J’ai connu l’épidémie qui a ravagé une grande partie de nos semblables, il y a vingt ans. Bien que toute petite, ma mère me raconta la dure réalité que nous avons dû affronter. Aujourd’hui, nous remercions les altmers de nous avoir libéré de ce fléau, grâce à leur avancée médicinale. Les étendues sauvages de Pellitine sont immenses, à l’époque nous vivions hors des murs de Senchal. Seulement, la faune et la flore y sont dangereuses, d’autant plus que le banditisme s’est accru ces dernières années. Ici, à Pellitine, la loi des plus forts règne. Je vivais dans la tourmente auprès de mes parents, ne sachant si nous finirions par mourir de la peste. Nous survécûmes tant bien que mal. Mon père était un khajiit admirable, fort et ne souhaitant qu’une chose, protéger les siens. Seulement, il me confia à ma mère et décida de partir chasser dans les Hauteurs noires. Il nous interdit de s’aventurer avec lui. Suite à une attaque lourdement armée par des pirates, nous nous sommes séparés des hauteurs noires pour nous aventurer plus près de la mer. C’est ainsi que ma mère choisit de vivre à Senchal, afin de se sentir protégée par une légion impériale, nommée les boucliers de Senchal, le temps que père revienne de son expédition, ou de sa “chasse” comme il l’appelait. Nous avions un abri de fortune, quelques effets personnels qui nous permettaient de nous réchauffer. Où était papa ? Ma mère décida de partir de Senchal afin de retrouver mon père, j’étais assez grande pour garder la maison le temps qu’elle revienne. Elsweyr Sud est encore dévasté et se remet petit à petit de la peste knahataine et des innombrables feux qui ont sévis par endroit. En dehors de Senchal, rien n’est sûr et mère tente tout de même de retrouver l’homme de sa vie.
Les heures, les jours puis les semaines passent sans que je n’ai aucune nouvelle. Je me retrouve seule, sans rien à manger ni à boire. Je m’assis sur un petit tapis de fortune et réclame un brin de monnaie. Je devenais de plus en plus faible, mon corps n’allait pas tenir le coup. Je tournais en rond, ne sachant quoi faire, jusqu’à ce qu’un khajiit un peu plus âgé que moi m’interpelle. Il était maigre, sa crinière ébouriffée et son regard d’un ambre éclatant. Il me demanda ce que je faisais seule dans les environs, en bordure de Senchal, là où les miséreux survivent. D’un ton plein de tristesse, je lui explique mon désarroi et ma volonté de retrouver mes parents qui se sont enfuis en dehors des murs, m’abandonnant à mon triste sort. Il eut un élan d’empathie et posa sa patte sur ma tête. Je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps, je me sentais perdre le peu d’énergie qu’il me restait, affalée sur le corps de l’étranger. Le peu de personne qui me considérait, le peu de khajiits qui m’avaient tendu la main était quasi inexistant. Depuis les moments difficiles en Pellitine, je comprenais que c’était du chacun pour soi et pourtant, je voulais croire en un monde meilleur. Un monde où on apporte de l’espoir et de l’entraide. J’avais songé à ce que ne soit qu’une utopie, à ce que mon corps finisse par pourrir dans un coin abandonné, à ce que je quitte ce monde seule. Pourtant, ce khajiit m’avait simplement fait un geste si simple que j’en fus toute chamboulée. Après avoir vidé mon sac, il voulu me faire rencontrer deux autres khajiits qui vivaient une situation similaire. L’un d’eux avait perdu sa sœur et sa mère à cause de la peste, l’autre s’est retrouvé captif de quelques esclavagistes et a réussi à s’enfuir. Ils vivaient dans un petit cabanon fait de pierre et de bois, se chauffant à l’aide d’un petit feu au centre de la pièce. Et puis, ils se mirent à chanter et à jouer quelques notes de musique. L’atmosphère me donne du baume au cœur, je me sens vivante.
Ils décidèrent de m’accueillir à bras ouvert, me contant leurs aventures et de ce qu’ils étaient venu faire à Senchal. Je pris la parole plusieurs fois, cherchant également à me faire un nom auprès d’eux et à devenir leur amie. Je leur montrais qu’il pouvait avoir confiance en moi et m’exerça au chant. Malheureusement, les temps devinrent bien trop durs et de drôles de personnes passaient en bordure de Senchal. L’un deux, un jour, vint me parler. Il s’agissait d’une toute jeune khajiit qui m’expliquait que nous pouvions trouver la rédemption et le pardon au sein des acolytes de la nouvelle-lune. Ne sachant pas quoi répondre, je préférai m’abstenir et revenir auprès de mes compagnons, leur expliquant la situation. Nous aurions pu être nourri et logé, pourtant, mes compagnons étaient contre l’idée. Ils trouvaient même cela louche. Les jours s’ensuivirent et on entendait des mères pleurer la disparition de leurs enfants, des pères ne trouvant plus femmes et enfants… Nous devions partir et vite.
C’est ainsi que débuta mon aventure en dehors d’Elsweyr, mes compagnons n’étaient autre que : Dro'Zah, le khajiit au regard d’ambre à la voix douce, S'Radirr le vétéran au tambour et enfin Aravi, la khajiit jouant de l’esraj. Elle m’apprit quelques notes et me laissait jouer de son instrument, j’aimais tellement le doux son de cet objet. Nous sommes partis de nuit, ne prenant que peu d’effet et parcourons ainsi les différentes contrées, chantant avec bonne humeur et racontant notre passé. Notre groupe n’avait pas de noms, nous étions simplement des itinérants sans grande prétention. Je m’étais fait à l’idée que mes parents n’étaient plus là et, dans tous les cas, j’étais bien trop faible pour prétendre les rechercher et abattre des ennemis. Je n’avais aucun réel talent particulier … Du moins, c’est ce que je croyais.
A SUIVRE.
Edited by Fallen Swallow on 14 mars 2021 3:50