D'une bataille, naissent des guerres.
"Les objectifs lors d'une attaque sont préparés minutieusement. Ils ne sont pas choisis pour gagner la bataille, mais pour faire en sorte que ce soit la dernière."
"Vendimus" Valérius,
Praetorian de la IIIème Cohorte, IXème Légion.
2E 585.
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« Clairciel, une époque où l'Hiver est toujours suffisamment présent pour que les souffles s'extirpent des poumons en une vapeur disparaissant en une volute éphémère. Et cela reste encore plus véridique en Wrothgar, dans les contrées enneigées parcourant les hautes montagne séparant l'Ouest de Bordeciel des terres Brétonnes. Les flocons tombant tranquillement en milliers de points blancs ayant toujours l'air identiques, dans un balais de mouvements apparaissant comme similaires, dont les ondulations dépendent uniquement du caprice des vents soufflant en une fraîche matinée. Un soupire parcouru l'humeur de la personne qui s'extirpait de sa tente en étant frappée par ce froid comme un poing au creux de l'estomac. La plus part des personnes présentes en ce lieu isolé avaient les mêmes difficultés vis à vis du froid. Certains comme Arolf rigolait bien de voir ses camarades accueillir chaque matinées comme des retours à la réalité loin des fourrures et des tissus couvrant au mieux du froid. Éternuement et toux se mêlent aux râles dans les premières lueurs du jour. Dans la neige et la roche, les Impériaux de la IIIème Cohorte n'étaient toujours pas habitués à vivre dans un environnement aussi glacial.
Cela faisait désormais deux semaines qu'ils étaient installés ici. Le Fort de Forge-Gloire toujours en lourde réparation, il y avait une nuance étrange entre se reposer dans des tentes couvertes de fourrures dans la neige, et dormir dans les pièces couvertes des graviers et de copeaux de bois en attente du grand nettoyage. Les batailles en Hauteroche n'étaient plus que des souvenirs écartés par les sentiments de gelures présentes et l'appréhension du futur proche. Installés dans le sud des terres de la forteresse de Morkul, et au nord de la nouvelle-Orsinium, ils étaient toutefois loin des lieux de vies possédant de solides bâtisses et des chaudes cheminé pour combattre le froid hivernal. Le campement Impérial n'était toutefois pas l'endroit le plus détestable dans les environs. Il y avait bien quelques chaumières de piètre qualité, et les légionnaires plaignaient régulièrement les pauvres guetteurs dormant parfois sur leurs positions simplement enroulés dans des capes et sous le couvert des rares arbres. L'attente et la surveillance, les deux ennemies des guerriers actifs, mais les éléments essentiels des soldats disciplinés.
La Praetorian « Vendimus » Valérius marchait le long du campement, en inspectant les occupations et les entretiens des lieux de repos et de défense. Dans la lourde armure ornementée, il lui fallut rajouté de chaudes fourrures sur ses épaules pour avoir la motivation de quitter sa tente de commandement. Son regard passait le long des visages aux joues rouges et aux nez enrhumés. Quelques salutations d'usages, les quelques farces communes avec certains Légionnaires. Entretenir une relation adaptée avec ses troupes reste un élément capitale des forces militaires bien entretenue. « Ils ne vous considéreront jamais vraiment comme une amie », avait-elle apprit il y à des années à la Citée Impériale. « Mais ils vous protégeront corps et âme si ils pensent que vous tenez à eux. » L'évolution après bien des batailles lui avait prouvé qu'il y avait des exceptions qui pouvaient être considérer comme des proches. Mais l'attachement reste toujours à demi-mesure à l'armée. Puisqu'il faut être capable d'accepter qu'un de ses proches périsses, sans être vaincu soit même dans son moral. Dans l'instant, elle ne voyait que de ses soldats qui n'étaient pour les politiciens et les aides de camp, que des chiffres sur les listes impériales. Si seulement, ceux ci pouvaient venir plus souvent les voir vivre, rire et s'occuper de leurs vies, peut-être serait-ils moins vu comme des ravitaillements de guerres, se dit l'officier en esquissant un sourire sous l'amas de fourrure devant sa bouche.
Mais cet instant commun fut interrompu quand sonna le cor le plus tranquille. Ce n'était pas un appel à la guerre ou aux déplacements urgents. Ce sont était le plus régulièrement utilisé pour annoncer la venue d'un allié approchant du campement. Dissipant ses pensées philosophiques, elle tira un peu plus sa cape en fourrure contre elle et traversa le campement sous le bruit de la neige craquant aux moindres de ses pas. Sur la route improvisée et difficilement conservée par les recrues grâce à leurs pelles, mais ceux étant en approche se fichait bien que le sol soit utilisable ou pas. Les ours leurs servants de monture n'eurent aucun mal à cheminer jusqu'aux portes des bois d'une piètre qualité, et les deux sentinelles eurent à se retenir de partir en courant et en hurlant. La nervosité se dissipa quand la Praetorian s'installa devant le campement, son casque sous l'épaule, pour accueillir le guerrier qui descendait de scelle, glissant une main forte contre le pelage de l'ours de guerre. Le Général Horkan gro-Torkan dégageait définitivement quelque chose de grand, quand il se tourna vers les Impériaux, nulles ne purent s'empêcher d'avoir une pointe d'admiration devant la puissance vitale émanant de ce combattant.
