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Le lever du Couchant : prologue
Depuis le mois de Semailles de 2E 586 (T.E.) une intrigante lettre avait fait le tour de l'île du Couchant. Pour sa part, Ajaxandriel avait tâché de régler les affaires courantes au service de la Coalition pour rentrer sur ses terres en conséquence.
"L'annonce royale" en question se fit attendre jusqu'au mois de Plantaisons. Un décret parvînt aux baillis des différentes maisons et aux chanoines de chaque agglomération.
Cette annonce eut l'effet d'une déflagration dans les familles régnantes du pays.
Par exemple, c'est ainsi qu'elle laissa la cour de Valsoleil divisée.
D'un côté, les anciens se trouvaient abasourdis et affligés par cette fêlure inouïe des principes ancestraux altmers. Ils étaient incapables de réagir.
Pris entre d'une part, l'inconvenance qu'il y aurait eu à aller contester et réfuter le décret à la Cour d'Alinor, et d'autre part, le caractère résolument inacceptable et même inconcevable de son contenu.
De son côté, la jeunesse dorée gravitant au manoir du patriarche Seneril et de la matriarche Talargwën se moquait bien de ce genre de paperasseries. Elle préférait se complaire dans l'insouciance, qui alternait entre fêtes et paisibles promenades dans leur principauté recluse du sud-ouest du Couchant.
Non pas que tous auraient approuvé l'entrée de ces foules d'étrangers - bien au contraire ! - s'ils avaient réellement accordé du crédit à cette proclamation. Mais ils continueraient de plaisanter sur le "manque de tolérance" et l'acrimonie de leurs aînés, du moins tant que les hordes d'étrangers en question se tiendraient loin de leurs salons, et autres lieux d'amusement, dans les faits.
Parmi eux, cependant, se tenait l'héritier dans l'ordre de succession à Seneril : son fils Telernil, dit l'Orateur.
Telernil était un altmer vaniteux comme ses contemporains, mais il était également ambitieux et sournois. Se passionnant pour les intrigues et la politique, il était en outre sincèrement inspiré par les mythes des divins ancêtres des Altmers.
Très vite il partagea donc l'indignation de ses aînés.
Après tout, il avait déjà approché de près le complot contre Ayrenn en Auridia quelques années plus tôt. L'aventure malheureuse de l'Héritage voilé lui avait appris à se méfier des conjurés de tous acabits, trop prompts à se livrer aux Daedra. Il avait aussi appris à se méfier des Yeux de la Reine, un peu trop efficaces et perspicaces, car tout aussi pragmatiques que lui-même – contrairement aux naïfs agents de la Poursuite divine, dont sa piété ostentatoire avait acquis les bonnes grâces.
Voilà qu'arrivait peut-être une aubaine pour affaiblir la Reine inattendue, "l'Hétérodoxe" comme il l'appelait.
Ayrenn était en effet perçue dans l'entourage des Valsoleil et dans de nombreuses maisons bien-nées du Couchant comme une reine distante et ineffective. D'ailleurs n'avait-elle pas laissé le trône d'Alinor à sa remplaçante et cousine, la Vice-Reine Alwinarwë !...