La nuit est encore jeune alors qu’ils viennent de quitter l’auberge du Havre. Elle s’arrête sur le haut des marches pour regarder la cité en contrebas. Entre ses doigts, roulés en boule, se trouve toujours le parchemin qu’elle froisse négligemment.
- Nous partons maintenant ?
Une note amusée pointe dans la voix du Bosmer, ses yeux pétillants du plaisir anticipé de la battue.
- Oui, cela fait longtemps que nous n’avons chassé ensembles.
Une fois la décision prise, il est facile pour les deux partenaires de se préparer. Ils se connaissent bien et il ne leur faut que peu de temps pour s’équiper convenablement. Confiante en son compagnon, la Dunmer ne s’interroge aucunement quant à la direction à prendre. Il connait la région par cœur et ne risque aucunement de les égarer. Ainsi les voila tout deux cheminant sur l’une des routes boisées de la contrée.
Elle passe sa main d’un geste nerveux sur l’encolure du cheval. Depuis qu’ils ont quitté la cité, elle a l’étrange et déplaisante sensation d’être suivie. Souvent elle s’arrête, regarde derrière elle, sans remarquer quoique se soit. Devant, lui ne semble aucunement dérangé il mène la traque froidement,implacable. Le laissant prendre de l’avance. Elle immobilise l’équidé sur le chemin pavé. Les yeux mi-clos elle attend et ne perçoit rien d’autre que le bruissement du vent dans les feuillages, les crissements des animaux dans les bois, juste les bruits normaux. Au creux de sa conscience nait un sentiment d’agacement, comme lorsqu’on cherche un mot et qu’on l’a sur le bout de la langue mais qu’il nous échappe encore et toujours. Elle secoue la tête pour se changer les idées, oublier ce détail, se concentrer sur la route. Involontairement elle crispe ses mains fines sur les rênes dévoilant une exaspération croissante. Son compagnon n’est plus qu’un forme lointaine presque hors de sa vue. Une nouvelle fois, elle a laissé son attention dévier pour une impression qui n’est probablement qu’une chimère. D’une simple pression des talons son cheval s’élance dans un galop délié et agile dévorant la distance qui la sépare d’Ast en quelques minutes seulement. Ce court instant de vitesse suffit à calmer son esprit chassant toute trace de dépit, et, lorsqu’elle le rejoint finalement dans le sous-bois c’est parfaitement maitresse d’elle-même qu’elle glisse au bas de sa monture.
Cachés derrières un arbre, ils contemplent l’entrée de la mine. Les deux lunes sont hautes dans le ciel dévoilant un terrain en apparence exempt de tout danger. Lentement, les deux silhouettes avancent s’infiltrant dans le boyau dont la lueur dansante des flambeaux accentue les ombres au lieu de les effacer. L’air sec et poussiéreux râpe leurs gorges, les asséchant rapidement. Dans la pénombre, deux bandits se devinent. L’elfe des bois sourit saisissant deux flèches dans son carquois, méticuleusement il vise puis lâche ses traits coup sur coup. Chacun d’eux atteignant sa proie la faisant basculer vers l’arrière et chuter dans une cacophonie de corps rebondissant sur la pierre.
L'entrée de la mine
Alors que les traits mortels s’étirent dans le vide, un frisson désagréable la parcourt. Une autre magie est à l’œuvre en ces lieux. Mais les évènements ne lui permettent de s’attarder sur cette certitude. Du bas de la grotte quatre individus débouchent vers eux. Elle ferme les yeux ouvrant son esprit à la source éthérée et s’y lie, tissant habillement le fin réseau de runes modulant le flux afin d’en user comme d’une arme à l’encontre de ses ennemis. Vivement la puissance s’accumule dans le dessin de ses doigts habiles, de plus en plus intense jusqu’à ce qu’elle le libère foudroyant d’un éclair sa proie.
Du moins c’est cela qui aurait du se passer sans l’intervention…
La haine jaillit, imprévisible, brulante comme la flamme de l’âtre, coulant dans ses veines alors que sa magie se transforme souillée par l’essence nécrotique. Peu importe que l’individu soit de leur côté, peu importe ses intentions il n’aurait du jamais modifier son œuvre. Observant les morts à ses pieds, tandis qu’habilement son compagnon découpe et dégage le cœur encore chaud de ceux à qui il a ôté le souffle pour le ranger dans une besace en cuir, elle se penche près de son oreille, quelques mèches aux nuances d’argent venant jouer contre sa joue, puis lui murmure quelques mots.
