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L’économie de la Mer intérieure et le pôle de Cœurébène
L’économie de la Mer intérieure et le pôle de Cœurébène
par Llevndryn Sershilavu de la Maison Arador Dayn – 2E587
Une erreur que l’on fait instinctivement en regardant une carte, c’est de considérer les mers et plus généralement les étendues d’eau, comme une coupure, une rupture de la continuité. En réalité, les mers ont toujours été d’incroyables plateformes d’échange. Elles sont l’extrême opposé d’obstacles, puisqu’elles permettent un transport direct et rapide, là où les chemins terrestres doivent sans arrêt prendre des contours.
Resdayn doit certainement une grande partie de sa prospérité à son réseau de voies navigables, et plus particulièrement à sa Mer intérieure. Si l’on en croit les Leçons de Vivec(1), celle-ci se serait formée suite à l’éruption du Mont Écarlate de 1E668. La contrée des Dunmer a toujours été changeante, et il n’est pas rare qu’une voie se creuse et qu’une autre se rebouche. Il en va ainsi de la rivière Thir ralliant la ville de Cœurébène à Narsis, que l’on retrouve sur certaines anciennes cartes et qui se serait ouverte et refermée à diverses reprises au gré des éruptions de la Flèche tourmentée ou du Mont cendreux. Elle est aujourd’hui enfouie. Un tracé suggère même que Longsanglot ait pu être reliée à la Mer intérieure par un bras bien plus modeste que l’imposante rivière Thir.
Naturellement, les villes se sont poinçonnées le long des côtes et des cours d’eau, et l’une d’elle, de par sa position centrale, a su tirer son épingle du jeu. Cœurébène est bel et bien le cœur du commerce en Resdayn et est depuis sa prime Histoire la plateforme tournante de la région. C’est sans doute cette position de pouvoir qui lui a valu sa rivalité ancestrale avec Longsanglot et qui explique que les deux nations n’en fussent autrefois qu’une.(2) La ville fut d’abord une cité minière fondée par le clan Ra'athim. Le Roi Edward lui-même disait que le minage était dans le sang de « la lignée royale de Cœurébène ».(3) La puissance économique du clan Ra’athim, possédant toutes les mines et les richesses du territoire entre les deux villes, fit son pouvoir politique puisqu’il produisait les hauts rois de Morrowind sous le modèle impérial. C’est seulement lorsque deux jumeaux furent déclarés tous deux rois – ce qui mena à la disparition de la fonction de haut roi – que Cœurébène et Longsanglot se scindèrent en deux cité-États.(4)
Le commerce s’équilibra donc géographiquement autour de Cœurébène, se disposant en plaine et sur les côtes à des distances plus ou moins homogènes en réponse à la demande et à la distance que les clients et marchands itinérants étaient prêts à parcourir. Les prix suivirent ce mouvement, les transports faisant converger les marchés, et s’alignèrent avec la concurrence. Un équivalent de Cœurébène vit le jour sur Vvardenfell sous deux formes distinctes : d’abord Vivec dont l’existence est avant tout de nature religieuse(5), puis Seyda Neen dont le développement a été supervisé par le Syndic de construction Hlaalu(6), s’associant à la Compagnie commerciale de la Côte d’or(7) pour faire croître le village portuaire afin de répondre aux besoins grandissants de la cité de Vivec. La triade ainsi formée est tellement interreliée qu’elle peut être considérée comme un seul et même pôle économique au centre de Resdayn.
Le temps passant et les échanges s’intensifiant, chaque ville a trouvé son avantage à se spécialiser dans la production dans laquelle elle excellait. De Noiréclat(8) à Gardefeu(9) et jusqu’au Port Telvannis, en passant par le pôle de Cœurébène, toute la région devint interconnectée. Les territoires intérieurs ne bénéficiant pas des voies navigables s’appuyèrent sur un réseau stable de caravanes et même les échassiers des marais furent parfois mis à contribution pour le commerce. Seule Longsanglot et ses villes orientales restèrent quelque peu en dehors de ce réseau, comptant sur les cours alimentant le lac Amaya et son commerce avec les villes Drès du sud-est pour garder une certaine autonomie, peut-être par fierté historique. La Grande Maison Drès et son siège de Larme, quant à elle, spécialisa son développement dans le commerce d’esclaves pour lequel sa position privilégiée lui offrait tout le bassin de Fangeombre et les côtes d’Argonia. Elle devint rapidement la fournisseuse d’esclaves de premier plan de Resdayn et pu, en plus de cette économie de cueillette en terre argonienne, croître grâce à ses gigantesques plantations.(10)
Vvardenfell tient bien sûr une place particulière dans l’équation puisque – plus que pour les autres régions de Resdayn – une bonne partie de son commerce est alimenté par les tribus cendraises de l’île. En réalité, nous avons affaire ici à deux marchés intégrés seulement en partie l’un à l’autre. Les Cendrais nomades récoltent nombre de ressources inaccessibles aux marchands Maisonais et confectionnent des produits à partir de ces ressources et de leur savoir-faire unique qui rend véritablement leur artisanat très prisé. Mais tout n’est pas vendu aux Maisonais, certains produits ayant l’exclusivité cendraise. Ainsi, les prix des produits vendus aux Maisonais sur des points d’échanges précis sont alignés avec le marché des Maisons, mais les autres ne rencontrent jamais ce marché et font lieu d’échanges strictement parallèles. L’illusion de deux marchés intégrés est donc maintenue, mais de par le nombre plus important d’échanges cendrais en interne qu’avec les Maisonais, nous avons réellement affaire à deux marchés distincts.