La conversation fut brève, après les échanges de courtoisie sans la noblesse et les manières. Vendimus et lui eurent partagé les rites communs de la culture des Orques, ce qui faisait de lui son frère d'arme, et il n'y avait pas besoin de flatterie entres eux pour se parler et se considérer. Mais même si le désirs y était, ce n'était pas non plus le moment de se laisser aller aux plaisanteries et à la Tourbefer. Une mission plus grande était de mise, et la raison pour laquelle les pauvres légionnaires devaient subir le froid et la maladie dans ce lieu perdu. Si ils étaient ici à cause d'une confrontation violente, pour surveillé le nord, ils eurent à subir que peu d'affrontement. L'ennemi n'était pas des plus commun, dans sa hiérarchie, mais ceux qui avaient essayer de traverser le barrage Impérial n'était que des sauvages crevassais se ruant vers eux avec un courage aveugle. Mais celui à la tête de tels combattant n'était d'autre qu'un ancien noble de Colovie. Sestius Garo avait jadis été proche de Léovic le vendu. Au suivit de son histoire, il fut mené jusqu'aux terres de Wrothgar où il joua encore de ses diverses facettes pour gagner des alliés aussi vils que lâches. Plusieurs Nédhivers furent ralliés à sa cause, et il ne fallut que peu de temps avant qu'il ne revendique plus que ce que le destin et sa nature aurait pu lui accorder par les simples mots. Mais par la force, il mit à sac un village Orque isolé pour prévoir d'y installer sa propre loge. Ce qui était inacceptable pour le Général gro-Torkan.
Après un instant à converser devant les cartes au milieu du campement, installées sur une grosse bûche redressée pour s'en servir d'appuis, les ordres furent net et clair. La Praetorian serra l'avant-bras de son allié, dans un encouragement commun à écrasé l'ennemi, avant que les cavaliers quittèrent le campement sur leurs grands ours de guerre. Au grand soulagement des légionnaires novices qui cessèrent d'imaginer les méthodes les plus brutales de ces guerriers pour dévasté les rangs ennemis. Quelques ordres furent braillés, et l'agitation mesurée prit place dans le campement quand les Sergents impériaux relayèrent les demandes en les beuglants plus fort encore pour qu'aucun n'ait raison de dire qu'il n’a rien entendu. Le campement n'était plus du tout le même, se dit l'officier en tournant la tête vers les mouvements et les colonnes déjà en place. Au petit matin, c'était un endroit tranquille où les murmures des conversations s'étendaient de bout en large de l'endroit. Maintenant, il s'agissait de véritables formations, les visages serrés et stricts, observant de l'avant dans une discipline martiale. La fierté des officiers s'étend là où ses troupes peuvent paraître tels les codes militaires les décrits, tels les peintures les posent sur la toile. Des rangs des guerriers vaillants et droits. Mais ce qu'oublient généralement les officiers qui échappent au front, c'est que ce genre d'instant n'est souvent que le prémisse des combats violents et acharnés. Vendimus, elle, visualisait les instants déjà vécu où les hurlements furent omniprésents et joints aux coups des lames, les mouvements rapides et désordonnés rendant la mêlée incompréhensible. C'était ça, qu'elle percevait en voyant les hommes et les femmes de la ligne en rang.
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Plutôt que de se laissé étouffé par les vieux démons internes qui rongent souvent les vétérans, il restait quelque chose de plus important que la nostalgie sanguinaire, et les forces se mirent en marche. Le déplacement serait toujours plus lent à pied et devant ralentir le pas pour ne pas glissé, mais c'était bien ce qu'escomptait gro-Torkan en venant de lui même réclamé le déplacement des troupes pour qu'elles arrivent au bon moment. Un fin stratège pense à tout, et les meilleurs n'oublient pas qu'une force militaire ne se téléporte pas à sa position d'assaut. Avançant en troupe, ayant laissé derrières les plus jeunes, les blessés et les aides de camp, les pas coordonnés frappèrent le sol en repoussant la neige s'infiltrant désagréablement dans les bottes. Le Légionnaire Stanislas fut un des seuls à émettre un petit cri quand l'eau gelée lui glissait le long des chevilles, mais ce ne fut que temporaire. Après une heure de marche, à la grande joie de tous, le sol n'était plus uniquement constitué d'une neige craquante sous une couche poudreuse. Mais les herbes cassantes et gelés accueillaient leurs pas sur une grande étendue. D'ici, les Légionnaires pouvaient voir les montagnes et les forteresses lointaines. C'était à coupé le souffle à ceux non habitués aux grandes monts enneigés du nord. Mais surtout, ils pouvaient voir les silhouettes d'une bataille plus loin en contre-bas. Et la volée de flèche leur tombant dessus.