- Un nécromant œuvre ici, non loin de nous. Laisses moi le plaisir de le tuer. - Parfait, cela m’arrange je n’ai aucune envie de manger une chair corrompue.
Prudemment ils reprennent leur progression éliminant les bandits qu’ils croisent aussi silencieusement que possible. Puis comme elle est venue, la présence nécromantique s’évapore. Vraiment seuls à présent ils descendent toujours plus bas vers le centre de la mine, là où se trouve celui qu’ils sont venus chercher.
Collée contre la pierre rêche, elle coule un regard vers le garde en faction devant la salle voutée. D’un geste élégant son compagnon étend son bras et dans un silence ouaté la dague de lancé file vers l’homme.
Implacable la mort le frappe soudainement, son regard s’écarquille sous l’effet de la blessure et de la surprise alors que ses mains se tendent sur la lame fichée à son cou et dont un flot pourpre s’échappe en vagues bouillonnantes. Un râle quitte ses lèvres déjà exsangues alors qu’il tombe au sol dans ses derniers soubresauts.
Le bruit se répercute rebondissant de mur en mur provoquant l’arrivée de cinq individus dont le chef bien reconnaissable. Restant en retrait l’orc commence à incanter. Précis et parfaitement synchronisé les deux aventuriers entrent en action, ils éliminent chacun l’un des assaillants les plus proches.
Haletante, elle prend appuie contre le mur, l’épuisement de sa magica la laissant vulnérable. Elle ferme brièvement ses yeux puis se concentre sur leur ennemi. Elle trace précipitamment les motifs qui affaiblissant sa proie lui permettront de retrouver un peu de force. Pendant que le sortilège s’actionne la délivrant peu à peu de sa faiblesse l’un des brigands restant la percute de plein fouet l’expulsant violemment sur le sol. Sa dague mal rentrée dans son fourreau se retrouve projeter non loin. Une souffrance sourde explose dans son corps alors que le souffle coupé et sonnée elle n’a pas la moindre de chance d’échapper à l’étreinte mortelle de la poigne de son assaillant sur sa gorge. Sa main droite se tend instinctivement vers le visage de l’agresseur visant l’œil, l’ongle de son pouce tentant de percer la cornée. De la gauche, elle essaye dans un réflexe désespéré d’attraper l’arme qui lui a échappé.
Brusquement il se projette en arrière desserrant sa pression et libérant sa trachée. Elle inspire douloureusement, l’air la brulant vivement alors qu’il s’infiltre dans ses poumons. La haine déforme les traits de l’homme qui d’un mouvement brutal il la gifle sauvagement. Elle sent le bref craquement de sa chair sous la rossée, le gout métallique du sang inondant son palais et enivrant ses sens. Elle laisse fuser un rire étranglé dévoilant une dentition aux nuances d’ivoire rougeoyant. Brièvement décontenancé il ne réagit pas lui permettant de planter à nouveau les ongles dans ses yeux et de forcer. Il émet un cri faible quand soudain il bascule sur l’avant. Une vague de pur plaisir la submerge quant elle perçoit la légère crépitation de la chair et que sur ses doigts coulent un liquide visqueux et tiède.
Au dessus d’elle le Bosmer lui sourit et lui tend la main pour l’aider à se redresser. Recroquevillé sur lui-même le dernier survivant gémit. Elle pose son regard pâle sur la pitoyable créature avant d’aller récupérer sa lame. Elle s’agenouille près de lui, lui caresse tendrement le front comme pour l’apaiser avant de la planter tout à coup d’un geste sec en plein dans le cœur jusqu’à la garde. Puis avec une extrême délicatesse, elle la retire laissant le flot chaud bouillonner de la plaie béante.
Un charmant présent sera amené au Capitaine ayant offert le contrat en échange des écus promis.
