BAGEYRA, le khajiit
ACTE I : ADIEU
Le désert d'Elsweyr, quel bel endroit que voilà. Du sable, du soleil, de la chaleur et des lézards. Je suis un khajiit né à Fort de Rive. Je vais vous raconter une histoire, mon histoire, celle d'un khajiit au coeur meurtri.
J'ai été heureux fut un temps avec ma famille. Mes parents n'étaient pas les plus riches ni les plus pauvres. Ils voyageaient beaucoup, marchandaient quelques affaires et espéraient avoir une vie prospère. Ma petite sœur, quant à elle, est une vraie plaie. Elle est guillerette, mange comme une porcine et se met à chanter à tue tête. Toujours dans mes pattes, elle cherche la querelle puis vient vers moi pleine de tendresse. Il est vrai que grâce à elle, j'ai tenu bon. Tous deux, nous cherchions à faire les quatre cents coups, volant quelques hommes lorsque nous allions en ville mais ils nous arrivaient d'être confrontés aux gardes et de nous faire gronder par nos parents.
Même si nous savions parfaitement que nos parents faisaient la même chose, nous leur montrions simplement que comme eux, nous avions nos intérêts et cherchions à avoir des profits. Durant notre périple, tirés par une charrette, entourés d'autres khajiits, nous parcourions les terres d'Elsweyr. Nous étions souvent en dehors des villes dans des tentes, dormant sur quelques couvertures au clair de lune. Tandis que nos parents tergiversaient avec nos compagnons de voyage, je regardais ma sœur et lui murmurais quelques mots :
- Tu penses que nous serons heureux, Kaasha ?
- Kaasha ne sait pas.
- Bageyra aimerait tellement voyager dans d'autres contrées, explorer des horizons et devenir un jour un khajiit reconnu.
- Peut-être. Toi seul est maître de ton destin.
- Voilà que tu te mets à philosopher ma soeur ? Bageyra pensait que tu n'étais qu'une petite écervelée bonne a faire que des bêtises.
- Ne dis pas de sottises ! Kaasha aime jouer mais Kaasha sait être réfléchie.
Notre petite conversation n'était rien de plus que quelques mots ce soir-là. Je souhaitais la protéger ainsi que ma famille. Je sentais que je ferai n'importe quoi pour elle. Notre fraternité était ce que j'avais de plus cher. Seulement, cette nuit-là, le camp fut alerté par des bruits suspects et tous les khajiits sortirent de leur tente. Armés de leurs épées et de leurs dagues, les adultes étaient aux aguets et expliquaient aux enfants de rester silencieux dans les tentes. Nous étions à l'orée de la frontière, près de Havre. Nous avions pourtant été prévoyants. Qui oserait attaquer un petit groupe marchand tel que nous ?
Ce soir-là, le feu et le sang ont coulé, nous restions plantés là, se serrant l'un contre l'autre jusqu'à ce qu'un homme entre dans notre tente. Je pris un petit couteau et me levai doucement mais un coup de poing frappa ma tempe. Entendant les cris de ma sœur, mes yeux mi-clos, je sentais qu'on nous transportait jusqu'à une cage. Je l'entendais pleurer, Kaasha ... Kaasha...
ACTE II : STIGMATES
Un esclave. Je suis devenu un esclave peu de temps après avoir été transporté je ne sais où. Ma soeur avait été emmené ailleurs. J'avais tellement hurlé de douleur, criant son nom avec désespoir. Frappé à maintes reprises dans un espace clos qui ressemblait fortement à un cachot, mes yeux me piquaient atrocement et le sang qui coulait de ma gueule ne s'arrêtait pas. J'avais honte de ne pouvoir rien faire. J'étais encore un tout jeune khajiit.
- Maman ... papa ...
- Oh, regarde moi ce pauv' chaton ! Fred, admire ce petit être inoffensif !
- Ah ah, tu pleures sale khajiit ? s'exprima Fred.
- Où sont mes parents ? dit Bageyra, larmoyant.
- Morts. Tués comme tous les autres.
- Ah ... ah ....
- On va même te raconter en détails sale khajiit ! Que tu t'imprègnes bien dans le crâne que vous autres n'êtes qu'une sous race ! Vous méritez de crever. Bande fourbes et de voleurs que vous êtes ! Vous ne valez rien !!! RIEN ! Hurla Fred.