La situation était clair : Les Orques n'avaient pas simplement frappé l'ennemi avant de laisser l'arrière être prit en tenaille par les Impériaux. Ils avaient écrasés l'adversaire en laissant aucuns espoirs de victoire, et l'approche des Légionnaires fut le coup de grâce dans le moral des forces de Sestius. Un mélange ambiguë de mercenaires pouilleux, Nédhiver enragés et traîtres orques à la cause d'Orsinium. Tous étaient pourtant en pleine débâcle sous la violence de l'assaut de front, et la voie de sortie venait d'être coupée par les forces Impériales. Si ils ne pouvaient espérer partir vers le sud et devoir subir les patrouilles et les arrières gardes, le seul espoir restait de faire une percée vers le nord. Ainsi, un déluge de flèche des survivants s'écrasa sur la ligne Impériale qui tentait de se mettre en formation rapidement. Les boucliers se redressèrent sous les braillements, et les souffles devinrent plus rapide tant la tension grimpa comme un coup de fouet. Mais cela ne fut pas suffisant pour réduire l'impact de la première volée. Et trois Légionnaires furent happés, des flèches trouvant des passages à travers le cuir et les lanières. Plusieurs autres furent percutés et balancés au sol. L'ordre qu'apprécie tant les officiers fut éradiqué par l'imprévu et la peur arrivant dans le cœur des Légionnaires prit au dépourvu. La bataille était lancée, et de la pire manière qui soit.
Vendimus avançait le glaive en main. Pas une de ses lames habituelles et faites pour l'estoc, mais plus courbe, plus fine. Une touche Akaviroise pouvait être reconnue par un œil avisé, et était par nature le style du maître d'arme de la Praetorian quand elle devait encore faire ses preuves à la Citée Impériale comme bretteuse suffisamment talentueuse. Son scutum était au sol, perdu lorsque deux flèches le percutèrent, et le temps de le récupérer l'aurait sûrement mises en situation délicate. D'autant que le premier sauvage hurlant lui fonçait déjà dessus. Plusieurs scutums étaient percutés par des armes de différentes natures, et les hurlements s'étendaient dans la ligne, mêlant les cris de rages, de peur, de douleur, et les ordres des Sergents pour rallié les troupes. L'homme avait l'air âgé, des rouflaquettes rousses et le crâne dégarnit. Ses gestuelles n'étaient plus que motivé par l'envie d'arriver au combat et de provoquer le plus de dégât possible. Un coup contre la hache, et le genou relevé. Son élan l'emporta suffisamment pour réduire sa charge à un vacillement douloureux, due aux protestations de son estomac écrasé pendant le choc. Dans une mêlée comme cela, tout était trop rapide, incompréhensible. Le champs de vision limité aux mouvements proches. Et quand le guerrier barbare releva son visage pour trouver sa cible, il ne perçu que l'éclat de la lame de Vendimus glissant le long de sa face, sa vue tachée de sang et d'un rouge profond. Il s'écrasa alors au sol, et pour lui, la bataille n'avait plus aucunes importances.
Les corps au sol devenaient de plus en plus nombreux. Son souffle rapide n'aidait à apaisé son rythme cardiaque emballé par l’adrénaline du combat. Le poing dressé, le manque d'adversaire proche lui donna envie de participer à la reprise de courage de ses Légionnaires. Les premières litanies de commandements défilèrent dans ses pensées, le ton de sa voix gardait une certaine cassure qui menaçait de rendre son discours moins brave, mais il fut de toute façons noyé par le brouhaha incessant, ne restant qu'un souffle d'arrière fond aux oreilles des troupes. Ce qui l'empêcha de se concentré sur le fil de la bataille, et elle ne vit pas la flèche sifflante qui lui arriva dessus. Sa pointe ne pu pénétré la qualité et la courbe de son armure, l'impact résonna pourtant haut et clair. Puis dans un amas d'étincelles suivant le choc, Vendimus s'écroula sur le dos lourdement en ressentant la pointe de douleur et la gène le long de ses nerfs résonné encore depuis son buste. Et le monde ne devint plus que sifflements et échos troublés au creux de ses oreilles. Plusieurs mains se glissèrent sous ses aisselles pour la faire reculer derrière les boucliers dressés, et on lui retira son casque le temps de lui balancer un peu d'eau à la figure, autant que dans son gosier. Remuant la tête, la clarté lui fut rendu, mais la bataille elle n'en n'était pas encore à sa finalité.
