https://www.youtube.com/watch?v=ORLBgaxB2fU A écouter en lisant ce récit.
Oriyel, Emeralata de Narilata
Entre les monts herbeux et les hautes forêts de la région ouest du Val, Oriyel avait vu le jour. Ses yeux, de chardons vifs mêlés d'un bleu coprin avaient découverts avec une curiosité avide le monde qui s'offrait à elle. Ses jeunes années furent employées à apprendre l'art de comprendre la nature et de la respecter. Elle aimait plus que tout passer de longues heures a épier les animaux, et a explorer les ruines Ayléides dans lesquelles elle se sentait toujours bien.
Son père lui apprit la chasse, à se mouvoir sans bruit jusqu'à sa proie, à la tuer rapidement et entreprit de lui inculquer la meilleur façon de dépecer un gibier et de se repaître de sa chair encore chaude...mais Oriyel, bien que souhaitant faire la fierté de son père et de son clan, ressentit très tôt un désaccord au fond d'elle sans qu'elle ne sache au départ en déterminer l'origine. Elle tenta du mieux qu'elle put de suivre les lois, d'appliquer la volonté d'Yffre, mais elle su bientôt qu'elle ne partageait pas les coutumes carnivores de ses semblables...Plus les années passaient, plus ses désaccords avec le Pacte Vert furent évidents et difficiles à cacher. Sa mère qui connaissait son secret et qui le partageait aussi pour elle même sans jamais avoir eu le courage de l'assumer face au clan, vit en sa fille l'opportunité de changer de vie.
Un soir, ses parents se disputèrent violemment a son propos. Le lendemain, aux premières lueurs de l'aube, Oriyel et sa mère quittèrent précipitamment leur village afin d'échapper au sort réservé aux apostats... Elles rallièrent le premier port et embarquèrent dans le premier bateau... Une longue et éprouvante traversée les amena loin au nord. Elles s'établirent dans la Brèche, près des canaux de la ville de Faillaise. Leur vie fut aussi rude que son climat. Sa mère travaillait comme servante dans la maison d'un riche négociant et chapardait à ses heures afin de subvenir a leurs besoins. Oriyel quant à elle apprit à voler sur les étals des marchés, et avait attiré la curiosité d'un alchimiste de la ville qui l'envoyait cueillir des plantes en échange de sa connaissance. Elle en apprit ainsi beaucoup sur l'art des potions, et travailla en secret sur la confection des poisons à l'aide de vieux grimoires empruntés sans autorisation a l'alchimiste..
Quelques années passèrent, leur vie ne s'était pas améliorée et il semblait a sa mère que les choses n'évolueraient jamais à la Brèche. Les nordiques, xénophobes pour la plupart, toléraient les étrangers tant qu'ils étaient corvéables. Il ne fallait rien espérer de plus. Fatiguée et épuisée par un travail harassant et sans perspective, la mère d'Oriyel décida de retourner a Val-Boisé avec sa fille. Leur patrie offrirait une meilleur vie, ailleurs, mais a nouveau dans le secret... « Le Val est grand...il n'y a aucune raison pour qu'il nous retrouve. » Dit-elle a Oriyel.
Elles s'établirent sur la côte nord du Val, bien loin de leur clan et de son père, dont les dernières paroles avaient lacérées le cœur d'Oriyel.
Une nouvelle vie commençait pour elles, une vie discrète..pensaient-elle. Mais vint un jour où son père la retrouva. Ce père qu'elle avait aimé se présenta à elle, les bras ouverts. Elle s'y était jetée en pleurant. Il l'avait alors emmenée en promenade dans la forêt, sans prévenir sa mère, pressé de rattraper le temps perdu, pressé de mettre des images sur ces années vides passées sans elle. Elle se sentait heureuse de l'avoir retrouvée, heureuse de pouvoir de nouveau partager leur complicité qu'elle pensait perdue a jamais. Le jour déclinait rapidement entre les hautes cîmes, Oriyel parlait avec entrain de son expérience du Nord.
La lune était pleine, si pâle. Un hurlement déchira soudain la nuit, tout devint silencieux, le vent s'arrêta de faire vibrer les feuillages. Son sang se glaça, elle se tourna vers son père, il n'était plus a ses cotés. « Un bon chasseur retrouve toujours sa proie. » Une ombre couvrit le visage d'Oriyel. Un loup garou se tenait face à elle, les dents sorties, prêtes à mordre. Elle chercha des yeux son père, affolée, craignant au départ qu'il avait été tué...quand elle reconnu son regard dans le regard de la bête.
Elle laissa en cadeau d'adieu une dague empoisonnée plantée dans la chair de son père, blessée elle courut de toutes ses forces vers son village, priant pour qu'il abandonne sa proie.
Ses meurtrissures mirent des semaines a cicatriser, elle resta inconsciente des jours entiers avant de renaître à la vie.
A la suite de ces événements et contre l'avis de sa mère, Oriyel décida de quitter le Val, seule. Elle partit en solitaire et sillonna Tamriel, jusqu'à ce que la guerre des trois bannière fut déclarée. Elle revint alors au pays et jura allégeance au Domaine en s'enrôlant dans l'armée. Elle fit ses classes, s'entraîna durement, gravit les échelons jusqu'à diriger une escouade. Une nuit, alors que des éclaireurs avaient alerté le quartier général d'une attaque imminente sur le Fort Crins de sang, elle avait été dépêchée pour localiser les troupes ennemies et saboter leur siège, ce qu'elle fit...au prix de sa vie.
Ramenée au Fort, sa mort fut constatée par les guérisseurs, ils étendirent un linceul sur son corps au blason du Domaine.
De façon inexpliquée, Oriyel rouvrit les yeux quelques heures plus tard. Certains virent cela comme un miracle, d'autres se méfièrent, pensant avoir affaire à de la nécromancie, ou a une manigance daedrique.
Les mois passèrent, Oriyel fonda l'Ordre de Narilata, la Lumière Implacable en Ayléide. Elle se savait surveillée par les fidèles protecteurs d'Arkay, les Chevaliers du Cercle. Les rangs de l'Ordre s'étoffèrent, Oriyel délégua aux plus aptes et entreprit un long pélerinage qui la mena a ses origines et lui fit comprendre les raisons de sa résurrection. Les membres de l'Ordre partis a sa recherche durent se confronter a un sombre archéologue banni de la guilde des mages, durent abandonner leur corps sur Nirn pour voyager jusqu'au plan de Havreglace et sauver Oriyel des griffes d'un être maléfique assoiffé de pouvoir.
Revenue saine et sauve sur le plan mortel, Oriyel révéla à l'Ordre sa nature et le pacte qu'elle avait conclu. Elle révéla aussi l'origine de son sang, un sang Ayléide originaire d'une grande famille exilée dans le Val après avoir fui la révolte Alessienne de Cyrodiil il y a de cela des siècles.
Cette expérience fit émerger en elle quelques pouvoirs magiques non négligeables..