Je souhaitais me cacher, ne rien écouter mais on me força à écouter cette histoire, cette sombre histoire. Fred semblait jubiler, me racontant les atrocités qu'ils ont faites à ma famille et aux autres compagnons tandis que l'autre type m'avait attaché les pattes et me tirait les oreilles pour que j'entende bien. Salauds. SALAUDS ! *pleurs* ces impériaux. Je les ai reconnu. Leur tenue, leur heaume, leur façon de parler... Comment osait-il ? J'étais du domaine Aldmari, tout comme ma famille mais eux semblait avoir une dent contre notre alliance et surtout notre race. On me laissait croupir là un temps, j'étais leur jouet. J'étais très peu nourri et je n'osais plus faire mes besoins. Je me rendais malade, j'avais peur, j'avais faim, je pleurais ma famille et ma soeur. J'imaginais qu'on la tue, qu'on la viole, qu'on la séquestre, qu'on la brise comme ils étaient en train de le faire pour moi. Je me serai laissé réellement mourir si je n'avais pas entendu cette conversation ce jour-là. Trois gardes qui parlaient d'une cargaison rempli de khajiits femelles, transportés par bateau vers Daguefilante.
Ce n'était rien, c'était peut-être d'autres femmes khajiits mais il y avait une once de chance que Kaasha en fasse partie. Il me fallait un plan et partir de cet endroit. Il est vrai que j'étais amaigri et que mes forces s'amenuisaient mais il me restait de l'espoir. Ce petit espoir qui venait de naître dans mon petit coeur meurtri. J'imaginais la voix de ma soeur "Bats toi, fainéant !" et je trouverai un moyen de sortir d'ici.
- HEY LE KHAJIIT ! RÉVEILLE TOI ! Sale chat.
- Bageyra.
- T'as dit quelque chose ?
- Mon nom ... est Bageyra. ***.
Il était tout rouge celui-là. Fred était son nom. Avec furie, il ouvrit la porte de la cellule et s'approcha de moi pour me frapper. Ni une ni deux, je lui mordis la gorge en sautant sur lui. Ils m'avaient torturé pendant trop longtemps, mes griffes n'avaient pas encore repoussées. Je mis ma main devant sa bouche pour le faire taire. Il tenta de me heurter au mur mais son sang giclait dans ma bouche. Je me retire et lui fait un croche patte alors qu'il commence à perdre connaissance. Je le regarde une dernière fois dans les yeux et lui murmure à l'oreille :
- Adieu.
D'un craquement d'os, je lui tords le cou en disloquant les vertèbres. J'aurais préféré le voir souffrir mais hélas, je n'avais pas assez de temps. Le type avait eu le temps d'agripper les poils de mon abdomen et d'en arracher au passage. Je n'avais pas le temps de voler ses vêtements, je restais simplement en haillon. Prenant son trousseau de clés, je sors discrètement de cet endroit hideux et puant la sueur et la mort. Il me fallait trouver une sortie. Un long couloir devant moi avec des entrées à gauche et à droite. Un véritable labyrinthe. Néanmoins, je savais que je pourrais m'en sortir. Je reniflais les odeurs de ces chiens d'impériaux, cherchant celles qui empestaient les couloirs pour trouver le bon chemin. Tout droit, à droite, encore à droite puis à gauche et enfin tout droit. Bingo. Une petite échelle amenait à une trappe en bois. Ce devait être une partie de la garnison.
Je me faufilais d'ombre en ombre, derrière des meubles ou à l'intérieur de garde robe le temps qu'un ou deux impériaux finissent leur ronde. J'avançais à pas feutrés jusqu'à une petite salle où étaient entreposées des liasses de papiers, de l'encre et quelques coffres. En face de moi, il y avait cette petite fenêtre. Refermant la porte derrière moi, je regarde d'abord avec intérêt le coffre qui était à ma droite. Rien. Uniquement de la poussière. Déçu. C'est alors qu'une légère brise passa par la fente de la fenêtre, caressant mon visage. De l'air, enfin de l'air ! J'accourus jusqu'à l'extérieur, escaladant le bureau qui me permit de passer la fenêtre. Dehors ! J'étais enfin dehors ! Il faisait nuit. Je ne savais même plus quel jour nous étions, ni même si je reverrai le soleil ou la lune un jour ! J'étais en train de renaître. Mais il ne fallait pas tarder. Ce n'était pas le moment. Je devais partir, courir à vive allure devant l'étendue d'herbe verte qui s'étendait devant moi.