Les Légionnaires finirent par mettre en ligne leurs forces après de nombreuses difficultés. Un combat gagné d'avance ne pouvait définitivement pas être mal géré par une force armée disciplinée, mais la violence adversaire et son côté imprévisible fut celui qui porta le plus à mal les troupes impériales. L'avancée Orque progressait sans cesse, et il n'y avait plus que quelques objectifs clairs : Mettre la main sur Sestius, et toutes les têtes importantes. Roulant sur le côté en entendant un hennissement, Vendimus se remit sur ses pas en soufflant un peu, remettant son casque par peur qu'une flèche chanceuse ne parvienne à finir le travail. Un groupe de cavalier tentait de fuir en empruntant une route creusée dans la mêlée et les cadavres étalés des deux groupes. Un homme se tenait sur la monture, plutôt épais, et portant une tunique classique de la côte d'or. Autours de lui, quelques Légionnaires loyalistes tentaient de repousser quiconque les approches, bien que l'un n'eut beaucoup d'espoir quand un ours se dressa pour s'écraser sur le pauvre malchanceux et sa monture. Sestius était en train de s'enfuir, et il allait y parvenir si rien n'était fait. S'élançant en avant, plusieurs Légionnaires et la Praetorian essayèrent de l'en empêcher. Tout cela pour percuter des orques dans une violence inouïe.
Haches, glaives, boucliers, percutés sans cesses pour essayer de se défendre. Sestius était trop loin pour espérer l'attraper lui et le Nédhiver massif qui fuyait à ses côtés. Son glaive trouva par la pointe le torse d'un Orque, qui bouscula avec force celui ci avant que sa chair ne soit trop profondément tranchée. Son regard passa sur les impériaux, et l'officier. Un regard haineux, rempli de rancœur et d'agacement. Crachant au sol, il quitta rapidement le combat envoyant la dizaine de chevaucheurs d'ours venir dans la mêlée. Sans que quiconque ne puisse le savoir, Krayn – Surnommé par les crevassais de cette troupe : « Celui qui gagne », avait déjà acquit les braises d'une haine foudroyante qu'il irait rendre plus tard en plein cœur de Hauteroche, pour abattre ceux qui se sont dressés devant lui et ses projets. La mêlée fut rapidement éparpillée, et il ne restait plus que aux loin les derniers cris mêlés aux cors de retraits des troupes. Baissant son glaive vers le bas, le buste agité par la respiration difficile, il ne restait qu'à observer les silhouettes disparaissant vers le nord, avec l’amer sentiment d'un échec qui grimpait le long de son esprit. Aucunes des têtes pensantes de cette ridicule insurrection ne fut attrapé dans le coup de filet Impérial. Ils n'eurent d'utilité que de percuter l'ennemi dans le dos, après des semaines d'attentes dans le froid. Tout cela s'achevait, et la seule véritable récompense était d'être encore en vie, et de partager la victoire de gro-Torkan qui levait sa hache de guerre au milieu du champ de bataille en hurlant divers cri de guerre. Le tableau était aussi cruel que magnifique. Et Vendimus fini par retirer son casque, pour noyer son esprit dans la contemplation de la scène finale.
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Installée dans ses fourrures, assise sur un siège confortable, le contenu de son breuvage restait une bonne solution pour se réchauffer. Mais pas la meilleure pour rester maître de ses gestes et pensées, aussi n'était-il vidé qu'à petite gorgée éparpillée le long de la soirée dans le grand hall. Juste sa droite, sur le siège principal, se tenait Horkan qui riait encore du visage de Sestius quand il vit la première lignée s'éparpillant comme des Rougegarde attaqués par une horde de mort-vivant. Habituellement plus vivaces, l'officier Impérial préférait rester dans un mutisme et quelques hochements de têtes quand on lui demandait de confirmer une action des plus braves. Son frère d'arme, gro-Torkan, lui assurait qu'il s'agissait d'une victoire importante pour les villages isolés au sud de Morkul. Son retour était prévu pour Forge-Gloire dans les jours qui viennent, et elle aurait du bondir de joie de retrouver la tranquillité de la forteresse conquise et son lit douillet. Mais au fond de l'esprit de Vendimus, restait gravé le regard de cet Orque après l'avoir blessé. La course et l'ambition de Sestius disparaissant au loin. Elle ne put cessé de penser : Quels problèmes futurs adviendront suite à son échec ?
Seul le temps lui donnera sa réponse, et toutes les batailles qui découleront d'une seul objectif raté.»