Le soir venu près de l’âtre flamboyant, alors que le vent souffle des promesses lugubres à ceux qui s’égarent, le vieux raconte d’antiques légendes. Il parle d’un savoir atavique qui se transmet au long des temps. Il murmure aux enfants apeurés et fascinés une sagesse ancestrale. La lueur des flammes donne à son visage un aspect prophétique, il semble grandit par la magnificence d’or du brasero. Sa voix rauque s’élève et les mots se forment se déroulant en une histoire qui durant un moment fera oublier le présent en échange d’une pitance.
Il existe un village en ruine oublié de tous, perdu dans la brume éternelle d’une tempête cendrée. En ce qui fut sa place centrale se trouve un autel de basalte sur lequel repose un cristal d’une pureté sans pareil. Il émane de lui une douce aura et un chant délicat comme une promesse agréable. Tel un fanal dans la nuit il attire les égarés, qui, comme des papillons viennent s’y consumer jusqu’à n’être plus que des ombres desséchées de tout souvenir.
Écoutez ma litanie, je vais vous conter son histoire. Ce lieu perdu ne le fut pas toujours. Avant, une grande plaine cultivable s’étendait traversée par un ruisseau à l’onde chante. Un ravissant bourg s’y dressait. Pauvres mais libres les habitants menait une existence de labeur honnête. Ils subsistaient grâce à la vente de leurs produits. Cela leur offrait les moyens d’une vie simple. Mais les jeunes rêvent de chimères, rêvent d’ailleurs. Parfois leurs songes prennent tant d’ampleur qu’ils en oublient le réel. Tel était le mal qui rongeait Idicëa. Son monde onirique lui semblait plus précieux que les plaisirs modestes auprès des siens. Son esprit toujours vagabondait parmi les méandres d’un univers qu’elle inventait à sa mesure. Au début les parents trouvèrent cela charmant, une fille si pleine d’imagination. Puis alors qu’elle grandissait le charme laissa place à l’agacement, l’incompréhension puis le rejet et la honte. Ce qui est pardonnable aux enfants ne l’est plus à une jeune fille en âge de se marier.
Ayant provoqué un énième incident de par son manque de concentration, son père l’enferma dans une hutte à l’écart du bourg.
- Tu resteras ici, seule, jusqu’à ce que tu reviennes à la raison. Peut-être que la solitude te fera réfléchir.
Restée dans le noir, elle s’assit au centre de la petite pièce, au dessus d’elle se trouvait l’unique ouverture de la construction. Son minois tendu vers l’éclat nocturne des deux lunes, des larmes coulant sur ses joues. Personne ne la comprenait, pourquoi cette injustice ? Lentement la tristesse s'effaça, se transformant en colère froide. Elle maudit ces rustres qui ne saisissaient pas la beauté de son monde. Elle hurla sa rage priant qu’on entende sa supplique.
- Belle enfant, tes rêves sont des perles qui méritent que tous s’y perdent.
La voix, douce et enjôleuse, paraissait descendre des rayons argentés des astres nocturnes. Subtile comme une caresse, elle enchanta la recluse qui se redressa les yeux brillant d’une lueur fiévreuse vers la forme qui commençait à se dessiner dans l’air. Blanche et éthérée, elle tendit la main vers la rêveuse.
- Viens, acceptes mon présent et à jamais ils vivront et se soumettront à ce que tu leur offres. - C’est tout ce que je désirs … oui je le veux !!
A peine ces mots prononcés une vibration intense brisa le calme de la nuit, tandis que les cris de la prisonnière résonnèrent, sinistres comme un chant mortuaire. Au dehors explosa le chaos alors que les éléments se déchainèrent dans une violence extrême. Des éclairs zébrant le ciel obscurcit de nuages qui déversaient un déluge d’eau et de grêles. Un vent furieux souffla, hurlant comme une meute de loups en chasse.
Ce n’est que plusieurs semaines plus tard que les négociants des autres bourgades inquiets de ne plus avoir de nouvelles s’aventurèrent jusqu’au petit patelin pour n’y découvrir que désolation et vestige, nulle trace des habitants. Seul au centre de la dévastation, un cristal nacré laissant échapper un suave murmure. Il est dit que ceux qui touchent cette pierre maudite perdent leur âme à jamais aspirée dans le royaume onirique d’Idicëa. Il se dit aussi que c’est là que se trouvent prisonniers tous les villageois, pour toujours perdu dans le rêve sans fin d’une enfant qui refusait de grandir.