- Bageyra libre !
ACTE III : LA CONFRÉRIE
Plusieurs années ont passé. Comment diable étais-je encore en vie ? Je ne saurai vous expliquer. Durant ma quête en direction de Daguefilante, j'ai eu vent d'autres rumeurs concernant des esclaves khajiits disséminés dans les environs. J'ai tué des impériaux et libérer des enfants, espérant retrouver ma soeur. Hélas, il n'en était rien. J'étais seul, errant dans ces contrées qui étaient Cyrodill, non loin de Kvatch. Depuis ma séquestration chez les Impériaux, j'ai pu retrouver ma forme physique et suis devenu un homme nouveau. Je marchais et déambulais dans certaines villes, le visage couvert d'une cape noire, questionnant quelques habitants. Certains me parlaient d'elfes noirs à Vvardenfell qui faisait encore de l'esclavagisme, d'autres d'aller voir du côté d'Haltevoie ou encore la Côte-d'Or. Je suis partie en bateau jusqu'à la Côte d'Or où j'ai fait la rencontre d'une certaine Émilie Crowe. Elle me parla d'aller voir un homme dans le phare, en face du port. Je fus surpris de constater que cet homme était une personne qui m'avait longuement observé durant mon périple depuis Cyrodiil. J'étais un ancien de l'alliance Aldmari mais, aujourd'hui je ne souhaitais qu'une chose. Parvenir à atteindre Daguefilante sans me faire tuer pour retrouver la piste de ma soeur. J'aurai dû suivre mon instinct depuis le début et ne pas farfouiller la contrée de Cyrodiil de longs en larges. Même si cela m'a permis de libérer les miens et de massacrer les impériaux. Je les hais.
Cet homme appelé "Langue noire", allait faire de moi un homme encore plus endurci. Pour prouver ma loyauté à sa cause et pour pouvoir réussir à entreprendre ce que je désirais, il me fallait devenir un banni de l'alliance Aldmari. Cela prendra du temps. Je fis ce qu'on m'ordonna. Un véritable tueur, un assassin discret utilisant la "lame de malheur", comme ils l'appellent. Je dois trouver Kaasha. Je n'ai pas fait tout ceci en vînt. La confrérie m'a choisi mais j'ai encore bien du chemin à faire avant de réussir à être réellement un des leurs.
*Bageyra*
- hm...
*Bageyra, est-ce que tu m'entends ?*
- Non... Ka...Kaasha ?
*Bageyra je suis si heureuse de te savoir en vie !*
- Est-ce que je rêve... Kaasha, où es-tu ?
*Kaasha est en fuite, mon cher frère. J'ai peu de temps devant moi. Nous devons nous ...*
- Kaasha ? KAASHA !!!
Réveil en sursaut. Un rêve ? N'était-ce qu'un rêve ? J'étais actuellement dans l'antre de la confrérie noire, mes vêtements en cuir posés sur une chaise. J'en avais des sueurs froides. Cependant, mon instinct me sonnait de prendre une besace et de partir à Daguefilante. Était-ce si dangereux de partir sans prévenir qui que ce soit ? Oui. J'allais donc laisser un mot au chevet de la femme loup garou, celle qu'affectionne tellement cet homme aux cheveux blonds et qu'il considère comme sa soeur. Je m'entends mieux avec lui qu'avec les autres gars de la confrérie. Je n'ai pas le temps, pas encore.
"Cher frère de la nuit,
Je pars pour une durée indéterminée suivre ma propre voie. Bien entendu, je ne divulguerai rien sur notre organisation et la mère de la nuit. Soit en certain. Sachez que je serai en route. J'ai eu une vision. Kaasha m'a appelé. Je dois y aller. Je pense que Sithis ne sera point en colère si elle comprend mes desseins.
A bientôt.
B."
C'est ainsi que je retournais, après quelques mois de servitude envers mes frères et soeurs de la nuit et envers Sithis, vers des contrées lointaines où je rencontrerais la femme qui allait changer ma destinée.
ACTE IV : LA RECHERCHE
A suivre ...