant. "Nous allons nous amuser." continua-t-il en riant fort, pour qu'on l'entende.
La scène dura une bonne dizaine de minutes, durant lesquels les deux groupes s'échangèrent des regards à distance comme pour se jauger.
"Tu en penses quoi ?" lança l'homme masqué à sa compagne.
"Je ne sais pas. Méfions nous. De toute façon, je dois le retrouver. Et la pluie ne s'arrête pas." rétorqua l'Altmer. Elle semblait inquiète, ce qui ne plaisait pas vraiment à son comparse. "Disons que..."
Avait-elle à peine commencer sa phrase, qu'une main saisit la sienne et la tira légèrement à l'intérieur de l'atelier. Surprise, elle l'ôta assez rapidement, montrant une certaine forme d'agilité qui ne surprit pas vraiment le Rougegarde. Voyant que l'autre nain avait posé la main sur sa dague, le forgeron désamorça alors rapidement la scène explosive qu'il venait involontairement de créer.
"Allons, allons, ne restez pas à l'entrée, vous allez être tout trempés." lança-t-il rapidement en riant, avant de pousser le compagnon de l'Altmer dans la forge. Il ne souhaitait pas d'altercations, mais la présence des deux voyageurs le troublaient de plus en plus pour une raison inconnue. Il les installa autour près d'un feu, et leur tendit deux fioles d'une mixture rougeâtre, qu'ils acceptèrent par courtoisie.
"Ce n'est pas de la bière, mais j'espère que vous apprécierez." dit-il avant de s'absenter pour s'enfoncer à l'autre bout de la forge.
L'Altmer et son compagnon en profitèrent alors pour vider discrètement le contenu des fioles au sol, ce qui n'échappa à Evangeline et ne manqua pas de l'énerver. Toutefois, elle ne voulait pas non plus d'altercations dans sa forge, et entreprit de bousculer simplement l'Altmer pour se venger, tel une gamine qui cherche une dispute pour des enfantillages. Son exaspération aurait pu s'arrêter là, si le petit homme n'avait pas lancé un "On devrait le dire au Maître des lieux...", qui ne manqua pas de la vexer, et de lancer un regard noir en direction de son invité Rougegarde, qu'elle prit à part une vingtaine de minute durant, pour lui demander ce qu'il comptait faire. Tel un vieux couple, ils étaient sur le point de se chamailler, mais finalement, éclatèrent à nouveau de rire en repensant à leur plan initial.
Le temps passa ainsi dans cette forge animée. Le Rougegarde revint s'installer auprès de ses deux invités et un nouveau dialogue s'instaura. Ils firent connaissance, ou du moins, le Rougegarde essaya d'obtenir des informations sur la raison de leur présence, usant de ses talents d'orateurs.
"Nous sommes ici, car je recherche quelqu'un. Une personne étrange, un homme ou une femme qui aurait besoin d'aide. Il ou elle a laissé des messages et devrait être ici." finit par lâcher l'Altmer, en tendant à son hôte des manuscrits.
Le visage du Rougegarde changea subitement. Parlait-elle de "ça" ? Il lut attentivement les parchemins en se mordillant la lèvre inférieure. Le calme dont il avait fait preuve jusqu'à présent s'envola en un instant, ses mains trahissant une certaine forme de nervosité qui n'échappa à personne dans la pièce.
"Vous devriez oublier cette personne. Elle n'existe pas. Rien ne prouve qu'elle est ici." lança-t-il.
"C'est comme ça que vous réagissez ? Alors qu'une personne est sûrement en danger... Si c'est ainsi, je préfère m'en aller." rétorqua vivement la grande Elfe.
Le Rougegarde sentait ses forces s'en aller. Des personnes les avaient trouvés... Que pouvait-il faire ? Déchirer les manuscrits étaient la seule idée qui lui vint en tête. Et garder un oeil sur ces deux voyageurs.
L'Altmer quitta la forge sans se faire prier, tandis que son nain de compagnon testa le forgeron, avant de quitter l'atelier à son tour. Evangeline remarqua le sentiment de peur qui pouvait se lire sur le visage de son ami. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi, alors qu'elle le connaissait depuis quelques années maintenant. Que pouvait-il bien cacher ? C'est ce qu'elle voulait lui demander, mais n'osa pas, le laissant quitter la Forge de Métaye-La-Vieille sans un mot, alors qu'il venait à peine d'arriver quelques heures auparavant.