Le silence s’abat sur l’assemblée alors que le vieil homme se retire son histoire achevée. Il n’a plus rien de magnifique à présent, juste un homme âgé qui compte sur sa verve pour se nourrir.
La porte fermée sur le dehors la dunmer exténuée ferme les yeux et s’accote contre. De longs frissons qu’elle ne peut réprimer la parcourent. Elle reste ainsi un long moment, sans bouger, tentant de ne pas sombrer dans l’inconscience. Puis par vague la crise s’attenue et la migraine se fait supportable. Lentement elle quitte l’appuie pour se diriger d’un pas incertain vers l’un des sièges près de l’âtre. Transie de froid, elle tend ses mains vers la douce chaleur. Par les volets entrebâillés elle devine les dernières lueurs du jour se fondre dans la nuit profonde. L’heure du repos bien mérité, un sourire froid et sans joie prend naissance sur ses traits fins marqués par un épuisement que bientôt les philtres ne pourront plus cacher.
Confortablement pelotonner sur le fauteuil moelleux, elle laisse ses pensées dériver aux rythmes sinueux des flammes de la cheminée. Le temps s’écoule, grains de sable par grains de sable. La pièce s’assombrit, seul le feu crépite encore, chassant l’obscurité dans un halo d’or. Le jeu des lumières dessine des ombres et des chimères sur les murs et les objets. D’un geste las elle s’enroule dans l’étole de fourrure puis se saisit de son nécessaire d’écriture, vestiges de sa veillée précédente à cette même place. L’ironie de la situation ne peut que la divertir.
[Sur l’ouvrage de cuir relié aux pages ivoirines l’écriture se fait déliée et aérienne, la plupart du temps. Parfois elle se brouille comme si la main qui tenait la plume se mettait à trembler.]
Sauver les belles en danger, l’une après l’autre.. quelle ineptie… ces fragiles créatures méritent ce qui leur arrive. A toujours compter sur les autres ont reste faible. Je l’ai appris, je l’ai toujours su… plus encore lorsqu’il ne restait plus rien de qui j’aurai pu être. Pourtant je dois le faire, montrer que je compatis, que je suis comme eux. J’aimerai, parfois, éprouver réellement les choses et non les jouer, les singer, juste pour donner le change.
[…]
Bien et maintenant, ne pas oublier d’offrir la politesse à l’insulte, le sourire au mépris, j’ai de plus en plus de mal. J’aimerai pouvoir dormir …. Me reposer. Je pensais avoir surmonté cela.. mais non ça empire depuis peu. J’ai l’impression de perdre pied. Il me faut reculer l’échéance.. faire en sorte de tenir encore…. jusqu’à ce que tout cette histoire soit finie. Je dois préparer d’autres potions, demain je prendrais le temps d’aller chercher les plantes qui manquent. Existent-elles au moins dans cette région … Oui probablement .. enfin je l’espère.
[…]
Ombrelune … l’artiste que je ne serais jamais entièrement. A la danse des masques celui-ci est mon préféré, être elle, réellement. Une illusion des plus concrètes, pourtant. C’est celle que je comprends le mieux. Peut-être parce que d’une certaine manière la peinture vole les âmes, capture l’instant, l’expression. Nous voyons au travers du modèle pour découvrir ce qu’il cache sous les apparences. J’ai hâte de figer à jamais les traits de cette Altmer.. oui elle va apprécier mon art, en découvrir les nuances délétères.
[…]
L’aube naissante, trouvera l’elfe noir assise sur le sable au bord de la plage. A ses côtés une fiole vide, sur son visage par touche délicate les traces de fatigue s’atténuent ne laissant que des cernes bistres sous ses yeux.
Allongée dans la pénombre de la chambre elle tente de trouver le repos. La douleur omniprésente vrille en clef de pourpre sous ses paupières closes. Encore et toujours dans un kaléidoscope lancinant les images de la journée se dessinent inexorablement dans son esprit, rien ne les en chassent. Dans l’air étouffant, surchauffé, elle se tourne et se retourne, les draps satinés collant à son corps moite de transpiration, l’agacement la rend fébrile et nerveuse. Finalement n’y tenant plus elle se redresse dans un mouvement brusque ravivant la souffrance, si elle ne peut fuir autant qu’elle affronte. Elle retient un gémissement ses mains se posant sur la plaie soignée et boursoufflée à son ventre, des perles de sueur goutant sur ses tempes et glissant le long de ses joues comme des larmes.