Plus que la concurrence seule, ce qui explique pourquoi toute l’économie de Resdayn ne s’est pas concentrée autour du pôle de Cœurébène – qui pourtant offre des services rares, a investi massivement dans ses infrastructures, et jouit de la plus forte connexité de la région – ce sont les facteurs de dispersion attractifs à disposition sur la terre dunmeri. En effet, non seulement les habitants d’une région interagissent entre eux de manière horizontale ; ils interagissent également avec le territoire et le climat. Ainsi, les zones venteuses demandent des constructions différentes, et donc des ressources différentes des autres zones, et le réseau de transport doit lui aussi s’adapter à ses conditions. C’est ce qui explique en partie le rapprochement entre nomades Cendrais habitués à se déplacer dans des conditions arides, et Maisonais, notamment en terres rédoranes. Et nous l’avons dit, Resdayn est une terre changeante. C’est également une terre aux gisements riches et mouvants. Les gisements volcaniques sont un important facteur de dispersion pour l’énergie géothermique qu’ils permettent d’exploiter. Ceux qui veulent en profiter ne vont pas hésiter à s’installer dans des endroits toujours plus reculés et dangereux et vont tirer avec eux toute une économie répondant aux besoins qu’ils créent ainsi.
Riche de la situation économique mise en place au fil des siècles grâce aux dispositions particulières d’Alma Resdayn, la terre des Dunmer, ces derniers auraient pu prospérer ainsi, isolés du reste du continent bien moins développé. Mais la Seconde Invasion Akaviri en 2E572 vint bouleverser la conjoncture en faisant signer à certaines Grandes Maisons le Pacte de Cœurébène.(11) Non sans ironie ni sans logique, c’est la cité qui cristallisait l’activité économique de Resdayn qui fut choisi pour signer le document qui devait n’être rien de plus qu’un pacte militaire de non-agression. Mais l’Interrègne s’éternisant, les trois entités raciales qui formaient le Pacte, mises en contact, commencèrent à développer également des relations commerciales. Tout d’abord, le commerce et la production de l’entièreté de Resdayn furent ralentis par la clause bannissant l’esclavage incluse dans le pacte. Même les Grandes Maisons Telvanni et Drès, non-signataires, furent impactées : si elles ne connurent pas de grands changements en interne, elles perdirent une énorme partie de leur clientèle sur les marchés aux esclaves. La Grande Maison Drès fut bien entendu celle qui en subit le plus violent revers. Ensuite, si les relations avec les Argoniens restèrent timides, c’est surtout au Nord que se développa le commerce, avec Vendeaume, Faillaise et Solstheim.
La Grande Maison Hlaalu, bien entendu, voit dans cette ouverture les profits potentiels qu’elle pourra tirer. Elle est la première Maison à s’être ruée vers ces nouveaux débouchés – elle dont l’éthique du commerce(12) ne rentre pas en conflit avec le fait de marchander hors de Resdayn, avec d’autres races. Sa politique commerciale est renommée pour son agressivité et elle entraîne, bon an mal an, les autres Maisons avec elle. Sa stratégie pour rendre le compromis indéclinable, en usant parfois de la force armée, voit son libéralisme être imposé en norme. Seule la rigueur et les règles des autres Grandes Maisons – à l’image de l’interventionnisme rédorane – dont elle doit emprunter le territoire, peuvent ralentir ce mouvement.
Si la situation perdure, le marché nord-est de Bordeciel et le marché resdaynien risquent de s’intégrer et à terme devenir interdépendants. La catastrophe économique que représenterait alors une rupture du Pacte de Cœurébène pourrait atteindre les deux économies pour des décennies. Le risque est trop important et l’aléa trop probable. Les deux parties ont chacune intérêt à stopper ces échanges par des interdits stricts et des réglementations clairement appliquées. L’Histoire a montré la capacité de Resdayn d’être prospère et indépendante, et le Pacte de Cœurébène n’a fait que l’essouffler. Si ce dernier ne parvient pas à se circonscrire à sa fonction militaire, il serait préférable pour toutes les Grandes Maisons signataires de s’en retirer avant que ses dégâts soit irréversibles.
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(1)
36 Leçons de Vivec, 36e Sermon
(2) [HRP]
La vraie Barenziah, volume 5
(3)
Roi Edward, partie VII
(4) [HRP]
La vraie Barenziah, volume 5
(5)
Dialogue de l’archi-chanoine Tarvus
(6)
Syndic de construction Hlaalu
(7)
Les Pages Non-officielles sur les Parchemins des Anciens – Seyda Neen
(8)
Parfois nommée Blacklight ou plus rarement Sombrejour ou Sombreluce
(9)
Aussi appelée Firewatch
(10) [HRP]
Guide de poche de l’Empire et de ses environs, Première édition – Morrowind
(11)
Guide du Pacte de Cœurébène
(12)
Maison Hlaalu : éthique du commerce
[HRP] Image d’illustration provenant du site de
Tamriel Rebuilt
Edited by Llevndryn on 7 février 2019 12:07