Immobile elle attend que les pulsations cessent, puis lentement, elle se lève, fait quelques pas dans la pièce étudiant cette solitude qui devient son habitude. Elle ferme les yeux étend ses bras en croix, bascule sa tête en arrière se laissant envahir par ses démons. Les faibles rayons lunaires à la texture poudreuse, filtrant aux travers des persiennes, offrent un éclairage en nuance de clair obscure jouant sur la peau humide de la Dunmer entre noir et argent scintillant. A ses narines se rappelle la douce effluve des herbes de pavot noir mélangés au sucre lune. Sa gorge se noue alors que le murmure devient hurlement. Elle retient un long sanglot, s’agrippant à un meuble pour retenir sa chute. Sans bouger elle attend longuement que les battements saccadés de son cœur reprennent un rythme normal avant de quitter l’étage.
Elle descend à pas feutrés les marches la menant au salon puis s’installe sur les coussins moelleux du canapé, ses longs doigts fuselés se tendent vers le narguilé se saisissant de l’embout qu’elle place entre ses lèvres avant de rallumer le foyer. La première bouffée amène dans ses poumons la nocive fumée irradiant son âme de mille lueurs, chacune dévoilant une seconde figée des évènements écoulés dans une précision d’une telle lucidité qu’elle a la sensation de pouvoir les revivre à l’infini.
Le souvenir irradie de contrastes entre l’éclatante lumière du début d’après midi et l’obscurité ténue du hall d’entrée. Elle revoit le groupe de la neuvième légion dans la cours, puis la porte de bois qu’elle franchit pour retrouver ceux qui sont devenus sa famille. Le départ de l'auberge, fluide comme de la soie. Quelques mots échangés puis les chevaux dont les muscles noueux vibrent au gré de la course. Les paroles de Selenios flottent encore sur eux.
** Nous partons en guerre … guerre … nullement juste .. juste quoi au fait… si j’avais su, pu prévoir …. La mort à une saveur si acre.. jamais ils nous hantent autant que ceux que nous haïssons d’un amour sans faille. **
Second souvenir, première bataille. Des loups-Garous, Tinuvaïre les a reconnus d’un seul coup d’œil.
** Comment ? **
Autour d’elle l’air se transforme, l’appel du sang, de la violence. Elle devine leur instinct. Peut-être pas tous mais quand même. Ils bondissent, attaquent, et elle ?
L’elfe noir s’étire savourant son confort, elle aspire une autre dose, une agréable volupté envahissant ses membres et son être.
Debout sans bouger alors que les autres se meuvent, elle se nourrit, aspire et goute cette saveur illicite. Cela crépite en elle comme une promesse. Délicatement elle relâche le tissage et le manque devient évident. Le monde reprend sa place et les acteurs entourent les corps sans vie de ceux qui furent leurs ennemis. Mais nulle réponse à leur quête et la traque reprend pour les mener vers la chute, le piège au gout de fiel.
L’adolescente court vers la tente.
- Un jour à force d’agir sans réfléchir vous finirez en tas de cendres.
Prophétie, prémonition alors que ses mots coulent de ses lèvres elle entend le déclique de l’arbalète. Le traquenard se referme sur eux. Juste le temps de comprendre que le monde explose dans une myriade de souffrance sans fin. De son ventre pointe un dard mortel qui draine son flux vital alors qu’elle chute au sol. La douleur reste la seule amie tandis que tout disparait et qu’il chante de plus en plus fort.
L’odeur du sang l’a rappelle, la tient éveillé. Elle sent en elle couler la magie dorée de la Prêtresse. Le dégout l’envahie mais elle ne peut rien faire. Fraicheur de l’herbe, odeur de mort, elle regarde le couteau qui se plante dans le cœur de l’Altmer, qui tourne et vrille ôtant la dernière étincelle de vie. Et tout est fini.